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mardi, 27 juin 2023

Fanny Molins : « Les bars sont des scènes de théâtre »

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Photographe et scénariste de formation, Fanny Molins vient de réaliser son premier film documentaire : « Atlantic Bar ». Pendant quatre ans, elle a filmé les habitués d’un lieu simple et populaire menacé de fermeture, par ailleurs ancien QG du parti communiste d’Arles. Un lieu dans lequel on vient parfois partager sa solitude mais aussi jouer aux cartes, parler de rien, déclamer des poèmes, se réchauffer le corps, danser sans pudeur et s’embuer l’esprit. Un lieu qui permet de créer une petite société du dedans pour oublier un peu le monde du dehors.

Le Comptoir : Comment avez-vous trouvé ce bar en particulier, dans cette ville ? Y a-t-il un élément qui a tout de suite retenu votre attention ?

sylvain métafiot,le arles,documentaire,atlantic bar,comptoir,fanny molins,les bars sont des scènes de théâtreFanny Molins : Je suis Lilloise donc je ne m’attendais pas à me retrouver dans un bar à Arles. Étant donné que je fais de la photographie de rue je pensais pouvoir m’immerger pendant un certain temps dans un bar du Nord mais c’est en participant à un atelier des Rencontres de la photographie à Arles que je suis tombé sur l’Atlantic Bar. Esthétiquement, il y a d’abord cette lumière du Sud, rasante, qui crée des clair-obscur superbes sur les peaux et les visages.

 

Et puis, on ressent immédiatement que c’est un bar tenu par un couple, un bar familial. Dès mon arrivée je me suis fait alpaguer par Nathalie, la patronne, et ils m’ont accueilli petit à petit. C’est une rencontre sur le long cours : Jean-Jacques, le patron, ne m’a adressé la parole qu’au bout d’un an. Tant que je ne lui avais pas prouvé que je n’étais pas de passage il ne ferait pas l’effort de se lier à moi. En somme, ce fut presque une rencontre spirituelle.

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mercredi, 31 janvier 2018

Amer béton : « Taste of Cement » de Ziad Kalhtoum

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Lauréat de nombreux prix au sein de festivals internationaux où il fut accueilli avec ferveur, le documentaire « Taste of Cement » raconte le quotidien de travailleurs syriens, immigrés au Liban pour fuir la guerre civile de leur pays, s’affairant sur le chantier d’un gigantesque immeuble de Beyrouth. S’attachant à une mise en scène sensitive, avec un soin tout particulier accordé au son, le réalisateur syrien Ziad Kalhtoum ne sacrifie pas sa sensibilité d’artiste sur l’autel du discours militant, proposant une expérience de cinéma envoûtante sur un sujet pour le moins dramatique.

 

Petit rappel historique. De 1975 à 1990, le Liban a été le théâtre d’une guerre civile interconfessionnelle opposant, dans un premier temps, le Front libanais, à dominante maronite, à l’Organisation de libération de la Palestine, bras armé de la coalition “palestino-progressiste” musulmane. Interviendra par la suite l’armée israélienne (entraînant notamment le massacre des camps de Sabra et Chatila par les milices phalangistes), la coalition internationale, les partis chiites (Amal et Hezbollah) ainsi que des tentatives de cessez-le-feu émis depuis la Syrie. Près de 200 000 civils furent tués et des centaines de milliers d’autres exilés.

 

Vingt-un ans plus tard, la Syrie est elle-même en proie à une guerre civile à la suite de manifestations pacifiques réclamant, dans l’effervescence du Printemps arabe, la fin du régime autoritaire du président Bachar el-Assad. Réprimée dans le sang, la contestation du régime baasiste mute en conflit armé, entraînant dans son sillage une multitude d’acteurs (l’Armée syrienne libre, les brigades islamistes sunnites, le Front al-Nosra, l’État islamique, divers partis Kurdes syriens, les pays du Golfe, le Hezbollah, la Russie, l’Iran, les États-Unis…) et établissant une situation géopolitique d’une complexité inouïe. À ce jour, le nombre de victimes s’élève à plus de 500 000 et six millions de Syriens ont fui leur pays.

 

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jeudi, 03 octobre 2013

62, année onirique

 


Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme ressort en salles dans une version restaurée, cinquante ans après sa réalisation, et nous conte un Paris fourmillant et éclectique, une capitale de lumière et d'ombre filmée avec amour et gourmandise. Comme un voyage ethnologique qui déraperait en fable on passe des rues populaires aux grands boulevards, des salles des fêtes aux banlieues toutes fraîches, d'un chat habillé à des amoureux timide en passant par les convives éméchés d'un mariage. On transite ainsi d'un personnage (d'une situation) à un autre avec malignité et élégance. C'est mai 1962 raconté par les Parisiens eux-mêmes, avec leur gouaille, leur joie, leur crainte, leur humanité. C'est Paris en paix, tranquillement observé, sans jugements ni précipitations mais avec une liberté de ton qui colle au plus près des visages et des paroles.

 

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C'est une caméra qui scrute les détails aux marges ou aux arrières plans, saisissant, là des mains qui s'agitent, ici une araignée qui se balade, ailleurs l'allée poisseuse d'un bidonville, ou encore l'air interrogateur des passants. Un regard véritablement décalé sur une époque politiquement convulsive dont l'intérêt est à la marge. Jean-Luc Godard et Anna Karina passent en voiture, nous lancent un regard. Et là, n'est-ce pas Alain Resnais ? La Nouvelle Vague déferle dans les salles obscures et redonne du souffle au cinéma de papa tandis que Marker et Lhomme prennent le pouls de la rue et donnent à voir le caractère d'une ville sous la forme d'un poème urbain.

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mardi, 24 septembre 2013

Leviathan, l'océan de ténèbres

 

 

31. Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums.

 

32. Il laisse après lui un sentier lumineux ; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard.

 

33. Sur la terre nul n'est son maître ; Il a été créé pour ne rien craindre.

 

Job - 41


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Sylvain Métafiot

mardi, 09 octobre 2012

Reflets passés dans un œil de briques

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« L’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre »

Boris Vian, Avant-propos à L’Ecume des jours


C’est à reculons que nous entrons dans Le sommeil d’or. Non pas que le propos du documentaire soit rebutant (encore que le cinéma cambodgien des années 1960-1970 peut décourager un public réticent aux films jugés « intello-chiant ») mais parce que le premier plan est un retour vers un pays lointain, le long d’une route filmée en « marche arrière », nous arrachant aux ténèbres pour nous plonger dans la lumière dorée de Phnom Penh et de ses gloires passées. Que reste-il de la production cinématographique cambodgienne d'avant 1975 ? Les vestiges de cet univers fantastique peuvent-ils encore parler ? C’est dans un monde peuplé de fantômes et de conteurs, de légendes et de guerres, un monde d’avant la barbarie Khmers rouges que nous entraine le cinéaste Davy Chou.

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mercredi, 20 juin 2012

Un humain presque parfait

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Souvenez-vous : l'article de Pierre, Transhumanisme, l'avènement inévitable et catastrophique d'un fantasme adolescent, proposait une réflexion poussée sur le phénomène typiquement post-moderne du transhumanisme.

 

Pour prolonger le débat nous vous invitons à regarder cet excellent documentaire Infrarouge de Cécile Denjean, Un homme presque parfait, rendant compte des dernières avancées technologiques en terme de transhumanisme et de post-humain. Ce que vous verrez n'est pas de la science-fiction, cela existe ici et maintenant.

 

Des améliorations techniques qui posent une somme de questions considérables, notamment en termes d'éthique, de morale, de philosophie, de rapport au corps et à l'âme, à la nature et à la culture. Si certains progrès médico-technologiques sont évidemment bienvenus (soigner la maladie d'Alzheimer et les troubles obsessionnels compulsifs, maintenir en vie des bébés nées prématurément, redonner "vie" à des bras et à des jambes, etc.) d'autres font irrémédiablement penser au Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et de Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol.

 

Au-delà des problèmes, notamment l'eugénisme (même s'il est libéral, individualiste et non imposé par l'Etat), que de telles avancées peuvent provoquer, la question de la signification même de l'être humain est  de nouveau posée, ainsi que du sens que celui-ci donne à la vie.

Comme le dit le philosophe Jean-Pierre Dupuy, "il faut deux conditions pour que la vie est un sens : qu'elle ait une fin et qu'elle soit tissée de hasard. Supprimer la mort et le hasard c'est supprimer le sens de la vie".


Après tout, Rimbaud aurait-il été meilleur poète avec des implants ? Arthur Rubinstein meilleur pianiste avec des mains bioniques ?


Et vous, êtes-vous prêt à implanter Google dans votre cerveau ?


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mardi, 28 juin 2011

Politique-fiction

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Tiens, et si on jouait à la politique ? On dirait que moi je suis le Président et toi mon Premier ministre. Hein, qu’est-ce que t’en dis ? Voila, en substance, ce qu’Alain Cavalier aurait pu dire à Vincent Lindon avant qu’ils commencent ensemble cet étrange film qu’est Pater, mi-documentaire intimiste, mi-fiction politique (à moins que ce ne soit un documentaire politique parsemé de fiction intimiste, je ne sais plus), qui fait sourire autant qu’il émeut et qui ne cesse d’embrouiller le spectateur. Et on les regarde s’amuser comme des gamins, à jouer au Chef de l’Etat et au Chef du gouvernement (à moins que ce ne soit au papa et au fiston, je ne sais vraiment plus), sous nos yeux ébahis de tant de candeur et d’ironie. On se dit « c’est un véritable foutage de gueule ! Ils se moquent de nous ! », mais non, on se laisse attendrir par l’autodérision et contaminer par la drôlerie des situations. Et là, on a repense à La Conquête

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