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dimanche, 03 mai 2009

Eloge de France Culture

France%20Culture.jpgDans l'océan de conneries qui nous submerge parfois, que ce soit à la télé, à la radio, dans des feuilles de chou ou dans notre entourage, on trouve quelques perles de ravissement intellectuelles. Parmi elles, France Culture se classe sur le haut du podium radiophonique.

Certes, on pense tout de suite au gros mot à la mode : élitisme. Oula ! Une radio qui se démarque des plébéiennes vulgarités du tout venant médiatique. Rendez-vous compte ! Mais, malgré quelques rares attitudes en forme de « je te regarde de haut », France Culture est plus que nécessaire de par sa dissidence vis-à-vis du flot inepte des médias.

Elle n'a pas d'équivalent dans le monde. Elle procède d'une gestion pacifiée du minutage et du rythme, seul moyen de s'affranchir des halètements stériles du chronométrage médiatique. Emancipée des sottes tyrannies de l'audience elle s'éloigne ainsi du formatage rhétorique et de l'affaissement de l'intelligence.

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mercredi, 29 avril 2009

Les paranos ne datent pas d'hier

Emmanuel Kreis, chercheur en science religieuses à l'Ecole pratique des hautes études, publie Les puissances de l'ombre. Juifs, jésuites, francs-maçons, réactionnaires... La théorie du complot dans les textes (CNRS Editions), un florilège édifiant (et terrifiant) de falsifications utilisées à des fins politiques. Dans une interview à Charlie Hebdo (14/01/2009) il montre que les théories conspirationnistes ne sont pas nées avec le 11 septembre (à ce sujet voire l'article http://www.mapausecafe.net/archive/2008/09/11/les-paranos... ) mais sont récurrentes au cours de l'histoire, dès qu'il s'agit de trouver un bouc émissaire :

 

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« Avant le XIXème siècle, ce sont surtout les francs-maçons qu'on accuse de comploter. Il y a eu aussi les Templiers, les jésuites, les protestants. En 1789 des théories conspirationnistes sont élaborées aussi bien par les révolutionnaires que par les contre-révolutionnaires. À la fin du XIXème siècle, ce sont souvent les occulistes qui sont visés, parce qu'ils étaient très à la mode à cette époque, via le mouvement martiniste, et l'Eglise leur reprochait d'oeuvrer pour le Diable. Puis il y a eu les anarchistes, à la suite d'attentats qu'ils ont commis à Montceau-Les-Mines en 1882, et aussi les communistes, notamment aux Etats-Unis pendant la guerre froide. Bien qu'elles soient fantasmées, les théories conspirationnistes entraînent des conséquences bien réelles : par exemple, dans l'Espagne franquiste, les francs-maçons pouvaient être exécutés sommairement.

 

Au XIIème siècle, par exemple, à Norwich, en Angleterre, un enfant est retrouvé tué. On accuse aussitôt les Juifs d'avoir réalisé un crime rituel, commandité par un conseil secret de Juifs à Narbonne. Ce sont des prémices, mais le premier texte faisant véritablement l'état d'un complot juif n'apparaît qu'en 1830.

 

Les théories du complot sont toujours une arme politique. Prenons l'exemple de la Révolution française. Les révolutionnaires, Saint-Just entre autres, accusent les émigrés ou la noblesse étrangère de comploter. Cela leur permet de désigner un ennemi, et également de répondre à un éventuel échec, en disant : « on » nous a empêchés de réussir. Chez les contre-révolutionnaires, c'est différent. Les théories du complot s'ajoutent à la théorie dimension divine. Ils voyaient tout à travers Dieu, et la révolution est un événement brutal qui modifie la société. Est-ce que Dieu peut abandonner la société ? Non, donc c'est forcément un complot diabolique.

 

Néanmoins, sous l'épaisse couche de fantasme, il y a, dans certains cas, une part de vérité dans ces théories. Par exemple, dans les années 1930, on trouve des théories du complot concernant les communistes. De fait, elles n'étaient pas complétement infondée, car le but des communistes était bien la prise du pouvoir. A coté de ça, il y a évidemment beaucoup de théories fausses de bout en bout, dont les Protocoles des sages de Sion sont l'archétype. Mais entre ces deux extrêmes il y a toute une gamme de théories intermédiaires mêlant une part de réalité au fantasme le plus pur.

 

Pendant la Seconde guerre mondiale, les milieux collabos parisiens ont développé l'idée de la « synarchie », société secrète d'énarques qui seraient manipulé par les banques internationales et les Juifs. C'est là qu'apparaît l'idée d'un complot fomenté par une élite de technocrates. La théorie a perduré après la Libération, quand elle a été reprise par les milieux communistes qui y voyaient un complot fasciste. Cela montre à quel point les mêmes thèmes se transforment et sont repris par les uns ou les autres.

 

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La plupart des textes conspirationnistes proviennent à l'époque de mileux catholiques traumatisés pa r la Révolution. Il y a cependant des théories conspirationnistes de gauche. Par exemple, de 1870 à 1914, les républicains vont inventer des théories d'un complot fomenté par les cléricaux et les jésuites.

 

Aujourd'hui, le complot le plus à la mode est l'idée que le 11 septembre est un coup monté [rumeur propagée par l'extrême droite américaine et européenne et les mileux islamistes] mais les théories les plus anciennes perdurent. Ainsi, le complot jésuite se retrouve d'une certaine façon dans le succès du Da Vinci Code, qui met en scène une conspiration de l'Opus Dei [organisation réellement intégriste]. Les mouvements new age ont repris le thème du complot extraterrestre, qui était en vogue aux Etats-Unis dès les années 1950. Dans certains milieux d'extrême droite, on parle beaucoup des « Illuminati », qui seraient la structure supérieue d'une organisation visant à dominer le monde. »

 

Comme le dit le journaliste, Antonio Fischetti, « il ne suffit pas à une théorie d'être farfelue pour être conspirationniste. Elle doit s'imaginer une organisation transnationale, avec des manipulateurs cachés au sein d'une structure de forme pyramidale, qui ont pour but un changement radical de la société. Même si, au cours de l'histoire, il y a eu des conspirations parfaitement réelles, une « théorie du complot » comporte toujours une dimension fantasmée et délirante. Avec, le plus souvent, des morts à la clé. Finalement, les théories conspirationnistes tuent bien davantage que les vrais complots. »

 

Sylvain Métafiot

 

vendredi, 17 avril 2009

Discours du ministre brésilien de l'Éducation aux États-unis

Au cours d'un débat dans une université américaine en mai 2000, le futur-ex-ministre brésilien de l'Éducation, Cristovam Buarque (nommé en janvier 2003, et remplacé un an plus tard à ce poste par Tarso Genro, ancien maire de Porto Alegre) fut interrogé à propos de l'idée d'internationalisation de l'Amazonie. 

Un jeune Américain lança le débat en disant qu'il espérait la réponse d'un humaniste et non pas celle d'un Brésilien. 

Publiée par O Globo le 23 octobre 2000,  sa réponse a été reprise depuis par de nombreux journaux brésiliens et étrangers.

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dimanche, 12 avril 2009

Navire Night : nuit blanche de l’université Lyon 2

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C'est un évènement extraordinaire qui s'est tenu dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 avril à l'université Lumière Lyon 2. Une nuit blanche de conférences toutes plus passionnantes les unes que les autres, ancrées dans la conjoncture, et organisées par des universitaires de Lyon mais aussi de Saint-Etienne, Paris, etc. tous engagés dans la mobilisation contre la mise en place de la scandaleuse politique de l'enseignement supérieure actuelle. Pour plus de renseignements à ce sujet : http://www.mapausecafe.net/archive/2009/02/11/sarko-le-py...

 

De 18h30 au lendemain 8h00 le Grand Amphithéâtre a donc été le lieu d'un bouillonnement intellectuel et festif face au dogmatisme idéologique du gouvernement (il n'est donc pas étonnant que notre cher Président bien aimé se soit fait habiller pour plusieurs hivers...). En somme, la conjuration de savoirs contre l'obscurantisme des réformes en cours. Précisions du collectif Navire Night « Comme circonstance symbolique et pratique, la nuit demeure disponible dans les emplois du temps ; elle est propice au décloisonnement des institutions, à l'expression d'une transversalité disciplinaire, ainsi que d'une égalité citoyenne ; elle est de nature à favoriser une humanité des relations, de manière civique. Si une tradition universitaire peut suggérer une ligne générale d'intervention, cette tradition est celle de « l'université critique », collégiale, indépendante et démocratique, qui contraste fortement avec les desseins d'une université « entrepreneuriale » ou « managériale ». Par cet événement fédérateur, nous espérons contribuer au véritable sens de « l'autonomie » des universités et de la recherche. »

 

Laissez-vous embarquer pour une longue croisière de l'intelligence, si rare à notre époque de l'inculture décomplexée et assumée, placée sous le signe du Kairos. Larguez les amarres !

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Navire Night : nuit blanche de l’université Lyon 2 (suite)

La suite du riche programme de conférences lors de cette nuit exceptionnelle.

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vendredi, 03 avril 2009

Rapport 2008 d’Amnesty International

 

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Publié en cette année de célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Rapport 2008 d’Amnesty International est consacré aux questions relatives aux droits humains qui se sont posées dans 150 pays et territoires tout au long de l’année passée. Il couvre une période de janvier à décembre 2007 et donne à voir un monde déchiré par les inégalités, les discriminations et la répression politique. Mais il montre également que l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme est toujours vivace et qu’il a fait croître, au long de ces décennies, un mouvement mondial de défense des droits humains d’un grand dynamisme.

 

Epais de 460 pages, je ne vous résumerais ici que le cas de la France.

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dimanche, 29 mars 2009

Interview Eric Dacheux : L'Europe et nous !

 

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L'équipe de mapausecafé, a eu le plaisir d'aller interviewer un chercheur, ce qui risque d'être de plus en plus rare, savourons donc notre chance.

C'est un européen dans l'âme et un professeur que nous sommes allés voir.


Pour lire l'interview veuillez cliquer ici !

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mardi, 24 mars 2009

Le préservatif n’est pas efficace contre le sida et il aggrave la situation” - Benoît XVI

Voici une affiche trouvée sur le site Jaffiche.fr... Et là vous vous dites : Mapausecafé a décidé d'enfoncer le clou ! Que neni ! Suite à un article précédent qui nous avallu de nombreuses critiques venant d'internautes n'acceptant pas la critique de la religion, autant souligner une nouvelle fois notre indignation face aux propos dangereux et irresponsables de Benoît XVI.

 

 

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Cette affiche sobre et efficace a été réalisé par Geoffrey Dorne.

mardi, 17 mars 2009

Le plus jeune détenu de Guantanamo

mohamed-el-gharani.jpgLe ressortissant tchadien Mohammed el Gharani (22 ans) est toujours détenu à la prison de Guantánamo, plus d'un mois après qu'un juge fédéral américain a ordonné sa libération.

 


Placé en détention à l’âge de 14 ans, il a été détenu par l'armée pendant près du tiers de sa vie. Il aurait fait l'objet de mauvais traitements depuis que la décision judiciaire relative à sa libération a été rendue. Auparavant, il en avait déjà subis à Guantánamo dans le cadre des interrogatoires auxquels il avait été soumis.

 

Le juge Richard Leon de la cour fédérale du district de Columbia a déclaré le 14 janvier que la détention de Mohammed el Gharani était illégale et qu'il devait être immédiatement libéré. Ce ressortissant tchadien, qui est né et a grandi en Arabie saoudite, est incarcéré à Guantánamo en qualité de "combattant ennemi" depuis février 2002. Il a été placé en détention par les forces pakistanaises fin 2001, puis remis aux autorités américaines et emmené sur la base aérienne de Kandahar, en Afghanistan, avant d'être transféré à Guantánamo.

 

Le juge Leon a déclaré que les présomptions à l'encontre de Mohammed el Gharani "reposaient essentiellement sur les déclarations faites par deux autres détenus pendant son incarcération à Guantánamo". En effet, ces déclarations sont, individuellement ou conjointement, l'unique preuve apportée par le gouvernement pour étayer la majorité de ses allégations. Par ailleurs, contrairement aux autres affaires réexaminées jusqu'à présent par la cour fédérale du district de Columbia, la crédibilité et la fiabilité des détenus sur lesquels s'appuie le gouvernement ont été soit directement mises en doute, soit qualifiées d'incertaines par des agents de l'État. "En termes simples, a conclu le juge Leon, une mosaïque dont les carreaux forment une image aussi trouble ne révèle rien du requérant avec suffisamment de clarté, individuellement ou collectivement, pour que cette cour puisse s'y fier." Il a ordonné au gouvernement de "prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires et opportunes pour faciliter sa libération immédiate".

 

Mohammed el Gharani est incarcéré dans des conditions éprouvantes au Camp 5 du centre de détention. Ce camp, ouvert en 2004, est une structure d'isolement et d'interrogatoires où les détenus sont maintenus jusqu'à vingt-quatre heures par jour dans de petites cellules. Il semble que Mohammed el Gharani soit autorisé à sortir dans la cour environ deux heures par jour, pendant lesquelles il est seul.
Mohammed el Gharani aurait été battu à plusieurs reprises par des membres de la Force d'intervention rapide (IRF) de Guantánamo depuis l'ordonnance de libération du mois dernier.
Au fil des ans, des allégations ont régulièrement fait état d'un recours excessif à la force par les équipes de l'IRF dans le cadre de leurs activités à Guantánamo.

 

Auparavant, Mohammed el Gharani avait déjà subi des mauvais traitements dans cette prison. Certains détails ont été révélés dans le rapport 2008 de l'inspecteur général du ministère américain de la Justice. Des agents du Bureau fédéral d'enquêtes (FBI) ont décrit comment, en 2003, alors qu'il n'avait que seize ans, Mohammed el Gharani avait été "enchaîné court" : une chaîne attachée autour de sa taille avait été fixée au sol, l'empêchant de se mettre debout. Il a été maintenu dans cette position pendant plusieurs heures. Un autre agent du FBI a déclaré qu'un interrogateur militaire avait ordonné à des gardes de placer Mohammed el Gharani dans une "position inconfortable" : "entravé au niveau des mains et des pieds, puis attaché au sol par une chaîne pour l'obliger à s'asseoir par terre ou à s'accroupir". Maintenu ainsi pendant plusieurs heures, Mohammed el Gharani avait été contraint d'uriner sur lui. Une autre fois, Mohammed el Gharani a lui-même signalé à des enquêteurs que des gardes militaires l'avaient enchaîné au cours de la nuit pendant douze à seize heures. Le rapport indique également qu'il a été soumis, alors qu'il n'était qu'adolescent, au "frequent flyer program" (programme vols fréquents), utilisé à l'encontre de nombreux prisonniers de Guantánamo et consistant à désorienter le détenu, perturber son sommeil ou l'en priver.

 

Mohammed el Gharani a affirmé qu'en 2003, pendant des interrogatoires, il avait fait l'objet d'injures racistes, de violences physiques et avait été arrosé d'eau froide.

 

Il faut savoir qu’aux termes du droit international et des normes internationales, la détention et l'emprisonnement d'un enfant ne doivent être utilisés qu'en dernier recours et pendant la durée la plus brève possible.

 

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Tout enfant privé de liberté doit être traité avec humanité et dans le respect de la dignité de la personne, en tenant compte des besoins inhérents à son âge. Le droit international dispose que les États doivent adhérer au principe selon lequel l'intérêt supérieur de l'enfant doit être au cœur de toutes les mesures concernant des mineurs en infraction à la loi. Pourtant, le traitement que les États-Unis réservent aux enfants qualifiés de "combattants ennemis" est en accord avec les intérêts liés à leur sécurité nationale plutôt qu'avec ceux de ces mineurs.
Le 22 janvier, le président Obama a signé trois décrets relatifs à la détention et aux interrogatoires. L'un de ces textes ordonne à son gouvernement de fermer le centre de détention de Guantánamo "dès que possible" et d'examiner tous les cas de détenus qui y sont incarcérés afin de décider de leur sort.

 

 

Sylvain Métafiot


Pour en savoir plus sur Guantanamo : http://www.amnesty.fr/index.php?/amnesty/agir/campagnes/t...

mercredi, 11 mars 2009

L’inquiétant retour du religieux

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Les penseurs des lumières avaient parié sur la fin des religions et le triomphe progressif de la raison… Malheureusement, ils seraient bien étonnés s’ils assistaient à l’actuel « retour du religieux » sous des formes multiples, allant de la mode des spiritualités, de l’explosion des conversions à l’islam et au protestantisme à travers le monde, des offensives de Benoit XVI pour la promotion d’une rationalité chrétienne, de celle de Nicolas Sarkozy pour une « laïcité positive », à la violence nettement plus inquiétante des fanatismes.

 


Souvenons-nous de ce que nous annonçaient des personnages aussi illustres que Voltaire (1694-1778), Diderot et Condorcet. Que le règne de la Raison et de la Liberté, de la Science et du Progrès allait mettre fin à l’alliance des Eglises et du despotisme. Que « l’humanité qui sait » allait se substituer à « l’humanité qui croit », comme le disait Renan dans l’Avenir de la science. Et que la conquête scientifique et technique du monde allait contribuer à l’autonomie et au bonheur d’un homme nouveau. Au siècle suivant, ce ne sera plus seulement la superstition, mais la religion elle-même que Nietzsche, Marx et Freud s’attacheront à déconstruire, en dénonçant derrière les idéologies religieuses une névrose collective, l’opium d’un monde sans cœur ou une haine de la vie, en passe d’être surmontés. Tous concluaient leur procès de la religion par la sentence de la « mort de Dieu ». Préalable au processus de sécularisation.

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