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lundi, 25 décembre 2017

Terreur sous vide : Creepy de Kiyoshi Kurosawa

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Si le Diable se cache dans les détails, le Mal, lui, se niche dans notre voisinage. C’est à travers le thème de l’horreur surgissant de la banalité que Kiyoshi Kurosawa développe l’intrigue de son dernier film : Takakura, un ancien détective devenu criminologue à l’université, emménage avec sa femme dans un quartier paisible. Alors qu’un ex-collègue lui demande d’enquêter sur la disparition inexplicable de trois membres d’une même famille, sa femme trompe l’ennui en faisant la rencontre de leur nouveau voisin, Nishino. À partir de cette situation initiale va se dérouler un jeu de piste filandreux reliant l’enquête sur les disparus, la vie privée du couple et la personnalité trouble de leur voisin. Au point de faire radicalement chavirer le quotidien le plus tranquille. Car du simple malaise peut naître le cauchemar le plus atroce, d’agréables habitations se transformer en dédales de tortures, une famille se dissoudre dans le crime comme le plastique dans l’acide.

 

Jonglant avec facilité d’un genre à l’autre, Kurosawa délaisse ainsi “l’inquiétante étrangeté” des fantômes (SéanceKairoLoftVers l’autre rive, etc.), pour le thriller horrifique où la psychologie des personnages se révèle d’une complexité malsaine (à l’instar notamment de Cure et Shokuzai). Au sein même du film, porté par une mise en scène plus suggestive qu’explicite, les registres s’entremêlent : du polar classique l’histoire sombre lentement dans une sorte de bouffonnerie macabre qui doit tout au personnage fou et manipulateur de Teruyuki Kagawa. Et si la fascination hypnotique qu’inspire le tueur est d’une perversité maladive, la véritable épouvante semble être celle des recoins de noirceurs logés en chacun qui nous font basculer, de nous-mêmes, dans les pièges tendus à notre image.

 

Sylvain Métafiot

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