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mercredi, 28 février 2024

Adrien Dénouette : « Le standup est une affaire de passions tristes, de honte et de violence »

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« Aujourd’hui, le meilleur comique de France est un Arabe ». Difficile de donner tort à Adrien Dénouette, auteur de « Nik ta race. Une histoire du rire en France » (Façonnage éditions, 2023), lorsqu’on découvre la force de frappe de Mustafa El Atrassi, bombe sale et hautement corrosive explosant à la face d’une France ayant une peur bleue de son propre ridicule. Dans son essai l’auteur s’interroge : « Pourquoi réserve-t-on au rire le même traitement qu’à nos banlieues ? » Pourquoi le rire populaire est-il à ce point méprisé par les « élites » culturelles ? Le mantra du standup américain selon lequel « plus il détruit, plus le rire soulage » est-il soluble dans l’humour hexagonal ? Éléments de réponse en explorant ce fameux rire à la française, de Victor Hugo et Céline à Riad Sattouf et Jean-Pascal Zadi, en passant par l’épopée des Nuls et celle des Inconnus, la gouaille de Depardieu, les grimaces de Clavier et l’amertume des films du duo Bacri-Jaoui, le flow énervé des rappeurs, les caricatures de Charlie Hebdo et le trash talk des sportifs.

Le Comptoir : Commençons avec la figure centrale qui traverse votre essai : Mustafa El Atrassi. Comique encore aujourd’hui assez méconnu du grand public, comment pourriez-vous le présenter à ceux qui n’en n’ont jamais entendu parler ?

le comptoir,sylvain métafiot,adrien dénouette,« le standup est une affaire de passions tristes,de honte et de violence »,mustafa el atrassi,victor hugo,céline,riad sattouf,jean-pascal zadi,les nuls,les inconnus,depardieu,christian clavier,bacri-jaouiAdrien Dénouette : Comme le meilleur comédien de standup français, et comme un Arabe. C’est d’autant plus important de souligner cette identité que ses spectacles s’adressent prioritairement à un public d’Arabes de France, à qui El Atrassi parle dans la langue pleine d’argot et très imagée des banlieues. Ce qui n’enlève rien au fait qu’il soit un artiste français, et selon moi le plus fort de sa discipline. Car ses spectacles sont accessibles à n’importe quel spectateur francophone, à condition de faire l’effort de saisir sa démarche. Ma réflexion découle de la découverte d’un de ses spectacles, par hasard, en 2019 sur Youtube. Sa langue, son style, son agressivité, sa liberté de ton dans le chambrage très violent de son public m’ont immédiatement séduits. C’est la première fois que j’avais le sentiment d’assister à du standup dans ma langue natale, et non à une pâle copie de cet art anglo-saxon qui se distingue des sketchs de chez nous par son adresse directe, à la première personne.

 

En me renseignant, j’ai découvert que cette liberté de ton découlait d’une décision radicale : rompre définitivement avec les médias et la culture française, à la suite d’un embryon de carrière à la télévision dans les années 2000. Le livre prend cette marginalisation volontaire comme point de départ, celle d’un Arabe, en France. Car à mes yeux, la place du rire dans la société française EST celle d’un Arabe. Une sorte d’anomalie très mal vue par le « Centre », qui est bourgeois, Blanc, conservateur. El Atrassi est l’incarnation de ce rire populaire et anarchique qui ne cherche pas à « plaire », en flattant la bonne morale. Mais juste à détruire le sérieux des autres parce que c’est drôle de désobéir. Et il l’est.

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mardi, 23 juin 2009

Z’y va, les gossbo !

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Wesh wesh cousin, bien ou bien ? Pardonnez cette ouverture quelques peu régressive grammaticalement et esthétiquement, mais j'ai l'impression d'avoir fait un retour dans le passé à l'époque cruelle du collège. (On est cruel toute sa vie d'adulte mais le collège est une centrifugeuse des passions négatives naissantes assez conséquente...) Mais soyons plus gaie ! Pour son premier (n'espérons pas le dernier) long-métrage, le dessinateur de bande-dessiné, Riad Sattouf, réussi une petite merveille fortifiante : Les beaux gosses, film et titre ironiquement emblématique de l'époque où la recherche de l'amour chez les jeunes est une obsession à la fois désespérante, pathétique et drôle, mais drôle ! Le premier plan fixe ne s'y trompe d'ailleurs pas...

 

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