Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Oh oui, Facebook-moi ! | Page d'accueil | Vivons nous l'adolescence de l'équitable ? (1/5) »

mardi, 09 novembre 2010

L’Etat exécute aussi des enfants

 

peine-de-mort[1].jpg

 

 

« Face à ma situation, je ressens une grande souffrance et un réel découragement. Je perds peu à peu tout espoir pour l’avenir. Cela fait tellement longtemps que je suis ici. La condamnation à mort m’a vraiment anéanti. J’ai l’impression que tout est fini pour moi, du fait de ma situation de condamné à mort. Je crois que, quels que soient mes projets pour l’avenir, ils ne se réaliseront jamais. Le pire dans tout ça, c’est que j’ai le sentiment d’être trop jeune pour mourir, si jamais ça arrive. En fait, la seule idée de la peine de mort est une véritable torture mentale. Je ne peux m’empêcher d’avoir peur »

Ronald Bragas, condamné à mort en 1998 aux Philippines pour un crime commis à l’âge de 17 ans.


 

peine-de-mort21.jpg

 

 

Depuis 2006 les Philippines ont aboli la peine de mort mais cette pratique barbare continue de sévir légalement en Iran, en Arabie Saoudite, en Chine (un petit mot Mr Sarkozy lors de la visite de son Président en France ? Non ? Comme c’est étonnant…), au Pakistan, au Nigéria, au Yémen, etc. et pas uniquement sur des adultes ! Depuis 1990, l’Iran a procédé à pas moins de 42 exécutions de mineurs délinquants, dont huit pour la seule année 2008. A ce jour l’Iran est sur la première marche du podium en termes d’exécution de mineurs délinquants. En Arabie Saoudite deux enfants de 17 ans ont été exécutés le 10 mai 2009. Ce pays, qui est toujours l’un des rares au monde à exécuter des femmes dans une proportion élevée, n’hésite pas à recourir à la décapitation publique. Au Nigéria il y aurait 40 détenus dans les prisons attendant dans le couloir de la mort (parfois depuis plus de dix ans) alors qu’ils étaient mineurs au moment des faits. La Cour suprême des Etats-Unis a interdite la peine de mort pour les mineurs en 2005, mais des adultes sont toujours condamnés. En somme, durant les vingt dernières années tous ces Etats auraient perpétrés environ 77 assassinats légaux de mineurs délinquants.

 

 

decapitation1oo.jpg

 

 

Pourtant, et contrairement à un préjugé trop largement répandu, même soumis à un régime rigoureux et implacable, même placé en quartier de haute sécurité ou en isolement, les mineurs délinquants ont parfois démontré leurs capacités à se réinsérer. Certains se sont engagés dans des activités artistiques, d’autres ont appris à lire et à écrire... Mais surtout, tous ont profondément mûri et, pour beaucoup d’entre eux, ont exprimé de profonds remords. Tel Napoleon Beazley, jeune américain de 17 ans, exécuté le 28 mai 2002 : « Il y a huit ans, j’ai commis un crime que j’ai regretté immédiatement. Je savais que c’était mal. Je sais encore que c’est mal. Depuis cet instant je n’ai eu de cesse de tout faire pour essayer de me racheter. Je me suis constamment excusé, pas seulement à travers les mots, mais aussi par mes actes… C’est de ma faute. J’ai violé la loi. J’ai trahi cette ville, j’ai fait du mal à une famille – tout cela pour satisfaire mes mauvaises pulsions. Je suis désolé. J’aurais aimé avoir une seconde chance pour essayer de me racheter, mais je n’en ai pas. »


Pas de rééducation ni de réinsertion pour les enfants exécutés par l’Etat. « Le système ne cherche qu’une chose, à vous injecter n’importe quel poison dans le bras pour vous tuer » affirme Beazley. Seule la terreur demeure, dans l’attente insupportable du couloir de la mort. Terreur croissante, terreur omniprésente que Kasango, enfant soldat de 14 ans, n’a pas eu le temps de connaître. Ce jeune Congolais sera exécuté une demi-heure seulement après son procès.

 

 

injection.jpg

 

 

Il faut savoir que la majorité n’est pas à 18 ans partout dans le monde. Elle est parfois évaluée en fonction d’éléments totalement subjectifs. Notamment par les Etats qui appliquent la Charia (la loi islamique). Dans ces pays, la majorité correspond surtout à l’âge de la puberté, c’est-à-dire entre 9 et 15 ans pour une fille et entre 13 et 18 ans pour un garçon. En contradiction totale avec la CIDE (Convention internationale relative aux droits de l’enfant) et l’ensemble des traités internationaux qui interdisent l’exécution des mineurs délinquants, qu’ils ont pourtant ratifiés, l’Iran ou l’Arabie Saoudite continent de condamner à mort des enfants.

 

Finissons avec un dernier témoignage aux allures socratiques du père de Sina Patmard, un enfant iranien de 16 ans condamné à mort et pendu à 18 ans : « Nous avons demandé aux responsables de nous autoriser à revoir Sina. Personne ne nous a écoutés. Puis, le gardien a dit que Sina avait demandé son instrument. Sina joue de la flûte. Je lui ai donné. C’était la dernière volonté de Sina avant son exécution. Il a commencé à jouer et toutes les familles se sont mises à pleurer. »


Sylvain Métafiot

Source : Amnesty International

Les commentaires sont fermés.