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samedi, 22 décembre 2018

Feu aux fêtes

 

« C’était l’explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d’une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort. »

Charles Baudelaire

~

« Meilleurs vœux !
Nous sommes parvenus à l'insupportable Noël [...], fête stupide et irréligieuse. 
Meilleurs vœux aux fabricants de cadeaux païens ! Meilleurs vœux aux industriels charismatiques qui produisent des étrennes toutes semblables !
Meilleurs vœux à qui mourra de colère dans les embouteillages du trafic automobile et, peut-être, insultera chrétiennement ou poignardera chrétiennement celui qui aura osé le dépasser ou qui aura donné un coup sur le derrière de sa sainte Fiat 600 !
Meilleurs vœux à qui croira sérieusement que l'orgasme qui l'agitera - l'anxiété d'être présent, de ne pas rater le rituel, de ne pas pouvoir accomplir son devoir de consommateur - sera un signe de fête, de joie !
Mes vœux véritables, je veux les présenter à ceux qui sont en prison, quoi qu'ils aient pu avoir fait (excepté les fascistes habituels, du petit nombre qui s'y trouvent) ; il est vrai qu'il y a beaucoup de malheureux en liberté, autrement dit, beaucoup qui ont besoin de vœux véritables toute l'année (nous tous, au fond, parce que nous sommes précisément de pauvres êtres humains marchant à tâtons, avec toute notre assurance et notre sourire présomptueux). Mais je choisis les prisonniers, pour des raisons polémiques, outre qu'en vertu de certaine sympathie naturelle découlant du fait que, le sachant ou ne le sachant pas, le voulant ou ne le voulant pas, ils demeurent les uniques vrais contestataires de la société. Ils appartiennent tous à la classe dominée, et leurs juges appartiennent tous à la classe dominante. »

Pier Paolo Pasolini

mercredi, 12 décembre 2018

Jean-François Rauger : « Sergio Leone a engendré un genre dont il a inventé l’essentiel de l’esthétique »

Jean-François Rauger,Sergio Leone, Sylvain Métafiot, Le Comptoir, Il était une fois en Amérique, Le bon la brute et le truand, western spaghetti,

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Ses films sont vus et revus avec le même enthousiasme depuis 60 ans, il a inspiré des dizaines de cinéastes à travers le monde, ses personnages sont devenus des icônes de la culture populaire, sa mise en scène est étudiée dans toutes les écoles du cinéma, ses gros plans mille fois reproduits, et la musique de son ami Morricone résonne dans le cœur de toute une génération de spectateurs. À travers seulement sept films, Sergio Leone, longtemps méprisé par ses pairs, ne s’est pas contenté de réanimer avec panache un genre essoufflé, celui du western. Il a démontré que le cinéma, cet art alchimique par excellence, pouvait combiner, sous l’égide d’une Amérique fantasmée, la violence lyrique la plus stylisée avec une sensibilité intimiste et morale extrêmement raffinée. À l’occasion de l’exposition et de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française nous nous sommes entretenu avec son directeur de la programmation, Jean-François Rauger.

Le Comptoir : C’est aujourd’hui entendu, Sergio Leone est un grand parmi les grands. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au début des années 60′, « Western spaghetti », avant d’être un étendard revendiqué, était une insulte proférée par des critiques n’acceptant le renouveau tapageur et moderne d’un genre qu’ils considéraient comme exclusivement américain. Pourquoi une telle levée de boucliers ?

Jean-François Rauger : Il y a eu un soupçon pesant sur la légitimité du western italien comme un genre détaché de toute racine culturelle. Mais pourquoi le cinéma ne pourrait-il pas, justement, trouver d’autres racines culturelles que celles légués par une certaine Histoire et une certaine géographie ? Ce fut un réflexe fétichiste et mélancolique à la fois, le constat de la disparition d’un moment de l’histoire du cinéma si bien incarné par le western américain et ses transformations successives. Ce fut aussi le refus de voir que la forme « dégradée » que représentait le western italien pouvait faire partie d’une forme de modernité tout comme la prédominance de la sensation sur le sens, du jeu sur la psychologie, a pu apparaître comme une forme de pornographie.

 

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