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samedi, 21 mai 2011

La triste réalité des violences faites aux femmes

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Alors qu’un individu rend visite à son ex-épouse et ses trois enfants, âgés de 3 à 12 ans, il porte à celle-ci une quarantaine de coups de couteau et l’égorge sous les yeux des enfants. L’auteur, qui n’avait pas accepté la séparation, aurait agi pour le respect de son honneur.

Ce cas est loin d’être isolé. En 2008, en France, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon, soit un décès tous les deux jours et demi. Je ne connais pas les statistiques aux Etats-Unis, ni à New-York en particulier, donc restons concentré sur l’Hexagone…

Pour la seule période 2005-2006, l’Observatoire national de la délinquance estime que 410 000 femmes ont fait l’objet de violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Comme Anna, 35 ans : « Nous vivions ensemble depuis sept ans. Les violences verbales ont commencé au début de ma grossesse. Il a tout fait pour m’éloigner de mes amis et de ma famille. Je n’avais pourtant rien à me reprocher. Lorsqu’il m’a frappé pour la troisième fois, je me suis enfuie avec mon enfant. […] »


Mais seulement moins de 10 % d’entre elles portent plainte contre leur partenaire. Un silence qui peut s’expliquer par les liens de dépendance affective dont il est parfois très dur de se défaire, par la honte et par la peur : peur de la réaction de l’entourage, peur de mettre en péril l’équilibre familial, peur de se retrouver à la rue. La victime passe parfois pour coupable…

« Nous nous étions mariés par amour. Quelque temps après, il m’a séquestrée à la maison et frappée. Il m’a violée et m’a forcée à avoir des relations sexuelles que je ne voulais pas. J’étais couverte de bleus. Après m’avoir frappée, il fermait la porte à clef et partait. Il menaçait de bloquer mes papiers. Je voulais lui donner une chance encore, parce que je l’aimais. Aujourd’hui, je suis accueillie dans un centre d’hébergement d’urgence, sans pouvoir en sortir. Mon mari continue à me menacer et cherche à me récupérer. Il a escaladé la façade. Il attend dehors. Quand je sais qu’il est là, je tremble comme une feuille. Ce que je veux aujourd’hui, c’est retrouver mon fils. » Sherine, 31 ans.

 

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Mais les violences conjugales ne sont pas les seules violences faites aux femmes. Alors que toute mutilation sexuelle féminine constitue une pratique d’une violence terrible contre les femmes, l’excision reste un sujet tabou sur lequel beaucoup d’entre elles hésitent à s’exprimer. Authentique violation des droits fondamentaux des femmes et des petites filles qui la subissent, les mutilations sexuelles féminines peuvent provoquer des dommages psychologiques et physiques irréversibles voire entraîner la mort. En effet, si la loi française considère l’excision comme une atteinte à la personne passible de 10 à 15 ans d’emprisonnement, elle ne met les fillettes à l’abri ni des mutilations clandestines, ni des mutilations opérées lors d’un séjour temporaire dans leur pays d’origine.

 

Deux autres formes d’atteinte à l’intégrité des femmes sont la traite des être humains et les mariages forcés. De fait, qu’apprend une adolescente le jour de ses noces obligées ? Que son corps et sa vie ne lui appartiennent pas. S’ensuivront, le plus souvent, des viols, des grossesses non désirées, des pressions diverses, des séquestrations… Comme le prouve ce témoignage édifiant : « F. a été recrutée par un homme qu’elle prenait pour son petit ami, qui lui promet un emploi dans un pays voisin. Une fois la frontière passées, le « petit ami » s’absente, et entre cinq et sept hommes s’introduisent dans la chambre d’hôtel. Ils lui feront subir des viols répétés, assortis de violences physiques et menaces, jusqu’à ce qu’elle n’oppose plus aucune résistance. Elle sera alors vendue une première fois, puis une seconde, la vente ayant lieu devant elle. »

 

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Bien que la prise en charge des victimes se soit considérablement professionnalisée ces dernières années, les moyens mis en œuvre par l’Etat restent largement insuffisants. Si on ajoute la disparité territoriale des réponses pénales apportées, comment s’étonner que les femmes se sentent souvent découragées devant ce qui leur apparaît comme un véritable parcours du combattant, et que les démarches à entreprendre pour avoir accès à la justice leur semblent lentes et complexes. Ces carences sont particulièrement criantes lorsqu’elles touchent des femmes étrangères en situation administrative précaire, par définition moins informées et donc plus vulnérables.

Un dernier témoignage : « J’ai tenté de prouver sa violence mais c’était particulièrement difficile car il prenait soin de frapper où ça laissait le moins de traces (coups de poings dans l’estomac) et les quelques certificats médicaux que j’ai pu utiliser ne mentionnaient pas grand-chose. »

 

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Alors, une bonne fois pour toutes :

NON, les violences conjugales ne relèvent pas de la sphère privée et de l’intimité du couple.

NON, l’excision ou le mariage forcé ne sont pas des singularités culturelles qui doivent être tolérées comme telles.

NON, la traite des êtres humains n’est pas inéluctable.

 

Entre 2006 et 2009, les subventions accordées aux associations et permanences locales d’accueil, d’écoute, d’orientation et d’accompagnement des femmes victimes de violence ont baissé de près de 19%.

 

Sylvain Métafiot


Source : Amnesty International

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