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dimanche, 28 juin 2009

Violences policière : l’impunité de la force

 

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Le 9 mai 2008, dans l'après-midi, Abdelhakim Ajimi se rend à sa banque. Il essaie de retirer de l'argent mais le distributeur refuse l'opération. Abdelhakim s'énerve, devient agressif, le directeur de l'agence décide d'appeler la police... Un peu plus tard, Abdelhakim est rejoint à proximité de son domicile par un groupe de policiers qui tente de le maîtriser. Il semble qu'il résiste violemment... Un témoin indique que les policiers le plaquent au sol : l'un d'eux le frappe de son poing à deux reprises, un second exerce une pression du genou sur son dos, tandis qu'un troisième le tient par le cou en l'étranglant... A 16h30, Abdelhakim Ajimi meurt au poste de police de Grasse où il a été embarqué.

 


Homicides, mauvais traitements, usage excessif de la force, injures racistes, les cas de violations graves des droits humains commis, dans notre pays, par certains représentants de la force publique sont inquiétants. D'autant qu'en l'absence d'enquêtes impartiales, indépendantes et efficaces, systématiques, leurs auteurs sont exposés à des sanctions sans commune mesure avec la gravité de leurs actes ou bénéficient dans certains cas d'une impunité de fait.

 

Les dérapages peuvent arriver à l'occasion d'un banal contrôle de police. Ce fut le cas, le 25 août 2007 à Paris : Il est trois heures du matin. Evelyne et Patricia rentrent chez elle en voiture. Elles ont dîné au restaurant avec des amis. Evelyne rapporte qu'une voiture de police leur barre la route. Les policiers lui ordonnent de se rabattre dans la voie réservée aux autobus. Un agent s'approche du véhicule et accuse agressivement Evelyne de conduire dans le couloir d'autobus. Il lui demande ses papiers. Evelyne se tourne vers Patricia, propriétaire du véhicule, pour les obtenir. C'est alors que le policier l'aurait fait sortir brutalement de la voiture et l'aurait poussée contre la portière arrière. Evelyne explique qu'elle s'est mise à pleurer... sans un mot, le policier lui passe les menottes et l'emmène dans la voiture de patrouille. Patricia indique qu'elle a entendu son amie hurler que le policier la frappait à la tête... Evelyne ajoute qu'en arrivant au poste de police de la rue des Orteaux elle était blessée à la bouche, aux épaules et au dos. Elle se trouvait dans l'incapacité de marcher seule. Son chemisier était ouvert et sa poitrine partiellement découverte... Evelyne bénéficiera d'un arrêt de travail de 21 jours.

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En visite en France, Alvaro Gil-Robles (ancien commissaire aux droits de l'Homme du  Conseil de l'Europe), s'est notamment penché sur les allégations de violations des droits humains commises par des responsables de l'application des lois. Dans ces conclusions, il déclare avec vigueur : « ...Il semble qu'à l'heure actuelle ce soit plutôt un sentiment d'impunité qui domine chez les policiers. Ainsi, peu de cas de violences policières aboutissent à une condamnation proportionnelle aux faits incriminés. Les démarches se révèlent, en effet, très compliquées pour la victime et les enquêtes délicates. L'esprit de corps entre les différentes composantes des forces de l'ordre explique pour partie l'uniformisation des dépositions très souvent constatée. Dans plusieurs cas, les policiers anticipent le dépôt de plainte de la victime en déposant (eux-mêmes) plainte pour outrage et rébellion à agents. »


Aujourd'hui encore, les instances indépendantes manquent de moyens et les enquêtes menées par les organes disciplinaires de la police et l'attitude de certaines juges ou procureurs lors de l'instruction des infractions dénoncées restent très insuffisantes au regard des normes internationales en vigueur. Elles ne répondent pas davantage aux attentes légitimes de la population à l'égard d'un Etat de droit et d'une justice impartiale et équitable.


Par ailleurs, des tentatives d' « intimidation » sont exercées de plus en plus souvent à l'encontre des victimes qui s'avisent de porter plainte et des témoins qui d'aventure interviennent. Accusations de diffamation pour les uns, d'outrage et de rébellion pour les autres. Par exemple, le cas de Fatimata M'Baye : cette dernière est avocate, présidente de l'Association mauritanienne des droits de l'Homme (AMDH) et vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH). Le 11 mars 2008, un migrant mauritanien est expulsé de force par des policiers dans l'avion où elle a pris place. Fatima M'Bay proteste contre ce qu'elle considère être des mauvais traitements. Elle est arrêtée et placée en garde à vue pendant 24 heures. Des circonstances dans lesquelles elle certifie avoir été soumise à son tour à des sévices et sommée de se mettre nue. Elle en sortira profondément marquée.

 

Certes, la tâche des policiers est ardue et dangereuse. Parfois au risque de leur vie, une majorité de fonctionnaires s'acquittent de leur mission avec professionnalisme, dans le plus grand respect des volontés du législateur. Ne généralisons jamais, ici moins qu'ailleurs.

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Jacques Nicolaï, ancien commissaire divisionnaire siégeant à la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS), affirme que « Ce qui ressort, c'est le lien entre les violences et une situation d'urgence mal maîtrisée. C'est lié à une insuffisance de la formation permanente pour des fonctionnaires travaillant dans des conditions difficiles. Chez certains, ça tient à un sentiment d'impunité. La « culture du résultat », les primes « au rendement », on l'entend comme « allez-y les gars ! ». Ça c'est dangereux. Chaque fois qu'un ministre de l'Intérieur a « poussé » ses fonctionnaires, on a déploré des problèmes de violence qui dépassait la force strictement nécessaire prévue par la loi ».


Il n'en demeure pas moins que les abus scandaleux dont certains se rendent responsables - et qui augmentent en Sarkozie - doivent faire l'objet d'enquêtes exhaustives et impartiales. Il en va de la crédibilité de l'ensemble de nos instances démocratiques.


Sylvain Métafiot


Source : Amnesty International

 

 

Commentaires

 

Je m'auto-commente pour apporter des informations supplémentaires sur les violences policières à la lumière de l'actualité :

A Montreuil, un homme perd un il après un tir de flashball par la police
LEMONDE.FR | 12.07.09 | 16h34 Mis à jour le 12.07.09 | 17h42

Joachim Gatti est un réalisateur de 34 ans, impliqué depuis plusieurs années dans les activités de "La clinique occupée", à Montreuil (Seine Saint-Denis). Un site ouvert, à la fois salle de projection, centre d'information sur les droits sociaux et espace de débat, installé dans une ancienne clinique. Mercredi 8 juillet, les lieux ont été évacués par la police.

Pour protester contre cette expulsion, Joachim et les résidents décident d'organiser, mercredi soir, une fête à l'entrée de la rue piétonne du quartier Croix-de-Chavaux. Ils souhaitent interpeller les riverains sur leur situation. La police pense qu'ils veulent réinvestir la clinique. En début de soirée elle intervient, procède à trois arrestations et tire au flashball pour disperser les participants. Joachim Gatti est emmené à l'hôpital de l'hôtel Dieu, le visage en sang. Il vient de perdre son il droit.


"BRUTALITÉ POLICIÈRE"

Selon la préfecture, citée par l'AFP, les "squatters" ont tiré des projectiles sur les policiers, les obligeant a riposter en faisant usage de flashball. Mais pour Stéphane Gatti, le père de Joachim, il s'agit d'un exemple de "brutalité policière".

Dans une lettre qui circule sur Internet, il dénonce un "scandale" et rapporte les propos de son fils lorsqu'il lui a décrit la scène : "Il y a eu des feux d'artifice au dessus du marché. Nous nous y sommes rendus. Immédiatement, les policiers qui surveillaient depuis leur voiture se sont déployés devant. Une minute plus tard, alors que nous nous trouvions encore en face de la clinique, à la hauteur du marché couvert, les policiers qui marchaient à quelques mètres derrière nous, ont tiré sur notre groupe au moyen de leur flashball. A ce moment-là je marchais et j'ai regardé en direction des policiers. J'ai senti un choc violent au niveau de mon il droit. Sous la force de l'impact je suis tombé au sol. Des personnes m'ont aidé à me relever et m'ont soutenu jusqu'à ce que je m'assoie sur un trottoir dans la rue de Paris. Devant l'intensité de la douleur et des saignements des pompiers ont été appelés."

Un témoignage qui concorde avec celui d'une militante du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), présente au moment des faits, qui raconte au site Mediapart : «Nous devions être une trentaine à nous être rassemblés à l'entrée de la rue piétonne de Montreuil. L'idée était de faire une cantine, après l'expulsion du matin, pour informer les gens, distribuer des tracts, mettre des banderoles et montrer que la clinique avait été évacuée (...) À un moment, des feux d'artifice sont lancés au niveau de la place du marché, près de la clinique, pas très loin de l'endroit où nous étions rassemblés. Nous nous y rendons en ordre dispersé, sans aucune intention de réinvestir les lieux. Nous restons là environ cinq minutes. Au moment où nous faisions demi-tour pour quitter la place, les policiers sont arrivés et se sont équipés. Ils étaient plus nombreux que ce que j'avais pu voir au début. Ils viennent vers nous. Tout s'est passé en l'espace de trois minutes. Il n'y a eu aucune bagarre ou confrontation avec la police, aucune sommation. Ils étaient à cinq mètres et ils ont tiré plusieurs fois avec leurs flashball."

"LA RESTAURATION D'UNE POLICE RÉPUBLICAINE N'EST PAS ENCORE ACHEVÉE"

D'après la mairie de Montreuil, le commissaire de police local a fait savoir qu'il allait saisir l'Inspection générale des services (IGS) afin que la "lumière soit faite sur les circonstances" de l'affrontement entre la police et les squatters. "La ville a demandé une explication et salue la décision du commissaire de saisir l'IGS. Mais je constate que le travail de restauration d'une police républicaine n'est pas encore achevé à Montreuil", déclare Dominique Voynet, la sénatrice-maire (Verts) de Montreuil.

Un rassemblement en soutien au jeune homme était prévu dimanche, vers 15 heures. Les membres de "La clinique occupée" appellent également à une manifestation lundi 13 juillet, rue Croix de Chavaux.

LeMonde.fr


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Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue
LE MONDE | 14.07.09 | 11h31

ne manifestation était organisée en fin d'après-midi lundi 13juillet à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les "violences policières" après qu'un jeune réalisateur de 34 ans, Joachim Gatti a été sérieusement blessé à l'il le 8 juillet. Après avoir essuyé des tirs de fusées de feu d'artifice dans leur direction, les forces de l'ordre ont dispersé cette manifestation sans ménagements. La maire (Verts) de Montreuil, Dominique Voynet a dénoncé une "démonstration de force totalement inutile" de la part de la police.

Adrien Morin, stagiaire à la rédaction du Monde, qui couvrait la manifestation, a été interpellé et placé en garde à vue, malgré le fait qu'il ait mentionné à plusieurs reprises sa qualité de journaliste. Voici son récit: "J'ai été interpellé vers 21 h 15. La manifestation était en train de se disperser, j'ai soudain été plaqué au sol et j'ai entendu un policier dire: Toi aussi, tu viens avec nous. Ils m'ont attaché les mains dans le dos. J'ai répété à plusieurs reprises que j'étais journaliste, mais ils n'écoutaient pas. Dans le fourgon, il y avait trois policiers qui traitaient les deux manifestants interpellés avec moi de "sales gauchos".


Nous sommes arrivés au commissariat de Montreuil et nous avons été regroupés à onze dans une petite pièce de quatre ou cinq mètres carrés.Ils nous ont envoyés dans une salle de fouille où il y avait deux policiers : nous avons été déshabillés, caleçon sur les genoux, et fouillés, ils nous ont enlevé nos lacets et celui qui tenait mon pantalon de jogging et ils nous ont pris nos montres. J'ai redit que j'étais journaliste mais ils n'ont rien répondu.

Nous avons été placés à cinq dans une salle de garde à vue avec deux caméras au plafond et des graffitis sur les murs peints avec du sang et des excréments. Il était sans doute 23 heures, nous n'avions rien mangé ni bu. Nous avons été transférés vers le dépôt de Bobigny, menottés dans le dos. J'ai redit que j'étais journaliste mais personne ne m'a répondu.

Au dépôt, les policiers m'ont proposé de voir un avocat : j'ai rencontré Dominique Tricaud, dans une pièce à part, sans caméras, sans policiers. C'était la première fois que quelqu'un m'écoutait. J'ai ensuite été convoqué par un policier qui m'a dit: "Si tu es le petit gentil du lot, ils ne vont pas te laisser partir comme ça." Pendant l'interrogatoire, le policier disait que j'avais un casque lors de l'interpellation, ce qui était faux. J'ai vu une deuxième fois l'avocat, qui m'a dit qu'il avait fait son possible auprès du procureur et qui m'a un peu remonté le moral. Je suis sorti à 6 heures 30 du matin."

 

Ni lu l'article ni le commentaire, juste le je m'autocommente ! t'es trop fort sylvain !!!!

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