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jeudi, 01 octobre 2009

De la joie et du réel, et de quelques autres mots

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Etant donné que je suis débordé et que je n'ai rien d'autre à publier pour le moment, je vous propose un (long) entretien entre le philosophe Clément Rosset et le poète, dramaturge et romancier Jean-Louis Maunoury. En espérant que certains soient intéressés par la pensée, méconnue et difficile, de ce philosophe exceptionnel.

 

Jean-Louis Maunoury : Si vous parlez essentiellement de la joie dans votre livre La Force Majeure, vous employez aussi les mots d'allégresse, de gaieté... Quelle différence faites-vous entre ces mots ?

 

La joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion


Clément Rosset : Je me demande si vous posez la question au philosophe ou à l'écrivain. En tant que philosophe, je vous avoue que je ne dissocie pas entre allégresse, gaieté, joie et que tous ces mots conviennent à ce dont j'ai voulu parler dans le livre auquel vous faites allusion. Mais un philosophe est aussi un écrivain et du point de vue de l'écriture, je ferais forcément des nuances. Peut-être moins entre allégresse et joie qu'entre allégresse et gaieté. « Gaieté » nous indique des nuances inanalysables, impalpables. Mais de prime abord, « gaieté » me semble impliquer quelque chose de plus soudain, peut-être de plus léger, quelque chose comme du champagne et peut-être plus tributaire de l'humeur, quelque chose qui est changeant comme l'humeur (on est gai ou on n'est pas gai) alors que l'allégresse ou la joie implique quelque chose de plus stable, plus durable même si cela disparaît complètement certaines heures ou certains jours mais quelque chose qui revient toujours comme une basse continue en musique. La gaieté me semble plus tributaire de l'occasion alors que la joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion. Et non seulement elles ne dépendent pas de l'occasion mais elles peuvent très bien intervenir contre l'occasion un peu à la manière des leitmotive dans Wagner qui quelquefois contredisent et non pas soulignent ce qu'était en train de dire le chanteur sur la scène. Il arrive souvent qu'on ait des explosions internes de joie, cette joie ou cette allégresse que je dis pérennes alors que l'occasion est absolument mauvaise et semble plutôt devoir incliner à la tristesse ou à la mélancolie. La joie est si souvent peu en accord avec l'occasion que je pourrais avoir comme devise ce que dit Joffre et qui est à peu près : « Ma droite est enfoncée, ma gauche est en déroute, mon centre cède, tout va bien, j'attaque ! »

 

Dans Nietzsche, dans Montaigne, dans Pascal il y a des remarques très pénétrantes sur le fait que la joie est indépendante de toute occasion de réjouissance et je pense à un mot de Pascal où il dit en gros : « J'ai mes brouillards et mon beau temps en dedans de moi. Ma fortune qu'elle soit mauvaise ou qu'elle soit bonne y fait peu. »

 

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dimanche, 27 septembre 2009

Welcome to Mad World

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Après l'article sur l'événement GTA IV, voici le deuxième article vidéoludique du blog. Il s'avère que le plat du jour est particulièrement alléchant : des massacres en tout genre sous des torrents d'hémoglobine et ce, pour notre plus grand plaisir sadique. Voilà le programme de Mad World sur Wii, le dernier bijou des petits gars de Platinum Games (créateurs de Bayonetta et d'Infinite Space). Que les adeptes de « Familles de France » et autre coincés du cul tournent la tête ou se rendent directement sur les commentaires pour aboyer contre cette dépravation des bonnes mœurs, cette immoralité satanique, cette barbarie pixélisée. Cela leur évitera de réfléchir... Que les curieux (gamers ou non) et les non réfractaires à la violence représentée suivent le guide.

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lundi, 10 août 2009

Interview du futur

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Nous sommes en 2050, vous pensez que cette année est encore loin devant nous ? pas totalement…

Ma pause café a pu rencontrer un homme du futur, James, qui nous a fait l’honneur de nous accorder une petite interview.

Merci à James pour nous avoir permis de voyager un peu avec lui.

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dimanche, 02 août 2009

Le sophisme des questions multiples

socrate3_thumbnail.jpgCe sophisme consiste à présenter sous la forme d'une question unique plusieurs questions, si bien que répondre à cette question, c'est donner implicitement à son corps défendant une réponse positive aux autres questions sous-jacentes.

 

Le sophisme des questions multiples a été inventé par les Mégariques dans l'Antiquité grecque. Le plus célèbre est : « Avez-vous cessé de battre votre père ? » Si l'on répond oui à cette question, on admet implicitement que l'on battait son père. Si bien que celui qui n'a jamais battu son père ne peut répondre (ni par oui ni par non) à cette question. Ce sophisme est une question biaisée.

 

L'usage en est si commun - quoique de forme moins apparente, plus subtile - que l'on peut se demander si ce sophisme n'est pas l'habitude des sondages d'opinion. Demander, par exemple, si tel ministre semble sympathique, c'est déjà supposer, si l'on accepte d'y répondre, que la question a un sens (quelle importance cela peut-il avoir, qu'un ministre soit « sympathique » ou « antipathique »). Un peu comme si l'on demandait s'il joue de la bonne musique, alors même qu'il ne joue pas dut tout de musique. Demander encore lequel de ces cinq ministres ferait le meilleur Président, c'est admettre comme plausible que chacun des cinq peut le devenir...

 

Sylvain Métafiot

lundi, 11 mai 2009

« Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à l'égratignure de mon doigt »

Cette phrase est celle du philosophe David Hume. Elle est décryptée par François Lamoureux (Philosophie Magazine n°7) : « Pour le penseur écossais, la raison n'a aucun pouvoir sur nos passions, notamment sur l'égoïsme. Au risque de nous mener au chaos.

 

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« Enfin un philosophe ­sincère », murmureront certains. Il fallait de la jeunesse et un peu de folie pour oser faire une telle déclaration d'amour à l'égoïsme. Du haut de ses 26 ans, en plein siècle des Lumières, l'Écossais David Hume n'a pas hésité. Est-ce par goût du paradoxe qu'il fait mine, dans son Traité de la nature humaine, de cautionner un individualisme porté à l'extrême, qu'il prétend préférer la destruction universelle à un léger ­désagrément ? Ou bien ­exprime-t-il cyniquement le sentiment de celui qui cherche en lui-même une raison d'agir vertueusement... et n'en trouve ­finalement aucune ? Quel soulagement alors de voir rompue la longue chaîne des philosophes sévères et ­moralisateurs !

Si la raison elle-même nous engage à faire primer notre plaisir sur tout autre motif, nulle autre instance, a fortiori, ne saurait désormais nous reprocher d'agir au mépris de la morale. Vice et vertu n'ont plus à être distingués, et nous sommes libérés des pesanteurs du devoir. Le philosophe semble même aller plus loin : « La raison, affirme-t-il dans la suite de l'ouvrage, est et ne doit qu'être ­l'esclave des passions. » David Hume annoncerait l'anti-humanisme d'un ­Dostoïevski : « Que s'écroule l'univers pourvu que je boive toujours mon thé », affirmait le narrateur des ­Carnets du sous-sol.

 

En réalité, même si Hume ­exprimera tout au long de sa vie les opinions les plus provocantes sur la religion, le suicide, l'identité personnelle ou les principes de la connaissance, au point de réveiller Kant de son sommeil dogmatique, cette formule ressortit davantage au constat qu'à l'incitation pousse-au-crime. Ouf ! Reste qu'elle ne perd rien de sa radicalité. Depuis ses origines, la philosophie confie à la raison la mission d'édicter les valeurs morales et de les faire respecter contre nos passions égoïstes. On suppose donc que la raison puisse influer sur nos passions. Or c'est précisément ce que conteste Hume. La raison n'est pas égoïste, elle n'a tout simplement aucun pouvoir sur la morale. Elle doit comprendre qu'elle est totalement impuissante à diriger ou même à régler notre conduite et nos passions. Son domaine d'intervention est le vrai et le faux, pas le bien et le mal. Le problème est d'imaginer une vie en communauté possible si chacun suit librement ses passions. Ce serait oublier que, si la raison ne peut s'opposer aux passions, une autre passion le peut. Pour nous qui sommes caractérisés à l'origine par l'amour de soi et une « générosité limitée » à nos proches, le rôle de l'art politique est de faire servir nos passions à la communauté. On peut donc envisager une vie à peu près harmonieuse avec ses semblables sans intervention directe de la raison sur les passions.

 

Certains scientifiques contemporains semblent avancer dans le sillage de Hume. Dans Le Gène ­égoïste, le sociobiologiste Richard Dawkins suggère que les gènes utilisent les individus dans le cadre d'une lutte pour la reproduction et la sélection naturelle. Les comportements égoïstes, que le philosophe écossais considérait comme irréductibles dans la nature humaine, se retrouveraient aussi au niveau cellulaire ! Il ne serait pas contraire à la rationalité naturelle de préférer la destruction du génome humain à l'égratignure d'un de mes acides aminés. Décidément, Hume demeure un penseur dangereux. »

 

A Noter que vous pouvez retrouver David Hume sur France Culture en téléchargeant ou écoutant l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance, présenté par Raphaël Enthoven : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture/emissi...

 

Sylvain Métafiot

mardi, 21 avril 2009

Otto Von Bismarck, Le fondateur du nationalisme allemand

 

A priori, rien ne disposait Otto Von Bismarck (1818-1898), issu d'une famille de junkers (hobereaux prussiens) fondamentalement hostiles aux idées de la Révolution française, à devenir l'accoucheur de l'idée nationale allemande. C'est pourtant bien Bismarck, nommé Premier ministre de la Prusse en 1862, qui proclame l'unification de l'Allemagne en 1871 dans la galerie des Glaces à Versailles, alors que les armées prussiennes assiègent Paris.

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Une fois l'unité de l'Allemagne réalisée, Bismarck, chancelier du Reich de 1871 à 1890, revient sagement à la bonne vieille diplomatie monarchique, celle de l'équilibre européen. La nouvelle Allemagne ne doit pas faire peur, elle doit se montrer satisfaite et exempte de toute revendication. Bismarck se veut un « honnête courtier » apaisant les querelles entre puissances européennes. Mais le « ver » national ronge l'Europe. Bismarck abandonne le pouvoir en 1890. L'empereur Guillaume II (1859-1941), assoiffé de grandeur, préfère les rêves nationalistes allemands à la prudence bismarckienne. L'engrenage est en marche, conduisant aux deux guerres mondiales et à l'anéantissement de l'Allemagne en 1945. En 1947, la Prusse, qui a plus ou moins survécu dans l'Allemagne unifiée, est dissoute par les quatre vainqueurs du conflit. La Prusse, décrétée cause de toutes les dérives allemandes (nationalisme, autoritarisme, militarisme) doit disparaître. En fait, le délire allemand a des origines multiples et complexes ; son incarnation extrême, Adolf Hitler (1889-1945), naît autrichien et trouve son ancrage allemand en Bavière.

 

Sylvain Métafiot

 

mercredi, 08 avril 2009

La Peine de Mort en débat

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Après une discussion que j'ai eu de nouveau avec des gens de ma génération, j'ai décidé d'écrire un petit article sur la Peine de Mort.

Le dialogue que j'ai pu avoir hier soir, je l'ai déjà malheureusement eu avec d'autres personnes et pas que des jeunes.

Et parce qu'il me parait essentiel que tout le monde sache pourquoi la peine de mort doit être abolie partout au monde je vais reciter plusieurs arguments contre, et enfin je vous parlerai de quelque chose qui m'a interpellé durant le débat d'hier au soir...

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vendredi, 27 mars 2009

Le dépassement des humanités

Pour comprendre ce qu'on entend par humanité voire l'article suivant : Les sciences sociales selon Foucault. Comment ce dépassement s'est-il opéré ? En voila une question qu'elle bonne ma p'tite dame !

 

On va dépasser les humanités à la fin du XIXe siècle. Les sciences sociales naissantes ne vont plus s'appuyer sur des valeurs, des idéaux, des opinions et de spéculations. On cherche à se débarrasser de la spéculation Hégélienne. Ce dernier avait un idéal intellectuel très ambitieux : déterminer la signification du devenir humain. Il développa une philosophie de l'histoire pour en comprendre le sens et anticiper le devenir historique. Selon Raymond Aron (La philosophie critique de l'histoire), Hegel voulait comprendre le sens ultime des évolutions des cultures et sociétés humaines. Au XIXe siècle, les sciences sociales vont être beaucoup plus modestes que Hegel. Les chercheurs ne se croient plus dépositaires des secrets de la providence. Tandis qu'Hegel voulait construire un savoir absolu.

 

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On rejette également la métaphysique (connaissance qui se rapporte à des objets au-delà de la nature, au-delà du monde physique, qui ne relève pas de l'expérience sensible, on est dans un monde au-delà du matériel). On adopte donc une posture positiviste : on s'en tient à des données d'observations, à des faits empiriques, à des facteurs dont on peut reconstruire les réseaux (tout phénomène découle d'un ensemble de causes), à un travail de recensement, de statistiques, de dénombrement. De tout temps, ceux qui détenaient le pouvoir ont cherché à faire des dénombrements pour évaluer les richesses produites et pour recruter des hommes d'armes. Le développement des sciences sociales s'est accompagné d'un approfondissement des démarches de quantification et de mesures objectives.

 

L'imagination conceptuelle doit être subordonnée à l'observation. Ces nouvelles sciences sociales vont être confrontées à une grande question : quelles relations y a-t-il entre des lois générales et les variations historiques des sociétés ? Comme toute science, il s'agit de dégager des lois de portée générale et en même temps il faut partir de cas concret, il faut une base empirique.

 

Les sciences sociales doivent échapper à deux pièges :

  • Faire uniquement des descriptions empiriques. On risque d'accumuler des données, des études de cas, etc. Ce danger a failli tuer l'ethnologie du début du siècle car on avait accumulé un nombre gigantesque d'objets et d'informations. Et cela était devenu ingérable et sans aucun sens. Certains travaux sont totalement empiriques sans questions sous-jacentes. Alors qu'un matériau d'étude n'a un sens que s'il a une problématique

 

  • Revenir à la pure spéculation théorique. Rester dans le domaine abstrait, dans une pensée hypothético-déductive est une mauvaise chose. Il y a une différence entre l'induction qui procède par généralisation à partir d'événements particuliers et la déduction qui procède d'abord par une question théorique que l'on va confirmer ou infirmer grâce à des observations réelles. La physique est essentiellement déductive tandis que beaucoup de sciences sociales sont inductives, telle que la géographie.

 

Un idéal s'est développé : une science sociale aboutie est une science qui permet de dégager des lois générales sur les comportements humains et qui vérifient la vérité historique. Mais peut-on atteindre ce niveau de maturité où on serait capable d'expliquer toute situation historique à partir de lois générales ?

 

A suivre...

 

Sylvain Métafiot

 

mardi, 03 mars 2009

Le paradoxe du comédien : moins on sent, plus on fait sentir

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En ces temps d’Oscars et de César en-veux-tu-en-voila, l’occasion est trop belle pour évoquer une curiosité propre à la profession de comédien et mis en lumière par un penseur du même nom.


Ce paradoxe, inventé par Diderot, tient au contraste existant entre l’expression évidente du corps (mimiques, gestes, attitudes exprimant des émotions violentes, amour, haine, joie, désespoir, etc.) et l’absence d’émotion ressentie de la part de l’acteur. Celui-ci joue sans éprouver. Il rit sans être gai, pleure sans être triste. Il se sert de son corps comme d’un instrument. Le paradoxe peut aller jusqu’à l’affirmation qu’un bon acteur est précisément celui qui est capable d’exprimer des émotions qu’il ne ressent pas. Il est par conséquent dans la position du calculateur ou encore dans celle du manipulateur, la marionnette en l’occurrence étant le corps lui-même.


Cette conception est aux antipodes de celle qui considère l’action dramatique comme une identification hystérique (l’acteur fait plus que jouer son rôle, il l’habite, le vit, l’incarne. A la manière d'Heath « Joker » Ledger dans The Dark Knight). A la limite, dans cette théorie, il n’y a plus de jeu (lequel suppose un écart – voir le sens du mot menuiserie lorsqu’on dit que le bois joue).


Le paradoxe du comédien met en évidence l’écart qui peut exister entre le corps et le psychisme. Il sert d’argument aux adversaires de la théorie physiologique des émotions, qui voient dans celles-ci des impressions ressenties à partir des expressions objectives du corps (ainsi, selon William James, qui fut un défenseur de cette théorie, la peur est l’impression consécutive à un mouvement de fuite ou de protection déjà esquissé par le corps).


Qu’en pensent les New-Yorkais de l’Actor’s Studio ?

 

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Sylvain Métafiot

mardi, 10 février 2009

Le Royaume de Patagonie

 

Que dire de ce territoire appelé la fin du monde...

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Découvert en 1520 par Magellan, la Patagonie territoire presque inconnu jusqu'à il y a peu nous livre de belles petites histoires.

 

Son nom signifie "le pays des  grands pieds ", Magellan raconte dans ses mémoires qu'il avait rencontré un peuple extraordinairement grand et avec des pieds excessivement énormes !

Plusieurs autres explorateurs ont aussi signalé avoir vu ce peuple aux grands pieds... Le mystère reste entier, légende ? Vérité ? Impossible à savoir...

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