lundi, 13 février 2017
Le rire du Malin : The Strangers de Na Hong-jin
Article initialement publié sur Le Comptoir
Dans la petite ville de Gokseong d’étranges meurtres sont commis : les habitants semblent atteints d’une frénésie barbare qui les fait s’entretuer sans raison apparente. Jong-gu, officier un peu pataud, soupçonne un Japonais reclus dans la forêt d’avoir empoisonné la population au point de la rendre démente.
Fasciné par les jeux de pistes dans lesquels s’abîment les tourments humains, Na Hong-jin fait partie de cette nouvelle vague de réalisateurs (avec Kim Jee-woon, Bong Joon-ho et Park Chan-wook) qui redéfinit radicalement les contours du cinéma sud-coréen, en imposant une violence formelle que l’on croyait réservée aux productions japonaises de Takashi Miike, Shinya Tsukamoto ou Sono Sion. The Chaser, son premier long-métrage, figurait déjà une course contre la mort face à un tueur en série dans un Séoul interlope et poisseux. The Murderer, son film suivant, collait aux basques d’un travailleur pauvre pris en chasse par la mafia locale et les autorités chinoises.
The Strangers est quant à lui tout simplement magistral dans sa manière de nouer les genres (le burlesque et l’épouvante, le polar et le fantastique) : le ton oscille constamment entre la comédie bouffonne et l’horreur pure, perturbant autant les repères des spectateurs que ceux des personnages. D’où la confusion mentale de l’antihéros qui de simple flic menant sa petite enquête voit toutes ses certitudes, et notamment son rôle de père, voler en éclat sous l’effet de la confrontation au Mal. Contamination, possession, destruction : la vision apocalyptique de Na Hong-jin se décline au pluriel, accentuant l’effroi visuel d’un labyrinthe de ténèbres qui ne semble épargner personne.
Sylvain Métafiot
00:33 Publié dans Cinéma | Tags : le comptoir, sylvain métafiot, le rire du malin, the strangers, na hong-jin, polar, fantastique, épouvante, burlesque, gokseong, jong-gu | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 31 décembre 2016
Cimes cinéphiliques 2016
Qui succède à Il est difficile d'être un dieu d'Alexeï Guerman au titre de meilleur film de l'année ? La réponse dans notre habituel top 10, suivi de son flop 10 tout aussi subjectif.
Au sommet cette année
1) Ma Loute de Bruno Dumont : Grand film de déséquilibrés, mélange génial de l'absurde et du burlesque, de l'humour noir rouge pétant et du bleu azur mystique.
2) The Assassin d'Hou Hsiao-hsien : À force de films sociaux grisâtres et de blockbusters saturés de CGI on avait presque oublié que le cinéma pouvait atteindre des sommets de beauté picturale.
3) Everybody Wants Some !! de Richard Linklater : Parenthèse enchantée d’une jeunesse maladroite et nonchalante filmée d'un regard nostalgique et bienveillant.
4) The Strangers de Na Hong-jin : Le tourment horrifique d'une pauvre âme confronté au Mal, prise au piège d'un tourbillon de noirceur entre nature et civilisation, burlesque et fantastique, démons et fantômes.
5) Mademoiselle de Park Chan-wook : La délicieuse et perverse réconciliation entre les infortunes de la vertu coréenne et les prospérités du vice japonais.
20:27 Publié dans Cinéma | Tags : top 10, flop 10, sylvain métafiot, cimes cinéphiliques 2016, homeland : irak année zéro, abbas fahdel, le garçon et la bête, mamoru hosoda, peur de rien, danielle arbid, high-rise, ben wheatley, la mort de louis xiv, albert serra, les huit salopards, quentin tarantino, poesía sin fin, alejandro jodorowsky, mademoiselle, park chan-wook, the strangers, na hong-jin, everybody wants some !!, richard linklater, the assassin, hou hsiao-hsien, ma loute, bruno dumont | Lien permanent | Commentaires (3)