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mercredi, 23 juin 2021

La demeure de la chair : La Transgression selon David Cronenberg de Fabien Demangeot

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De ces premiers courts-métrages à la fin des années 1960 jusqu’à Maps to the Stars en 2014, David Cronenberg s’est imposé comme le maître du body horror et un auteur progressivement plébiscité par le public et respecté par la critique (au point que, chose assez rare et étonnante au demeurant, ses films, toujours aussi violents et dérangeants, fassent régulièrement partie de la compétition des festivals les plus prestigieux de la planète). À l’heure où le réalisateur canadien prépare le remake de son film Crimes of the futur (1970) l’ouvrage de Fabien Demangeot tombe à point nommé pour analyser cette œuvre au rouge couleur sang, à travers la dimension transgressive décortiquée sous trois angles complémentaires : la transgression corporelle, la transgression sexuelle et la transgression psychique.

 

Parasité, contaminé, amputé, décomposé, malade ou en mutation, le corps est l’obsession première de Cronenberg et l’objet de toutes ses expérimentations filmiques. Un corps qui, au fil de ses transformations, s’affranchit de la conscience humaine pour gagner en puissance et s’émanciper sexuellement comme dans Frissons (1975) ou La Mouche (1986). De fait, « la transgression de la morale et de l’éthique n’est possible que si l’enveloppe charnelle est transgressée ». La transgression psychique s’exprime quant à elle dans la représentation de personnages schizophréniques comme Dennis dans Spider (2001), hystériques comme Sabina dans A Dangerous Method (2011) ou fous comme les frères jumeaux dans Faux-Semblants (1988) ou le patient de Transfer (1966) son premier court-métrage. Un éclatement des perceptions mentales symbolisé notamment dans la mise en scène du Festin Nu, que Cronenberg ne s’est pas simplement contenté d’adapter du roman de William S. Burroughs, mais lui a emprunté sa technique du cut-up. Le réalisateur concevant le cinéma (du moins ses premiers films) « comme un jeu de construction et d’assemblage », laissant davantage parler ses instincts que la rationalité. 

 

En termes formels, Demangeot rappelle que Cronenberg a toujours l’intelligence d’user du hors-champ pour illustrer les scènes sexuelles les plus perturbantes, déjouant à la fois les attentes du spectateur et une éventuelle censure de la part des institutions. On se souvient pourtant que le cinéaste a été hué lors de la présentation de Crash au festival de Cannes en 1996 (bien que certains spectateurs ne se pressent aux « séances sulfureuses » du festival que pour mieux en sortir au plus vite afin de geindre leur indignation). Reste que la fusion du corps et de la machine dans une étreinte sexuelle confinant au désir de mort, bien que dénuée d’effets gore, demeure extrêmement dérangeante parce qu’elle s’affranchit de toute norme morale. La relation corps/machine acquiert par ailleurs une dimension fantastique dans Le Festin Nu (1991), eXistenZ (1999) ou Vidéodrome (1983) : la machine à écrire du premier, la console de jeu du deuxième et la télévision du troisième deviennent des créatures organiques, érotiques et perverses auxquelles les personnages « s’accouplent » : « les organes sexuels sont métaphorisés, sur le plan visuel, par la création de nouveaux orifices. » Cronenberg subvertit ainsi les codes des scènes de sexe pour en proposer une représentation ouvertement grotesque.

 

S’il est enfin un corps qui procure une certaine peur dans le cinéma de Cronenberg c’est celui de la femme, « parce qu’elle représente, aux yeux de l’homme, un territoire inexploré aussi excitant qu’effrayant », affirme Fabien Demangeot. Sexuellement dominante et intrépide, la femme fait découvrir aux personnages masculins des recoins corporels et des zones d’ombres érotiques dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Que ce soit les pratiques sadomasochistes de Nicki dans Vidéodrome, les parties du corps brûlé d’Agatha dans Maps to the Stars, l’utérus trifide de Claire dans Faux-semblants (1988) ou les cicatrices et les prothèses métalliques de Gabrielle dans Crash, la femme agit comme un révélateur de nouvelles expérimentations sexuelles, des fantasmes honteux et enfouis dans la psyché de l’homme, d’une invitation à outrepasser les limites du concevable. Chez Cronenberg le jeu des métamorphoses corporelles est un piège cruel mais obsédant.

 

Sylvain Métafiot

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

lundi, 28 janvier 2019

L’île aux sorcières : Les garçons sauvages de Bertrand Mandico

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

À ceux qui considèrent que le cinéma français se résume aux bluettes exaspérantes de Louis Garrel ou aux comédies braillardes et vulgaires de Christian Clavier et Jean-Paul Rouve, le premier long-métrage de Bertrand Mandico vient infliger un démenti aussi radical que magnifique. On n’était clairement plus habitué à une telle inventivité visuelle. Et pourtant, depuis quelques années, le cinéma de genre français reprend incontestablement du poil de la bête : Alléluia de Fabrice du Welz (2016), Grave de Julia Ducournau (2017), Laisser bronzer les cadavres d’Hélène Cattet et Bruno Forzani (2017), Ghostland de Pascale Laugier (2018), La Nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher (2018), Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez (2018) ou encore Revenge de Coralie Fargeat (2018). Quelques exemples certes inégaux mais portés par une audace que l’on peine à déceler dans la plupart des réalisations traditionnelles.

 

C’est là que le vaisseau étincelant de Mandico dépasse de plusieurs coudées ses confrères hallucinés en direction du monde des rêves spongieux, sexuellement détraqués et sans retour possible. Soit le récit initiatique de cinq jeunes garçons (« unis pour le meilleur et surtout pour le pire ») qui, après avoir commis un meurtre sauvage, sont embarqué de force sur le navire d’un capitaine autoritaire et répressif afin de les remettre dans le droit chemin. Peine perdue : les cinq sauvageons se rebiffent et accostent sur une île à l’écart de toute civilisation. Tout en explorant les lieux, leurs corps commencent à se métamorphoser… Le film de Mandico relève de l’incantation maléfique, monstre d’argile assemblé de manière surréaliste sous l’empire de drogues de synthèses inconnues. Porté par un noir et blanc intemporel duquel jaillit d’intempestives séquences bariolées, le voyage suinte délicieusement le stupre et la mort. Résolument transgenre tant sur la forme que sur le fond le film ondule du masculin au féminin, de Burroughs à Borowczyk, du sensoriel au sensuel, des sexes tatoués aux arbres phalliques, de l’ultra-violence au plaisir lascif. C’est une valse des contraires qui se cherchent, s’apprivoisent et s’étreignent : une copulation fantasmatique entre les formes premières du cinéma et la sève subversive des désirs primitifs.

 

Les amoureux non rassasiés de cette croisière raffinée et luxurieuse pourront se plonger dans les eaux troubles d’Ultra Rêve triptyque fiévreux de courts-métrages réalisés par Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Yann Gonzalez et… Bertrand Mandico.

 

Sylvain Métafiot

mardi, 13 novembre 2018

Priape va à l’école : Petit Paul de Bastien Vivès

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

« Petit Paul est bien ennuyé… » est-il inscrit sur la 4e de couverture. Il faut dire qu’avec l’anaconda qu’il se trimbale dans le calebar ce n’est pas évident de vivre comme un petit garçon de son âge. Surtout quand, avec une candeur des plus touchantes, il en vient à se fourrer dans des positions plutôt inconfortables. La découverte d’un smartphone débouche ainsi sur une partouze des plus bigarrée ; un entraînement de judo vire à la réinvention acrobatique du kamasutra ; tandis qu’une récitation de poésie transforme le petit oiseau de Paul en lance à incendie. Mais l’on découvre aussi que des sex-toys peuvent se nicher dans l’étable des vaches et que dans les stations-services, ma bonne dame, il s’en passe de drôles dans les toilettes des femmes. Bref, Bastien Vivès s’éclate et nous avec. Rien n’entrave son imagination délicieusement perverse et sa dérision corrosive : les vieux, les jeunes, les frères, les sœurs, les voisins, les profs, les moutons et même les vaches, tout le monde s’envoie en l’air dans une folie sexuelle aussi débridée qu’hilarante. Comme le dit Céline Tran dans la préface : « Sexe et humour peuvent définitivement faire bon ménage, surtout lorsqu’il s’agit de transgresser. » L’exagération des situations confine à l’absurde le plus drôle. Si chaque petite récit commence normalement, le réalisme est rapidement biflé par une incongruité salace aussi fraîche qu’irrévérencieuse. En somme, ça part littéralement en couille. Et il n’en fallait évidemment pas plus pour que les tenants de l’ordre moral et du bon goût, puritains de droite ou bien-pensants de gauche, se mettent à éructer en agitant les bras et en soufflant du nez. À toute fin utile leur permettant de se détendre les fesses nous leur conseillons donc de se faire allègrement cuire le cul.

 

Pour en revenir à notre auteur polisson, il faut noter qu’en sus de ses publications plus « graves » et « réalistes » (Le Goût du ChlorePolinaUne sœurLe Chemisier…) Vivès n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine érotique puisqu’il a déjà signé deux œuvres fantasques dans l’excellente collection « BD Cul » des éditions Les Requins Marteaux : Les Melons de la colère (2013), revenge-porn rural dans lequel Magalie, jeune fermière aux seins énormes (et accessoirement sœur de Petit Paul), se fait abuser par tous les notables du village ; et La Décharge mentale (2018), narrant la conception fort particulière qu’une famille de nymphomanes a d’offrir le gîte et le couvert à ses invités. Extravagances narratives, attributs démesurés, amoralité joyeuse, on aura compris que chez Bastien Vivès la chair n’est pas triste et le rire se dilue merveilleusement bien dans les fantasmes les plus inavouables.

 

Sylvain Métafiot

lundi, 27 février 2017

Al-Jâhiz, le prince de la sensualité

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Article initialement paru dans le Gazettarium papier #3

 

Difficile d'échapper au cliché de l'érotisme dans la littérature arabe et pourtant – outre l'image d’Épinal (incomplète mais pas dénuée de vérité) d'une Shéhérazade lascive mêlant sexe et contes pour sauver sa vie – les paroles du délectable Al-Jâhiz, contenues dans son opuscule Éphèbes et Courtisanes (Kitab Moufâkharat al Jawârî wal Ghilmân), nous font toucher d'un doigt frémissant un des plus admirables pan de la littérature érotique orientale. Nous ouvrant les portes de son palais, il nous invite à le suivre.

 

Al-Jâhiz (الجاحظ), de son vrai nom ’Abu 'Uthmân 'Amrû ibn Baḥr Mahbûn al-Kinânî al-Lîthî al-Baṣrî, est né à Baçra (sud de l’actuel Irak) vers 776 (160 de l'Hégire) dans une famille pauvre (son grand-père était un esclave africain d'Abyssinie). Il est mort dans la même ville en 868 ou 869, à l'âge vénérable de quatre-vingt quinze ans, écrasé par sa bibliothèque. Écrivain prolifique, maniant la dérision et l'humour avec grâce, on lui doit quelque deux cent cinquante écrits dont une cinquantaine nous sont parvenus. Ils sont constitués d’épîtres et de quelques œuvres plus importantes sur les sujets les plus divers : la zoologie, la poésie, la notion de secret, l’éloquence, la lexicographie,… Son Livre des animaux, inspiré de l’Histoire des animaux d’Aristote est une véritable encyclopédie des savoirs. Quant à son Livre des avares il constitue une défense des Arabes en arguant de leur générosité ancestrale et de leur amour du prochain. Par ailleurs, comme le note Malek Chebel, « Jâhiz est demeuré arabophone à un moment où le snobisme régnant dans les milieux érudits voulait que l'on fût aussi persophone. »

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dimanche, 15 janvier 2017

Murielle Joudet : « Le cinéma gagnerait à redevenir décadent »

 

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Critique de cinéma pour le magazine « Chronic’art » et au sein de l’émission « Dans le film » sur le site Hors-Série, Murielle Joudet codirige, avec Jean-François Rauger, la programmation « Hollywood décadent » à la Cinémathèque du 14 décembre au 25 janvier 2017. Une quarantaine de films qui dévoilent avec un plaisir coupable la sujétion des névroses sexuelles et des passions déviantes sous le fard de la machine à rêves.

Le Comptoir : Selon vous, Hollywood entre en décadence à la fin des années 1950 et le sera jusqu’au terme des années 1960. Qu’entendez-vous par ce terme connoté négativement ?

Murielle.jpgMurielle Joudet : Le terme est d’abord né d’un sentiment que nous partagions avec Jean-François Rauger devant certains films américains des derniers grands maîtres hollywoodiens : Vincente Minnelli, John Ford, Billy Wilder, George Cukor, Jospeh L. Mankiewicz, Otto Preminger. Le sentiment d’être devant des œuvres amples, ambitieuses et en même temps totalement crépusculaires, habitées par une conscience malheureuse. Beaucoup de films sur Hollywood se font à cette époque-là et prennent en charge ce pli réflexif : le cinéma ne sera plus jamais comme avant. Les cinéastes tentent de mettre en scène la fin d’une époque et d’une certaine façon de faire du cinéma, chacun à leur manière, avec ce mélange bouleversant de lucidité et de déni, comme s’ils se disaient à eux-mêmes « essayons de faire encore un dernier film classique », un peu comme s’ils étaient les musiciens du Titanic. C’est très beau à voir car cela donne des films très bizarres, très intimes, inclassables. Je crois que c’est ce que nous voulions regrouper sous le terme de « Hollywood décadent », le sentiment de quelque chose d’étrange et totalement morbide. C’était aussi l’idée de trouver un terme permettant de penser cette période de transition. C’est toujours difficile de penser les transitions. On voit à peu près ce qu’est un film classique et ce qu’est un film du Nouvel Hollywood, mais qu’en est-il de films aussi étranges que Peyton Place ou encore Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? Ils n’appartiennent à aucune de ces deux époques. On s’est dit qu’il fallait construire une petite maison pour héberger tous ces films. On voulait essayer de figer cette période de transition pour en faire un véritable moment de l’histoire du cinéma américain.

 

Au-delà de ce sentiment d’étrangeté, il y a les faits : l’essor de la télévision américaine, le rajeunissement du public dans les salles, le Paramount Decree, les rapports du docteur Kinsey sur la sexualité des américains, la fin du Code de censure Hays. Un monde meurt, les acteurs, les producteurs et les réalisateurs du classicisme hollywoodien vieillissent et ils emportent avec eux un système, une esthétique. D’où un deuxième moment dans la programmation, qui accueille une autre génération de cinéastes qui, pendant cette période, a fait des films inclassables : Robert Aldrich, Delmer Daves, Gordon Douglas, ainsi que Mark Robson dont la deuxième partie de carrière est très étonnante. Quelque chose meurt avec la première liste de cinéastes et quelque chose émerge avec ces derniers. « Hollywood décadent » est l’histoire de cet entre-deux.

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samedi, 17 décembre 2016

La tôle et le sexe : l’irrépressible désir technique chez Cronenberg

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Article initialement publié sur Le Gazettarium

 

S’il est admis que le progrès technoscientifique est généralement bénéfique à l’humanité, il faut cependant considérer qu’il peut aisément se retourner contre nous avec force et violence. L’innovation d’un côté et la sécurité de l’autre se livrent une course parallèle démesurée. La seconde essayant de rattraper la première par le biais de la prévention (dispositifs de contrôle techniques, déontologiques, législatifs, réglementaires, etc.) pour éviter de se satisfaire d’une simple réparation de dommages.

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samedi, 13 juin 2015

Hic & Hec de Mirabeau : gîte en bois pour un feu de poutre

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« Ils veulent que chacun soit aveugle comme eux
C’est être libertin que d’avoir de bons yeux. »
Molière

 

Du comte de Mirabeau (1749-1791) nous connaissons surtout le personnage révolutionnaire, le tribun parlementaire, auteur d’essais politiques contre le despotisme et de discours enflammés. Pourtant, à l’égal de certains de ses plus illustres contemporains (Laclos, Casanova, Sade, Diderot, Crébillon) Mirabeau excella dans le genre du roman libertin, souvent sous couvert d’anonymat. Publié après la mort de l’écrivain, Hic & Hec s’inscrit dans la lignée d’Erotika Biblion et du Rideau levé, ou l’éducation de Laure. Un petit roman licencieux dont Apollinaire affirmait qu’il « a été écrit avec une grâce et un esprit qui sont rares » et dont la lecture peut redonner son ardeur d’antan au plus frigide des ancêtres.

 

Ici l’on s’égare

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Les mains baladeuses de son maître d’école seront ainsi les premières à éveiller les recoins mystérieux du corps du jouvenceau. Tantôt par d’indécentes caresses, puis par des coups de verges bien senties que le jeune écolier retournera, avec la même « tendresse », à son régent Jésuite : « Enfin je m’enhardis et, empoignant son sceptre comme il avait fait du mien, je le fustigeai si vertement qu’il versa des larmes de plaisir. […] Il fut mon Socrate, je fus son Alcibiade ! Tour à tour agent et patient, il mit sa gloire à perfectionner mon éducation. »

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mercredi, 11 janvier 2012

Sexe intentions

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Deux films, un acteur et un même sujet traité selon deux angles radicalement différents. Le sexe donc est au cœur de Shame de Steve McQueen et de A dangerous method de David Cronenberg, deux films non dénués d’intérêts mais en deçà des attentes qu’ils suscitaient. Hasard du calendrier, ils sortirent à quelques semaines d’intervalles et si le premier se déroule à New-York de nos jours et le second à Zurich en 1904, ils eurent comme point commun, outre le sujet central, de présenter le même acteur dans le rôle principal : l’hypnotique Michael Fassbender. Exploration du thème de la sexualité, à travers le portrait croisé de docteur Michael et de mister Fassbender, par deux réalisateurs de talents (même si l’un monte quand l’autre descend).

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mardi, 23 juin 2009

Z’y va, les gossbo !

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Wesh wesh cousin, bien ou bien ? Pardonnez cette ouverture quelques peu régressive grammaticalement et esthétiquement, mais j'ai l'impression d'avoir fait un retour dans le passé à l'époque cruelle du collège. (On est cruel toute sa vie d'adulte mais le collège est une centrifugeuse des passions négatives naissantes assez conséquente...) Mais soyons plus gaie ! Pour son premier (n'espérons pas le dernier) long-métrage, le dessinateur de bande-dessiné, Riad Sattouf, réussi une petite merveille fortifiante : Les beaux gosses, film et titre ironiquement emblématique de l'époque où la recherche de l'amour chez les jeunes est une obsession à la fois désespérante, pathétique et drôle, mais drôle ! Le premier plan fixe ne s'y trompe d'ailleurs pas...

 

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