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mercredi, 03 juillet 2019

Extinction programmée : Un monde en voie de disparition, les paysans

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Après un 1er numéro s’attaquant à « La French Theory et ses avatars » (2009), un 2e analysant la domination de « La culture de masse » (2011) et un 3e numéro consacré à l’étrange fascination qu’exerce le philosophe Martin Heidegger (2012), l’excellente revue {L’Autre Côté} revient enfin dans les librairies avec une 4e publication se posant la question suivante : que reste-t-il du monde paysan français au XXIe siècle ? Et peut-on encore parler de paysans ? La campagne – pour reprendre le titre d’un des articles – existe-t-elle encore en France ou est-elle dévorée par l’extension des zones pavillonnaires ?

 

Sous l’égide de Bernard Charbonneau et d’Henri Mendras, Séverine Denieul rappelle, dans son éditorial, que « c’est l’abandon de ce qui avait constitué, pendant des millénaires, l’univers paysan qui lui a fait perdre son identité, à savoir, principalement, sa relation avec la terre et les animaux domestiques ». Le XXe siècle a été celui de la lente désintégration du monde agricole : en France, « en 1911, la population vivant de l’agriculture représentait 38 % de la population totale (soit 32 millions d’habitants) tandis que la population rurale était estimée à 22,1 millions (soit 56 % de la population) ; en 2015, les agriculteurs n’étaient déjà plus que 710 000, soit 1 % de la population. »

 

S’en suivent une réflexion de l’écrivain Marc Badal sur la signification de l’expression « mondes paysans » et de la perte de toutes les connaissances, coutumes et valeurs que la disparition de cette antique société entraîne ; une analyse de Jocelyne Porcher (auteur de Vivre avec les animaux, 2011) concernant l’élevage en France à rebours du mouvement vegan ; l’entretien avec deux éleveurs du Cantal, Pierre-Jean Mazel et Jérôme Planchot, ainsi que l’interview de Xavier Noulhianne, éleveur-fromager très au fait de l’évolution des normes sanitaires et de l’agriculture biologique. Emmanuel Ferrand aborde quant à lui le secteur de l’agriculture urbaine à travers son expérience au sein de l’association La Générale (Paris 11e). Enfin, Emmanuel Boussuge nous fait parcourir, photos à l’appui, la vallée de Brezons dans laquelle nombre de linteaux témoignent d’un art populaire et rural encore vivant.

 

Sylvain Métafiot

mercredi, 22 novembre 2017

Habiter le temps et l’espace par Bernard Charbonneau

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Penseur fondamental de l’écologie politique, ami de longue date de Jacques Ellul avec lequel il s’engagea dans la mouvance personnaliste, Bernard Charbonneau décrit dans L’homme en son temps et en son lieu, comment l’accélération du temps et la concentration de l’espace mettent à mal la liberté humaine. Une critique radicale du système technicien et du développement industriel à l’époque soi-disant bénie des “Trente Glorieuses”. Enrégimenté dans la civilisation techno-industrielle, l’homme moderne, mû par une soif de vitesse, cherche inlassablement à gagner du temps, à fuir le présent, se cognant aux murs d’une société surpeuplée et dépersonnalisante dans laquelle l’espace vital réel s’amenuise dangereusement : « Dans un monde toujours plus uniforme, nous sommes condamnés à être de plus en plus superficiels. »

 

Alors qu’un certain nombre de ses ouvrages restent encore inédits, il faut rendre grâce aux éditions RN d’avoir exhumé ce texte, rédigé en 1960, d’une brièveté inversement proportionnelle à la densité de sa prose. À sa lecture c’est une évidence : penseur d’une rare érudition, Charbonneau n’en était pas moins poète. Son écriture est portée par un souffle lyrique venu des âges anciens. Rares sont les penseurs de cette trempe qui savent allier les références historiques, bibliques et littéraires à l’analyse sociologique complexe avec une telle aisance.

 

Et si certains doutent encore de la puissance imagée de sa langue, voilà de quoi balayer leur méfiance : « Qui prend son temps, en découvre dans cet arrêt le mouvement : l’individu trop pressé ne peut plus mesurer la profondeur de l’urgence. Et qui savoure l’instant sait bien que l’amertume de sa fragilité en est le sel ; il nous atteint si vivement parce que sa douleur nous blesse ; sa lumière est éblouissante parce qu’elle est celle d’un éclair. La conscience seule donne toute sa force à l’instant en nous éveillant à sa présence, mais elle nous apprend qu’il passe, et de ce mouvement il vit. Ainsi, pas plus que le Ciel ne détruit la Terre, l’Éternité ne détruit l’instant ; elle est le sang qui anime sa chair, l’esprit dont son corps frémit. »

 

Sylvain Métafiot

vendredi, 30 juin 2017

Thomas Bourdier : « La vraie subversion des auteurs réside dans leurs paradoxes »

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

En créant la maison d’édition RN, Thomas Bourdier souhaitait regrouper une pléiade d’écrivains, d’essayistes, de poètes et de philosophes hors normes trop vite enterrés par le conformisme littéraire. Un travail d’exhumation des grandes œuvres oubliées du XXe siècle, permettant de remettre en pleine lumière la puissance intemporelle d’écrits aussi remarquables que ceux de Simone Weil, Pierre Drieu la Rochelle, Bernard Charbonneau, Robert Musil, Oswald Spengler, Miguel Espinosa, Ludwig Klages ou Miguel de Unamuno.

Le Comptoir : Pourquoi monter une maison d’édition aujourd’hui alors que le secteur semble plutôt moribond ?

Thomas Bourdier profil.jpgThomas Bourdier : Je tiens à préciser que le critère qui a présidé à la création de RN n’était heureusement pas économique. C’était plus simplement la volonté forte d’éditer, publier et promouvoir des textes que nous aimons et des auteurs que nous admirons, comme c’est le cas, j’espère, pour tout éditeur qui se respecte. Et puis faire quelque chose qui a du sens, qui s’inscrive dans une filiation, qui n’est pas voué à disparaître en même temps que l’époque qui l’a vu naître… Soren Kierkegaard a dit qu’« on ne se lasse que du nouveau » ; un sentiment que nous partagions, en ces temps de publications hâtives et de changement perpétuel.

 

Concernant la santé économique du secteur, je ne pense pas que votre constat soit si fondé que ça : si l’on regarde attentivement le marché dans lequel nous nous insérons, plutôt haut-de-gamme, cela reste encourageant. Disons que ça fonctionne, assez pour tenter des choses à la fois folles et sensées. Il y a et aura toujours ce noyau de grands lecteurs auxquels nous nous adressons et auxquels s’adressent des maisons qui nous inspirent telles que Le bruit du temps d’Antoine Jaccottet, les Éditions de l’éclat de Michel Valensi, les Éditions Pierre-Guillaume de Roux, la collection de Jean-Claude Zylberstein aux Belles Lettres ou encore Allia, dont nous apprécions l’esprit entrepreneurial. Anatolia aussi, de Samuel Brussell, même si la collection n’existe plus. Si l’on ne croit pas à l’existence de ce noyau, alors on peut tourner la page de l’édition traditionnelle tout de suite…

 

Je crois qu’il y a surtout un renouvellement du paysage éditorial français qui est en cours, et que c’est le moment de se lancer, si l’on sait où l’on veut aller. Après la mort de grands éditeurs (Dimitrijevic, Maspéro, Pauvert, Bourgois, etc.), on a en effet assisté à une fin de cycle. Certaines maisons ont, je crois, eu du mal à gérer cette fin de cycle, à renouveler ou à mettre en valeur l’entièreté de leurs catalogues, presque trop riches, ce qui renforce d’ailleurs ma conviction qu’une maison d’édition, c’est avant tout une personnalité, plus qu’une entreprise. C’est la ligne éditoriale, l’énergie et la vision qui priment sur tout le reste. Il y a beaucoup à reprendre dans ce vivier de titres épuisés et à intégrer une ligne nouvelle où l’on trouve aussi de nombreux inédits, afin que et les uns et les autres se soutiennent et créent des constellations éditoriales originales. C’est dans ce cadre que nous souhaitons nous insérer, avec mon ami et associé William Allais. Je précise que notre envie est pré-macronienne et que nous savons que nous avons tout de même peu de chances de devenir milliardaires à travers RN…

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mercredi, 14 septembre 2011

Eloge de l’EdN

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« Comme passent une époque et sa chance,

La mémoire cherche à renouer

Le fil du temps

Pour sortir

Du

Labyrinthe de

Trouble et de griefs

Dont le suspens d’une révolution

Inachevée prolonge indéfiniment les détours »

Discours préliminaire de l’Encyclopédie des Nuisances (novembre 1984)

 

EdN ou Encyclopédie des Nuisances : certainement l’entreprise intellectuelle et éditoriale la plus élaborée, la plus revigorante, la plus ébranlante de ces vingt-cinq dernières années. Sous l’égide de Jaime Semprun (bien moins connu que son père Jorge mais non moins doué quand à la qualité d’écrivain) et inspirés par l’Internationale situationniste, l’EdN a fait paraître une quinzaine de fascicules entre 1984 et 1992, avant de devenir une maison d’édition en 1991. Il est à noter que tous les ouvrages sont composés sur linotype avec des caractères de plomb : une merveille d’impression.

 

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Le projet de l’EdN et de sa maison d’édition ? La recension des nuisances, tant physiques que spirituelles, de notre monde moderne pour mieux les affronter dans une lutte à mort. Notamment, un combat féroce contre la technique, le capitalisme, le spectacle, le gauchisme, l’écologisme, le citoyennisme, et autres tares contemporaines. L’EdN cultive un brio pamphlétaire à travers l’exigence intellectuelle, la rigueur historique et le refus pur et simple de tout compromis avec le système médiatique et institutionnel : pas d’interviews, pas d’honneurs, pas de partenariats, pas de photos, pas de pub, etc. En somme, et pour reprendre les propos d’Annie LeBrun sur le peintre surréaliste tchèque Toyen qui s’accordent parfaitement à la volonté combative de Jaime Semprun et ses compagnons, l’EdN représente « la volonté intransigeante de ne pas se rendre ». Annie LeBrun qui partage une certaine analogie de pensée avec l’EdN, sans jamais y avoir pourtant participé. Soyons tout de même prudent avec certaines filiations…

 

Mais arrêtons de vouloir paraître aussi majestueux que le Roi. C’est peine perdue. La meilleure définition du projet de l’EdN demeure encore dans son propre prospectus, édité en septembre 1984 :

 

« À la différence de celle qu’inspirent régulièrement le marché de l’édition ou l’idéologie d’État, notre Encyclopédie ne se prétend nullement l’héritière et la continuatrice du vieux projet des encyclopédistes du XVIIIème siècle. Le seul rapport qu’elle souhaite entretenir avec l’aspect positif de leur entreprise de recensement, c’est d’en renverser le sens, aussi radicalement que l’histoire à renversé celui du progrès matériel qui portait leurs espoirs. Ainsi, pensons-nous d’ailleurs redonner tout son emploi historique à la négation passionnée des chaînes de la superstition et de la hiérarchie qui animait ce qui n’aurait été sans elle qu’un bien morne catalogue. Dans cette perspective, seul un véritable Dictionnaire de la déraison dans les sciences, les arts et les métiers peut-il constituer aujourd’hui la matière d’une Encyclopédie digne de ce nom.

L’existence des nuisances étant constatée, elle n’appelle que trop rarement les conclusions qui s’imposent : parce qu’elles ne sont pas comprises dans leur extension (bien au-delà de la seule pollution industrielle) ni dans leur unité (comme production centrale d’une société en guerre contre ses propres possibilités).

Il importait donc de présenter sous un jour véridique les efforts incessants qu’accomplissent ces envahissantes conséquences de leurs actes pour persuader les hommes de la puissance qu’ils ont acquise et les convaincre que leurs déboires ne doivent rien qu’à eux-mêmes. Car à travers les plus horribles méfaits d’une production fièrement émancipée de tout ménagement pour un quelconque équilibre naturel comme pour toute harmonie ancienne d’un milieu humain, c’est encore la liberté possible d’une époque qui erre désastreusement, et qui précipite dans le malheur historique ce qui se maintenait encore hors du champ de l’activité humaine ou ce qui se perpétuait d’un passé qui fut meilleur. Voilà une réussite dont cette organisation sociale ne se vante pas, et c’est pourtant la seule incontestable. Nous allons tenter de lui donner la publicité qu’elle mérite, sans pour autant avoir la faiblesse de croire qu’en aidant par ce moyen nos contemporains à admettre qu’ils font, pour leur malheur, de part en part leur monde, nous pourrions en quelque sorte les contraindre à le faire librement : qui recherche la liberté pour autre chose que pour elle-même mérite la servitude.

Ainsi on ne trouvera pas ici un vulgaire inventaire des sujets de lamentation. Les gémissements écologistes de cette époque ne sont que des sophismes. Demander à l’Etat aide et protection revient à admettre par avance toutes les avanies que cet Etat jugera nécessaire d’infliger, et une telle dépossession est déjà la nuisance majeure, celle qui fait tolérer toutes les autres. Le problème n’est même pas que les gens aient ou non la capacité de gérer eux-mêmes directement l’organisation existante des forces matérielles, car cette gestion ne saurait de toute façon être meilleure que ce trouverait à gérer, mais qu’ils acquièrent la capacité de juger tout cela, pour pouvoir le transformer au nom de besoins plus riches, excédant le cadre actuellement imposé à l’usage de la vie. Dans ce but, il nous semble urgent de reconstruire les bases du jugement autonome des individus sur leur monde, au premier rang desquelles se trouvent la mémoire historique et le langage, critique ou poétique, de la vie réelle. L’un des paradoxes de notre situation est que, dans l’actuelle décomposition de la société – cause et effet du renforcement permanent des contrôles étatiques et marchands –, il nous faut à la fois développer une critique qui mène au-delà de cet état de choses et reprendre à notre compte, préciser et approfondir, certaines qualités et valeurs que la bureaucratisation elle-même anéantit et qu’il avait semblé auparavant possible de directement dépasser dans l’abondance d’une construction libre de la vie.

Nous sommes ainsi, de quelque façon que l’on veuille nous considérer, d’une autre époque. Il ne dépend pas seulement de nous que cette époque soit en fait la prochaine, mais tout ce qui sera critiqué ici le sera cependant du point de vue de la liquidation sociale des nuisances matérielles et intellectuelles, pour reconstruire un tel point de vue, dont l’organisation présente de l’inconscience historique se croit prématurément débarrassée.

“Jamais il n’a été aussi difficile de comprendre le monde“, proclame avec outrecuidance une des publications aux prétentions encyclopédiques qui se font fort de l’expliquer à ses malheureux habitants. Quand à nous, nous ne proposons rien de tel, mais seulement de rendre concrètement sensible comment ce monde contient toujours la possibilité historique d’être transformé de fond en comble, pour devenir ainsi compréhensible par l’abolition des bases sociales du secret hiérarchique et du savoir spécialisé ; et comment il nie et combat cette possibilité. »

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Que l’on soit d’accord ou non avec les multiples regards ultra-critiques que l’EdN pose sur notre société industrielle et marchande n’est pas fondamental. L’important est de sentir un frisson nous parcourir l’échine qui explose en un violent électrochoc mental lorsque certaines de nos convictions les plus profondes sont rageusement mises à terre et allégrement piétinées par une puissance rhétorique inouïe mêlant une beauté de la langue (certainement la plus sublime qu’il nous est donné de lire dans le florilège des essais contemporains) et une pertinence argumentative acérée. Dans son prospectus, les éditions de l’EdN sont fière de publier des auteurs trop méconnus car essentiels (George Orwell, Miguel Amoròs, Günther Anders, Baudouin de Bodinat, Bernard Chardonneau, Jacques Fredet, Sophie Herszkowicz, Jean Levi, William Morris, René Riesel…) et autant fière, si ce n’est plus, de NE PAS publier d’autres auteurs beaucoup trop surestimés et surmédiatisés : Giorgio Agamben, Alain Badiou, Louis Althusser, Pierre Bourdieu, Michel Onfray, Roland Barthes, Jacques Derrida, Alain Finkielkraut, Antonio Negri, Jacques Rancière, Slavoj Zizek…

 

Une exigence éditoriale et une qualité intellectuelle que l’on retrouve dans la revue philosophique {L’autre côté}, à laquelle participe Jean-Marc Mandosio, une des figures majeures de l’EdN.

 

Mais comment rendre compte de cette constellation de libres-penseurs sans se vautrer dans le galvaudage, le contresens, la flagornerie, le poncif, la cuistrerie et autres tares de scribouillards contemporains (dont il serait bien prétentieux de s’exclure) ? Peut-être en citant l’hommage magnifique que Jean-Luc Porquet consacra à Jaime Semprun, dans Le Canard Enchaîné, lorsque celui-ci mourut en août 2010 : « Jaime Semprun était de ceux qui disent non. Qui sont contre. Pour qui la critique sociale est une nécessité vitale. […] On n'arrête pas le « progrès » ? Jaime et ses amis l'analysaient, perçaient son bluff, s'inscrivaient contre le nucléarisme, contre le TGV et son despotisme de la vitesse, contre la Très Grande Bibliothèque, contre les éoliennes, etc. Et argumentaient. Dans le camp d'en face, rien d'autre qu'une pensée magique (« Le progrès, c'est forcément bien ») et l'increvable mystique de la croissance. Chez eux, l'exercice de la raison, le déboulonnage des idoles, la volonté d'en finir avec la fausse conscience généralisée. […] Semprun avait l'exécration généreuse. Et BHL, Sollers, les insurrectionnistes-qui-viennent, les citoyennistes, tous des jean-foutre à ses yeux. […] En dehors, secret mais doué pour l'amitié, polémiste sans être sectaire, il était la rectitude même: irréductible. »

 

Peut-être également en laissant parler les auteurs publiés en reproduisant, en partie, le catalogue de l’Encyclopédie des Nuisances (2009).

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