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vendredi, 18 janvier 2013

Interview de Keny Arkana: questions après son passage à la ZAD

Après avoir donné la parole à un membre du collectif de résistance de NDDL, il est l'heure aujourd'hui de donner la parole à Keny Arkana herself, interviewé par " Camille" (Ndlr : le prénom unisexe qui permet à tout le monde de conserver à la fois l'anonymat mais aussi de pouvoir s'exprimer au nom du collectif entier).


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1)  Comment décrirais-tu les conditions de vie à la ZAD ?

Bon, je n'ai pas eu la chance d'aller voir tout les lieux de vie qui existe à la ZAD… Et en même temps deux jours ne sont pas suffisants pour donner un avis pertinent… Mais je dirais qu'en général pour faire vivre un lieu et/ou campement de résistance, cela demande déjà énormément de courage et de motivation surtout quand le climat y est plutôt hostile et que la police use de toutes ces ruses et de toute sa violence pour détruire et évacuer les lieux-dits… ça demande aussi énormément de solidarité entre les gens et une certaine forme de transparence afin de rester unis… Ces lieux renferment bien souvent de belles aventures humaines… J'ai été pour ma part heureuse de rencontrer plein de frangins et frangines avec qui il y a eu de vrais échanges…

 

2) Sur quoi ton regard et ton cœur se sont le plus portés ?
Je dirais déjà sur les gens et sur le bel éventail de style, d'âges et d'espoir qui se rassemblent autour de cette lutte… Puis le champs des possibles, 2000 ha c'est pas rien pour construire un tas de projet alternatifs…


3) As-tu vu des choses qui t’ont déçues ?
hum, je dirais que c'est souvent le même problème qui revient, à quelques exceptions près… Un certain manque d'organisation et de communication, souvent entre les différents lieux de vie… 

J'ai pu voir des décisions individuelles prendre le pas sur le collectif et celui-ci être mis ensuite au pied du mur…

Dans un collectif c'est important que les décisions soit collectives, sans ça on replonge dans les dérives du vieux monde… C'est important de créer des outils, qui nous permette de nous organiser, et cela ne va pas à l'encontre de l'idée d'horizontalité…

Par exemple, chez les zapatistes, ils choisissent trois coordinateurs par communauté, ce qui permet aux différentes communautés de mieux s'articuler entre elles. Personne ne reste coordinateur, donc pas de prise de pouvoir ou autre… Le  but de la manœuvre au delà de la bonne organisation, est de faire passer chaque personne par ce rôle de coordinateur, même les plus timides…
Tout cela soude le collectif, aide à proposer et à rassembler des idées, et pousse les individus à se dépasser et à créer, car tout devient plus fluide…

 
4)  As-tu été transformée par le Festizad et, si oui, de quel manière ?
 
Connaissant les coulisses de l'histoire, je tiens à féliciter tout le monde, parce que malgré l'urgence, la police, la boue et le temps, ce n’était pas gagné d'avance… et tout ça sans incident, je tire mon chapeau !
 C'est beau de voir comment chacun peut donner de sa personne dans une seule et même action commune…

Apres je vais être sincère, et se sont des discussions qu'on a beaucoup eu à la ZAD, pour moi il y a une grande différence entre un concert de soutien de 2h (ce qui était prévu au départ) et trois jours non stop avec techno et infra-basse  On fait pas du bien à la terre en faisant ça, ni même aux animaux qui vivent ici, je ne parlerai même pas de la consommation d'acides divers et des conséquences directes sur la nappe phréatique, déjà bien abîmée par les lacrymaux des flics…

Je vais donc profiter de cette question pour dire que je suis contre la dictature humaine sur la nature… Je pense que les musiques urbaines que sont le rap et la techno devraient rester dans les zones urbaines… Donc oui, j’ai pris conscience qu’il faut que je me dépêche de monter une formation acoustique pour ce genre d'évènement !


5) Quel est pour toi la relation entre l’art et la lutte ?

Cette question a longtemps été un dilemme pour moi. Aujourd'hui j'ai compris véritablement que l'art, et pour moi la musique, était aussi un front. J'ai participé à beaucoup d'actions sur le terrain, assemblées populaires, occupations, etc. car je pensais que la musique ne pouvait rien faire, en tout cas que ce n'était pas suffisant… Mais avec les années, je me suis bien rendu compte que ma musique avait eu bien plus de répercussions que toutes les actions que j'avais put mener. Je ne dis pas ça pour minimiser les actions concrètes, loin de là, c'est hyper important… Mais peut-être que mon front à moi, c'est ça… Faire passer des messages, faire des concerts de soutiens, avoir des positions claires, mettre des coup de pied dans la fourmilière et des coups de lumière sur les projets intéressant… En même temps, on est si peu à avoir la parole…



J'aimerais bien qu'un jour les militants m'organisent une tournée en France, et qu'avec l'argent récolté, on achète des terrains pour construire tout plein d'alternatives autour de l'autogestion…

C'est déjà ce que j'essaye de faire avec la sape "La Rabia del Pueblo" tout comme les frangins de la ZAD avec leur marque EMKA…
Non pas que je suis pour l'achat de terre à la base, mais on a besoin de construire durable, et il y en a marre de tout se faire détruire et de devoir tout recommencer à chaque fois…


6)  Si tu avais quelque chose à dire, ou à crier à Jean-Marc-Ayrault ?
Je n'ai rien à lui dire, comme je n'ai rien à dire à tout ces hauts placés, leur politique n'est pas la nôtre…

Par contre, j'ai une idée que j'aimerais bien proposer aux zadistes et autres insurgés de France, histoire qu'on nous écoute une bonne fois pour toute, concernant ce projet d'aéroport…

Pour être écouté, il faut toucher au nerfs de la guerre, l'économie…

J'ai fait tout à l'heure un petit pamphlet contre les musiques urbaines dans la nature… Mais là elles prendraient tout leur sens…

Si par exemple on bloquait l'économie du pays à la manières des piqueteros argentins, en bloquant les autoroutes françaises (qui appartiennent majoritairement à Vinci) en organisant des manifs, des occupations puis des grandes teufs ou/et concerts sur quelques entrées d'autoroutes ou péages. L’action pourrait durer, le temps que Vinci recule… rien qu'une seule journée de blocage, leur ferai perdre je ne sais combien de millions… ça vous dit ?
 

Camille

VIDEO BONUS :

Retour sur le Festizad: vidéo 
Retour sur la lutte anti-aéroport: vidéo
zad.nadir.org

Plus d'infos à venir sur le site 

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Commentaires

 

Une autre interview de Keny Arkana, par Ragemag cette fois-ci : http://ragemag.fr/dissidente-subversive-humaine-keny-arkana/

 

Keny est vraiment la preuve qu'un autre monde est possible ! Merci Sista !

Le combat continue, j'ai fait modestement moi aussi tourner ses idées, et d'autres sur mon blog, http://www.indigne-du-canape.com/keny-arkana-lascension-dun-enfant-du-cinquieme-soleil-part-1/

Et évidemment le rdv c'est à NDDL et Nantes pour une grosse manif le 22 février 2014 !

Peace !

L' I

 

Merci pour ton commentaire, cher Indigné, ainsi que pour ton article !

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