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samedi, 02 novembre 2013

Gravity, Cuaron fils de Tarkovsky

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Écrire une critique de Gravity, c’est compliqué. Formellement, déjà, on ne peut pas dire que Gravity soit un film loupé. L’image est bonne, la 3D bien utilisée, le jeu d’acteur bien interprété (qui vaudra peut-être un Oscar à Sandra Bullock), le scénar tendu nous entraîne même si on devine trop sa fin, seule une utilisation un peu trop Hollywoodienne de la musique et du montage, la post-prod, est à regretter.

 

Pour certains, ça s’arrête là, un bon Survival de plus, avec de la technique intéressante et des frissons face au vide intersidéral rappelant le personnage de Kubrick s’éloignant dans l’obscurité de 2001, l’odyssée de l'espace.


Pour d’autres, qui connaissent Cuaron, c’est tout autre chose : le film d’un allié. Là où les superproductions débitent d’éternels films se ressemblant tous, de l’hyper-individualisme de Seul au monde, à la gloire de la technique et de l’intelligence d’Appolo 13, les survivals sont coincés et épris de modernité, comme si le monde actuel était une panacée, la solution à tous nos problèmes et le progrès technique et individualiste, la seule voie viable. Hollywood distribue l’hégémonie américaine, vendant des iPhone comme arme et le « do it yourself » comme cri de guerre face aux affres de la vie.

 

Dans Gravity, nous avons tout l’inverse. Une méticuleuse destruction de ce système. Ce film rembobine l’histoire.

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mardi, 17 mars 2009

Le plus jeune détenu de Guantanamo

mohamed-el-gharani.jpgLe ressortissant tchadien Mohammed el Gharani (22 ans) est toujours détenu à la prison de Guantánamo, plus d'un mois après qu'un juge fédéral américain a ordonné sa libération.

 


Placé en détention à l’âge de 14 ans, il a été détenu par l'armée pendant près du tiers de sa vie. Il aurait fait l'objet de mauvais traitements depuis que la décision judiciaire relative à sa libération a été rendue. Auparavant, il en avait déjà subis à Guantánamo dans le cadre des interrogatoires auxquels il avait été soumis.

 

Le juge Richard Leon de la cour fédérale du district de Columbia a déclaré le 14 janvier que la détention de Mohammed el Gharani était illégale et qu'il devait être immédiatement libéré. Ce ressortissant tchadien, qui est né et a grandi en Arabie saoudite, est incarcéré à Guantánamo en qualité de "combattant ennemi" depuis février 2002. Il a été placé en détention par les forces pakistanaises fin 2001, puis remis aux autorités américaines et emmené sur la base aérienne de Kandahar, en Afghanistan, avant d'être transféré à Guantánamo.

 

Le juge Leon a déclaré que les présomptions à l'encontre de Mohammed el Gharani "reposaient essentiellement sur les déclarations faites par deux autres détenus pendant son incarcération à Guantánamo". En effet, ces déclarations sont, individuellement ou conjointement, l'unique preuve apportée par le gouvernement pour étayer la majorité de ses allégations. Par ailleurs, contrairement aux autres affaires réexaminées jusqu'à présent par la cour fédérale du district de Columbia, la crédibilité et la fiabilité des détenus sur lesquels s'appuie le gouvernement ont été soit directement mises en doute, soit qualifiées d'incertaines par des agents de l'État. "En termes simples, a conclu le juge Leon, une mosaïque dont les carreaux forment une image aussi trouble ne révèle rien du requérant avec suffisamment de clarté, individuellement ou collectivement, pour que cette cour puisse s'y fier." Il a ordonné au gouvernement de "prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires et opportunes pour faciliter sa libération immédiate".

 

Mohammed el Gharani est incarcéré dans des conditions éprouvantes au Camp 5 du centre de détention. Ce camp, ouvert en 2004, est une structure d'isolement et d'interrogatoires où les détenus sont maintenus jusqu'à vingt-quatre heures par jour dans de petites cellules. Il semble que Mohammed el Gharani soit autorisé à sortir dans la cour environ deux heures par jour, pendant lesquelles il est seul.
Mohammed el Gharani aurait été battu à plusieurs reprises par des membres de la Force d'intervention rapide (IRF) de Guantánamo depuis l'ordonnance de libération du mois dernier.
Au fil des ans, des allégations ont régulièrement fait état d'un recours excessif à la force par les équipes de l'IRF dans le cadre de leurs activités à Guantánamo.

 

Auparavant, Mohammed el Gharani avait déjà subi des mauvais traitements dans cette prison. Certains détails ont été révélés dans le rapport 2008 de l'inspecteur général du ministère américain de la Justice. Des agents du Bureau fédéral d'enquêtes (FBI) ont décrit comment, en 2003, alors qu'il n'avait que seize ans, Mohammed el Gharani avait été "enchaîné court" : une chaîne attachée autour de sa taille avait été fixée au sol, l'empêchant de se mettre debout. Il a été maintenu dans cette position pendant plusieurs heures. Un autre agent du FBI a déclaré qu'un interrogateur militaire avait ordonné à des gardes de placer Mohammed el Gharani dans une "position inconfortable" : "entravé au niveau des mains et des pieds, puis attaché au sol par une chaîne pour l'obliger à s'asseoir par terre ou à s'accroupir". Maintenu ainsi pendant plusieurs heures, Mohammed el Gharani avait été contraint d'uriner sur lui. Une autre fois, Mohammed el Gharani a lui-même signalé à des enquêteurs que des gardes militaires l'avaient enchaîné au cours de la nuit pendant douze à seize heures. Le rapport indique également qu'il a été soumis, alors qu'il n'était qu'adolescent, au "frequent flyer program" (programme vols fréquents), utilisé à l'encontre de nombreux prisonniers de Guantánamo et consistant à désorienter le détenu, perturber son sommeil ou l'en priver.

 

Mohammed el Gharani a affirmé qu'en 2003, pendant des interrogatoires, il avait fait l'objet d'injures racistes, de violences physiques et avait été arrosé d'eau froide.

 

Il faut savoir qu’aux termes du droit international et des normes internationales, la détention et l'emprisonnement d'un enfant ne doivent être utilisés qu'en dernier recours et pendant la durée la plus brève possible.

 

guantanamo_lane_by_Rolsey.jpg

 

Tout enfant privé de liberté doit être traité avec humanité et dans le respect de la dignité de la personne, en tenant compte des besoins inhérents à son âge. Le droit international dispose que les États doivent adhérer au principe selon lequel l'intérêt supérieur de l'enfant doit être au cœur de toutes les mesures concernant des mineurs en infraction à la loi. Pourtant, le traitement que les États-Unis réservent aux enfants qualifiés de "combattants ennemis" est en accord avec les intérêts liés à leur sécurité nationale plutôt qu'avec ceux de ces mineurs.
Le 22 janvier, le président Obama a signé trois décrets relatifs à la détention et aux interrogatoires. L'un de ces textes ordonne à son gouvernement de fermer le centre de détention de Guantánamo "dès que possible" et d'examiner tous les cas de détenus qui y sont incarcérés afin de décider de leur sort.

 

 

Sylvain Métafiot


Pour en savoir plus sur Guantanamo : http://www.amnesty.fr/index.php?/amnesty/agir/campagnes/t...