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jeudi, 10 mai 2012

André Gorz : l’autonomie individuelle contre le capitalisme

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Alors que le dernier réacteur nucléaire japonais vient de fermer, et que la France s’obstine à considérer « l’atome » comme la seule voie énergétique possible (et ce, malgré la victoire des socialistes à la présidentielle), il semble urgent de revenir aux fondements de la pensée écologique et notamment à l’un des pionniers de l’écologie politique des années 70 en France : André Gorz (1923-2007).


Longtemps proche de l’existentialisme sartrien il élabore une réflexion sur l’aliénation de l’individu et la conquête de son autonomie pour se libérer du système capitaliste. Imprégné de phénoménologie et de marxisme il rejoint l’école de Francfort, et notamment Herbert Marcuse, sur la critique de la soumission de la société aux impératifs de la raison économique. Théoricien d’une auto-production de l’individu il se positionne contre le structuralisme (de par sa dénégation du sujet et de la subjectivité), les institutions (l’État, l’École, la Famille, l’Entreprise) et toute forme d’autoritarisme. À ce propos, il dénonce la dérive maoïste des Temps Modernes à partir de 1971 et démissionne du comité de rédaction en 1974. Fondeur du Nouvel Observateur en 1964, il en est écarté à cause de ses articles virulents contre le nucléaire.

 

Fer de lance d’une pensée écologique humaniste (issue de ses lectures d’Ivan Illich et de Louis Dumont) il appelle de ses vœux une « révolution écologique, sociale et culturelle qui abolisse les contraintes du capitalisme ». Rejetant l’individualisme hédoniste ainsi que le collectivisme productiviste il tente de faire advenir l’utopie socialiste la plus avancée (1974) où, selon Marx, « le libre développement de tous serait à la fois le but et la condition du libre développement de chacun ».


Il faut relire son texte sur l’idéologie sociale de la bagnole (1973) afin de repenser intelligemment notre hideuse civilisation automobile actuelle : « la bagnole a rendu la grande ville inhabitable. Elle l’a rendu puante, bruyante, asphyxiante, poussiéreuse, engorgée au point que les gens n’ont plus envie de sortir le soir. Alors, puisque les bagnoles ont tué la ville, il faut davantage de bagnoles encore plus rapides pour fuir sur des autoroutes vers des banlieues encore plus lointaines. Impeccable circularité : donnez-nous plus de bagnoles pour fuir les ravages que causent les bagnoles. »


On retiendra également sa distinction entre la pauvreté (relative car être pauvre c’est « ne pas avoir la capacité de consommer autant d’énergie qu’en consomme le voisin ». La pauvreté n’est pas la même au Mali et en Allemagne) et la misère qui est l’incapacité de subvenir aux besoins fondamentaux pour vivre : manger à sa faim, boire, se soigner, avoir un toit décent, se vêtir.

 

Un ascétisme énergétique et consumériste, ainsi que l’instauration d’une allocation universelle, seraient nécessaires pour réduire considérablement l’une et l’autre. Une certaine forme de décroissance pour sortir du capitalisme (2007).

 

A lire sur la Toile :

- André Gorz, la radicalité discrète du socialisme, par Claudio Tognonato, Sens public (2010).

- André Gorz et la dynamique du capitalisme, par Carlo Vercellone, revue papier de Sens public "Malaise dans le capitalisme" (n°11-12, octobre 2009).

- Un autre monde est possible selon André Gorz (et le logiciel libre), Framablog.

- Entretien avec Les périphériques vous parlent, par Yovan GILLES.

- Gorz et le temps choisi, un débat inachevé, par Jean-Baptiste de Foucauld, revue du MAUSS permanente (2009).

- Entretien de Christophe Fourel, à propos de son ouvrage André Gorz, un penseur pour le XXième siècle, par François Noudelmann.

 

Sylvain Métafiot


Article également disponible sur Forum de Lyon

 

Commentaires

 

L'unique question qui se pose devrait plutôt être : un monde sans argent est il possible? Ce qui mènerait inéluctablement vers une sortie du capitalisme...

Reste à savoir si ce monde sans argent arrivera avec ou sans guerre... je n'ai hélas pas beaucoup d'espoir au vu de la montée de l'extrême droite dans les pays européens...

 

Je ne suis pas sûr que le retour au troc fasse advenir un meilleur système économique.

J'avais écouté cette très bonne émission à ce sujet, éclairante en de nombreux points : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-pour-une-politique-de-l-argent-2012-01-20

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