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dimanche, 29 mars 2009

Interview Eric Dacheux : L'Europe et nous !

 

drapeau_europe_et_27_.jpg

L'équipe de mapausecafé, a eu le plaisir d'aller interviewer un chercheur, ce qui risque d'être de plus en plus rare, savourons donc notre chance.

C'est un européen dans l'âme et un professeur que nous sommes allés voir.


Pour lire l'interview veuillez cliquer ici !

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vendredi, 27 mars 2009

Le dépassement des humanités

Pour comprendre ce qu'on entend par humanité voire l'article suivant : Les sciences sociales selon Foucault. Comment ce dépassement s'est-il opéré ? En voila une question qu'elle bonne ma p'tite dame !

 

On va dépasser les humanités à la fin du XIXe siècle. Les sciences sociales naissantes ne vont plus s'appuyer sur des valeurs, des idéaux, des opinions et de spéculations. On cherche à se débarrasser de la spéculation Hégélienne. Ce dernier avait un idéal intellectuel très ambitieux : déterminer la signification du devenir humain. Il développa une philosophie de l'histoire pour en comprendre le sens et anticiper le devenir historique. Selon Raymond Aron (La philosophie critique de l'histoire), Hegel voulait comprendre le sens ultime des évolutions des cultures et sociétés humaines. Au XIXe siècle, les sciences sociales vont être beaucoup plus modestes que Hegel. Les chercheurs ne se croient plus dépositaires des secrets de la providence. Tandis qu'Hegel voulait construire un savoir absolu.

 

hegel_portrait_by_schlesinger_1831.jpg

On rejette également la métaphysique (connaissance qui se rapporte à des objets au-delà de la nature, au-delà du monde physique, qui ne relève pas de l'expérience sensible, on est dans un monde au-delà du matériel). On adopte donc une posture positiviste : on s'en tient à des données d'observations, à des faits empiriques, à des facteurs dont on peut reconstruire les réseaux (tout phénomène découle d'un ensemble de causes), à un travail de recensement, de statistiques, de dénombrement. De tout temps, ceux qui détenaient le pouvoir ont cherché à faire des dénombrements pour évaluer les richesses produites et pour recruter des hommes d'armes. Le développement des sciences sociales s'est accompagné d'un approfondissement des démarches de quantification et de mesures objectives.

 

L'imagination conceptuelle doit être subordonnée à l'observation. Ces nouvelles sciences sociales vont être confrontées à une grande question : quelles relations y a-t-il entre des lois générales et les variations historiques des sociétés ? Comme toute science, il s'agit de dégager des lois de portée générale et en même temps il faut partir de cas concret, il faut une base empirique.

 

Les sciences sociales doivent échapper à deux pièges :

  • Faire uniquement des descriptions empiriques. On risque d'accumuler des données, des études de cas, etc. Ce danger a failli tuer l'ethnologie du début du siècle car on avait accumulé un nombre gigantesque d'objets et d'informations. Et cela était devenu ingérable et sans aucun sens. Certains travaux sont totalement empiriques sans questions sous-jacentes. Alors qu'un matériau d'étude n'a un sens que s'il a une problématique

 

  • Revenir à la pure spéculation théorique. Rester dans le domaine abstrait, dans une pensée hypothético-déductive est une mauvaise chose. Il y a une différence entre l'induction qui procède par généralisation à partir d'événements particuliers et la déduction qui procède d'abord par une question théorique que l'on va confirmer ou infirmer grâce à des observations réelles. La physique est essentiellement déductive tandis que beaucoup de sciences sociales sont inductives, telle que la géographie.

 

Un idéal s'est développé : une science sociale aboutie est une science qui permet de dégager des lois générales sur les comportements humains et qui vérifient la vérité historique. Mais peut-on atteindre ce niveau de maturité où on serait capable d'expliquer toute situation historique à partir de lois générales ?

 

A suivre...

 

Sylvain Métafiot

 

mercredi, 25 mars 2009

St Germain Tourist

St._Germain_Tourist-[Front]-[www.FreeCovers.net].jpgLudovic de Navarre aka St Germain, débute sa carrière au coté de Shazz. Il signe son premier album sur le label F Com de Laurent Garnier. Son disque oscille entre un son house et jazz. Le talentueux jeune français (ça fait du bien !) signe ensuite son second album, Tourist, sur le très prestigieux label de jazz Blue Note. Ce dernier a notamment signé des artistes comme John Coltrane, Herbie Hancock, ou encore Miles Davis… Rien que ça. 
La musique de St Germain est reconnaissable au premier coup d’oreille, tant ce dernier est parvenu à mélanger les styles pour en constituer un à part entière. L’album suit un fil conducteur général, le jazz. Toutefois, ce dernier est décliné à toutes les sauces. On y découvre ainsi des titres orientés deep house, mais aussi dub. Ici, l’analogique et l’organique se conjuguent à merveille. Les pianos, flûtes, cuivres et voix font échos aux rythmiques analogiques.
L’album est constitué de neuf titres qui méritent tous une attention particulière. Le morceau Rose Rouge ouvre le bal et annonce tout de suite la couleur. Le titre suivant est plus déconcertant, Montego Bay Spleen joue sur un côté dub et downtempo qui pourrait en perturber plus d’un. Mais qui satisfera tout le monde après une dure journée de travail où pendant une dure journée de repos. La suite est juste jouissive… So Flute est le genre de morceaux capable de vous mettre en sueur dès 10 heures du matin. Le reste est un festival d’euphorie musicale. Je ne vous en dis pas plus. La découverte par soi-même est beaucoup plus existante que de simples mots. Ces derniers sont d’ailleurs incapables de décrire cet album. 
Je vous le dis et répète : écoutez Tourist ! Ce sera certainement une des choses les plus bénéfique de votre journée.

Bonne écoute.

 

 

A mon grand regret, les clips de Sure Thing et So Flute ne présente pas les morceaux dans leur totalité. Non mais vous vous rendez compte ?!? Un morceau qui dure 8 minutes ?!? Les chaînes de télévision peuvent mettre deux morceaux au lieu d’un… Le choix est pour eux vite fais. Il vaut mieux présenter deux bouses aux téléspectateurs. L’opération sera bien plus rentable. Et puis, il faut dire qu’en France on aime bien écouter de la daube.

 

Laurent

mardi, 24 mars 2009

Le préservatif n’est pas efficace contre le sida et il aggrave la situation” - Benoît XVI

Voici une affiche trouvée sur le site Jaffiche.fr... Et là vous vous dites : Mapausecafé a décidé d'enfoncer le clou ! Que neni ! Suite à un article précédent qui nous avallu de nombreuses critiques venant d'internautes n'acceptant pas la critique de la religion, autant souligner une nouvelle fois notre indignation face aux propos dangereux et irresponsables de Benoît XVI.

 

 

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Cette affiche sobre et efficace a été réalisé par Geoffrey Dorne.

lundi, 23 mars 2009

Ni pute, ni soumise et en jupe !

la_journee_de_la_jupe_7.jpgSi pour vous un bon film français vous semble relevé plus de l'oxymore que du pléonasme, allez donc voir La journée de la jupe écrit et réalisé par Jean-Paul Lilienfeld. Sortis sur les écrans le 25 mars et diffusé sur Arte vendredi 30 mars (le nouveau record absolu d'audience de la chaîne franco-allemande : 2,2 millions de téléspectateurs, soit 9,6 % de part d'audience), ce film relate un cours de français dans un collège difficile (comprenez agressions, racket, insultes, dégradations, harcèlement physique et moral, j'en passe et je zep...pardon zappe) qui tourne court puisque la prof, Sonia Bergerac (Isabelle Adjani), suite à une altercation avec des élèves, décide de prendre en otage une partie de sa classe. Alors que le RAID encercle le collège, que les médias débarquent, le cours va pouvoir commencer....

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mardi, 17 mars 2009

Le plus jeune détenu de Guantanamo

mohamed-el-gharani.jpgLe ressortissant tchadien Mohammed el Gharani (22 ans) est toujours détenu à la prison de Guantánamo, plus d'un mois après qu'un juge fédéral américain a ordonné sa libération.

 


Placé en détention à l’âge de 14 ans, il a été détenu par l'armée pendant près du tiers de sa vie. Il aurait fait l'objet de mauvais traitements depuis que la décision judiciaire relative à sa libération a été rendue. Auparavant, il en avait déjà subis à Guantánamo dans le cadre des interrogatoires auxquels il avait été soumis.

 

Le juge Richard Leon de la cour fédérale du district de Columbia a déclaré le 14 janvier que la détention de Mohammed el Gharani était illégale et qu'il devait être immédiatement libéré. Ce ressortissant tchadien, qui est né et a grandi en Arabie saoudite, est incarcéré à Guantánamo en qualité de "combattant ennemi" depuis février 2002. Il a été placé en détention par les forces pakistanaises fin 2001, puis remis aux autorités américaines et emmené sur la base aérienne de Kandahar, en Afghanistan, avant d'être transféré à Guantánamo.

 

Le juge Leon a déclaré que les présomptions à l'encontre de Mohammed el Gharani "reposaient essentiellement sur les déclarations faites par deux autres détenus pendant son incarcération à Guantánamo". En effet, ces déclarations sont, individuellement ou conjointement, l'unique preuve apportée par le gouvernement pour étayer la majorité de ses allégations. Par ailleurs, contrairement aux autres affaires réexaminées jusqu'à présent par la cour fédérale du district de Columbia, la crédibilité et la fiabilité des détenus sur lesquels s'appuie le gouvernement ont été soit directement mises en doute, soit qualifiées d'incertaines par des agents de l'État. "En termes simples, a conclu le juge Leon, une mosaïque dont les carreaux forment une image aussi trouble ne révèle rien du requérant avec suffisamment de clarté, individuellement ou collectivement, pour que cette cour puisse s'y fier." Il a ordonné au gouvernement de "prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires et opportunes pour faciliter sa libération immédiate".

 

Mohammed el Gharani est incarcéré dans des conditions éprouvantes au Camp 5 du centre de détention. Ce camp, ouvert en 2004, est une structure d'isolement et d'interrogatoires où les détenus sont maintenus jusqu'à vingt-quatre heures par jour dans de petites cellules. Il semble que Mohammed el Gharani soit autorisé à sortir dans la cour environ deux heures par jour, pendant lesquelles il est seul.
Mohammed el Gharani aurait été battu à plusieurs reprises par des membres de la Force d'intervention rapide (IRF) de Guantánamo depuis l'ordonnance de libération du mois dernier.
Au fil des ans, des allégations ont régulièrement fait état d'un recours excessif à la force par les équipes de l'IRF dans le cadre de leurs activités à Guantánamo.

 

Auparavant, Mohammed el Gharani avait déjà subi des mauvais traitements dans cette prison. Certains détails ont été révélés dans le rapport 2008 de l'inspecteur général du ministère américain de la Justice. Des agents du Bureau fédéral d'enquêtes (FBI) ont décrit comment, en 2003, alors qu'il n'avait que seize ans, Mohammed el Gharani avait été "enchaîné court" : une chaîne attachée autour de sa taille avait été fixée au sol, l'empêchant de se mettre debout. Il a été maintenu dans cette position pendant plusieurs heures. Un autre agent du FBI a déclaré qu'un interrogateur militaire avait ordonné à des gardes de placer Mohammed el Gharani dans une "position inconfortable" : "entravé au niveau des mains et des pieds, puis attaché au sol par une chaîne pour l'obliger à s'asseoir par terre ou à s'accroupir". Maintenu ainsi pendant plusieurs heures, Mohammed el Gharani avait été contraint d'uriner sur lui. Une autre fois, Mohammed el Gharani a lui-même signalé à des enquêteurs que des gardes militaires l'avaient enchaîné au cours de la nuit pendant douze à seize heures. Le rapport indique également qu'il a été soumis, alors qu'il n'était qu'adolescent, au "frequent flyer program" (programme vols fréquents), utilisé à l'encontre de nombreux prisonniers de Guantánamo et consistant à désorienter le détenu, perturber son sommeil ou l'en priver.

 

Mohammed el Gharani a affirmé qu'en 2003, pendant des interrogatoires, il avait fait l'objet d'injures racistes, de violences physiques et avait été arrosé d'eau froide.

 

Il faut savoir qu’aux termes du droit international et des normes internationales, la détention et l'emprisonnement d'un enfant ne doivent être utilisés qu'en dernier recours et pendant la durée la plus brève possible.

 

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Tout enfant privé de liberté doit être traité avec humanité et dans le respect de la dignité de la personne, en tenant compte des besoins inhérents à son âge. Le droit international dispose que les États doivent adhérer au principe selon lequel l'intérêt supérieur de l'enfant doit être au cœur de toutes les mesures concernant des mineurs en infraction à la loi. Pourtant, le traitement que les États-Unis réservent aux enfants qualifiés de "combattants ennemis" est en accord avec les intérêts liés à leur sécurité nationale plutôt qu'avec ceux de ces mineurs.
Le 22 janvier, le président Obama a signé trois décrets relatifs à la détention et aux interrogatoires. L'un de ces textes ordonne à son gouvernement de fermer le centre de détention de Guantánamo "dès que possible" et d'examiner tous les cas de détenus qui y sont incarcérés afin de décider de leur sort.

 

 

Sylvain Métafiot


Pour en savoir plus sur Guantanamo : http://www.amnesty.fr/index.php?/amnesty/agir/campagnes/t...

vendredi, 13 mars 2009

L’homme des hautes peines

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Force est de constater que Clint Eastwood est comme le vin : il se bonifie avec l’âge. A 78 ans, le pistolero favoris de Sergio Leone signe – en tant qu’acteur et réalisateur – un de ses plus beau film et peut-être le dernier : le désenchanté Gran Torino.

 


Ainsi, Walt Kowalski, un vétéran de la guerre de Corée, aigri, veuf et pétri de préjugés xénophobes, se prend d’affection pour un jeune voisin coréen (Tao) qu’il va tenter de préserver de la délinquance. Le retour de l’inspecteur Harry Callahan ? Au nom de la complexité de l’âme humaine, Eastwood, semble plutôt vouloir corriger le tir sur de la longue lignée de justiciers urbains et d’anges exterminateurs qu’il a semblé engendrer. Comme le souligne Jean-Baptiste Thoret « Magnum Force fut une réponse au fascisme supposé de Dirty Harry, L’Epreuve de force, un démenti de sa misogynie, Josey Walses hors-la-loi, la preuve de son humanité… Jusqu’à ce film (Impitoyable) où son œuvre, alors archi-connue et indiscutée, crépusculaire et majestueuse, s’est mise à vibrer à l’instinct sûr du vieux sage qui peut tout se permettre. Eastwood est aujourd’hui le seul cinéaste américain capable de relier d’un même geste le classicisme absolu et l’efficacité de la série B, Ford et Siegel (ses deux mentors), la rapidité de l’exécution et l’intelligence du propos. »

 

 

 


La photographie, à l’instar de celle de Million Dollar Baby, est magnifique. A la simplicité du réel filmé par une main de maître (le quartier et la ville actuels sans superficialité) succède un jeu d’ombre et de lumière faisant ressortir toute la tristesse et le désespoir du vieux Walt et de ceux qui l’entoure. Le clair-obscur permettant de ne pas tout montrer au spectateur et de demeurer allusif, sans trop appuyer le propos. L’amitié naissante entre les deux voisins permettra au vieil homme, fatigué de ce monde qui n’est plus le sien, de sortir de sa sombre solitude et d’apprendre à aimer de nouveau.

 


Pas de malentendus. Comme le dit son biographe et ami de trente ans Richard Schickel, ancien critique à « Time Magazine », « la plupart des gens, avec l’âge, se referment sur eux-mêmes ; Clint, lui, n’a fait que s’ouvrir. »

 


Le personnage de interprété par Eastwood est parfois une comédie à lui seul, tout en grimaces, insultes racistes, clichés et aussi étonnement ravis (voir comment il englouti les plats de vieilles femmes coréennes). On le voit, par ailleurs, insulter son coiffeur juif qui le traite en retour de Pollak dans une joute assez drôle. Walt considère cela comme l'échange viril par excellence. Mais, derrière l’apparente tranquillité de vivre se cache la dureté du quotidien pouvant engranger la haine et la vengeance. Froide et implacable. Pour faire de son jeune compagnon un homme, faire disparaître le gang asiatique qui le persécute sera plus qu’une nécessité, une ultime raison de vivre. Toujours aussi classe, Clint est néanmoins fatigué : la rédemption prendra le pas sur le 357 Magnum.

 


Eastwood a-t-il voulu signifier un clin d’œil à son maître John Ford en faisant de sa voiture (Gran Torino modèle 1972, l’année de L’inspecteur Harry) la persistance de cette tragédie comme le cinéaste des grands westerns la persistance de sa vision tragique du monde ? Le voleur acquiert dans la tristesse, en fin de compte, ce qu’il avait essayé de dérober dans la peur. L’œuvre de Clint Eastwood n’est pas pessimiste mais réaliste : la mort est le seul destin auquel personne ne peut échapper, malgré l’amitié, malgré l’amour. Fuir est vain.


Thoret enfin : « Ce film, qui brasse tous les grands thèmes estwoodiens (la filiation, la justice, la croyance, l’ouverture à l’autre, la communauté d’armes contre celle de sang…), réconcilie enfin cette Amérique qui nous enrage avec celle qui nous émeut. »


La voix cassée du vieux Clint chantant le thème de Gran Torino au générique de fin (la musique du film est co-signée par son fils Kyle Eastwood) vous hantera longtemps.

 

Sylvain Métafiot



Pour poursuivre la réflexion, lisez l’analyse politique du film par Sylvie Laurent sur l’excellent site La Vie des Idées : http://www.laviedesidees.fr/Clint-Eastwood-ou-les-grognem...

mercredi, 11 mars 2009

L’inquiétant retour du religieux

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Les penseurs des lumières avaient parié sur la fin des religions et le triomphe progressif de la raison… Malheureusement, ils seraient bien étonnés s’ils assistaient à l’actuel « retour du religieux » sous des formes multiples, allant de la mode des spiritualités, de l’explosion des conversions à l’islam et au protestantisme à travers le monde, des offensives de Benoit XVI pour la promotion d’une rationalité chrétienne, de celle de Nicolas Sarkozy pour une « laïcité positive », à la violence nettement plus inquiétante des fanatismes.

 


Souvenons-nous de ce que nous annonçaient des personnages aussi illustres que Voltaire (1694-1778), Diderot et Condorcet. Que le règne de la Raison et de la Liberté, de la Science et du Progrès allait mettre fin à l’alliance des Eglises et du despotisme. Que « l’humanité qui sait » allait se substituer à « l’humanité qui croit », comme le disait Renan dans l’Avenir de la science. Et que la conquête scientifique et technique du monde allait contribuer à l’autonomie et au bonheur d’un homme nouveau. Au siècle suivant, ce ne sera plus seulement la superstition, mais la religion elle-même que Nietzsche, Marx et Freud s’attacheront à déconstruire, en dénonçant derrière les idéologies religieuses une névrose collective, l’opium d’un monde sans cœur ou une haine de la vie, en passe d’être surmontés. Tous concluaient leur procès de la religion par la sentence de la « mort de Dieu ». Préalable au processus de sécularisation.

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jeudi, 05 mars 2009

Le chien Indien casse la baraque

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Sortis il y a maintenant plusieurs semaines, Slumdog Millionaire, n’en finis pas d’attirer les cinéphiles et néophytes dans les salles obscurs. Pourquoi cet engouement pour un film tourné en Inde avec des acteurs inconnus et adapté du livre Q and A de Vikas Swarup par Simon Beaufoy (The Full Monty) ? L’effet Oscars sans doute : après avoir raflé pas moins de 8 statuettes dorées dont celle du meilleur réalisateur pour Danny Boyle (Trainspotting et 28 Jours plus tard c’est lui) et celle du meilleur film, il reste à l’affiche de nombreux cinémas ou refait son apparition à l’écran comme par magie. Et on ne va pas s’en plaindre ! Mais le phénomène est antérieur.

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mardi, 03 mars 2009

Le paradoxe du comédien : moins on sent, plus on fait sentir

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En ces temps d’Oscars et de César en-veux-tu-en-voila, l’occasion est trop belle pour évoquer une curiosité propre à la profession de comédien et mis en lumière par un penseur du même nom.


Ce paradoxe, inventé par Diderot, tient au contraste existant entre l’expression évidente du corps (mimiques, gestes, attitudes exprimant des émotions violentes, amour, haine, joie, désespoir, etc.) et l’absence d’émotion ressentie de la part de l’acteur. Celui-ci joue sans éprouver. Il rit sans être gai, pleure sans être triste. Il se sert de son corps comme d’un instrument. Le paradoxe peut aller jusqu’à l’affirmation qu’un bon acteur est précisément celui qui est capable d’exprimer des émotions qu’il ne ressent pas. Il est par conséquent dans la position du calculateur ou encore dans celle du manipulateur, la marionnette en l’occurrence étant le corps lui-même.


Cette conception est aux antipodes de celle qui considère l’action dramatique comme une identification hystérique (l’acteur fait plus que jouer son rôle, il l’habite, le vit, l’incarne. A la manière d'Heath « Joker » Ledger dans The Dark Knight). A la limite, dans cette théorie, il n’y a plus de jeu (lequel suppose un écart – voir le sens du mot menuiserie lorsqu’on dit que le bois joue).


Le paradoxe du comédien met en évidence l’écart qui peut exister entre le corps et le psychisme. Il sert d’argument aux adversaires de la théorie physiologique des émotions, qui voient dans celles-ci des impressions ressenties à partir des expressions objectives du corps (ainsi, selon William James, qui fut un défenseur de cette théorie, la peur est l’impression consécutive à un mouvement de fuite ou de protection déjà esquissé par le corps).


Qu’en pensent les New-Yorkais de l’Actor’s Studio ?

 

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Sylvain Métafiot