Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 28 mai 2016

Tchaïkovski, la Mère-Russie, l’amour et la musique

sylvain métafiot,piotr illitch tchaïkovski,nadejda von meck,musique,opéra,amour,russie,modest,lettre,échange épistolaire,florence,1878

 

Extrait d’une lettre de Piotr Illitch Tchaïkovski à Nadejda von Meck, mécène et bienfaitrice du compositeur auquel elle versait une rente régulière jusqu’en 1890 et ayant entretenu durant de longues années une relation épistolaire très étroite avec lui. Elle ne l’a jamais rencontré.

 

Florence, jeudi 21 février 1878,

10 heures du soir

 

Nous sommes arrivés ce soir à Florence. Une ville charmante et sympathique ! J’ai éprouvé une sensation agréable en y entrant, et je me suis souvenu de mon état il y a deux mois dans cette même ville. […]

 

Quelles lettres merveilleuses vous m’écrivez ! J’ai lu avec un plaisir immense votre missive d’aujourd’hui, si aimable et si riche de contenu. En la lisant, j’ai eu un peu honte que mes lettres soient si courtes et si peu intéressantes comparées aux vôtres ! Il est vrai que j’écris souvent, mais je ne suis en revanche pas capable d’écrire dans une seule lettre autant et aussi bien que vous. Le mérite d’une lettre réside toutefois dans le fait que la personne qui l’a écrite est restée elle-même et ne s’est pas donné un genre, ne s’est pas contrefait. J’appartiens à la catégorie de gens qui aiment terminer tout de suite les choses qu’ils entreprennent. Si j’ai commencé une lettre, je ne suis pas tranquille tant que je ne l’ai pas achevée et aussitôt envoyée.

Lire la suite

mardi, 24 décembre 2013

The Immigrant : comment James Gray ressuscite Shakespeare sur grand écran

 

Article initialement paru sur RAGEMAG

 

Faisons le pari : si William Shakespeare était né au XXe siècle, il aurait peut-être passé plus de temps derrière une caméra que devant une feuille blanche. Ce n’est sans doute pas James Gray, dont le dernier film, The Immigrant, sort aujourd’hui, qui dira le contraire. Car, davantage que les adaptations, réussies ou non, des pièces du maître sur grand écran, c’est à travers le genre du film noir que le récit shakespearien et ses images obsédantes se trouvent transcendés.

 

À travers cinq films, James Gray, en renouant avec les codes quelques peu perdus des films noirs classiques – notamment par l’exploration systématique de la cellule familiale et par sa grande rigueur formelle –, est parvenu à leur insuffler une intensité dramatique peu commune. De fait, réalisateur au carrefour du cinéma grand public et du cinéma d’art et d’essai, il a su renouveler, plus que tout autre ces dernières années, l’art du récit shakespearien sur grand écran.

 

1er acte : l’épure des mots

 

amour,autorité,brighton beach,brooklyn,collateral,coppola,critique sociale,destin,deuil,drame,épure,famille,fatalité,fou,geste,heat,illusion,james gray,jean renoir,jugement,la nuit nous appartient,le parrain,little odessa,loi,maternel,mean streets,mélancolie,michael mann,milieu,mise en scène,morale,narration,new-york,noir,nuance,polar,police,pudeur,queens,raging bull,regard,rêve américain,sacrifices,scorsese,silence,sylvain métafiot,tempête,the immigrant,the yards,tragédieUne des grandes forces du récit shakespearien réside dans la propension des personnages à faire partager leurs sentiments profonds au lecteur, à travers des apartés ou des monologues. En connaissant intimement leurs peines, leurs joies et leurs manigances, nous avons ainsi un temps d’avance sur les autres protagonistes et nous entrevoyons les drames et les rires à venir, les trahisons et les déclarations sincères.

 

Au cinéma, un tel procédé se traduit en premier lieu par l’emploi de la voix-off. Mais cette technique peut parfois s’avérer pesante. Le propre du cinéma n’est-il pas de substituer à la narration textuelle celle des images ? Sans dire un mot, le visage de Michael Corleone, à la fin du Parrain II, de Francis Ford Coppola, exprime toute l’ampleur du drame qu’il a lui-même déclenché et qui le hantera pour le restant de ses jours. Chez James Gray, c’est une mise en scène d’une grande pudeur qui dévoile les sentiments les plus enfouis des personnages : par les silences, les regards, les gestes ou les respirations, leurs sentiments les plus enfouis éclosent à l’image, donnant lieu à des scènes d’une humanité vibrante. De fait, l’essence de l’écriture shakespearienne au cinéma tendrait davantage vers des films peu bavards, mais non moins intenses.

 

amour,autorité,brighton beach,brooklyn,collateral,coppola,critique sociale,destin,deuil,drame,épure,famille,fatalité,fou,geste,heat,illusion,james gray,jean renoir,jugement,la nuit nous appartient,le parrain,little odessa,loi,maternel,mean streets,mélancolie,michael mann,milieu,mise en scène,morale,narration,new-york,noir,nuance,polar,police,pudeur,queens,raging bull,regard,rêve américain,sacrifices,scorsese,silence,sylvain métafiot,tempête,the immigrant,the yards,tragédieOn ressent cette volonté chez Gray de ne pas souligner l’évidence, de ne pas en rajouter. Il y a une certaine retenue qui évite l’esbroufe et le vulgaire, et permet d’aller à l’essentiel. Dans son premier film, Little Odessa (1994), qui narre le retour d’un fils d’immigrés russes dans son quartier d’origine à New-York, cette retenue est caractérisée par les regards silencieux échangés par les deux frères : celui de Joshua Shapira, qui ouvre le film, et celui de Reuben qui découvre que son grand frère est un tueur. En un battement de cils, tout est dit.

 

En prenant du recul sur sa façon de filmer et en l’associant à une lenteur des déplacements, Gray construit certains plans comme des tableaux où s’expriment sans un mot les sentiments les plus violents. À l’image de la scène de deuil, dans The Yards (2000), où les principaux membres de la famille réunis dans le salon s’échangent seulement des regards et des mains tendues, dévoilant ainsi par des gestes impuissants toute leur rage et leur tristesse.

Lire la suite

jeudi, 03 octobre 2013

62, année onirique

 


Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme ressort en salles dans une version restaurée, cinquante ans après sa réalisation, et nous conte un Paris fourmillant et éclectique, une capitale de lumière et d'ombre filmée avec amour et gourmandise. Comme un voyage ethnologique qui déraperait en fable on passe des rues populaires aux grands boulevards, des salles des fêtes aux banlieues toutes fraîches, d'un chat habillé à des amoureux timide en passant par les convives éméchés d'un mariage. On transite ainsi d'un personnage (d'une situation) à un autre avec malignité et élégance. C'est mai 1962 raconté par les Parisiens eux-mêmes, avec leur gouaille, leur joie, leur crainte, leur humanité. C'est Paris en paix, tranquillement observé, sans jugements ni précipitations mais avec une liberté de ton qui colle au plus près des visages et des paroles.

 

62, année onirique, le Joli Mai, cinéma, film, documentaire, Sylvain Métafiot, Gazette, Mankpadere, Chris Marker,Pierre Lhomme, Paris, France,

C'est une caméra qui scrute les détails aux marges ou aux arrières plans, saisissant, là des mains qui s'agitent, ici une araignée qui se balade, ailleurs l'allée poisseuse d'un bidonville, ou encore l'air interrogateur des passants. Un regard véritablement décalé sur une époque politiquement convulsive dont l'intérêt est à la marge. Jean-Luc Godard et Anna Karina passent en voiture, nous lancent un regard. Et là, n'est-ce pas Alain Resnais ? La Nouvelle Vague déferle dans les salles obscures et redonne du souffle au cinéma de papa tandis que Marker et Lhomme prennent le pouls de la rue et donnent à voir le caractère d'une ville sous la forme d'un poème urbain.

Lire la suite

mercredi, 27 février 2013

Vice des belles âmes

00001.jpg

 

« Sur quelque préférence, une estime se fonde,

Et c’est n’estimer rien, qu’estimer tout le monde. »

Alceste, acte I, scène I


C’est une légèreté grave qui parcourt Alceste à Bicyclette de Philippe Le Guay. Une comédie dramatique qui alterne les émotions comme les deux acteurs alternent les rôles d’Alceste et de Philinte. Une mise en abyme aussi drôle que mélancolique, taillé sur mesure pour un Fabrice Luchini ivre du texte classique, malicieux et d’une profonde tristesse résignée. Ainsi, Gauthier Valence (Lambert Wilson), acteur star d’un téléfilm ringard, se rend à l’île de Ré pour proposer à son vieil ami Serge Tanneur (Luchini), ancienne gloire du cinéma, de monter Le Misanthrope de Molière. Alternant les deux rôles principaux, les deux acteurs répètent pendant une semaine avant que Serge, hésitant, prenne sa décision.

Lire la suite

lundi, 31 décembre 2012

Cimes cinéphiliques 2012

Un classement complètement subjectif, parfaitement arbitraire et, ma foi, sans grande utilité si ce n’est de jeter furtivement un regard en arrière sur cette année riche en œuvres magnifiques… mais aussi en beaux navets bien frais.

 

Sachant que je n’ai pas encore vu 4h44 d’Abel Ferrara et, qu’à mon humble avis, il s’immiscerait insidieusement dans cette liste.

 

Les liens renvoient soit à mes propres articles soit à ceux de bien plus estimables camarades de la Toile. (cliquez sur les affiches pour voir les bandes annonces)

 

Au sommet cette année

 

1) Take Shelter de Jeff Nichols : apocalypse anxiogiène et salvatrice

take-shelter-title1.jpg

 

2) I wish d’Hirokazu Kore-Eda : mélancolie estivale

I-Wish-affiche.jpg

 

3) Oslo, 31 aout de Joachim Trier : limbes désespérées

oslo_31_aout.jpg

 

4) Holy Motors de Leos Carax : libre !

thumb.php.jpg

 

5) Faust d’Alexandre Sokourov : enfer corporel

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

6) Le Sommeil d’or de Davy Chou : rêves intemporels

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

7) Les enfants de Belleville d’Asghar Farhadi : singularitées contre société

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

8) Moonrise Kingdom de Wes Anderson : amour aventureux

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

9) Une famille respectable de Massoud Bakhshi : chute de l'empire persan

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

10) Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais : magie !

cimes cinéphiliques 2012,cinéma,top,flop,déceptions,occasions manquées,merveilles des merveilles,sylvain métafiot,critiques

 

Lire la suite

lundi, 19 avril 2010

Désillusions retrouvées

ajami 2.jpg

 

Cela faisait longtemps ! Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un film nous embarquer avec brio dans un déluge de destins croisés, tous aussi dramatiques les uns que les autres. Il faut remonter au sublime Magnolia de Paul Thomas Anderson pour se remémorer une telle maîtrise du sujet. Mais point de Los Angeles sous une pluie de grenouilles, ici. Ajami est un thriller se déroulant dans le quartier éponyme et cosmopolite de Jaffa, non loin de Tel-Aviv. Aux commandes le juif israélien Yaron Shani (également interprète de Binj le cuistot) et le chrétien palestinien Scandar Copti (à gauche sur la photo suivante) signent une œuvre noir, au terme de laquelle on se demande à quoi se rattacher pour avancer sans lâcher prise.

 

Lire la suite

lundi, 18 janvier 2010

Illustration de la semaine ! Job !

jobs.jpg

Certains sont certains que Dieu est d'Amour,
Il fait preuve en tout cas d'un bien étrange humour.

Whether or not God is all Love
Humor sure is wicked Above.

******************
La semaine sur http://www.unsitesurinternet.fr
et les jours sur http://telex.blog.lemonde.fr

Bonne semaine

Toad

mardi, 23 juin 2009

Z’y va, les gossbo !

324536176-les-beaux-gosses-enfin-une-grande-teen-comedy-francaise.jpg

Wesh wesh cousin, bien ou bien ? Pardonnez cette ouverture quelques peu régressive grammaticalement et esthétiquement, mais j'ai l'impression d'avoir fait un retour dans le passé à l'époque cruelle du collège. (On est cruel toute sa vie d'adulte mais le collège est une centrifugeuse des passions négatives naissantes assez conséquente...) Mais soyons plus gaie ! Pour son premier (n'espérons pas le dernier) long-métrage, le dessinateur de bande-dessiné, Riad Sattouf, réussi une petite merveille fortifiante : Les beaux gosses, film et titre ironiquement emblématique de l'époque où la recherche de l'amour chez les jeunes est une obsession à la fois désespérante, pathétique et drôle, mais drôle ! Le premier plan fixe ne s'y trompe d'ailleurs pas...

 

Lire la suite