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mercredi, 03 novembre 2021

Les ruses des femmes : Contes libertins du Maghreb de Nora Aceval

Frederick Arthur Bridgman - Courtyard, El Biar.jpg

 

C’est dans les villages des Hauts-Plateaux d’Algérie, dont elle est native, que Nora Aceval a recueilli ces petites histoires licencieuses et drôles, racontées entre femmes pour se moquer de la bêtise et de l’assurance satisfaite des hommes. Ces femmes, nomades ou paysannes, se transmettent ces contes de génération en génération en se les racontant sur la place du marché, dans les bains publics, lors des fêtes ou des mariages. Qu’elles soient vieillardes ou dans la fleur de l’âge, elles font ainsi circuler une parole libre et enivrante, sans se soucier de la morale religieuse, des tabous familiaux ou des injonctions politiques. Car les femmes de ces contes mettent leur intelligence retors au service de leur plaisir sexuel, préférant la compagnie des jeunes et beaux amants sachant les satisfaire aux barbons cupides, jaloux et impuissants qui leur sert de maris.

 

Pourtant, les hommes des villages aussi connaissent ces histoires, moyennant parfois des versions altérées racontées en baissant les yeux, un petit rire étouffé s’échappant du coin des lèvres. Ils se doutent bien que les femmes sont trop malignes quant il s’agit de leur échapper : « Les hommes oublient que les femmes parviennent toujours à leurs fins. Par-delà les murs, les mers et les montagnes » lit-on au début de la nouvelle Le double des clefs. Par ailleurs, dix vies ne suffiraient pas à consigner tous les stratagèmes dont elles sont capable. C’est pourtant la tâche que s’est assignée Nora Aceval depuis plus de vingt ans, récoltant et traduisant de l’arabe au français ces petites fables provocantes.

 

On trouvera ainsi dans ce recueil la drôle d’astuce d’une jeune fille non vierge pour éviter le scandale lors de sa nuit de noce (Le lézard de la virginité) ; la manie d’un homme qui aime entendre sa femme se soulager au lit (La pisseuse) ; le déguisement incongru d’un autre pour rejoindre sa bien aimée (La vieille tante) ; la fâcheuse tendance d’un mari qui montre son sexe à sa nouvelle femme à chaque nuit de noce et qui la répudie dans l’instant (La cacahuète) ; l’histoire d’un sultan et de ses sept filles qui prennent du bon temps en son absence (Les sept vierges du sultan) ; le secret d’un homme pour faire jouir sa femme (L’imam et l’ivrogne) ; la lâcheté d’un mari qui refuse de défendre sa femme (Les trois coups) ; la vengeance de la femme d’un vieil aveugle avare et tyrannique (Aïcha la rugueuse) ; la ruse d’un Taleb pour chasser le mauvais sort d’une de ses clientes et la faire sienne par la même occasion (Le grimoire magique) ; ou encore la malice d’une femme qui fait croire à son mari qu’un palmier est posséder par un djinn (Le palmier de la fornication).

 

Sylvain Métafiot

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

mardi, 13 novembre 2018

Priape va à l’école : Petit Paul de Bastien Vivès

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

« Petit Paul est bien ennuyé… » est-il inscrit sur la 4e de couverture. Il faut dire qu’avec l’anaconda qu’il se trimbale dans le calebar ce n’est pas évident de vivre comme un petit garçon de son âge. Surtout quand, avec une candeur des plus touchantes, il en vient à se fourrer dans des positions plutôt inconfortables. La découverte d’un smartphone débouche ainsi sur une partouze des plus bigarrée ; un entraînement de judo vire à la réinvention acrobatique du kamasutra ; tandis qu’une récitation de poésie transforme le petit oiseau de Paul en lance à incendie. Mais l’on découvre aussi que des sex-toys peuvent se nicher dans l’étable des vaches et que dans les stations-services, ma bonne dame, il s’en passe de drôles dans les toilettes des femmes. Bref, Bastien Vivès s’éclate et nous avec. Rien n’entrave son imagination délicieusement perverse et sa dérision corrosive : les vieux, les jeunes, les frères, les sœurs, les voisins, les profs, les moutons et même les vaches, tout le monde s’envoie en l’air dans une folie sexuelle aussi débridée qu’hilarante. Comme le dit Céline Tran dans la préface : « Sexe et humour peuvent définitivement faire bon ménage, surtout lorsqu’il s’agit de transgresser. » L’exagération des situations confine à l’absurde le plus drôle. Si chaque petite récit commence normalement, le réalisme est rapidement biflé par une incongruité salace aussi fraîche qu’irrévérencieuse. En somme, ça part littéralement en couille. Et il n’en fallait évidemment pas plus pour que les tenants de l’ordre moral et du bon goût, puritains de droite ou bien-pensants de gauche, se mettent à éructer en agitant les bras et en soufflant du nez. À toute fin utile leur permettant de se détendre les fesses nous leur conseillons donc de se faire allègrement cuire le cul.

 

Pour en revenir à notre auteur polisson, il faut noter qu’en sus de ses publications plus « graves » et « réalistes » (Le Goût du ChlorePolinaUne sœurLe Chemisier…) Vivès n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine érotique puisqu’il a déjà signé deux œuvres fantasques dans l’excellente collection « BD Cul » des éditions Les Requins Marteaux : Les Melons de la colère (2013), revenge-porn rural dans lequel Magalie, jeune fermière aux seins énormes (et accessoirement sœur de Petit Paul), se fait abuser par tous les notables du village ; et La Décharge mentale (2018), narrant la conception fort particulière qu’une famille de nymphomanes a d’offrir le gîte et le couvert à ses invités. Extravagances narratives, attributs démesurés, amoralité joyeuse, on aura compris que chez Bastien Vivès la chair n’est pas triste et le rire se dilue merveilleusement bien dans les fantasmes les plus inavouables.

 

Sylvain Métafiot

mercredi, 11 janvier 2012

Sexe intentions

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Deux films, un acteur et un même sujet traité selon deux angles radicalement différents. Le sexe donc est au cœur de Shame de Steve McQueen et de A dangerous method de David Cronenberg, deux films non dénués d’intérêts mais en deçà des attentes qu’ils suscitaient. Hasard du calendrier, ils sortirent à quelques semaines d’intervalles et si le premier se déroule à New-York de nos jours et le second à Zurich en 1904, ils eurent comme point commun, outre le sujet central, de présenter le même acteur dans le rôle principal : l’hypnotique Michael Fassbender. Exploration du thème de la sexualité, à travers le portrait croisé de docteur Michael et de mister Fassbender, par deux réalisateurs de talents (même si l’un monte quand l’autre descend).

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vendredi, 17 juillet 2009

Les ailes du désir contre la burqa

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Pour Jean-Paul Brighelli (dont je reprends le titre de son article), ce n'est pas au nom de la laïcité qu'il faut proscrire le voile intégral, mais au nom du désir, expression de la civilisation. Voici sa réflexion passionnante, à laquelle je souscris entièrement :

 

« C'est l'été. Autant se laisser aller, avec le reste de la presse, à un peu de fantaisie déshabillée.

D'autant que l'actualité nous y incite : à l'initiative de 58 députés de tous bords, que je salue, une Commission parlementaire se penche désormais sur la question de savoir s'il faut autoriser en France les horreurs obscures qui réussissent si bien en Afghanistan et au Pakistan.

Ne reculant devant aucun sacrifice, Bonnetdane apporte ici sa contribution au débat qui enflamme déjà les burqas - façon de parler...

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