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mardi, 01 novembre 2016

L’Odyssée de Clarke ou le mythe de l’altérité cosmique

 

Article initialement publié sur Le Gazettarium

 

De Nietzsche à Parménide, de Baudelaire à Platon, le voyage a longtemps été un enjeu des philosophes mais également un thème littéraire traversant les âges. De L’Odyssée d’Homère à L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke, la filiation est évidente. Qu’il s’agisse de voyager sur la mer pour rejoindre Ithaque ou dans un vaisseau spatial aux confins de l’univers, tout n’est qu’une question de départ et de retour. Clarke fait ainsi de multiples références à l’œuvre d’Homère : le prénom du héros (Bowman, « l’archer »), le cheval de Troie, les sirènes, la perte de membres de l’équipage, etc. Tout comme la navigation sur la mer Égée du temps des dieux grecs, les voyages dans l’espace sont soumis aux aléas dangereux de l’univers : explosions d’étoiles, destructions de planètes, nouvelles formes de vie dans de nouvelles galaxies… Des périls qui entraînent une nouvelle perception de la terre et du cosmos, car la nature est essentiellement fragile et peut disparaître à tout instant. Ajoutons à cela, la conscience de la toute puissance de la science et de la technologie. Clarke fait évoluer ses personnages en lien direct avec les techniques les plus avancées. L’évolution des protagonistes n’est plus seulement interne à eux-mêmes mais dépend, en partie, des transformations extérieures.

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lundi, 13 mai 2013

Cinéma : l’immortalité à travers les âges

 

Article initialement paru sur RAGEMAG

 

Devenir immortel, traverser les siècles sans conscience du temps, naître à l’âge des premiers hommes et contempler la destruction de la Terre, noyée sous le feu de la géante rouge dans cinq milliards d’années, transcender sa condition et fusionner avec le divin, qui n’en a jamais rêvé ? Succédant à la littérature et à la philosophie, le cinéma a su exploiter et retranscrire ce rêve fou de l’Homme défiant la mort. Un thème fantastique incontournable engageant l’obsession métaphysique suivante : la vie vaut-elle la peine de ne connaître aucune fin ?

 

faust-eine-deutsche-volkssage-1926-L-3.jpeg« Que risques-tu ? Mourir ? Alors tu ne risques rien ». Les stoïciens ont toujours été de grands blagueurs. Comme si cette sentence ataraxique pouvait nous débarrasser de la peur muette de la mort. N’est pas performatif qui veut. « Aimer la vie et regarder la mort d’un regard tranquille », proclame Jaurès ? Plus facile à dire qu’à faire, mon cher Jean ! Car, qu’on le veuille ou non, personne n’accepte la mort. Tout le monde sait qu’il va mourir mais personne n’y croit. Tout un chacun n’est-il pas « un pauvre homme, comme tous les autres, qui est venu sur la Terre sans savoir pourquoi et qui refuse de croire qu’il va mourir », comme l’énonce tristement Faust dans La Beauté du Diable ? Peu sont ceux qui osent affronter la grande faucheuse en face, la majorité des individus craignant plus le décès de leurs proches que leur propre mort. Ainsi, malgré notre admiration pour le grand homme qu’était Jaurès nous ne pouvons que donner raison à La Rochefoucauld qui affirmait que « rien ne prouve davantage combien la mort est redoutable que la peine que les philosophes se donnent pour persuader qu’on doit la mépriser. » De lui également cette célèbre maxime : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. » Le contemporain chausse alors les lunettes postmodernes de l’hédonisme scientifique pour se protéger de l’incontrôlable tragédie qu’est la vie. Le vouloir-vivre ne saurait être indomptable. L’Homme a décidé de tromper la mort et va tout mettre en œuvre pour y parvenir, quitte à boire la tasse d’une soupe homogène et indifférente. Sans saveurs.

 

Pour oublier la mort, qui nous ronge inconsciemment, nous pouvons soit vivre intensément le présent, à l’infini, abolir le temps, aller vers l’anéantissement total et le nirvana des bouddhistes ; soit se lancer dans le travail sans fin, l’accumulation absurde d’argent et la frénésie consumériste. Succès incontestable et effets garantis de la méthode capitaliste tant l’abrutissement par le travail, le divertissement et la consommation sont d’une puissance incomparable. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir pu s’élever spirituellement aux côtés de Bouddha en personne, comme John Oldman, et nombreux sont ceux qui se retrouvent complètement dépourvus lorsque leur dernière heure est arrivée.

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jeudi, 22 mars 2012

Transhumanisme, l'avènement inévitable et catastrophique d'un fantasme adolescent

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Nous vivons une époque merveilleuse.

            Le projet démiurgique de fabriquer de l'humain a quitté le domaine du mythe pour s'inscrire dans un horizon temporel. Dissimulé dans la fragmentation des savoirs, l'homme de demain se veut modifiable à l'envie, possède une durée de vie aussi allongée que son compte en banque le permet, et se lance de toutes forces dans une quête d'emprise toujours plus grande sur la nature et sur ses semblables.

 

Il ne s'agit pas de l'Übermensh nietzschéen, cet homme inaccessible vers lequel tendre sans relâche, parangon d'individualisme aux qualités morales toujours nouvelles et uniques. Non, ce que la science propose est une version abâtardie d'un Superman lobotomisé pour accueillir l'esprit de sa Némésis, Lex Lutor. Autrement dit, un être matériellement supérieur dès sa naissance, cherchant toujours plus de puissance par des moyens matériels, fier d'une morale prométhéenne, utilitariste et fanatique. Les nazis ne souhaitaient pas autre chose.

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