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vendredi, 18 juin 2010

De part et d'autre de l'Atlantique (V)

Chapitre 5

 

Au bout de quelques mois, je commençais à apprécier la vie londonienne. J’avais rencontré quelques personnes avec qui passer un peu de temps. Je vivais à présent dans un appartement bien situé en centre-ville. Madame O’Connell, la gardienne de mon immeuble, me faisait un grand sourire chaque fois que je rentrais chez moi. Nos échanges n’allaient pas au-delà, je ne comprenais pas un traitre mot de ce qu’elle me disait. Elle était partie de sa province irlandaise et avait emménagé à Londres dans les années 80. Je n’avais jamais eu la curiosité de lui demander la raison de son départ. Elle ne semblait pas parler beaucoup avec les Anglais, d’où son accent à couper au couteau.


Mon anglais britannique s’était considérablement amélioré, je commençais presque à perdre mon accent d’outre-atlantique. J’aimais ça, passer d’interminables soirées autour d’un verre de rouge avec les amis rencontrés à la Tate Galery. Je n’écoutais pas toujours lorsqu’ils palabraient sur la signification d’un trait rouge traversant une toile blanche. Mes connaissances en art étaient très limitées. Je ne comprenais pas les sculptures modernes représentant des hommes coupés en morceaux, le sang coulant de leurs yeux. J’étais incapable d’apprécier le soi-disant message philosophique que proposait la photo d’une chaise posée sur une table. Je n’écoutais pas, mais l’ambiance me plaisait. Mon verre de Bordeaux à la main, je m’enfonçais doucement dans le sofa. Les paroles de mes amis se fondaient dans une espèce de brouhaha aussi agréable que soporifique. Le vague à l’âme, le cœur léger, je ne retenais pas ma tête lorsqu’elle tombait brusquement. Peter, le sculpteur de la bande, me donnait parfois un coup de coude discret qui me faisait relever la tête pour quelques minutes de plus.

 

Je n’ai jamais osé leur demander ce qu’ils pensaient de moi. Je les faisais rire m’avait dit Anna. Avais-je un réel sens de l’humour ou était-ce un rire de la complaisance ? Pour William et John, je n’en doutais pas. Mon inculture en matière artistique les horripilait au plus au point. En revanche, Peter et Anna semblaient apprécier ma compagnie. Ils savaient parler d’autre chose. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais bien avec des gens.

 

***

 

Je rentrais chez moi. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était, mais le jour qui commençait à se lever m’indiquait qu’on devait s’approcher des 6 heures du matin. Un sourire forcé à Madame O’Connell et je montai les escaliers à toute vitesse pour me couler dans mon lit. Une surprise. Je ne m’attendais pas à cela aujourd’hui, à cette heure. Vicky était là, prostrée (une description plus précise ?) devant ma porte, l’air las d’avoir attendu toute la nuit sur le palier. Je ne voulais pas la voir, pas maintenant. Vicky était belle. Elle avait de longs cheveux blonds, des yeux d’un bleu océan et une poitrine généreuse qui devait faire rêver un pas mal d’hommes dans Londres.

 

Je l’avais rencontré un soir d’ivresse au No name, un pub branché où se réunissent les  jeunes artistes londoniens. Nous étions rentrés ce soir là, dans son grand appartement où elle était en colocation avec deux copines tout aussi charmantes qu’elle. Nous avions fait l’amour selon mes capacités. Puis, l’expérience se réitéra à de multiples reprises. De huit ans ma cadette, Vicky avait pourtant une expérience sexuelle bien au-delà de ce que je pouvais imaginer.

 

Je lui pris la main, elle se dégagea furtivement. « Ne me touche pas ! Je ne veux pas baiser, juste te parler ! » Ma fatigue s’ajoutant à mon degrés d’alcoolémie ne me permettait pas de supporter la crise qui se profilait. Je n’avais jamais voulu parler avec Vicky, je me moquais de ce qu’elle avait à me dire. Dormir, voilà ce qui m’importait à cet instant. J’insérai la clef dans la serrure, ouvris la porte. Je proposai à Vicky de rentrer, elle refusa. Je n’avais que faire de ses caprices de post-adolescente en mal d’amour. Je refermai la porte derrière moi et m’effondrai sur mon lit sans même ôter mes habits.

 

Elsa Massart

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