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lundi, 28 juillet 2008

Voir Rio et Mourir

Sorti mercredi dernier, La cité des hommesest la meilleure raison actuelle de se rendre au cinéma.

 

city_of_men.jpg

 

Pourquoi ? Parce que Paulo Morelli, le réalisateur, clôt la série télévisée éponyme entamée il y a cinq ans par un film dont la puissance est héréditaire à la Cité de Dieu. Cité de Dieu.jpgLa cité de Dieu…rappelez-vous de ce chef d’œuvre brulant sorti en 2002 et réalisé par Fernando Mereilles (The Constant Gardener c’est lui) : le quotidien sordide des adolescents des favelas (bidonvilles brésiliens) de Rio de Janeiro y était relaté d’une façon réaliste, désespérante et surtout ultraviolente. En effet, malgré une interdiction aux moins de 16 ans, le film fit sensation et devint rapidement la référence du genre (on se souvient du plus ancien Pixote). Moins violent que son ainé, La cité des hommes n’en demeure pas moins captivant, sanglant, triste et surtout étouffant. C’est dans l’enfer aride d’une favela que nous suivons deux amis d’enfance, Laranjinha et Acerola, alors qu’ils viennent de fêter leurs 18 ans. Tous les deux sans pères, ils cherchent à combler leur vie tant bien que mal (élever un enfant quasiment seul, chercher un père disparu, vivre un amour impossible, etc.) en évitant la guerre des gangs qui ravage la cité. Ce ne sera pas facile sachant que l’un est le cousin d’un parrain et l’autre amoureux de la sœur du parrain rival…entre autres…car les difficultés dans ces enfers labyrinthiques que sont les favelas ne sont pas un moindre mot, mais le quotidien des habitants. Qui dévie des codes et normes de (sur)vie dans la cité oppressante s’expose à la mort.brlunci.jpg Morelli film de façon nerveuse, caméra à l’épaule, avec des acteurs non professionnels, tant et si bien que, par moments, on pense à un documentaire qui aurait mal tourné (sans mauvais jeu de mot…). Néanmoins la mise en scène fait la part belle aux couleurs délavées et jaunies, aux flash-back incessants, aux couchers de soleil sensuels sur la baie et aux flingues rutilants. Plus porté sur l’affect des deux héros que sur les luttes intestines des bandes rivales, les séquences de gun fight relèvent néanmoins d’un chaos frénétique et d’un stress sauvage vraiment sublimes. On a toujours du mal à respirer… L’un des rares moments de détente se trouvant au début du film lorsque les gangsters en herbe (on tue souvent très jeune) se détendent en allant piquer une tête au bord des plages paradisiaques de Rio (cliché touristique avec le carnaval). Le calme avant la tempête… Comme le dit Jean-Baptiste Thoret « à force d’essayer de survivre à la misère, certains préfèrent devenir rois d’une colline plutôt qu’esclaves du monde ». Une allégorie désespérante de tous les pauvres ?

 

Sylvain Métafiot