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mercredi, 02 juillet 2014

Zero Theorem, l'équation à somme nulle

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Prenez un réalisateur en franche décrépitude artistique depuis une bonne quinzaine d'années, Terry Gilliam, après d'indéniables réussites malgré leur statut dévalorisant de « films cultes » (Sacré Graal !, Brazil, L'Armée des douze singes, Las Vegas Parano).

 

Ajoutez un terrain totalement inconnu et d'une originalité folle, c'est-à-dire un univers futuriste semi-totalitaire pas effrayant pour un sou mais ridicule à peu de frais : bardé de câbles fluo, de costumes en plastique, de gadgets lumineux, de sectes farfelues, d'individualisme forcené, de caméras cachées, de méchants loufoques... Soit un prétexte décoratif à la quête méta-physique d'une mystérieuse théorie mathématique unifiant le chaos et le néant par l'absurde (seize ans après Pi de Darren Aronofsky).


Soustrayez par un sociopathe à moitié fou obsédé par un coup de fil révélant le sens de la vie (Christoph Waltz), un fantasme sexuel parfois réel parfois virtuel mais jamais source d'émancipation (Mélanie Thierry), un Big Boss démiurge dont la toute puissance est masquée par un camouflage de cabotin en sous-régime (Matt Damon), une psy délurée censée soigner les névroses de Qohen mais accentuant les nôtres (Tilda Swinton), un jeune génie de l'informatique assez intéressant mais ne dépassant pas le cliché du nerd surdoué (Lucas Hedge), et des seconds-rôles a priori menaçants sous leurs airs rigolos mais possédants l'épaisseur d'un MacBook Air et l'utilité d'un livre électronique.

 

Multipliez le tout par une naïveté critique plus gênante que dérangeante, équivalente à la découverte actuelle de l'eau chaude : l'aliénation capitaliste est désormais plus ludique que contraignante, l'addiction virtuelle confine à l'isolement, la publicité envahit tout espace social urbain en s'adaptant directement aux prétendus besoins de chaque consommateur, la puissance monopolistique des entreprises est supérieure à celle des États, la vidéosurveillance est omniprésente, la religion du Progrès se substitue aux croyances anciennes, etc.

Bref, tout ce que la littérature contre-utopique et le cinéma de science-fiction dénonce depuis plus d'un demi-siècle.

 

 

 

Résultat : un condensé caricatural et grotesque au carré de la filmographie de Gilliam.

L'ensemble des éléments qui constituent cette parodie du Même tourne à vide et finit par s'effondrer sur elle-même à l'instar du trou noir supermassif engloutissant l'univers tout entier. 100 % = zéro

 

Sylvain Métafiot

 

Commentaires

 

Bon bah moi qui me tâtais d'aller le voir... Il n'est plus à l'affiche. Mais après avoir lu ce que tu as écris, pas de regret.

 

Il faut toujours se faire son propre avis mais ce n'est certes pas le film que je conseillerais de voir en ce moment.

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