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lundi, 05 décembre 2011

« La philosophie contemporaine permet une perméabilité des problématiques et des discussions »

Interview de Raphaël Enthoven


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A la suite de la conférence « Peut-on se construire sans frontières ? », Raphaël Enthoven a bien voulu répondre à nos questions. 

 

 

On sait que vous appréciez certains philosophes morts tels que Spinoza, Montaigne, Bergson… mais quel regard portez-vous sur la nouvelle philosophie, la philosophie contemporaine ?


Je crois qu’il n’y a aucune spécificité à la philosophie contemporaine sinon le fait qu’être philosophe aujourd’hui à trente ans c’est avoir reçu une formation hors d’un cadre idéologique qui était celui de l’avant chute du Mur de Berlin. A cet égard, il y a une perméabilité des problématiques et des discussions à laquelle nos prédécesseurs n’avaient pas droit. L’inconvénient de cela (mais je ne suis pas sûr que ce soit un inconvénient d’ailleurs) c’est le fait que l’on ne peut pas constituer un groupe. L’avantage c’est que ce sont des singularités qui prospèrent chacune dans son registre. Et puis, il faut saluer le fait qu’il y a aujourd’hui, quasiment à part égale, autant de philosophes femmes que de philosophes hommes, même si la philosophie n’a pas de sexe. C’est un renseignement sur l’égalité de l’accès à la culture.


Des philosophes ou des professeurs de philosophie ?


Des profs de philo, des philosophes également. Ils sont nombreux. Par exemple, il y a Cynthia Fleury qui est une philosophe remarquable, Elisabeth de Fontenay, Sylviane Agacinski, etc. Il y en a plein et des femmes autant que d’hommes désormais, ou presque. En soi, c’est très bien même si cela ne change rien à la teneur des idées car celles-ci n’ont pas de sexe. C’est l’un des signes distinctifs de l’époque.

 

[A noter que la question portait, en réalité, non pas sur l’aspect quantitatif des dépositaires contemporains de la philosophie mais sur la déploration, vrai ou fausse, qu’il existe moins de véritable philosophes ayant élaborés une pensée originale que de « simples » professeurs de philosophie, aussi doués soit-ils]



Portez-vous un jugement, comme Deleuze en son temps sur les Nouveaux philosophes (« Leur pensée est nul »), sur certains philosophes d’aujourd’hui ?


Non car c’était un contexte tout à fait différent. Quand Deleuze a dit ça c’est à l’époque de l’émergence de la gauche antitotalitaire et Deleuze disait « leur pensée est nul et ils sont débiles parce qu’ils disent quelque chose que nous on savait déjà ». Mais Deleuze est de mauvais foi quant il dit cela car il dit « moi j’avais lu Soljenitsyne », oui, mais il était le seul. Donc les Nouveaux philosophes [Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, Jean-Paul Dollé, Jean-Marie Benoist, Gilles Susong] ont popularisés le paradoxe selon lequel on pouvait être de gauche tout en étant attaché à la démocratie et à sa veuve, c’est-à-dire l’économie de marché. De ce point de vue, les Nouveaux philosophes ont eu un rôle, à mon avis, important. L’inconvénient est que je ne suis pas sûr qu’ils aient été à la hauteur du rôle qu’ils avaient. Mais je ne juge personne, je n’étais pas là et je ne connais pas d’équivalent aujourd’hui.

 

 

Parmi les nouveaux philosophes, enfin… les philosophes d’aujourd’hui, quels sont ceux, ou celui, qui semblent les plus prometteurs ? Les jeunes qui sortent de Normal Sup ?


Clément Rosset ! Il sort de Normal, il a 75 ans, il est totalement prometteur et je vous assure que ses textes n’ont pas pris une ride.

 

 

Interview réalisée par Sylvain Métafiot

Prise de son par Emeline Rouy


Article également disponible ici.

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