Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« De part et d'autre de l'Atlantique (III) | Page d'accueil | De part et d'autre de l'Atlantique (IV) »

mardi, 11 mai 2010

Mise en abyme comic

KA6.jpg

 

Comique, certes, mais sanglante également. Vous l'aurez deviné, Kick Ass est au menu aujourd'hui. Encore un film de super-héros inspiré d'un comic-book ? Oui et non. Si c'est bien à une adaptation d'un comics de Mark Millar & John Romita Jr. (2008) que nous avons affaire, point de véritable super-héros ici. C'est même tout le propos de ce long-métrage de Matthew Vaughn, déjanté et ultraviolent (classé Restricted aux Etats-Unis), mettant en scène une remarquable auto-ironie désabusée sur le monde de l'imaginaire adolescent. Le tout porté par une bande originale décapante (Stand Up et Omen de Prodigy vont résonner longtemps).

 

Dave Lizewski (Aaron Jonhson) est un adolescent gavé de comics qui ne vit que pour ce monde de super-héros et d'incroyables aventures. Décidé à vivre son obsession jusque dans la réalité, il se choisit un nom - Kick-Ass - se fabrique lui-même un costume, et se lance dans une bataille effrénée contre le crime. Dans son délire, il n'a qu'un seul problème : Kick-Ass n'a pas le moindre superpouvoir... Il fera pourtant la rencontre de trois autres super-héros également déterminés à faire régner la justice.

 


KICKASS001.jpg

 

Signe contemporain de la vitesse des adaptations cinématographiques, Kick Ass fait davantage référence à des films fantastiques récemment sortis qu'aux ouvrages dont ils sont tirés. Facile de repérer les allusions à Spiderman, Batman Begins, Superman, etc. montrant la volonté de s'inscrire dans la culture actuelle et de paraître crédible aux yeux des spectateurs exigeants que nous sommes. Pourtant, les faiblesses ne manquent pas : le parcours du geek puceau rêvant d'extraordinaire n'est pas nouveau. Il faudra d'ailleurs qu'Hollywood stoppe la référence au nom providentiel du héros : David (Dave), c'est-à-dire l'élu en hébreu, que l'on retrouve de façon beaucoup trop récurrente au cinéma depuis 2001 l'odyssée de l'espace (de mémoire : Independance Day, Jumpers, etc.). Mais ce n'est qu'un détail.

 

kickass008_cov.jpg

 

Si Kick Ass n'est pas le premier film de super-héros bourré d'humour (on pense à Spiderman, Iron-man...), force est de constater qu'il met la barre un cran au-dessus grâce à un second degré et un cynisme à se taper les cuisses. Le ridicule des situations entourant nos héros en herbe est tantôt désopilant, tantôt touchant, à tel point que malgré leurs trognes de loosers finis ont se prend d'une empathie certaine à leurs égards. On les trouve crétins, prétentieux, inconscients, foutrement mal sapé, et maladroits mais - bon dieu ! - qu'est-ce qu'on a envie qu'ils réussissent ! Qu'ils arrêtent de se manger des mandales et qu'ils en dérouillent quelques uns ! Enfin... surtout Kick Ass le bien nommé, car de leur côté Hit-Girl et Big-Daddy se débrouillent plutôt bien. Plus que bien même.

 

KickAss04.jpg

 

Et c'est là que la magie opère (si l'on ose dire). Le (super)héros principal est sympathique, d'accord. On se prend d'affection pour lui, ok. Mais ses deux nouveaux alliés font littéralement décoller le film avec une prestance à l'écran monumentale : la survoltée et grossière Hit-Girl et le papa-poule sans pitié Big-Daddy impose leurs présences comme personne, à coup de shotgun en pleine tête et de découpage à l'arme blanche. Nicolas Cage tient ici l'un des meilleurs rôles de sa carrière (elle-même parsemée de bon gros navets hollywoodiens) en incarnant un policier déchu prêt à tout pour se venger et la jeune Chloë Moretz fait montre d'un talent incroyable pour dynamiser les scènes d'actions à l'aide d'un arsenal maitrisé sur le bout des doigts. Les « méchants » n'ont qu'à bien se tenir.

 

kickass02.jpg

 

Le bad-guy du film ? Le big boss de la mafia new-yorkaise bien sûr, Franck d'Amico (Mark Strong, impeccable), qui va leurs en faire baver des ronds de chapeau : un « vrai » super-héros souffre déjà atrocement quand ses ennemis le castagne, imaginez quand on est dénué de superpouvoirs. La scène du kidnapping est à ce sujet difficilement supportable, tant la fragilité de la condition humaine nous heurte en pleine face et nous fais mal, très mal. Une des premières confrontations de notre héros tout de vert vêtu donne aussi le ton brutalité quotidienne...

 

Mais le rire fait davantage place à l'effroi :


 

Kick Ass ou le super-héros postmoderne de notre époque anxieuse et déstabilisée ? Perte des anciens repères traditionnels et modernes au profit d'un cynisme ambiant où les gadgets et Internet ont remplacé les livres, à l'image de cette séquence où une bibliothèque particulière sert de terrain de jeux à une fusillade sanglante et jouissive ? Peut-être, mais l'interprétation des signes doit a sa limite. On verra si la tendance se confirme dans des suites plus que nécessaires.

 

Bande-annonce VOST :


 

Kick Ass est avant tout un film grisant, sans temps morts, particulièrement efficace dans la psychologie des personnages comme dans les séquences d'actions frénétiques et brutales. Une adaptation géniale et innovante qui met en scène les effets (violents) des comics dans la vie de tous les jours, ce n'est pas banal, c'est pourtant une réussite totale du réalisateur de Layer Cake, qui a de grande chances de faire porter un regard relativiste et amusé sur tous les films de super-héros passés, présents et à venir. Et rappelez-vous les enfants : ne faites pas ça chez vous ! Ou alors avec classe...

 

Sylvain Métafiot


kisk-ass.jpg

 

 

Commentaires

 

Mais que devient Sylvain ?

 

Heu... Pourrait-tu préciser ta question ?

 

Si vous voulez savoir pourquoi le geek est l'avenir de l'homme, lisez donc cette très bonne analyse du film : http://www.surlering.com/article/article.php/article/kick-ass-le-geek-est-la-avenir-de-la-homme

Les commentaires sont fermés.