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mardi, 23 juin 2009

Z’y va, les gossbo !

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Wesh wesh cousin, bien ou bien ? Pardonnez cette ouverture quelques peu régressive grammaticalement et esthétiquement, mais j'ai l'impression d'avoir fait un retour dans le passé à l'époque cruelle du collège. (On est cruel toute sa vie d'adulte mais le collège est une centrifugeuse des passions négatives naissantes assez conséquente...) Mais soyons plus gaie ! Pour son premier (n'espérons pas le dernier) long-métrage, le dessinateur de bande-dessiné, Riad Sattouf, réussi une petite merveille fortifiante : Les beaux gosses, film et titre ironiquement emblématique de l'époque où la recherche de l'amour chez les jeunes est une obsession à la fois désespérante, pathétique et drôle, mais drôle ! Le premier plan fixe ne s'y trompe d'ailleurs pas...

 


L'intrigue n'est pas essentielle, le film reposant sur un excellent comique visuel explicite : Hervé est en troisième. Il a une coupe sacrément étonnante, les hormones en folies, une mère célibataire peu portée sur l'intimité et trois copains qui s'y connaissent autant que lui en matière de roulage de pelles. C'est-à-dire le néant intersidéral.


Au programme de cette jubilation juvénile du point de vue exclusivement masculin : du cul, du cul, du cul ! Comme dirait notre regretté suceur de cerveau Patrick le Lay. Le sexe est bel et bien la préoccupation majeure de nos joyeux compagnons, j'ai nommé Hervé et Camel. Ils dissertent dessus en permanence de façon crue et directe, tout en essayant de cacher ou dissiper leurs complexes tant physiques (points noirs, appareils dentaires et boutons au programme) que psychologiques (« je vais finir ma vie tout seul comme un con »). D'aucuns trouveront peut-être cela vulgaire. Il auront raison, mais cela ne concerne que la grossièreté des personnages mis en scène très justement par un réalisateur soucieux de montrer la vie de tous les jours d'un ado de 14 ans telle qu'elle est et non telle qu'on se la fantasme (pureté ou débauche). On a parfois l'impression d'être un sociologue immergé dans un collège pour une étude sur l'étonnante et bizarre vie des ados à l'école, tant les dialogues et les situations sont ainsi criantes de réalisme. Les beaux gosses ou « 3615 ados puceaux » en somme. Beau compliment, n'est-ce pas ?

 

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Pour autant, Sattouf n'a pas cherché à faire une œuvre exclusive aux D'jeunes : « Je n'ai pas voulu faire un film « ciblé ». Juste montrer la réalité crue de l'adolescence. La plupart des comédies sur les ados portent un regard distant, voire moralisateur sur ces jeunes. Moi, je pense les montrer tels qu'ils sont. Tous sont dans la même galère. Je suis arrivé sur le film avec mon vécu, mais les comédiens m'on aussi énormément apportés : ils ont mis beaucoup d'eux-mêmes et ont improvisé pas mal de dialogues ». Les acteurs sont effectivement parfaits et jouent le ridicule et l'humiliation juvénile avec un brio quasi naturel.

 

La vie des jeunes, Sattouf la connaît bien. Outre le fait qu'il l'ais lui-même été (jeune), il tient une chronique dessinée hebdomadaire dans Charlie Hebdo intitulée « La vie secrète des jeunes » (publiées en 2007 aux éditions l'Association) où il croque, de façon épurée, des scènes de vie réelle tellement incongrues qu'on le soupçonnerait presque de les inventer. Il s'est souvent mis en scène dans ses BD : acné, lunettes disgracieuses, cheveux en pétard et obsédé par les filles. « Je n'en ai embrassé aucune durant les années de collège et de lycée » avoue t-il. Dans « Retour au collège » son premier album (2005) il avait passé une année entière dans une école huppée de la rive gauche de Paris, afin de s'imprégner de l'ambiance quotidienne des salles de classes. La caricature est un savoir-faire qu'il utilise pour son film afin d'accentuer les contextes désopilants.

 

les_beaux_gosses_2.jpgOn s'aperçoit clairement de la transposition du réalisateur dans le personnage de Camel, cet amateur de heavy Métal dont les parents sont d'origine arabe et qui peine autant, sinon plus, que son pote Hervé à trouver l'âme sœur. Sattouf, qui joue dans un groupe de Métal (c'est lui qui assure la BO du film) se souvient : « J'ai une passion pour cette musique depuis le collège. Vous comprenez maintenant pourquoi je n'avais pas de petite copine... »


Hervé, quand à lui, représente cette catégorie d'élèves écartelé entre les « intellos-qui-restent-dans-leur-coin » et les « débiles-profonds-belle-gueule » : la catégorie des banals, des moyens, des médiocres. Ceux qui ne sont pas laids comme Quasimodo mais certainement pas assez beau pour sortir avec une fille, fut-elle dans la même catégorie qu'eux, et qui se rabattent inéluctablement sur les pages lingerie de La Redoute. Ceux qui ne sont pas spécialement bêtes mais qui oscillent régulièrement entre 8 et 12 de moyenne. Appartenant moi-même à cette catégorie de pauvres bougres, l'identification fonctionna à plein régime et on se prend d'empathie pour ces charmants loosers au point qu'on n'a nullement envie de s'en séparer et de continuer à suivre leurs aventures. L'adolescence semble un grand écart entre fantasmes et réalité pour le jeune cinéaste : « Ou comment faire de ses fantasmes une réalité. C'est la période où l'on apprend à devenir des individus de plus en plus autonomes. Et à rentrer peu à peu dans le système pour vivre avec les autres. C'est un peu fataliste. Mais ce n'est pas un rebelle mon héros ! »

 


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L'avantage d'Hervé et de ses amis est de rassurer le malheureux adolescent qui n'as pas confiance en lui en se disant, malgré la distance de la fiction : « Ouf ! Il y a quand même pire que moi ». Leur peine à exister est pataude et propice à de véritables situations hilarantes. Surtout quand on porte un ignoble pull marron-orange à motif Jaquard... L'âge ingrat porte bien son nom.

 

Les zygomatiques fonctionnent à plein régime. La scène où Hervé s'engueule avec sa mère (Noémie Lvovsky) dans la salle de bain, le cours de sport, ou celles de la fameuse chaussette sont à se taper les cuisses. Sans compter les innombrables blagues potaches. L'intonation et le débit des voix jouent pour beaucoup : on a tous eu des voix de demeuré à cette époque, ne niez pas. Le rire d'Hervé est en soi fortement contagieux (remarque personnelle : ce rire ressemble à deux gouttes d'eau - si l'on peut comparer un rire à de l'eau - à celui d'un ami. Fu si tu me lis...). Sattouf fait également preuve d'imagination lorsqu'il imagine le faux film porno internet de mamanchaudasse.com - dans lequel on l'aperçoit - ou l'émission de radio qu'écoute Hervé en se réveillant, genre de Skyrock survitaminé au sexe.

 


 

Finalement, Riad Sattouf nous sert sur un plateau de cantine la comédie de l'année (par ailleurs sélectionnée à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes). Un univers clos sur lui-même (la « marche du monde » n'existe pas, la jeunesse collégiale est le seul et unique sujet du film) décortiqué par un regard lucide et hilarant comme on en a rarement vu. Filmé à la manière d'un documentaire laissant transparaître toutes les émotions qui parcourent ces chères têtes blondes (et mal coiffées) en mal d'amour. Les affres de la puberté remarquablement mises en scène dans ce « teen-movie » français et avec un plaisir tel qu'il serait vraiment bête de s'en priver.

 

Sylvain Métafiot

 

 

Commentaires

 

je suis sur que t'es nostalgique de ta periode "caillera" ^^
et des pages lingerie de la redoute...

 

C'est vrai que j'étais une terreur au collège : "le boutonneux hargneux" qu'on m'appelait en tremblant comme une feuille morte. Les gueux me redoutaient.
En parlant de ça, venons-en à ma 2ème passion : l'effeuillage méticuleux de la bible des puceaux, le Saint Graal de l'ado obsédé : La Redoute ! Je vous conseille d'ailleurs l'édition "automne-hiver 1998". Un must !

 

je n'en doute pas.. rien qu'en voyant les cicatrices que t'as sur le visage on reconnait tout de suite le"boutonneux hargneux" qui sommeil en toi ^^
t'aurai pas les n° des pages de la redoute tant apprecie? t'etais plus lingerie de gd mere? lingerie à dentelle ou encore la double page à lingerie plus que coquine (cuir & co)??

 

C'est le cuir & Compagnie qui déclenchait la flamme en moi bien sûr ! En plus d'être moche, j'ai un côté sado-maso très appréciable par les amateurs du genre.
Mais je ne crachait pas sur les petites dentelles friponnes qui émoustillait ma libido comme personne. Grrrrrr

....C'est d'un niveau ces commentaires, je vous jure......

 

Il a l'air sympatoche ce film.

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