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jeudi, 28 décembre 2017

La croix et le katana : Silence de Martin Scorsese

La croix et le katana

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Dans le Japon du XVIIe siècle, deux prêtres portugais partent à la recherche de leur mentor, un évangéliste réputé qui se serait rendu coupable d’apostasie et mit au service du Shogun. Au flot de bavardages des gangsters auxquels Scorsese nous a habitués – entraînant, dans leur sillage crapuleux, fascination et répulsion – succède une fresque historique sur les limites intimes de la foi. La mise en scène, d’une sobriété abrupte, est à l’avenant : pas de musique ni de mouvements de caméra étourdissants mais de longs dialogues et une attention particulière accordée aux sons de la nature environnante (le chant des grillons et le roulement de la mer de l’Est ont remplacé les Rolling Stones). Seuls les cris de souffrance des chrétiens torturés et certains éclairs de violence viennent troubler le rythme calme de cette épreuve de force spirituelle en terre hostile.

 

C’est presque une banalité de rappeler que quasiment tout le cinéma de Scorsese est marqué du sceau des passions catholiques : la croyance, le péché, la perdition, le pardon… De Bertha Boxcar à Gangs of New-York en passant par À tombeau ouvert et l’inévitable Dernière tentation du Christ, la figure du Crucifié et son cortège de codes moraux est un motif récurrent de l’univers scorsesien. Cette figure divine que les chrétiens persécutés au Japon doivent fouler du pied pour avoir la vie sauve. Au terme d’un périple qui le fera passer du fanatisme au renoncement, le père Rodrigues apprendra ainsi que la pureté n’est pas de ce monde ni le pardon un vain mot.

 

En s’emparant du récit de l’écrivain japonais et chrétien Shûsako Endô, Martin Scorsese noue, en fin de compte, le drame historique de ces apostats jésuites avec ses propres obsessions spirituelles et cinématographiques : la plus grande piété se loge parfois au cœur de la plus grande trahison. Filmer cette dévotion silencieuse équivaut à un acte de rédemption.

 

Sylvain Métafiot

mardi, 01 novembre 2016

L’Odyssée de Clarke ou le mythe de l’altérité cosmique

 

Article initialement publié sur Le Gazettarium

 

De Nietzsche à Parménide, de Baudelaire à Platon, le voyage a longtemps été un enjeu des philosophes mais également un thème littéraire traversant les âges. De L’Odyssée d’Homère à L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke, la filiation est évidente. Qu’il s’agisse de voyager sur la mer pour rejoindre Ithaque ou dans un vaisseau spatial aux confins de l’univers, tout n’est qu’une question de départ et de retour. Clarke fait ainsi de multiples références à l’œuvre d’Homère : le prénom du héros (Bowman, « l’archer »), le cheval de Troie, les sirènes, la perte de membres de l’équipage, etc. Tout comme la navigation sur la mer Égée du temps des dieux grecs, les voyages dans l’espace sont soumis aux aléas dangereux de l’univers : explosions d’étoiles, destructions de planètes, nouvelles formes de vie dans de nouvelles galaxies… Des périls qui entraînent une nouvelle perception de la terre et du cosmos, car la nature est essentiellement fragile et peut disparaître à tout instant. Ajoutons à cela, la conscience de la toute puissance de la science et de la technologie. Clarke fait évoluer ses personnages en lien direct avec les techniques les plus avancées. L’évolution des protagonistes n’est plus seulement interne à eux-mêmes mais dépend, en partie, des transformations extérieures.

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mercredi, 04 décembre 2013

Lexique gastro-entérique

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À tous mes amis de gauche, et de droite respectable, j’en ai raz-le-cul de l’utilisation abusive du champ lexical gastro-entérique pour parler des idées qui vous rebutent. Et ce pour plusieurs raisons :

 

1) C’est un manque de créativité extraordinaire. Soyez un peu littéraire bordel ! Utilisez des adjectifs d’autres champs lexicaux, le jardinage par exemple : de la mauvaise herbe, des taupes, des limaces…

 

2) J’imagine à chaque fois la personne vraiment vomir et ça m’emmerde m’voyez.

 

3) Vomir ne change rien au problème, surtout avec des mots, c’est une indignation à peu de frais, sans efficacité.

 

4) L’utilisation de ces éléments de langage sert un mode de purification, comme un rituel mystique de purgation. Les indiens d’Amériques utilisaient d’ailleurs le tabac pour vomir et se purifier. Est-ce à dire que vous avez quelques mauvaises pensées à vous faire pardonner ?

 

5) Ce champ lexical permet justement de faire partie d’une communauté dit de « bien-pensant ». Un mot de passe pour entrer dans le groupe des gens qui pensent bien. Cela réduit donc les luttes idéologiques à un champ moral.

 

6) Un peu comme dans la parabole du Pharisien et du Publicain, une fois avoir payé la dime verbale, vous considérez votre morale sauve et vous pouvez alors traverser les lignes sans craindre de passer pour une immondice.

 

7) Le dégoût et autres joyeusetés marquent un principe d’individualité. Une idée dégoûtante ne l’est qu’au regard de la personne dégoûtée, car « chacun ses goûts ». Une idée dangereuse par contre, renvoi à un phénomène qui peut concerner tout le monde. Le racisme par exemple est une idée dangereuse, en ce que tout le monde peut en être la victime.

 

8) C’est un champ lexical de l’hygiène, donc religieux et non politique. Or le problème est souvent social donc politique. L’aspect religieux ne pouvant servir qu’à l’éducation dans ce genre de thématique (fais ceci, pas cela).

 

9) Le vomi et les autres déjections salissent l’individu incriminé qui doit alors se nettoyer. C’est une attaque ad hominem qui permet une victimisation à votre interlocuteur. Il pourra alors ensuite jouer de l’empathie pour se faire plaindre et attirer la sympathie.

 

10) C’est un jugement sur l’individu, demandez-vous quelle est votre légitimité pour le proférer.

 

11) Vous ne le savez peut-être pas mais le dégoût est la pire des sept expressions universelles humaines. Il déclenche instinctivement un rejet destructeur. Le sujet du dégoût n’a alors plus le droit d’être, il doit disparaître par tous les moyens. Autrement dit, ce sont les derniers mots avant l’action physique. La colère est plus saine.

 

12) Il y a aussi un phénomène de mépris de classe dedans, un côté pédant : « Éloignez moi ces gueux qui sentent mauvais. » Demandez-vous s'il n'y a pas un problème social dont découle le problème moral. Dans quel cas, on ne résoudra pas le deuxième problème sans attaquer le premier.

 

13) Avez-vous vraiment envie de vomir ? Auquel cas, il faut peut-être consulter.



Sur ce, bonne nuit les kikous, faîtes de beaux clash bande de troll.

Vincent Froget

samedi, 02 novembre 2013

Gravity, Cuaron fils de Tarkovsky

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Écrire une critique de Gravity, c’est compliqué. Formellement, déjà, on ne peut pas dire que Gravity soit un film loupé. L’image est bonne, la 3D bien utilisée, le jeu d’acteur bien interprété (qui vaudra peut-être un Oscar à Sandra Bullock), le scénar tendu nous entraîne même si on devine trop sa fin, seule une utilisation un peu trop Hollywoodienne de la musique et du montage, la post-prod, est à regretter.

 

Pour certains, ça s’arrête là, un bon Survival de plus, avec de la technique intéressante et des frissons face au vide intersidéral rappelant le personnage de Kubrick s’éloignant dans l’obscurité de 2001, l’odyssée de l'espace.


Pour d’autres, qui connaissent Cuaron, c’est tout autre chose : le film d’un allié. Là où les superproductions débitent d’éternels films se ressemblant tous, de l’hyper-individualisme de Seul au monde, à la gloire de la technique et de l’intelligence d’Appolo 13, les survivals sont coincés et épris de modernité, comme si le monde actuel était une panacée, la solution à tous nos problèmes et le progrès technique et individualiste, la seule voie viable. Hollywood distribue l’hégémonie américaine, vendant des iPhone comme arme et le « do it yourself » comme cri de guerre face aux affres de la vie.

 

Dans Gravity, nous avons tout l’inverse. Une méticuleuse destruction de ce système. Ce film rembobine l’histoire.

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mercredi, 05 octobre 2011

Des affaires de femmes

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Une fois n’est pas coutume, c’est une double chronique ciné que nous vous proposons aujourd’hui. Rassurez-vous, nous n’allons pas parler des deux remakes de La Guerres des boutons (nous sommes des gens de goût sur mapausecafé) mais de deux magnifiques films qui, bien que différents, nous ont puissamment émus tant par le jeu des actrices que par leurs histoires bouleversantes : Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki et L’Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello. Si les femmes constituent le cœur battant de ces deux longs métrages, le registre diffère entre la comédie et la tragédie, quand bien même les frontières sont parfois poreuses (la comédie a un arrière-fond tragique quand la tragédie recèle quelques moments de légerté).

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dimanche, 06 décembre 2009

Populisme et démocratie participative

La polémique suscitée par le résultat du référendum suisse sur l'interdiction des minarets a fait le tour du monde. Un pays à la neutralité légendaire a, par la voie démocratique et avec une abstention faible, prouvé que la peur de l'Islam est bien réelle en Europe. Beaucoup de politiques français ont vite réagit pour dire qu'un tel résultat serait impossible en France, hélas les sondages récents sont moins catégoriques: selon un sondage IFOP pour Le Figaro 46% des français voteraient comme les suisses, 40% voteraient contre l'interdiction et 14% se sont abstenus.


Je n'ai pas pour habitude d'avoir une confiance aveugle envers les sondages (ils se sont largement trompés en Suisse) mais je dois dire que ce résultat me paraît plus que crédible. L'islamophobie est très présente en Occident et la France n'y échappe pas. Même si les attentats islamistes, une des causes majeures de cette peur, n'ont pas touchés la France depuis longtemps ils ont tout de même marqués nos esprits. La différence entre musulmans modérés et islamistes radicaux a beau être sans cesse répétée dans les médias cela ne suffit pas à stopper une peur irrationnelle de l'autre. Un sondage BVA commandé par Canal+ a d'ailleurs révélé que 44% des français trouvent la religion musulmane plus inquiétante que les autres.


Société

 

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mercredi, 11 mars 2009

L’inquiétant retour du religieux

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Les penseurs des lumières avaient parié sur la fin des religions et le triomphe progressif de la raison… Malheureusement, ils seraient bien étonnés s’ils assistaient à l’actuel « retour du religieux » sous des formes multiples, allant de la mode des spiritualités, de l’explosion des conversions à l’islam et au protestantisme à travers le monde, des offensives de Benoit XVI pour la promotion d’une rationalité chrétienne, de celle de Nicolas Sarkozy pour une « laïcité positive », à la violence nettement plus inquiétante des fanatismes.

 


Souvenons-nous de ce que nous annonçaient des personnages aussi illustres que Voltaire (1694-1778), Diderot et Condorcet. Que le règne de la Raison et de la Liberté, de la Science et du Progrès allait mettre fin à l’alliance des Eglises et du despotisme. Que « l’humanité qui sait » allait se substituer à « l’humanité qui croit », comme le disait Renan dans l’Avenir de la science. Et que la conquête scientifique et technique du monde allait contribuer à l’autonomie et au bonheur d’un homme nouveau. Au siècle suivant, ce ne sera plus seulement la superstition, mais la religion elle-même que Nietzsche, Marx et Freud s’attacheront à déconstruire, en dénonçant derrière les idéologies religieuses une névrose collective, l’opium d’un monde sans cœur ou une haine de la vie, en passe d’être surmontés. Tous concluaient leur procès de la religion par la sentence de la « mort de Dieu ». Préalable au processus de sécularisation.

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samedi, 31 janvier 2009

Les sciences sociales selon Foucault

 

fou_af_290308.jpgMichel Foucault (1926-1984), à travers des ouvrages tels que Les mots et les choses ; L’archéologie du savoir ; Michel Foucault un parcours philosophique, disait que la science de l’homme était récente et fragile et pouvait disparaître rapidement. Il voulait faire une archéologie des sciences humaines. Celles-ci étant les ancêtres des sciences sociales. Il proposa un découpage de l’ère intellectuelle en trois périodes :

 

La renaissance (jusqu’au XVIème siècle)
Avant la renaissance, la conscience culturelle n’est pas compatible avec le libre exercice d’un savoir qui ferait de l’homme son objet et son sujet. Il y a la domination du schéma de l’astrologie biologie : dans cette représentation du monde, les relations entre les hommes sont considérées comme inférieures en dignité car ce qui explique nos conduites c’est l’influence transcendante des astres-dieux. On estimait que les astres déterminaient et régissaient la totalité des phénomènes sur Terre. L’astrologie et la culture chrétienne médiévale étaient très influentes : seul un dieu créateur régissait les comportements des hommes. Jusqu’à la renaissance c’est ce type de savoir qui domine.
Si on considère ce genre de théories ce n’est pas la peine de faire de la science, il suffit juste d’étudier les textes sacrés et chercher les réponses dedans. Une vie bonne c’était l’obéissance à une divinité. L’idée d’étudier l’homme comme objet était inexistant.
A partir du XIVème siècle, il y a une évolution des représentations, grâce aux intellectuels et aux savants. Les travaux de Galilée introduisent un schéma de connaissance rigoureux. C’est l’amorce d’un changement d’esprit. Erasme et Montaigne ont développé l’idée de la personnalité : elle peut se travailler (voire Les essais). On retrouve un rapport de l’homme à lui-même, ce qui était déjà présent chez les Stoïciens. La personnalité est digne d’un travail de soi sur soi. L’homme s’autonomise et devient pertinent comme objet de travail.

 

L’âge classique (du XVIème au XVIIIème siècle)
L’être humain ne se considère pas encore comme créateur. Le monde à une existence autonome et ne dépend pas de l’homme. Mais, il y a une nouvelle conception intellectuelle de lui. Il doit clarifier les choses, expliquer l’ordre du monde avec des concepts clairs et certains. L’objectif des élites est de décrire le monde : classer et distinguer les espèces vivantes. René Descartes était l’emblème de cette recherche de la certitude, notamment avec le cogito (« je pense donc je suis »). Ceux qui pensent doivent décrire et organiser un tableau du monde. Mais le sens du monde est considéré comme en-soi, il échappe encore à l’humain. On recherche l’ordre intellectuel, la certitude, mais l’homme n’est pas encore un objet d’étude.

 

Kant.jpgLa venue de l’homme (fin du XVIIIème et début du XIXème siècle)
Grâce à Emmanuel Kant, qui introduit des questions nouvelles, on s’interroge sur les limites de la connaissance. Qu’est-ce que notre esprit peut connaître ? Pour Foucault c’est un bouleversement car l’homme gagne en dignité et en légitimité. L’homme se pense comme le sujet de toute connaissance possible. Nous n’allons pas vers le monde pour le saisir, mais notre esprit le construit grâce à des capacités innées. L’homme devient objet de connaissance. Selon Foucault, « l’homme devient la mesure de toute chose ». De plus en plus de gens abandonnent l’idée que l’homme n’est pas un être parmi les êtres mais un sujet parmi les objets et que le monde n’a pas été crée par Dieu. C’est là que commence réellement la modernité. Ce mouvement intellectuel, issu de l’humanisme, atteint sa maturité au XIXème siècle grâce à l’avènement de la philologie (étude historique des textes, des œuvres de l’esprit). On va étudier ces œuvres de plusieurs points de vue en essayant de dégager la personnalité de leurs auteurs ainsi que les caractéristiques du monde où ils vivaient. La philologie porte un projet rationaliste émancipateur face au pouvoir religieux et coutumier. Certains, comme Taylor ou Touraine, ont affirmé que la modernité c’est la Raison, l’individu et la démocratie. C’est l’idée qu’avec des individus doués de raison, il est possible de construire un espace public dans lequel va émerger du débat, une confrontation d’arguments et de contre arguments, des concepts rationnels, bref une démocratie. Mais il faut s’émanciper de l’autorité et de la communauté. Il faut de l’individualité s’échappant du poids des coutumes.

 

Cette volonté de rendre l’homme à lui-même par la connaissance, c’est toujours le projet des sciences sociales. Il s’agit toujours de rendre compte des pratiques et des relations sociales sans chercher des explications autres que terrestre (transcendance, religion). Emile Durkheim avait une démarche positive consistant à expliquer le social par le social. Expliquer les faits sociaux comme s’ils étaient des choses. Touraine disait que « faire de la sociologie, c’est renoncer aux garants méta sociaux ».

Cette culture humaniste va se développer lors de grands bouleversements : développement industriel, multiplication des échanges commerciaux, conflits politiques. C’est à partir de là qu’émergent les sciences sociales. En 1890, Renan disait qu’au moment même où les sciences philologiques ont atteint leur maturité elles se détruisent au profit des sciences sociales et politiques. La philologie était incapable de traiter certaines questions posées par les bouleversements de la société, telles que : qu’est-ce qui fonde le lien social ? Qui doit détenir le pouvoir ? Comment doit être organisé la société ? Comment concilier des valeurs sacrées avec la réalité socio-économique ? Quel va être l’évolution future des sociétés occidentales ?
Par un mouvement logique, le domaine des sciences humaines s’est élargi. On ne peut plus réfléchir au sujet humain sans comprendre comment ce sujet évolue au gré des bouleversements économiques, sociaux, politiques et culturels. Le passage de relais entre science humaine et science sociale avait été anticipé par certains : Goethe estimait que « la vocation du commerce et des affaires est comparable à la vocation des arts et des lettres ».


A suivre…

 

Sylvain Métafiot

samedi, 20 septembre 2008

« C’est dur d’être aimé par des cons »

 

1210798461_c__est_dur.jpgVendredi, une soirée exceptionnelle se déroula au cinéma Le Méliès de Saint-Etienne : la projection du film "C’est dur d’être aimé par des cons" en présence du réalisateur Daniel Leconte et du dessinateur Charb. Le titre renvoi à la phrase que le dessinateur Cabu met dans la bouche d’un Mahomet débordé par les intégristes en première page de Charlie Hebdo en février 2006. Ce passionnant documentaire retrace le procès intenté au journal satirique par la Ligue islamique mondiale, la Mosquée de Paris et l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF). Les deux autres dessins incriminés faisaient partie des caricatures danoises (de moyenne qualité mais là n’est pas la question) et déjà reprises dans leurs pages par France-Soir et l’Express. Pourtant seul Charlie Hebdo fut assigné en justice pour « injure à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion ».


Ce film, assez classique dans la forme, entretient le débat fondamental sur les valeurs de la République, les fondements de notre démocratie, la liberté de la presse, le droit à la caricature, la laïcité, etc. A une époque où rire de n’importe quelle religion est devenu un véritable chemin de croix (voir les réactions démesurées lorsqu’on critique le pape…) peu de journalistes avaient eu le courage de rire du fondamentaliste musulman en publiant les caricatures de Mahomet.


Durant le procès des intervenants de qualité viennent défendre le journal satirique parmi lesquels la philosophe Elisabeth Badinter, Oncle Bernard, Cabu, Cavanna, Laurent Joffrin, Claude Lanzman, le journaliste Mohamed Sifaoui, Wolinski, le philosophe Abdelwahab Meddeb, François Hollande, François Bayrou et même…Nicolas Sarkozy ! La venue de ces trois derniers ne releva pas de la récupération politique étant donné que 78% des Français étaient contre ces caricatures et contre la critique des religions, ce qui est paradoxal dans ce beau pays laïc.... Pourtant quand on connaît la position de Sarko sur le rôle déterminant des religions, selon lui, dans la société on peut fortement douter de sa sincérité, fourbe comme il est…

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