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jeudi, 05 mars 2009

Le chien Indien casse la baraque

slumdog-millionnaire.jpg

 

Sortis il y a maintenant plusieurs semaines, Slumdog Millionaire, n’en finis pas d’attirer les cinéphiles et néophytes dans les salles obscurs. Pourquoi cet engouement pour un film tourné en Inde avec des acteurs inconnus et adapté du livre Q and A de Vikas Swarup par Simon Beaufoy (The Full Monty) ? L’effet Oscars sans doute : après avoir raflé pas moins de 8 statuettes dorées dont celle du meilleur réalisateur pour Danny Boyle (Trainspotting et 28 Jours plus tard c’est lui) et celle du meilleur film, il reste à l’affiche de nombreux cinémas ou refait son apparition à l’écran comme par magie. Et on ne va pas s’en plaindre ! Mais le phénomène est antérieur.


Tout d’abord parce que l’histoire est étonnante : un jeune Indien (Dev Patel) âgé de 18 ans participe à l'émission Who wants to be a millionaire, célèbre dans le monde (heureusement que le film ne se déroule pas en France…), et après gagné une certaine somme de roupies se fait interroger par la police locale car c'est un slumdog. Et oui, le petit Jamal Malik est issu des bidonvilles et c'est sur cette trame de conte de fées que le nouveau Danny Boyle va se baser. En toute honnêteté, subissant humiliation après humiliation, torture après torture, le jeune Jamal va expliquer aux policiers comment il est arrivé à répondre aux questions du jeu, sans pour autant avoir triché. On va alors voir sa vie, de son enfance à maintenant, qui lui aura permis d'apprendre plein de choses sans être un enfant scolarisé. Il ne sépara de son frère Salim (Madhur Mittal) que lors d’un moment critique engageant notamment la belle Latika (Freida Pinto). Trois personnages à trois moments de leur histoire, tragique et joviale (pléonasme).

 

 


 

 


slumdog_millionaire.jpgEn réalité le jeu télévisé n’est qu’un prétexte aux flash-back retraçant la vie de ces trois jeunes chiens des bidonvilles. C’est l’amour impossible qui guide cette fresque juvénile et non le faux suspense de l’émission. L’envie de dépasser leur condition misérable et violente les poussent, enfants, à errer ci et là, commettant de petits forfaits, voire plus quand Salim voudra toucher le soleil de ses propres ailes. Mais leurs parcours, plus que mouvementés, se soldera le plus souvent sur de désagréables déconvenues. Le réalisme des enfants pauvres est présent de façon parfois brutale mais cela n’empêche pas l’éclat du cœur. Autant l’amour qu’éprouve Jamal pour Latika, et réciproquement, est clair comme de l’eau de roche, autant celui entre les deux frérots est plus intéressant. Fonctionnant sur le principe du « je t’aime moi non plus » c’est une relation d’amour matinée d’admiration, de dégout, de coups bas, d’entraide que se joue sur la scène de Mumbai (anciennement Bombay). Le frère maudit voudra se purifier de ses péchés en dernière instance en accomplissant deux actions : une concrète et une symbolique. A trop vouloir jouer à Scarface on en récolte les fruits amers…

 


L’argent est ce qui semble être l’ultime lien qui unit les deux frères à la fin du film : intense moment parallèle de bonheur et de drame. Celui-ci aurait pu dominer en guise de conclusion mais cela n’entache pas vraiment la qualité du long métrage (et puis la danse bollywoodienne est formidable). La fuite désespérée peut mener au meilleur mais le pire est souvent au bout du chemin. En vérité, là où les protagonistes voient le destin comme réponse à leurs péripéties, il y a surtout la contingence. Les coïncidences ressassées par Jamal à l’inspecteur le prouvent. La réponse D a toujours été un piège.

 

 

Ainsi, si vous n’avez pas encore visionné l’aventure du trio de l’année, porté par la somptueuse bande originale de A.R.Rahman (particulièrement « Mausam & Escape », « Paper Planes » et « Latika’s theme »), courez s’y comme si un gros lourdaud de flic vous poursuivait : avec gaieté et empressement.

 

 

Sylvain Métafiot

 

Commentaires

 

J'ai ADORÉ ce film...en y allant, j'avais pensé à un film plus drole et plus centré sur l'émission...mais c'est vraiment très bien

 

Etant moi même parfois addict de cette émission, et en anglais aussi (version US) j'avoue que ce film m'inspire... Le jeune garçon qui gagne, n'est pas méconnu que ça, il joue dans la très fameuse série SKIN, et jouait déjà pas mal !
Quant à la bande annonce et au texte écrit par Sylvain, cela donne envie d'aller courir au cinéma comme si un gros lourdeau de flic me poursuivait lol !

 

Comme pour Gran Torino, lisez donc l'analyse sociologique d'Igor Martinache sur le toujours très bon site La Vie des Idées : http://www.laviedesidees.fr/La-culture-du-pauvre-en-Inde.html

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