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mardi, 28 février 2012

[Critique de Livre] - Nicolas Bouvier - L'usage du Monde

Hit the road, Nicolas


Un récit de voyage à faire pâlir Kerouac ?

 

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En 1963 paraissait « L'usage du monde », de Nicolas Bouvier, récit d'un voyage réalisé en 1953 et 1954 entre la Yougoslavie et l'Afghanistan avec le peintre Thierry Vernet, un ami. Doté d'une écriture ciselée et poétique où les mots s'accordent de manière surprenante, Nicolas Bouvier contait dans son premier ouvrage l'Europe de l'Est, la Perse (actuelle Iran), l'Afghanistan. Dans une forme hippie ou beatnik ? Argumentaire et morceaux choisis du livre. 

 

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mardi, 07 février 2012

The perfect storm

Take Shelter, the perfect storm, Jeff Nichols, Michael Shannon, chef d'oeuvre, paranoïa,fin du monde, cauchemars, visions,tempête, thriller,folie,Sylvain Métafiot,


 " Mère, nous arrivons d'un pays sans amour / D'un pays où Dieu est absent. / Déluge en tête et crépuscule dans le sang.

La terre obscure est une planète aveugle / Malheur à elle qui s'étend si noire / sous les pieds et sous les maisons.

Elle ouvrira ses yeux ses lèves aux clameurs / Malheur à moi depuis la Genèse jusqu'à ce jour / Et le ciel est mauvais / Si lourd de nuées si mauvais / à la lèvre d'un arbre il n'offre point le lait / de sa poitrine nuageuse."


Uri-Zvi Grinberg, Le Monde sur la pente

 

Non, la récolte n’est pas si mauvaise en ce moment. En faisant son jardin dans les salles obscures on peut tomber sur un trésor enfouit entre deux navets. Ainsi, nous aurions pu parler de J. Edgar, de Clint Eastwood, qui, après le fadasse Invictus, nous offre un nouveau chef d’œuvre, baigné de lumière froide, retraçant la majeure partie de l’histoire politique des Etats-Unis à travers la figure hideuse, mais néanmoins touchante, du patron du FBI (de par son incroyable prestation Di Caprio fait incontestablement parti des plus grands, oh oui !). Mais c’est Take Shelter qui est au menu et le ragout est plus qu’alléchant.

Le pitch de départ est simple comme bonjour : Curtis LaForche (épatant Michael Shannon, déjà parano extrême dans l’excellent Bug de William Friedkin) est un ouvrier de l’Ohio, fraichement marié, qui vit paisiblement avec sa femme Samantha (Jessica Chastain, la grâce incarnée dans The Tree of Life) et leur fille Hannah (Tova Stewart), sourde et muette. Mais cette tranquillité va être rompue par les violents cauchemars de Curtis qui finissent par l’obséder jour et nuit, au point de renforcer son abri anti-tempêtes.

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lundi, 06 février 2012

Bonnet d’âne

The Detachment, Tony Kaye, Adrian Brody, bonnet d'âne, violence scolaire, lycée difficile,mauvais, démagogique,Sylvain Métafiot,

 

Une assez courte note cinématographique. Cela suffira pour dire le ratage complet qu’est The Detachment, le dernier film de Tony Kaye (réalisateur du film culte American History X), qui raconte le quotidien d’un prof remplaçant, Henry Barthes (Adrian Brody et sa tête de grosse merde désabusée), dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Après Andrew Nicol et son insupportable Time Out, voici un autre réalisateur qui déçoit (surtout de la part de Nicol). Et pas qu’un peu. Les raisons de la colère ? Le film est outrancièrement pesant, larmoyant et didactique. Il enfile les clichés aussi facilement, et avec une telle assurance, qu’une fillette à l’atelier « collier de perles » du centre aéré de Montlucon : le prof idéaliste qui va sauver une classe du désastre (sans que sa méthode miracle soit montrée une seule minute : un prodige), qui va récupérer chez lui une gamine qui fait le trottoir (sans explorer pour autant les ambiguïtés qu’une telle relation peut entraîner à la façon de Nabokov) et qui va sympathiser avec la grosse exclue du bahut qui soigne sa mélancolie en s’adonnant à la photographie lifestyle. Au-delà du fond assez démagogique entretenu par des raccords douteux (un enseignant hurle sa rage contre cette masse d’abrutis acnéiques qui n’ont ni motivation ni curiosité et devient, par la magie du montage, un avatar d’Hitler vociférant sa haine à Nuremberg : quelle subtilité) le film procède d’un style documentaire énervant assortit de trois tares de mises en scène : les gros plans sont récurrents et n’apportent aucune tension à l’intrigue (n’est pas Sergio Leone qui veut) pas plus qu’une empathie vis-à-vis des personnages ; des flashbacks filmés avec un filtre sépia parsèment le récit afin de nous révéler le passé torturé de cet enseignant triste mais ne réussissent qu’à alourdir l’histoire et, de fait, on se fout pas mal de sa tragédie familiale ; enfin les soliloques face à la caméra censés apporter une gageure de vérité se révèlent aussi creux que le cerveau de Nadine Morano.

 

Pour le coup le titre dit vrai : on est totalement détaché de cet objet filmique. Que viennent faire des acteurs talentueux comme James Caan ou Isiah Whitlock Jr (l’inoubliable sénateur Clay dans The Wire) dans cette galère ? A noter que le film a reçu le Prix de la Révélation Cartier, le Prix de la Critique Internationale au Festival de Deauville et le Prix du public au Festival 2 Valenciennes. Rien de plus normal : c’est un film d’auteur pseudo intello qui plonge au cœur de la réalité de la violence scolaire et dénonce le système qui bla bla bla…

 

Le film se pare de prétentions intellectuelles qu’il n’atteint même pas du bout du pied. Ainsi, il flatte le cinéphile cultivé en lui balançant des références littéraires de qualité (oh Albert Camus en introduction – miam ! – puis George Orwell – merveilleux ! – et enfin Edgar Allan Poe – je jouis !) mais sans réellement les exploiter et, pire, en les galvaudant allégrement. Je ne vais pas revenir sur l’instrumentalisation à outrance de 1984 de nos jours (même si les références à la novlangue, à la doublepensée, au télécran ou à Big Brother sont parfois justifiées. Et encore… avec parcimonie) mais Kaye gâche la seule bonne idée de son film lorsqu’il ne fait que survoler la métaphore contenue dans le poème de Poe à la fin de son film. Comme un élève trop sûr de lui qui esquisserait un pan de sa réflexion dans la conclusion d’une dissertation. Note : zéro pointé !


 

Regardez plutôt La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld.

 

Sylvain Métafiot