samedi, 26 janvier 2013
En chute libre

« À condition de se poster aux bons endroits, le touriste est plus facile à exterminer que la vipère »
Jonathan Swift
Quel animal plus pernicieux et répugnant que celui de touriste ? Cet être vulgaire et cuistre ayant comme unique but de comparer les merveilles qu’il visite au guide de voyage qu’il trimbale partout, au lieu de les contempler. Ce lourdaud pathétique s’extasiant devant les devantures en toc des magasins censés reproduire la « culture d’origine » du pays qu’il visite. Ce beauf fatiguant, trépignant d’inquiétude s’il ne retrouve pas son McDo et son feuilleton préféré à l’autre bout du monde ; parce que le pauvre bichon est perdu sans les repères qui servent de boussoles à sa vacuité existentielle. Bref, cette part honteuse de l’être humain dont il serait bien prétentieux de s’exclure.
Ben Wheatley semble partager cette opinion puisqu’il nous gratifie, après le terrifiant Kill List, d’une savoureuse comédie, noire comme la gueule d’un mineur d’un film de Ken Loach, drôle comme un sketch de Benny Hill sous acide et méchant comme une rombière un samedi de soldes : le bien nommé Touristes.
14:12 Publié dans Cinéma | Tags : en chute libre, touristes, ben wheatley, kill list, comédie noire, cruelle, gore, violence, médiocrité, god bless america, sylvain métafiot, drame anglais, steve oram, alice lowe, beaufs, mesquins, rouge sang, bêtise ambiante, cinéma, film salvateur, décence ordinaire, orwell, hécatombe, antipathiques, daily mail, ken loach, jonathan swift | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 23 janvier 2013
Débarquement de galériens
Putain, ils l'ont fait ! Ils ont réussis le tour de force d'être encore plus affligeants qu'Anne Roumanoff et Dany Boon réunis. Qui ? Mais la joyeuse bande du « Grand Débarquement » (Jean Dujardin, Guillaume Canet, Gilles Lellouche et Marion Cotillard), la nouvelle émission de Canal+, avec le sketch le plus lolilesque du monde : « L'ours ».
L'humour made in Canal + débarque ? Accueillons-le à la Maschinengewehr 42 !
(Ecoute ça pendant ta lecture, ça met dans l’ambiance.)
21:36 Publié dans Actualité | Tags : débarquement de galériens, canal+, jean dujardin, guillaume canet, gilles lellouche, marion cotillard, l'ours, nul, affligeant, pitoyable, esprit canal, groland, libéralisme chic, karl krauss, sylvain métafiot, football, lexomil, humour en toc, inrockuptibles, tf1, saturday nigt live, facepalm, enfer, pas drôle, cinéma français, gêne, norman fait des vidéos | Lien permanent | Commentaires (4)
vendredi, 18 janvier 2013
Interview de Keny Arkana: questions après son passage à la ZAD
Après avoir donné la parole à un membre du collectif de résistance de NDDL, il est l'heure aujourd'hui de donner la parole à Keny Arkana herself, interviewé par " Camille" (Ndlr : le prénom unisexe qui permet à tout le monde de conserver à la fois l'anonymat mais aussi de pouvoir s'exprimer au nom du collectif entier).
1) Comment décrirais-tu les conditions de vie à la ZAD ?
Bon, je n'ai pas eu la chance d'aller voir tout les lieux de vie qui existe à la ZAD… Et en même temps deux jours ne sont pas suffisants pour donner un avis pertinent… Mais je dirais qu'en général pour faire vivre un lieu et/ou campement de résistance, cela demande déjà énormément de courage et de motivation surtout quand le climat y est plutôt hostile et que la police use de toutes ces ruses et de toute sa violence pour détruire et évacuer les lieux-dits… ça demande aussi énormément de solidarité entre les gens et une certaine forme de transparence afin de rester unis… Ces lieux renferment bien souvent de belles aventures humaines… J'ai été pour ma part heureuse de rencontrer plein de frangins et frangines avec qui il y a eu de vrais échanges…
2) Sur quoi ton regard et ton cœur se sont le plus portés ?
Je dirais déjà sur les gens et sur le bel éventail de style, d'âges et d'espoir qui se rassemblent autour de cette lutte… Puis le champs des possibles, 2000 ha c'est pas rien pour construire un tas de projet alternatifs…
09:15 Publié dans Actualité, Insolite | Tags : nddl, notre dame des landes, ayraultport, interview keny arkana, festizad | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 17 janvier 2013
La ZAD accueille Keny Camille Arkana : retour sur deux jours plein de rebondissements
Edito : " Keny Arkana artiste supra engagée, a participé au Festizad de la Résistance anti- aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Nous avons le privilège d'avoir le récit de son aventure qui a été un événement majeur dans la lutte pour un autre Monde !
Nous sommes fiers de contribuer nous aussi à la diffusion de ces informations, et de pouvoir vous montrer ce festival différemment des autres médias.
MaPauseCafé poursuit ainsi son chemin et vous convie aujourd'hui à la découverte de celles et de ceux qui changent les règles du jeu, ça tombe bien car jouer, nous, on adore ça ! ;) "
AFP | 16.01.2013
Les 4, 5 et 6 janvier 2013 le Festizad de la résistance se déroulait sur la ZAD (Zone À Défendre) à Notre-Dame-des-Landes. À l’origine de ces trois jours festifs : quelques artistes engagés, comme Keny Arkana, avaient exprimé leur désir de mettre leur voix et leur créativité contestataire au service de la lutte anti-aéroport. Au hasard des rencontres placées sous les nécessités de la lutte, quelques potes zadistes s’activèrent pour accoucher de cet immense évènement qui attira sur trois jours quelques 30.000 participants.
L’idée collective évoluant tranquillement, c’est une grande famille qui s’est affairée à créer les conditions d’un succès : monter les chapiteaux, prévoir la nourriture, accueillir les groupes, assurer la sécurité, s’occuper du son et donner à voir l’« art de rue ». Chacun a pris sa place et assuré ses responsabilités afin que ce moment soit une réussite. De nombreux artistes ont répondu à cet appel. Pour ma part, j’ai eu la chance d’accompagner Keny Arkana et son équipe pendant deux jours épiques sur la ZAD.
17:58 Publié dans Actualité, Insolite | Tags : nddl, notre dame des landes, ayraultport, keny arkana, festizad | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 15 janvier 2013
Miroir cinématique

Voici ma participation au narcissique questionnaire du miroir de l'excellent cinéphile Ludovic Maubreuil. Un exercice plus difficile qu'il n'y paraît mais ô combien excitant.
1) Avez-vous déjà accroché chez vous une affiche de film ?
Oh que oui ! Et pas qu'un peu. Adolescent, les murs de ma chambre se couvraient du Seigneur des Anneaux, Matrix, Spiderman, La Guerre des mondes, Signes, Minorty report, Charlie et la chocolatrie, Sin City, Alexandre, Les Infiltrés, etc.
Désormais, Le Kid de Chaplin veille dans mon couloir et Harold Lloyd, dans Safety Last, est suspendu dans ma chambre. Mais, la plus belle est celle de La Dolce Vita de Fellini au-dessus de mon lit. Un beau cadeau.

2) Quelle affiche, placardée à l'intérieur d'un film, préférez-vous ?
Je dirais la pochette de disque de 2001, L'Odyssée de l'espace dans Orange Mécanique. Bon, ce n'est pas une affiche mais là, à brûle-pourpoint, je sèche.

00:36 Publié dans Cinéma | Tags : miroir cinématique, ludovic maubreuil, sylvain métafiot, narcissique, questionnaire, affiche de film, seigneur des anneaux, matrix, spiderman, la guerre des mondes, signes, minorty report, charlie et la chocolatrie, sin city, alexandre, les infiltrés, le kid, chaplin, la dolce vita, cinéma, fellini, 2001 l'odyssée de l'espace, orange mécanique, eyes wide shut, stanley kubrick, cyrano de bergerac, holy motors, leos carax, méliès, comoedia, lyon, effroyables jardins, pélussin, claudia cardinale, oslo 31 août, taxi driver, travis bickle, anders, les révoltés du bounty, noodles, robert de niro, sergio leone, il était une fois en amérique, citizen kane, orson welles, david boreanaz, angel, nathan scott, gérard philipe, spiderman sueding | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 31 décembre 2012
Cimes cinéphiliques 2012
Un classement complètement subjectif, parfaitement arbitraire et, ma foi, sans grande utilité si ce n’est de jeter furtivement un regard en arrière sur cette année riche en œuvres magnifiques… mais aussi en beaux navets bien frais.
Sachant que je n’ai pas encore vu 4h44 d’Abel Ferrara et, qu’à mon humble avis, il s’immiscerait insidieusement dans cette liste.
Les liens renvoient soit à mes propres articles soit à ceux de bien plus estimables camarades de la Toile. (cliquez sur les affiches pour voir les bandes annonces)
Au sommet cette année
1) Take Shelter de Jeff Nichols : apocalypse anxiogiène et salvatrice
2) I wish d’Hirokazu Kore-Eda : mélancolie estivale
3) Oslo, 31 aout de Joachim Trier : limbes désespérées
4) Holy Motors de Leos Carax : libre !
5) Faust d’Alexandre Sokourov : enfer corporel
6) Le Sommeil d’or de Davy Chou : rêves intemporels
7) Les enfants de Belleville d’Asghar Farhadi : singularitées contre société
8) Moonrise Kingdom de Wes Anderson : amour aventureux
9) Une famille respectable de Massoud Bakhshi : chute de l'empire persan
10) Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais : magie !
17:34 Publié dans Cinéma | Tags : cimes cinéphiliques 2012, cinéma, top, flop, déceptions, occasions manquées, merveilles des merveilles, sylvain métafiot, critiques, take shelter, i wish, oslo, 31 aout, holy motors, faust, le sommeil d'or, les enfants de belleville, moonrise kingdom, une famille respectable, vous n'avez encore rien vu, amour, the detachment, prometheus, bellflower, de rouille et d'os, shame, chronicle, sherlock holmes, 2 days in new-york, argo, le carosse d'or, sciuscia, les enfants du paradis, le quai des brumes, les misérables, jack torrance, shinning, kubrick, guilty of romance de sono sion, duch, le maître des forges de l’enfer de rithy panh, tabou de miguel gomez, j. edgar de clint eastwood, augustine de alice winocour, les adieux à la reine de benoît jacquot, kill list de ben weathley, killer joe de william friedkin, la vie sans principe de johnnie to, les hauts de hurlevents de andréa arnold, la part des anges de ken loach | Lien permanent | Commentaires (10)
lundi, 24 décembre 2012
Joyeux Noël post-apocalyptique

L'ouverture du cinquième sceau de l'Apocalypse (El Greco)
« Nous sommes l’homme de la grande patience. Nous sommes l’homme de la dernière attente. Assistés par le Souffle, soutenus par le saint Afflux pneumatique, l’Esprit envoyé Dieu par le Dieu qui se fait agonie afin qu’une humanité seule éprise de se dissocier de la mort achemine sa misère en l’unique et miséricordieux giron qui l’exhaussera, portés par l’haleine de Trinité, nous respirons. Archiques et migraineuses, bouillantes de lumière contenue, nos têtes dardent les orages inchoatifs.
La dernière catastrophe immine. À nos oreilles vibrent déjà les basses fondamentales de cieux buccinaux. »
Maxence Caron, Microcéphalopolis (2007)
« L’homme moderne s’est déjà dépersonnalisé si profondément qu’il n’est plus assez homme pour tenir tête à ses machines. L’homme primitif, faisant fond sur la puissance de la magie, avait confiance en sa capacité de diriger les forces naturelles et de les maîtriser. L’homme posthistorique, disposant des immenses ressources de la science, a si peu confiance en lui qu’il est prêt à accepter son propre remplacement, sa propre extinction, plutôt que d’avoir à arrêter les machines ou même seulement à les faire tourner à moindre régime. En érigeant en absolus les connaissances scientifiques et les inventions techniques, il a transformé la puissance matérielle en impuissance humaine : il préfèrera commettre un suicide universel en accélérant le cours de l’investigation scientifique plutôt que de sauver l’espèce humaine en le ralentissant, ne serait-ce que temporairement.
Jamais auparavant l’homme n’a été aussi affranchi des contraintes imposées par la nature, mais jamais non plus il n’a été davantage victime de sa propre incapacité à développer dans leur plénitude ses traits spécifiquement humains ; dans une certaines mesure, comme je l’ai déjà suggéré, il a perdu le secret de son humanisation. Le stade extrême du rationalisme posthistorique, nous pouvons le prédire avec certitude, poussera plus loin un paradoxe déjà visible : non seulement la vie elle-même échappe d’autant plus à la maîtrise de l’homme que les moyens de vivre deviennent automatiques, mais encore le produit ultime – l’homme lui-même – deviendra d’autant plus irrationnel que les méthodes de production se rationaliseront.
En bref, le pouvoir et l’ordre, poussés à leur comble, se renversent en leur contraire : désorganisation, violence, aberration mentale, chaos subjectif. »
Lewis Mumford, Les Transformations de l’homme (1956), « L’homme posthistorique »
Sylvain Métafiot
15:32 Publié dans Actualité | Tags : joyeux noël post-apocalyptique, maxence caron, microcéphalopolis, l'ouverture du cinquième sceau de l'apocalypse, el greco, lewis mumford, les transformations de l’homme, l’homme posthistorique, animatrix, les sales majestés, petit papa noël, chaos subjectif, désorganisation, violence, aberration mentale, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 décembre 2012
Claquage de barres et pétage de côtes

« C’est juste pour rire » : ainsi parle la populace. Ce type de rire se présente lui-même comme une forme d’exutoire à bon marché. On ne rit pas pour s’élever au-dessus de sa condition commune, mais on rit justement de ceux qui voudraient le faire, sous prétexte que «on est tous humains, après tout...». Tel est l’humour démocratique : égalitaire et plat. Qu’aujourd’hui l’humour se vende aussi bien ne peut d’ailleurs que susciter notre méfiance.[1]
02:06 Publié dans Actualité | Tags : claquage de barres et pétage de côtes, humour, grand rire, hara-kiri, charlie hebdo, chroniqueur, masse, anne roumanoff, dany boon, laurent gerra, omar & fred, kad merad, eric & ramzy, cyril hanouna, rémi gaillard, chevallier et laspalès, anthony kavanagh, françois l'yvonnet, homo comicus, le tribunal des flagrants délire, south park, gaspard proust, fellag, pacôme thiellement, tous les chevaliers sauvages, dieudonné, comte de bouderbala, À votre écoute coûte que coûte, stéphane guillon, sophia aram, sacha guitry, alexandre vialatte, coluche, raymond devos, nietzsche, ainsi parlait zarathoustra, sylvain métafiot, pierre alhammoud | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 27 novembre 2012
Pourquoi bosser quand on peut aller au ciné ?

« L'homme n'est pas fait pour travailler, la preuve c'est que cela le fatigue »
Voltaire
« Travail », c'est-à-dire, étymologiquement, tripalium : instrument de torture à trois pieux. C'est de cette souffrance fondamentale que traite la grande majorité des films liés à lui. Des Temps modernes de Charlie Chaplin à La question humaine de Nicolas Klotz en passant par The Navigators de Ken Loach et L'Adversaire de Nicole Garcia, tous critiquent, d'une façon ou d'une autre, cette nécessité économique soit-disant incontournable de la vie.
03:38 Publié dans Cinéma | Tags : pourquoi bosser quand on peut aller au ciné ?, tripalium, les temps modernes, charlie chaplin, la question humaine, nicolas klotz, the navigators, it's a free world, ken loach, l'adversaire, nicole garcia, le couperet, costa-gavras, boris vian, déshumanisation, meutre, fascisme, société de consommation, salo ou les 120 journées de sodome, pier paolo pasolini, nazisme, postmoderne, gilles lipovesky, le crépuscule du devoir, ecrits corsaires, gazette, mankpad'ère, voltaire, travail, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 13 novembre 2012
« Voir le soleil naître différemment », entretien avec Chico Whitaker

Article initialement publié sur Forum de Lyon.
Dans le cadre des Dialogues en Humanité qui se déroulaient début juillet à Lyon, au parc de la Tête d’Or, nous avons pu, en collaboration avec MédiasCitoyens, Radio Pluriel de Lyon, Soli TV la télé de la solidarité internationale, le Journal Les Antennes de Grenoble et la revue Sens Public, discuter longuement avec Chico Whitaker. Pour le présenter : c’est Le monsieur de Porto Alegre, Le monsieur du Forum social mondial, et de tant d’autres choses.
Vous pouvez écouter l’interview en intégralité en cliquant ici. Si vous préférez voici une retranscription de cet entretien. Pour vous faciliter la lecture nous avons mis entre parenthèses le positionnement des questions et des réponses sur la bande-son. Bonne lecture… ou bonne écoute.
Chico Whitaker, vous êtes ici aux Dialogues en Humanité dont le thème cette année est « Osons la métamorphose ». Ce n’est pas anodin comme thème. Qu’est-ce qui rejaillit en vous quand on vous parle de métamorphose ?
C’est une notion de changement profond dont le monde a besoin pour régler ses problèmes et ses crises. Nous sommes arrivés presque au seuil d’une nécessitée fondamentale de changer de logique. Le monde vit sous une logique globale. La chute du mur de Berlin a quand même coupé les perspectives alternatives. Le socialisme réel n’était pas ce qu’on voulait non plus mais il ouvrait la voie à une planification au service des besoins humains et pas au service de l’argent. Mais finalement cela n’a pas réussi et ce fut la chute. Et avec ça, tous les murs qui existaient pour empêcher l’expansion de la logique capitaliste sont tombés et cette dernière a envahie le monde entier y compris le dernier bastion socialiste qu’est la Chine, devenu un pays de capitalisme d’État.
15:31 Publié dans Actualité | Tags : alternatives, anti-nucléaire, bresil, chico witaker, dialogues en humanites, forum des peuples, forum social, mediascitoyens, mondialisation, rio+20, sylvain métafiot, jean-philippe bonan, forum de lyon, médias citoyens | Lien permanent | Commentaires (0)





















