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vendredi, 05 septembre 2008

Le Joker, théoricien hilare du chaos

bfjokera.jpgVous l’aurez compris, nous allons nous intéresser au dernier volet des aventures de Batman : The Dark Knight. Après la naissance du héros chauve-souris dans l’excellent Batman Begins, Christopher Nolan place la barre encore plus haute avec l’apparition du nouveau génie du mal et bad guy emblématique de la saga : le nihiliste Joker. Heath Ledger (mort d’une overdose juste après le tournage) reprend le rôle autrefois joué par Jack Nicholson dans le tout premier Batman réalisé par Tim Burton en 1989 et lui donne une dimension hallucinée et meurtrière beaucoup moins kitsch et bariolé que son prédécesseur. Son affolante prestation porte le film en reléguant au 2nd plan le mono-expressif Christian Bale. C’est dire…

L’analyse de Jean-Baptiste Thoret (il est bon ce petit) vaut le détour : « Le Joker aspire le récit vers les abîmes du chaos et théorise un monde hanté par la trouille du terrorisme, de l’horreur arbitraire et de l’apocalypse tranquille. Tourné à Chicago, The Dark Knight continue d’explorer les arcanes criminels de Gotham City, passé en deux films du style néo-baroque des années 1980 à la froideur géométrique d’une ville sous tension, en proie à une vague d’attentats meurtriers et d’assassinats en chaîne. Etats d’alerte, séquences de panique, hyperviolence du bonhomme, le Joker s’invite dès l’ouverture du film afin d’en fixer les nouvelles règles. […]

Via l’escalade de la violence entropique et irrationnelle perpétrée par un psychopathe qui doit autant à Mabuse le joueur qu’à Ben Laden le barbu. The Dark Knight enterre sur le mode tragique un rapport au Mal pré-11 septembre 2001 et qui inaugure l’ère d’une menace indéchiffrable (pourquoi ? Comment ? Dans quel but ? sont des questions qui ne traversent pas l’esprit du Joker) et imprévisible. Fini le temps de la mafia et de ses morfalous en costards Soprano, fini le temps du Bien et du Mal avec chauve-souris au centre, le Joker incarne d’emblée une menace nouvelle, amorale, gratuite qui ne vise qu’à installer pour le plaisir le spectacle d’un chaos intégral. Face à lui, un flic aussi déterminé qu’impuissant (Gary Oldman), un procureur intègre, qui finira défiguré par un désir de vengeance (Aaron Eckhart), et notre héros capé, alias Bruce Wayne, lancé comme une boule de billard tonitruante mais impuissante sur le tapis de jeu du Joker. Un triel d’individus et de forces complexes, donc, qui atomise très vite le schéma type du comics movie (very nice guy versus very bad guy) pour un attelage étrange et plutôt réussi entre une franchise à honorer, un génie du Mal et du troisième type qui parie sur la part sombre des individus (formidable séquence cornélienne de deux ferries dont les populations otages doivent choisir entre eux et les autres) et trois hommes déboussolés qui ne comprennent pas le principe de l’action démotivée. Ici, les intérêts permutent au fil des minutes, les mains propres se salissent en un coup de téléphone, les héros de la loi tombent de leur piédestal comme des mouches, les contre-attaques de Batman et consorts se transforment en opérations suicides.2008-the-dark-knight-batman-movie-poster-8.jpg

Christopher Nolan ne se limite pas au fantôme du 11 septembre qui hante son film et développe le paradoxe d’un film de superhéros [sans super pouvoirs ce qui le démarque des autres « extra-humains » de DC ou Marvel] profondément inadapté à un monde dont la logique lui es t désormais étrangère [lumineuse métaphore du majordome Alfred, magnifique Michael Caine, sur un bandit dans la jungle]. Batman s’efface à mesure que le Joker se densifie, tente d’installer à sa place un héros légitimé par la loi, ses coups d’éclat ressemblent à des coups d’esbroufe et son armada technologique ne lui confère plus aucune supériorité tactique sur son adversaire solitaire. Batman ressemble à un pompier pyromane, soit la version catastrophe d’une Amérique qui se voudrait encore providentielle, mais qui n’est plus qu’impuissante. »

Un film couleur ébène où le rire d’outre-tombe du clown fou s’apprécie en version originale. Alors, « Pourquoi autant de sérieux ? » Souriez…

Sylvain Métafiot 

 

Commentaires

 

effectivement, un très bon film, un très bon joker, mais je ne pense pas que les autres acteurs du films soient mauvais pour autant (notamment batman qui joue parfaitement son rôle )

 

Personne n'a jamais dit que les autres acteurs étaient mauvais. Mais, le Joker, d'un niveau supérieur, emporte tout sur son passage. Nuance...

 

il est vrai que tu as souligné la prestation de Aaron Eckhart (trop chiant a Ecrire lol) mais penses tu que le joker va recevoir un oscar posthume ?
Et tu m'avais dit que le joker c'était préparé 5 mois tout seul dans sa chambre c'est vrai ?

 

Soyons clair : les deux premiers Batman réalisés par Tim Burton sont excellents ! Christpher Nolan donne un nouveau souffle épique à la saga mais les deux premier opus font partie des classiques des films de superhéros notamment grâce au jeu génial des acteurs.
Le manichéisme et la simplicité cité dans l'article concernerait davantage les films suivants : Batman Forever, Batman et Robin, etc qui, pour le coup, sont de véritables daubes!
C'est vrai que Burton est en perte de vitesse aux vues de sa dernière réalisation, Sweeney todd, mais cela reste un des plus grands et imaginatifs réalisateurs contemporain, et l'un de mes préférés.

 

Connaissant la BD "The Dark Knight", je pense qu'on ne peut pas mettre sur le même plan ce dernier Batman avec les 2 premiers (qui sont eux aussi excellent).

Dans cette BD, M Wayne à 50 ans (ce qu'il ont raté dans le film, mais c'est pas trop grave), il est blasé et s'est peu à peu transformé en justicier pour sa propre vengeance plus qu'en justicier altruiste (ce qui a été parfaitement réussi), ce qui explique le coté sombre de ce film et l'absence de délimitation franche entre le Bien et le Mal (contrairement aux précédents Batman qui suivent le comics d'origine)

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