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mercredi, 23 octobre 2013

En attendant la Cérémonie

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Défiance politique et abaissement démocratique et collectif ; crise économique, chômage et pouvoir d’achat ; pression sur les ressources environnementales, rareté voire pénurie. Les problèmes de notre société sont depuis longtemps analysés et débattus, et cette mécanique constamment ressassée, qu’ils en deviennent des éléments de connaissance assez banals.

 

À tel point, que si leur compréhension était l’apanage de quelques experts académiques puis cathodiques, les associations, les collectifs, d’abord, s’en sont emparés pour interpeller, mobiliser et proposer. À tel point persistants et récurrents ces problèmes et leurs débats, que si les sociologues et les économistes les ont compris bien avant tout le monde parce qu’ils ont passé le plus clair de leur temps à les décortiquer, le citoyen – lambda comme on dit – a quelque peu rattrapé son retard. Et si plus d’un million de personnes – dont un dernier quarteron de politiques rabougris à l’esprit républicain ramassé en peau de chagrin –  en viennent à soutenir le bijoutier de Nice, au dépend des principes cardinaux de justice qui sont des piliers de notre contrat social ; il y en a d’autres, tellement d’autres, que les politiques auraient tort de mésestimer.


Je l’ai définitivement compris quand accoudé au comptoir d’un bar à Paris Mutuels Urbains, un habitué modestement habillé, me parla de « l’aberration de l’obsolescence programmée » en ces termes même ; qu’un autre m’entretint des dérives du commerce et de la régulation internationale.

 

Reste alors une énigme et non des moindres : pourquoi (?), alors que les problèmes dans leur causes comme dans leurs conséquences sont plutôt bien identifiés par une grande partie de la population ; alors que l’indignation est largement partagée par différents courant de la société ; alors que des solutions alternatives sont avancées, pourquoi alors, s’amuser à perpétuer des débats et des situations déficientes plus encore quand le travail de réforme nécessaire s’est alourdi avec le temps passé et avec lui, les conséquences de l’inaction ou de l’action délétère ?

 

Résumons à gros traits cette maxime performative : « C’est bientôt la fin de quelque chose – et conséquemment, le début d’une autre. »

 

Et en attendant, c’est l’objet initial de ce papier, la société bouge – un peu – et en différents coins. Ici, nous allons nous entretenir de l’un d’entre eux, en resserrant la focale sur le champ politique, en zoomant sur l’un de ses partis, gros plan à Lyon, plus précisément à Vaulx-en-Velin cette fois-ci, samedi passé : macro sur les assises de l’écosocialisme, organisées par le Parti de Gauche.

 

Que le Parti de Gauche s’engage dans cette dynamique n’est bien sur pas sans signification. Cela traduit autant un ensemble de positions doctrinales et une stratégie politique dont on laissera ici les acteurs politiques, entre eux et avec vous, débattre et assurer de la pertinence.

 

Ce qui nous intéresse ici, c’est plutôt la dynamique collective que suggère, à nos yeux du moins, cet événement et les enseignements que l’on peut en tirer en vue de résoudre ces problèmes. C’est bien là l’enjeu.

 

Un samedi, dans l’ambiance, la sensation fébriles des préparatifs presque achevés d’une Cérémonie.


On s’explique.

 

Alors que les hommes d’église, les hommes d’argent et l’habitude légitime à l’oisiveté se disputent le monopole du dimanche, organiser ces assises un samedi a la vertu d’inscrire le débat citoyen dans un temps lui aussi collectivement libéré et potentiellement partagé. Avoir et prendre le temps de se retrouver, collectivement, pour échanger sur le devenir d’un avenir qui nous est irrémédiablement commun.

 

Annoncé à 10h30, c’est avec le sentiment de responsabilité, de devoir que l’auteur de ces lignes a décidé de s’y rendre. Parce qu’un citoyen doit participer aux débats citoyens. En retard, un défaut, une maladresse personnelle certainement, mais que l’on pourra lire, sinon comme une claire signification au moins comme un symbole. Un symbole, un symptôme confirmé par le retard que la réunion elle-même avait pris. L’attitude symptomatique de savoir devoir être là, celui de savoir en même temps, à la vue du travail colossal à fournir, que tout ne se joue pas maintenant dans l’heure ou dans la journée. Ne pas être à une demi-heure, c’est peut-être une vraie maladresse collective.

 

C’est aussi avec ce sentiment de fébrilité avant une Cérémonie, celui de peaufiner les détails, de réajuster une nappe déjà ajustée et de régler à nouveau un éclairage déjà calibré avec justesse et ce, en sachant que ce n’est pas ce qui comptera le plus ; ce sentiment ne nous quitte pas avec les échanges et les débats.

 

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À la tribune, se succèdent des analyses et des propositions qui semblent être de ou aller dans le bon sens. On entend les analyses qui rappellent les dérives d’une économie néolibérale et les conséquences sur la sphère sociale ; on redit que la compétitivité comme objectif de politique économique correspond à la réduction du coût du travail qu’il s’agisse du salaire, du nombre d’emploi ou les deux ; on redit que, dans la confidentialité des tractations, se construit un marché, une zone d’échanges transatlantique dont les conséquences risquent fortement d’être négatives sur notre activité économique et la manière dont on pourra l’orienter. Mais globalement, tout ça, nous le savons.

 

On évoque la pertinence de l’autogestion, de la démocratisation, la nécessité de transformer nos modèles de production, et on pousse dans le détail de certains secteurs, de certains domaines, de certaines problématiques. Mais globalement, tout ça, nous le savons.

 

Nous le savons parce que dans la critique comme dans la proposition, les modèles ont déjà été formulés, ont déjà été expérimentés. Ce qui manque en réalité, ce n’est pas un-modèle-de-développement-nouveau-qui-reste-encore-à-penser mais c’est la volonté politique qui manque. La volonté de décision, la volonté de changer d’orientation.

 

La volonté politique, bien sur celles des responsables politiques d’aujourd’hui, dans les ministères et les assemblées, européennes, nationales et locales. On n’oublie pas ceux qui s’attellent à la tâche bien sur.

 

Mais volonté politique, c’est aussi et peut-être surtout celle de l’individu-citoyen. Et c’est pour cela que l’on pouvait arriver en retard ; et c’est là que l’on voit que la Cérémonie n’a pas encore commencé.

 

Dans la salle, 100, 150 personnes. Des intervenants sérieux, crédibles, professeurs d’université ou membres d’associations bien connues étaient présents à la tribune et dans l’assistance. C’est d’ailleurs l’un des mérites de cet événement. Comme on l’a entendu en préambule, si les assises étaient organisées à l’initiative d’une organisation politique précise,  elles « étaient les assises de toutes les organisations [de la société civile] qui y étaient présentes. »

 

Mais 100, 150 personnes, c’est bien, c’est très bien pour un parti politique. C’est bien largement insignifiant pour la société – même locale.

 

Organiser ces assises à Vaulx-en-Velin, dans le Woopa un bâtiment à énergie positive à l’extérieur de Lyon, dans une ville populaire, ce n’est peut-être qu’un symbole, mais ça change des débats confidentiels tenus dans d’élégantes brasseries du centre-ville.

 

Et si le politique a perdu de légitimité, et si le politique est en recherche d’idées pertinentes, et si le politique veut vraiment reconquérir les individus, les citoyens, c’est certainement une première étape indispensable.

 

Ce que d’autres partis, bien sur, ont compris.

 

Mais ce n’est là que la première étape d’un parcours qui parait bien long et très complexe. En évoquant avec la tribune, le nécessaire processus de transition pensé collectivement et politiquement dans l’ensemble des secteurs de la vie et avec les individus-citoyens dont la participation est indispensable, … le chemin est long.

 

En aparté, avec l’un des intervenants François Longérinas (dirigeant d’une SCOP et politique engagé dans les champs du social, de l’économie sociale et solidaire, dans le logement), nous avons échangé sur la difficulté de mise en mouvement de l’ensemble des acteurs, éparpillés dans différentes causes, et me semble-t-il, trop isolés, ne travaillant pas suffisamment ensemble. Nous en étions d’accord et je lui ai demandé s’il avait dans son expérience quotidienne, observé des sauts qualitatifs en matière d’organisation, de coopération entre les différents collectifs, les différentes associations, les différents mouvements.

 

Une bonne surprise, il a constaté que ces collectifs, et c’est important, avaient globalement intégré l’importance de l’enjeu environnemental, mais que pour le reste, le travail de synergies, entre le politique et la société civile, d’une part, entre les associations et les collectifs d’autres part, commençaient à peine à s’établir.

 

Il est temps. C’est un message que l’on peut adresser aux partis politiques.

Il est temps. C’est un message que l’on peut adresser aux associations et aux collectifs.

Il est temps. C’est un message que l’on peut adresser aux individus-citoyens.

 

Il est temps parce que sans l’engagement de chacun d’eux, on parlera dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans comme il y a cinq ans, comme il y a dix ans, comme il y quinze ans de compenser les effets de la crise, de retrouver la croissance, de limiter l’augmentation du chômage, de penser à faire une conférence sur l’environnement pour se fixer des objectifs, etc.

 

Personnellement, j’ai trop entendu ces problèmes et je ne suis pas le seul ; j’en connaît trop bien et en constate trop les conséquences concrètes autour de moi pour analyser, débattre et ressasser encore et encore. Il est temps de réformer.

 

Bertrand Colin


Article également disponible sur Forum de Lyon

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