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samedi, 22 mars 2014

« La ville doit créer de la richesse avec les ressources sur son territoire » : interview d’Eric Lafond

 

Les élections approchent, le CLIC continue ses rencontres avec les candidats. Cette fois-ci nous interrogeons Eric Lafond candidat centriste à la mairie de Lyon. Pour l’interroger, Sebastien Gonzalves et Etienne Aazzab du Lyon Bondy blog et Jean-Philippe Bonan et Sylvain Métafiot du Forum de Lyon et de Ma Pause Café, épaulés à la technique par Patrice Berger de Radio Pluriel.

 

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici

 

M. Éric Lafond vous êtes candidat centriste pour les municipales de Lyon, pourtant vous n’êtes soutenu ni par le modem ni par l’UDI qui ont préféré, par le biais de M. Geourjon, de se rallier à Michel Havard. Alors pourquoi ce choix de se présenter sans l’appui des partis centristes ?

sylvain métafiot,forum de lyon,aerotram,élections municipales,eric lafond,lyon,modem,udi,interview,ressources,sécurité,campagne,2014Peut-être parce que les partis centriste ne sont plus vraiment en mesure de construire une offre électorale au centre. Après, il y a toujours un débat sur qui est centriste et qui ne l’est pas. Christophe Geourjon je le connais bien, c’est un ancien de la maison UDF, on s’est retrouvé à la construction du Modem. C’est un garçon qui se considère de droite, ce qui est très légitime et très honorable, mais son positionnement revient mécaniquement à chaque fois dans sa famille politique c’est-à-dire la droite. C’est pourquoi aujourd’hui, comme en 2008, il est avec l’UMP, ce qui est très naturel.

Pour répondre à votre question, j’ai la conviction qu’il faut une offre alternative au centre qui se définisse par son contenu, par la modernité de ses idées de ses propositions et c’est ce que nos proposons aux Lyonnais lors de cette élection municipale.

 

Personnellement, vous ne vous positionnez ni à droite ni à gauche ?

En fait, le positionnement ce n’est pas tant celui-là que la nécessite d’amener des idées nouvelles dans le débat électoral. Il y a des gens qui sont à notre droite, par culture et par tradition ; et il y a des gens qui sont a notre gauche. Nous on amène une autre approche sur les difficultés quotidiennes, de nouvelles solutions, de nouvelles réponses. C’est en cela que le centre peut exister : par sa capacité à être identifié par un contenu politique différent de ce que propose l’UMP et le PS. Par définition, nous sommes des modérés. On ne fait pas campagne contre les autres on ne cherche pas de boucs émissaires ou des responsables aux échecs du passé, on cherche de nouvelles solutions. C’est le fait d’être modérés, modernes et innovants qui nous construit en tant que centristes.


Et quelles sont vos thématiques ?

On a commencé notre campagne sur Lyon avec trois sujets qui nous paraissent essentiels pour la qualité de vie du territoire.

Premier sujet : la mobilité. Dans une grande ville comme Lyon l’enjeu de la mobilité est essentiel. Il faut pouvoir se déplacer facilement sur le territoire que ce soit pour faire le trajet domicile-travail mais aussi dans le cadre de notre travail qui mute profondément et nécessite de se déplacer plusieurs fois dans la journée. Il faut que tout ça puisse se faire facilement, efficacement, il faut donc apporter des réponses nouvelles aux habitants.

 

Le second enjeu essentiel pour nous c’est l’enjeu éducatif. Avec la réforme des rythmes scolaires mis en place par l’État. La réussite de cette reforme ne dépend en fait que de l’imagination des maires. Il y a bien des contraintes c’est incontestable mais on doit avoir pour préoccupation de donner à nos enfants les moyens de mieux réussir à l’école, c’est la raison qui en fait une de notre priorité.

Enfin, bien sûr, il y a la question de l’emploi, priorité de la société en générale qui traverse la ville et à propos de laquelle on apporte aussi des réponses importantes.

Voilà les trois priorités qu’on a mis au cœur de notre démarche aujourd’hui.

 

Il n’y avait pas de possibilité de se rallier à M. Havard, ni à M. Tête avant le premier tour ?

Nous avons discuté avec tout le monde : avec les Verts, avec Gérard Collomb, etc. d’une façon assez transparente car tous les acteurs médiatiques le savaient. Mais, à partir du moment où on est convaincu d’avoir une lecture différente des difficultés, une vision originale pour le territoire, il faut présenter cette vision aux électeurs. Le jeu démocratique électoral fonctionne si les gens ont le choix entre différentes propositions c’est aussi parce qu’on est des démocrates convaincus qu’on va, au premier tour, présenter l’alternative que constitue notre offre. Ensuite, c’est le jeu démocratique. Cette offre aura une légitimité électorale au soir du premier tour qu’on souhaite la meilleur possible. On n’a pas de préférence pour les uns ou pour les autres, notre préférence c’est le projet que nous pressentons et les convictions qui animent ce projet.

 

Que pensez-vous du projet Lyon Métropole soutenu par Gérard Collomb et Michel Mercier ?

En deux mots : la métropole c’est une chance et un risque. Une chance parce que c’est l’opportunité d’arriver enfin à réduire les échelons administratifs en France. Ce pourrait être l’occasion d’arriver à fabriquer des réponses nouvelles plus efficaces au bénéfice des habitants et, se faisant, de réduire le poids de la dépense publique.

Mais c’est aussi un risque car, en France, on a jamais su le faire. On n’a manifestement pas la culture pour ça. Il va donc falloir inventer de nouvelles façons de faire dans la construction de cette métropole, chose qui n’a jamais été faites en France. On pourrait peut-être s’inspirer d’exemples à l’étranger, je pense au Canada et à la Suède. Mais, dans tous les cas si on ne fait que reproduire les mécanismes du passe on échouera. Le risque est réel et en même temps c’est une opportunité qu’il ne faut pas manquer afin d’arriver à construire une institution publique qui soit plus efficace que ne sont l’accumulation des strates habituelles.

 

Quelle est vôtre position par rapport au cumul des mandats ?

J’ai commencé mon engagement politique il y a une dizaine d’années autour de ce sujet là. Il y a une nécessité d’avoir des règles qui poussent les hommes et les femmes politiques à la vertu. Je ne crois pas à la vertu de l’homme intrinsèquement : on a tous des faiblesses, des tentations et le pouvoir en crée de supplémentaire. Il faut que la règle soit vertueuse aujourd’hui, particulièrement avec la période difficile dans laquelle on vit où il faut davantage travailler. Le mythe du « surhomme » ou de la « surfemme » qui pourrait cumuler deux ou trois mandats plus, éventuellement, une activité professionnelle à côté c’est inacceptable, plus personne ne peut y croire. Le maire de Lyon ainsi que ses adjoints doivent être pleinement engagé dans leur mandat électif donc pas de mandat à côté.

 

Dans votre programme vous proposez la création d’un adjoint aux initiatives citoyennes. Quel serait son rôle, concrètement ?

C’est une partie de notre proposition sur la modernisation de la démocratie locale, elle vise à s’appuyer sur l’intelligence collective, sur les initiatives, les idées des habitants du territoire pris au sens large (associations, individus, entreprises, tout ceux qui vont vivre le quotidien d’une ville). À un moment donné il faut qu’il y ait un interlocuteur parmi les élus dont le premier rôle est d’être à la fois à l’écoute des initiatives intéressantes, des expérimentations proposées par les habitants, mais aussi celui qui va relier ces propositions auprès des autres élus et qui puisse les appuyer le cas échéant.

 

Ce dispositif doit se dérouler essentiellement à l’échelle de l’arrondissement, c’est pourquoi on propose, complémentairement, que les mairies d’arrondissement soient dotées d’un budget destiné à l’expérimentation. Quand, dans une ville comme Lyon, on expérimente de nouvelles approches en matière économique, sociale et culturelle sur un arrondissement, on travaille sur une échelle comprise entre 50 000 et 100 000 habitants. Cela permet d’en tirer des enseignements significatifs et de voir si cela vaut le coup de généraliser ou pas. On a des territoires qui sont propices à ça. Il faut créer cette culture de l’expérimentation et ce sera le rôle de cet adjoint aux initiatives citoyennes.

 

Êtes-vous donc pour donner plus d’autonomie aux mairies d’arrondissement ?

Je ne suis pas certain que la question se pose en matière de pouvoir. Aujourd’hui, les problématiques des Lyonnais sont les mêmes quelque soit l’arrondissement. Bien sûr il y a des tropismes : on est « Montchatois » ou « Croix-roussien », mais fondamentalement les questions de mobilité, d’éducation, de logement sont les même sur toute la ville. Il est donc légitime que les compétences soit à l’échelle de la ville voire, pour certaine, à l’échelle du Grand Lyon et de la métropole de demain. Considérer que la politique du logement, par exemple, se mène sur un arrondissement, n’est pas cohérent.

 

Pour moi, un maire d’arrondissement a d’abord un rôle de coordinateur entre les différentes compétences qui s’exercent sur son territoire : celui d’ « impulseur » qui doit de temps en temps activer les services à la mairie central. L’arrondissement doit avoir la capacité d’impulser des pratiques nouvelles pas de définir une politique à son échelle propre.

 

Êtes-vous favorable aux référendums d’initiative populaire sur des questions concernant la ville ?

J’ai toujours considéré que c’était un outil intéressant. Aujourd’hui, il est inscrit dans la loi, il ne s’agira donc que d’appliquer la loi s’il y a suffisamment d’électeur qui se mobilisent. Par contre, la question du référendum à l’inconvénient d’être toujours binaire : on doit répondre par oui ou par non. Je préfère que l’on travaille sur des logiques de propositions qui viennent des habitants. Des comités de quartier construisent des propositions sur un sujet et vont voir cet adjoint aux initiatives dont je parlais précédemment en leur présentant leur projet. Puis, cet adjoint se positionne en disant « oui c’est faisable » ou « non ce n’est pas faisable », car on est toujours dans un schéma de démocratie représentative, c’est encore à l’élu de décider. Mais j’ai tendance à penser que les élus vont plutôt recevoir positivement ce type d’initiative, ils n’ont pas la science infuse et sont souvent un peu débordés par les problématiques et la complexité des sujets. Ils seront donc bien content d’avoir en face d’eux des acteurs qui fassent des propositions.

 

Une des question qui préoccupe le plus les Lyonnais c’est celle de la politique de la petite enfance et des places en crèches plus précisément, que préconisez-vous pour améliorer l’accueil dans les crèches ?

Il n’y a pas trente-six solutions en la matière, les outils on les connaît, on sait comment les développer. Entre les crèches municipales, les crèches associatives, les crèches parentales, les haltes garderie, les assistantes maternelles on a pléthore d’outils. Ce qui nous manque c’est le budget pour répondre à la demande des habitants. Aujourd’hui, la ville consacre 5 % de son budget à cette question. Dans une ville qui se veut jeune et dynamique, c’est insuffisant. Cela doit devenir une des priorité en terme d’arbitrage budgétaire.

 

Par exemple, il y a beaucoup de locaux commerciaux vacants qui demanderaient à être réinvestis par des mini crèches ou des mini haltes garderie pour répondre aux attentes des parents. Il y a aussi un volet d’exemplarité de la ville vis-à-vis des crèches d’entreprise. Cela fait des années qu’on en parle, qu’on en fait la promotion dans le discours politique pourtant ça reste un outil marginal. La ville de Lyon pourrait montrer l’exemple en déclarant que dorénavant ses salariés disposeraient d’une crèche d’entreprise. C’est une façon d’impulser une nouvelle dynamique sur ce sujet et de s’associer aux entreprises qui sont autour des acteurs publics en les faisant participer à cette démarche. On pourrait ainsi voir émerger des crèches d’entreprises partagées entre la Ville et des entreprises privés, ça aurait du sens.

 

Vous avez déclaré maintenir la semaine de quatre jours avec une nouvelle approche de la réforme des rythmes scolaires, pouvez-vous préciser ?

L’intuition initiale de cette reforme – augmenter le nombre de jours travaillés dans l’année et réduire le nombre d’heures par jour afin de donner plus de temps aux enfants pour apprendre – me paraît bonne. Elle s’appuie sur des constats et l’observation de ce qui se passe dans des pays voisins. Il faut savoir qu’on est un des pays d’Europe qui a le moins de jours d’école ouvrées et dans les comparatifs internationaux on est de moins en moins bon : on est passé en dessous de la moyenne européenne dans la capacité de lecture et d’écriture dans le primaire. Aujourd’hui, d’après les chiffres de l’Éducation national, qu’il y a plus d’un tiers des enfants qui rentrent au collège en difficulté de lecture et d’écriture, ce n’est pas acceptable.

 

Seulement, l’État n’est pas pas allé au bout de la réflexion, il a bloqué le nombre d’heures d’enseignement par jour puis il a refilé le bébé aux communes. La plupart des communes ont plutôt mal réagît. Mais cela ne sert à rien de se braquer. Il faut faire preuve d’imagination pour trouver la meilleure réponse possible dans la perspective d’aider les enfants à mieux réussir à l’école. On ne peut pas attendre que l’État se décide un jour à trouver une nouvelle reforme. La ville est maître des mur donc elle est maître du temps. À elle de l’organiser de la meilleure façon possible pour les enfants.

Notre réflexion nous a conduit à proposer une adaptation de cette reforme avec deux axes. Tout d’abord, une fois que le temps enseignant sera terminé vers 15h15-15h30 on propose de faire venir à l’école des intervenants extérieurs qui présenteront leurs passions, leurs centres d’intérêts, à des petits groupes d’élèves. On ne sera plus dans une logique d’enseignement mais d’ouverture des horizons, on veut faire découvrir de nouveaux centres d’intérêts aux enfants et, se faisant, je suis convaincu qu’à partir de ces nouvelles expériences enrichissantes, les enfants vont se raccrocher à la lecture et l’écriture, y compris les enfants en difficulté.

 

Deuxième axe, on vise une amélioration du cadre d’apprentissage des enfants. Pour se faire on propose le maintien de la semaine à quatre jours parce que sur Lyon ça fait vingt ans qu’on a adopté ce calendrier. On a été précurseur dans ce domaine et cela a permis de mettre en place tout un écosystème associatif autour de l’école que ce soit sur le plan sportif, culturel ou artistique qu’on fragiliserait si on passait à quatre jours et demi. Les enfants qui pratiquaient ces activités le mercredi matin n’iront pas les faire à d’autres moment de la semaine car les créneaux ne se démultiplient pas. De plus je ne suis pas convaincu de la vertu pédagogique de cette demi journée pour les enfants, tout comme le corps enseignants. On a donc réfléchit à la façon de maintenir cette semaine de quatre jours. On peut anticiper la reforme suivante qui sera la réduction des vacances estivales et construire une année à 39 semaines au lieu de 36 avec un samedi matin par mois dédié, dans le cadre de l’école, à la rencontre enseignants-parents. Les deux se plaignent de ne pas se rencontrer assez souvent. Et c’est là où le rôle du politique s’arrête. On crée un espace, et les associations de parents d’élèves et d’enseignants construiront ce qui se passera à l’intérieur.

 

Je considère que c’est une priorité d’aider nos enfants à mieux réussir à l’école. La ville doit trouver les moyens pour investir dans l’école : cela coûterait huit millions d’euros, ce qui peut sembler beaucoup mais en fait cela correspond à 1% du budget de la ville de Lyon.

 

Selon vous, où sont les points d’insuffisance de la politique municipale actuelle sur la question sociale ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?

Sur le versant « grande pauvreté », on a une approche via la politique de santé. En effet, on souhaite construire une politique de santé à Lyon fondé sur la prévention des risques. Par exemple, il y a un point très concret pour les publics en grande pauvreté c’est l’accès à l’eau potable. À Lyon il n ‘y a que deux bains douches, on propose d’en créer au moins un par arrondissement pour que les personnes en grande pauvreté, qu’ils vivent dans la rue ou non, puissent avoir accès quotidiennement à l’eau potable. Pour l’anecdote les hôpitaux de centre-ville connaissent actuellement une épidémie de gale et ceci est dû uniquement à l’absence d’hygiène et à l’impossibilité d’accéder à l’eau quotidiennement. Voilà un exemple concret qui éclaire bien notre philosophie : traiter les problèmes en amont.

 

D’une façon plus large quant au social, il y a tout le volet insertion. Sur cette question la ville est un des acteur important avec l’État, le département sur le volet RSA et la région sur le volet formation. Parfois, vu de l’extérieur c’est devenu compliqué à lire, c’est pourquoi nous aurions intérêt à simplifier un peu les compétences de tout le monde. Il y a ainsi une nécessité à l’échelle de la ville de mieux coordonner la politique de développement économique mené par le Grand Lyon et la politique d’insertion mené par la ville. Il n’y a pas toujours les connexions entre les deux. Pour être plus efficace, l’implication de la ville sur les enjeux d’accompagnement à l’emploi et d’insertion doit être repensé : on est depuis quarante ans sur le même modèle de la politique de l’emploi qui manifestement ne produit plus les effets que nous pouvions attendre à l’origine. Il faut être en capacité de remettre à plat ce modèle. Actuellement la Ville finance les acteurs associatifs qui accompagnent des personnes en insertion, il est important aujourd’hui de repenser ses modalités de l’accompagnement.

 

Concrètement que proposez-vous ? Que devrait faire la ville ?

Il faut changer la façon de faire. Aujourd’hui on est sur des logiques d’accompagnement. Ces associations qui ont pour fonction d’accompagner les gens les rencontrent une fois de temps en temps pour structurer leur parcours d’insertion et les amener à l’emploi. Or ce type accompagnement dans le temps n’est pas très efficace car les personnes ont besoins de changer complètement de point de vue sur le marché de l’emploi sur ce qu’elle savent faire, sur ce qu’elle peuvent faire. Des gens qui sont demandeur d’emploi depuis longtemps ont tendance à se dévaloriser, à oublier qu’ils ont des aptitudes, des capacités. Ils ont souvent une très médiocre connaissance du marché de l’emploi, une très faible connaissance de ce qu’ils pourraient faire. Là on a besoin d’acteurs. On avait proposé, à titre d’exemple lors d’élections précédentes, que dans les missions locales on fasse venir plutôt des cadres seniors en fin de carrière qui savent bien comment fonctionne le monde économique et qui connaissent bien le marché de l’emploi pour être les accompagnants de jeunes qui rentrent sur le marché de l’emploi. On a un changement culturel à faire : il faut un meilleur mélange entre les gens qui viennent du monde de l’entreprise et les professionnels de l’accompagnement social. C’est un métier d’accompagner le traitement administratif de l’insertion, c’en est un autre d’accompagner l’accès à l’emploi et souvent on a demandé aux gens de faire les deux. Je pense que c’est une erreur. On demande aux gens de faire des choses qu’ils ne peuvent pas faire parce qu’ils n’ont pas les compétences requises au départ. Le système dysfonctionne et on s’en prend à tort aux gens qui travaillent dedans. Or c’est pas leur faute mais celle de la commande publique et de l’acteur politique.

 

Que faire à Lyon de ses familles de Roms qui sont déplacées de campement en campement ? Quelle est la solution à long terme ?

Sur la question des Roms on avait dit deux choses quand les premiers campement ont émergé. La première est qu’il y a une responsabilité du maire en tant que représentant de l’État de s’assurer que les enfants soient scolarisés. On est attaché aux valeurs de la République dans ces valeurs il y a l’accès à la connaissance, la scolarisation et ce n’est pas acceptable que des enfants soient en train de faire la manche dans la rue. Il faut faire preuve d’une forme de fermeté face à ça et en parallèle faire preuve de l’humanisme qui caractérise notre culture et amener l’eau potable dans les camps amener les moyens nécessaires pour que les gens aient l’hygiène minimum nécessaire. Ceci est la responsabilité de la ville. Ensuite on sait bien que sur la question du droit d’asile le responsable c’est l’État. Mais a minima ce que doit faire la ville c’est jouer son rôle dans l’accès à la scolarité et à l’eau potable pour éviter les problématiques de santé.

 

Pensez-vous qu’il faille repenser l’attribution des logements sociaux sur l’agglomération ? Que pensez-vous de la loi qui impose aux communes 25 % de logements sociaux ?

À Lyon il existe aujourd’hui un peu moins de 50 000 de logements sociaux et 25 000 ménages sont en demande. On est sur des modèles qui produisent 1000 à 1200 logements sociaux par an. Faites une petite division et voyer le temps qu’il faudra pour que les ménages en attente accèdent un jour à un logement social. Il y a peut-être aussi des problèmes d’attribution. J’avoue ne pas avoir un avis suffisamment éclairé sur le sujet. Mais je suis convaincu qu’il faut garantir une grande transparence des commissions d’attribution car on vit une période où les gens doute du bon fonctionnement de l’appareil public. C’est une réalité, à tort ou à raison, mais le doute existe. Il faut donc se donner les moyens d’être le plus transparents possible même si cela ne suffira pas à régler tous les problèmes. Il y a 70 % des Français qui, en terme de revenus, sont éligibles au logement social. Il est donc difficile de parler de logements sociaux. Le problème du logement à Lyon dépasse largement le cadre du logement social. Le revenu médian sur Lyon est de 1 700 euros. Le mètre carré en ville vaut 3 500 euros c’est-à-dire qu’il faut deux mois de revenu pour se payer un mètre carré, ce n’est plus tenable. Soit on garde ce modèle et on va pousser à l’extérieur de la ville toutes les classes moyennes et modestes, on aura ainsi une ville hyper homogène et finalement peu intéressante ; soit on essaye de faire autrement en matière de logement. Nous avons deux axes pour cela.

 

D’abord optimiser l’existant avec une stratégie assumée du développement de l’habitat partagé appelé le co-housing, puis, en parallèle, construire différemment. Il s’avère qu’il existe des bureaux d’études, des architectes, des promoteurs qui ont fait le pari de construire d’une autre manière. Cela fait cinquante ans qu’on construit de la même façon, qu’on empile de la norme sur la construction sans pour autant changer de méthodes de construction. En construisant différemment, nous souhaitons mettre l’accent sur les constructions modulaires, les coûts peuvent fortement baisser. Le rôle de la ville en la matière est de jouer un effet de catalyseur et de proposer des terrains à des acteurs qui vont construire moins cher. Voilà une façon de traiter la demande de logement sur le territoire. Si on arrive à faire émerger une offre de construction qui est moins cher, une partie de la demande va se résorber. L’enjeu c’est créer une offre aujourd’hui qui répond aux moyens des habitants de cette ville.

 

Pendant les deux mandatures de M. Collomb on a vu se développer plusieurs grands chantiers (le quartier de confluence, l’aménagement des berges du Rhône, le quartier de la Part-Dieu, l’hôtel-Dieu, le grand stade à Decines…) Quel est votre avis sur ces grands chantiers ?

Cela fait partie intrinsèque du modèle que cette majorité à développé pendant douze ans. L’idée que la ville de Lyon devait être attractive, rayonnante sur le territoire par une offre de consommation de loisir, de grands événement culturels de tels façons que l’on puisse accueillir des investisseurs internationaux et des touristes. Ce modèle a plutôt bien fonctionné, notamment sur le volet urbanistique la ville à changé profondément. Mais maintenant il est arrivé à sa limite. D’une part car il est pratiqué par toutes les grandes villes d’Europe et en l’occurrence on est le plus petit dans ce groupe. Quand on est petit on doit davantage appuyer sur sa singularité qu’essayer de copier les autres. De plus, ce modèle ne crée pas tellement d’emplois bien rémunéré, il crée surtout des emplois de serveurs, de vendeurs, des personnes qui n’ont pas les moyens d’habiter à Lyon ce qui pose de grosse difficultés en terme de déplacement urbains puisque les personnes travaillent sur Lyon mais doivent en sortir pour y habiter. Ce qui est paradoxal c’est de voir la Cité internationale, le quartier emblématique de la fin des années 90, se faire aspirer en terme d’entreprise par des quartiers comme Part-dieu ou Confluence. Il y une inquiétude qui commence à poindre sur ce que va devenir la Cité internationale demain. On ne peut pas imaginer avoir des infrastructures ou des investissements publiques qui soit obsolètes au bout de dix ans, ça n’a pas de sens. Il faut avoir un modèle qui soit d’avantage pérenne, qui s’inscrive dans une stratégie économique davantage fondée sur les ressources du territoire que sur des ressources extérieures. Ces investisseurs internationaux, qui viennent installer un siège social à Lyon, partiront peut-être, dans cinq ans, vers Francfort ou Milan parce que l’offre sera plus intéressante.

 

C’est pourquoi à ce modèle de développement par l’émergence de grands pôle on va privilégier un modèle de développement basé sur l’économie de proximité, le développement des ressources du territoire, la recherche, l’innovation, le soutien aux PME, aux TPE, à l’industrie. C’est l’idée que l’acteur public doit reprendre sa part de responsabilité dans la construction de son modèle économique et ne pas tout laisser à la promotion privé. Il faut retrouver un équilibre. La promotion privée ne fait le développement de toute la ville.

 

Que préconisez-vous pour le développement économique de la ville ?

Notre idée est de s’appuyer sur les ressources du territoire et de valoriser les acteurs économiques. Concrètement trois exemples.

Premier exemple : on facilite l’installation et le regroupement des petites entreprises via les plate formes de co-working, des structures où on peut regrouper des créateurs ensemble pour créer une émulation entre eux. Se faisant on demande à la ville et aux services qui sont connexes, comme la CCI, d’aller vers ces entrepreneurs plutôt que de les convoquer dans les institutions.

 

Deuxième idée : on facilite l’accès au marché public à ses entreprises. Notre slogan : « Lyon premier client de ses entrepreneurs innovants ». Une entreprise dont on parle un peu ces temps-ci, SITL ex fagor, en redressement judiciaire, avait pour projet de faire muter son activité de fabrication de machine à laver vers la production de véhicule électrique. Tout le monde à trouvé cette idée super. Pour autant le Grand Lyon a mis deux ans avant de commander deux véhicules de frets. C’est regrettable parce qu’en discutant avec le chef d’entreprise il affirme qu’à partir du moment où il a eu cette commande d’autres villes lui en a commandé, tout de suite ça ouvre des marchés. La ville doit pouvoir jouer ce rôle là, être en capacité d’identifier les entrepreneurs innovants sur le territoire et leur apporter ce soutient là en devenant le premier client de ses entrepreneurs.

 

Troisième proposition, on veut soutenir l’innovation technologique sur Lyon. Les petites et moyennes entreprises industrielles qui ont des projets d’innovation coincent souvent sur la première étape qui est celle du prototype. Il n’y a pas d’argent sur cette phase là, pas d’argent privé car les « business angel » ne vont pas sur cette étape et il y a très peu d’argent public. La BPI n’y va pas non plus. La ville peut à la fois faciliter l’accès des entrepreneurs aux plate formes technologique du territoire que sont les lycées professionnels et les universités et en même temps financer cette étape là en faisant le pari, via une bourse à l’innovation qu’en finançant ces prototypes on donne la possibilité aux entrepreneurs de créer de l’activité sur le territoire. On peut même imaginer un système de retour sur investissement. La ville pourrait financer le prototype et une fois qu’il est crée, industrialisé, commercialisé, il y ait sous forme de royalties un retour sur financement pour « réabonder » la machine.

 

On veut initier des cercles vertueux, développer le rôle de la ville comme catalyseur des acteurs du territoire. En tant qu’acteur public la ville doit devenir celui qui pousse à la coopération et fait en sorte que le monde économique parle au monde scientifique, à celui de l’environnement, à celui de la culture. La ville doit inciter les acteurs à se regrouper quand c’est nécessaire. Je crois que c’est un changement de pied qui correspond à l’époque, on ne peut plus raisonner sur les modèle d’antan. La ville ne peut plus être simplement le VRP de son territoire, aller le vendre au moyen orient en Asie au proche orient elle doit d’abord chercher à créer de la richesse avec les ressources sur son territoire.

 

Comment fait-on pour répertorier ces entreprises innovantes ?

En fait elles existent déjà sur le territoire, elles ne se manifestent guère car elles savent qu’il n’y a pas vraiment d’écho en face, que la la machinerie administrative est parfois très lourde pour elles. Par définition, elles ne rentrent jamais dans les clous car les clous sont construits sur les anciens modèles, donc quand vous venez avec un nouveau modèle vous ne rentrez pas dans les cases administratives. Il faut avoir la volonté de la part de l’acteur public d’avoir une approche plus ouverte à ses acteurs ; se faisant d’autres vont émerger. Je travaille sur une plate forme de co-working et je peux vous garantir qu’il y a plein d’entrepreneurs qui fourmillent d’idées, de projets novateurs, mais ils fonctionnent tout seul. On peut considérer que c’est bien car ça crée une forme de sélection naturelle mais je crois que dans la période où on vit il ne faut pas être trop darwinien sur le sujet et plutôt considérer qu’il y a des tas de petites pépites potentiels que l’acteur public doit chercher à faire émerger. Ensuite ils feront leur chemin mais c’est le rôle de la ville d’identifier ces innovateurs. La capacité de Lyon à rayonner pour moi c’est aussi et d’abord ça : cette capacité à faire sortir les gens de l’anonymat que peut constituer parfois la création d’activité dans l’entreprise.

 

Vis-à-vis des commerces de proximité avez vous des propositions pour les aider ?

On a pointé la présence sur un certain nombre de rues dites commerçantes, de locaux commerciaux vacants J’ai en tête la rue Paul Bert dans le 3ème arrondissement, la voie SNCF…

 

Il y a aussi la rue Grolée.

La rue Grolée est un autre problème. On voit là une volonté des propriétaires de la rue pour qu’elle reste vacante. Leur objectif était d’homogénéiser complètement la rue donc de faire sortir tout ce qui était préexistant pour construire une offre singulière sur ce territoire. C’était un pari économique fondé sur la spéculation qui a échoué, résultat ils ont vendu à perte. On verra ce que les nouveaux propriétaires vont faire. Mais ça c’est le passé. On n’a pas de prise dessus, on peut raconter des tas de choses sur les erreurs du passé. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’est ce qu’on peut faire demain.

 

Dans ces rues commerçantes, où il y a beaucoup de locaux commerciaux vacants, on sait bien que les commerces ne reviendront pas car s’ils sont partis c’est soit que la demande n’était plus là, soit qu’ils ont trouvé un meilleur emplacement ailleurs. L’enjeu est donc de créer une nouvelle dynamique avec ces locaux vacants en amenant pour conforter les commerces qui eux sont restés des activités nouvelles dans ces locaux. On est dans l’idée d’optimiser ce qui existe et il y a aujourd’hui des acteurs qui sont demandeurs d’implantation dans des locaux de centre ville. C’est un peu utopiste mais je crois beaucoup au retour de l’industrie en ville parce que l’industrie est en train de changer de modèle, il n’a plus besoin de grandes plate-formes de production. On le voit aujourd’hui un peu comme des gadget mais avec les «  Fab Lab », les imprimantes 3D, etc. il y a des choses qui commence à émerger. On est sur de la petite production qui peut se faire en ville, sur des surfaces plus petites. Mais on peut aussi amener des activités sportives en cœur de ville : il y a de nombreux clubs de sport qui demandent ces implantations de proximités. Et avec l’évolution technique on peut faire de plus en plus de sport en virtuel. C’est ainsi que j’ai rencontré des responsables de club de tir à l’arc ou de golf qui proposait de pratiquer leur sport en virtuel. Dans ce cas là on peut imaginer faire du golf ou du tir-à-l’arc en centre ville ce qui créerait une offre de proximité pour les habitants qui voudraient faire ses activités là. Si on a la volonté de redonner dans ces quartiers une vie à ces locaux vacants on trouvera des solutions en face.

 

Vous avez été le premier à parler de transport urbain par câble à Lyon, qui créerait une alternative efficace à la voiture.

On a appelé ça l’aérotram, d’autres parlent de téléphérique urbain. C’est vrai que l’idée fait son chemin en France. Cette technologie du transport par câble est française, elle a été vendu partout dans le monde sauf en France. Un certain nombre de grandes villes dans le monde se sont équipées pour relier une île à un corps de ville, pour franchir des obstacles, se déplacer entre des montagnes. Il y en a beaucoup en Amérique latine mais aussi en Europe, à Barcelone, àLisbonne, à Coblence, à Bolzano en Italie et maintenant à Brest et à Toulouse. Quand on a regardé les solutions nouvelles que nous pourrions amener aux problème de déplacement, on s’est dit qu’avec trois collines et deux fleuves on avait un relief qui nécessitait une solution différente. Pourquoi privilégier cette solution ? Parce qu’elle est facile à mettre en œuvre. Quand on propose l’implantation d’un aérotram on sait qu’il se ferra dans le mandat en deux ans et demi et qu’il ne nuira pas aux habitants qui habitent autour contrairement aux désagrément que peut générer la construction d’un tramway ou d’un métro. Deuxièmement, c’est un moyen de transport efficace : c’est 4 000 personnes par heure. Cela correspond à une alternative à la voiture, c’est rapide et ça répond aux demande des gens de mobilité. C’est écologique, ça consomme peu d’énergie, ça ne brasse pas de poussières au sol donc ça ne contribue pas aux allergies et à la poussière. Enfin, et surtout, ce n’est pas cher : 10 millions d’euros le kilomètre soit treize fois moins cher que le métro et trois ou quatre fois moins cher que le tramway. Aux vues de l’État de nos finances publics, et du Sytral qui est endetté, c’est la bonne solution pour accroître l’infrastructure de transport public sur Lyon et permettre aux gens de se déplacer plus facilement sur la ville.

 

Avez-vous prévu une ligne particulière pour cet aéro-tram ?

On a défini une première ligne qui relierait deux des trois collines entre elles. Elle partirait de Perrache pour monter sur le 5ème vers St-Iriné, ensuite irait à Loyassse en s’appuyant sur le fort de loyasse qui est un bâtiment qui appartient au patrimoine des Lyonnais mais qui est abandonné depuis très longtemps. On traverserait ensuite jusqu’au fort Saint Jean, la Croix Rousse (Gros Caillou) et on redescendrait à la cité internationale.

 

L’idée est de permettre aux gens de relier les collines facilement, de donner l’alternative à ceux qui viennent du grand Ouest de s’arrêter avant de rentrer dans Lyon et d’accéder rapidement au cœur de ville. Et pour ceux qui viennent du nord-est de s’arrêter dans les parkings de la cité international dont on ferra des parcs relais (ces parkings étant vides la plupart du temps) pour se déplacer rapidement dans le centre ville.

 

Quelle sera votre politique en termes de sécurité ? Allez-vous accroître la vidéosurveillance sur Lyon ?

J’avais été très « fan » de la vidéosurveillance. J’entends bien que cela rassure les gens, c’est un argument incontestable. Ensuite, les études ont montré que les impacts étaient faibles quant à la prévention de la délinquance et à la résolution des enquêtes. On ne va pas dépenser de l’argent pour démonter les caméras existantes, ce serait absurde. En revanche, on peut les utiliser pour faciliter la fluidité sur les grands axes urbains. Mais fondamentalement, la sécurité est l’apanage de l’État. La police municipale est un complément de la police nationale. Cette collaboration n’est pas très efficace aujourd’hui et pour qu’elle le soit plus il faut un adjoint à la sécurité dont ce soit la seule responsabilité. Car quand cette fonction est partagée avec d’autres on n’y consacre pas le temps nécessaire pour la collaboration soit efficace. Par ailleurs, la ville ayant encore des ressources financières, que l’État n’a plus, elle doit investir pour faciliter le travail de la police nationale. Ce qu’on attend d’elle c’est qu’elle soit sur le terrain, qu’elle fasse ce travail nécessaire de prévention, d’enquête, de surveillance, etc. Et aujourd’hui, certains commissariats font peur à voir, le matériel utilisé est parfois obsolète… On sait qu’on peut améliorer le travail quotidien par l’usage du numérique pour le dépôt des plaintes.

 

Vous souhaitez donc investir dans les commissariats ?

Oui, il faut le faire une fois comme il faut. C’est aussi pour cela qu’on parle d’investissements et non pas de dépenses. Embaucher davantage pose des problèmes de dépenses sur le long terme.

 

On a vu une recrudescence des actes antisémites et des actes racistes à Lyon en 2013…

Si ce n’était qu’à Lyon, malheureusement… Je n’ai pas de formules magiques, je suis aussi désemparé que la plupart de mes concitoyens. Ceux qui crient des insultes racistes ou qui manifestent avec des slogans antisémites et ne sont pas condamnés relèvent d’un grave manquement de l’État en la matière. On vit une période difficile, une crise de mutation entre deux mondes et la solution de facilité c’est de pointer les bouc-émissaires : les étrangers, la finance, l’Europe, etc. Chaque fois qu’on est en difficulté on va chercher des solutions simples. Le rôle de l’acteur public c’est d’être ferme sur les principes, de ne pas laisser passer ce qui est contraire à la loi et, parce que souvent la question de la laïcité est posée en toile de fond, d’être extrêmement rigoureux sur l’application de ce principe républicain. La question religieuse ne doit absolument pas perturber le fonctionnement des institutions. C’est l’équilibre de la République.

Mais si vous attendez de moi un outil magique, je n’en ai pas.

 

Quelle politique fiscale comptez-vous appliquez à la ville de Lyon ?

Il est nécessaire aujourd’hui de se préparer de faire mieux avec moins. C’est l’état général des finances publiques : l’endettement de deux milliards d’euros. La ville de Lyon a été relativement bien gérée, l’endettement est plutôt faible. En revanche, le Sytral est endetté et le Grand Lyon également. D’autant plus que demain le Sytal et le Grand Lyon font fusionner dans la Métropole. Donc la dette va peser pour tout le monde. Et on ne peut pas augmenter les impôts, les gens sont arrivés à saturation. Ils ne voient pas à quoi ça sert. Ils payent mais sans avoir la sensation qu’il y a un retour en face. Il faut les rassurer et leur montrer que le service public peut se reformer et s’améliorer dans son fonctionnement. Dans l’état de notre économie il est important de dire qu’on fonctionnera à budget constant le temps de faire des économies et ensuite, symboliquement, on baissera d’un point la fiscalité locale pour montrer aux citoyens la direction dans laquelle on veut aller. On doit faire preuve d’innovation et remettre à plat un certain nombre de politiques publiques pour pouvoir faire mieux demain avec moins de ressources.

 

Pourtant vous avez proposé plusieurs projets précédemment : comment les financer ?

Aujourd’hui, concernant le projet de l’aéro-tram, il existe des recettes, celles du Sytral, celles des contributions des usages, et la subvention. Ce niveau de recette, on en affecte le produit pour sortir de l’argent. C’est de l’arbitrage. Plutôt que de construire une nouvelle ligne de tramway, on construira un aéro-tram qui sera moins cher. Si vous avez 100 de budget vous allez les dépenser en fonctionnement et en investissement : donc nous choisirons l’investissement le moins coûteux.

 

Sur la réforme des rythmes scolaires, on a proposé une réorganisation du service de la cantine scolaire qui est au cœur du fonctionnement de l’école (les grèves se sont multipliées sur le sujet). Les Lyonnais payent la cantine la plus chère de France. Pourtant les repas ne sont pas meilleurs qu’ailleurs, c’est l’organisation qui coûte cher. La réforme que nous proposons permettra d’économiser six millions d’euros.

On est donc pas obliger de dépenser plus pour faire mieux. Bien sûr qu’il faudra changer les habitudes, faire des sacrifices et les élus devront montrer l’exemple. Si on garantit aux gens que le lendemain sera mieux on peut faire des réformes.

 

Que pensez-vous, dans un souci de transparence démocratique, de moraliser la vie politique en dévoilant le patrimoine des élus ?

Très bien ! Cela me paraît tellement évidement.

 

Si vous êtes élu vous dévoilerez votre patrimoine ?

Oui. Je l’ai déjà fait, je n’ai pas de souci par rapport à ça. Cela sous-entend que les élus doivent être exemplaires et que l’engagement public n’est pas fait à des fins personnelles. Beaucoup d’élus sont dans cette optique là. Mais nos concitoyens sont convaincus du contraire, toutes les études d’opinions le démontre : les gens n’ont pas confiance dans les partis et le personnel politique. Tout ce qu’on pourra faire pour recréer cette confiance est pertinent. En l’occurrence, nous proposons de supprimer la pratique de l’écrêtement, une pratique féodale qui existe encore : les élus qui cumulent ont un plafond d’indemnité mais ils ne perdent pas les sommes en trop, ils les redistribuent à d’autres élus. C’est obsolète et pernicieux car ces élus qui reçoivent ces indemnités, comment voulez-vous qu’ils s’opposent un jour à la personne en question. Certains élus du Conseil municipale sont tenus par d’autres qui leur reversent une partie de leurs indemnités. Il faut mettre un terme à cela. Cet argent sera affecté au budget expérimentation-innovation.

 

Et pourquoi ne pas le donner à des associations caritatives ?

Pourquoi pas ? Mais comme c’est de l’argent qui est censé être utilisé par la ville il est dans le pot. Après c’est une question d’arbitrage budgétaire. Notre priorité c’est de faire émerger les initiatives du terrain.

 

Quelle politique culturelle allez-vous mener à Lyon ? Allez-vous favoriser certaines initiatives culturelles plutôt que d’autres ?

C’est le plus gros budget de la ville : entre 20 et 25 % du budget municipal annuel. On a un virage à faire aujourd’hui. On a construit sur Lyon, une politique culturelle des grandes institutions et des grands événements, qui contribue au rayonnement de la ville, c’est incontestable.

J’aimerais qu’on intègre l’accès au savoir dans cette politique culturelle. On est encore dans un schéma très classique où on convoque les gens à la culture mais on n’est pas une démarche où la culture est utilisable au quotidien par les gens.

 

Par exemple, la ville pourrait accueillir la venue de scientifiques, le soir dans des cafés, pour transmettre leurs passions et leurs savoirs. On fait venir la culture à proximité des gens et on leur donne de la matière. Les citoyens sont demandeurs de ça. Nous sommes dans un monde de plus en plus complexe, et il faut parler à l’intelligence des gens.

Je ne réponds pas dans le détail à votre question mais c’est un éclairage de notre programme.

 

Dans celui-ci vous mettez en avant le sport amateur. Vous comptez arrêter de subventionner l’OL ?

La ville ne finance pas l’OL, il est interdit de financer les clubs professionnels. Tous les acteurs publics financent les centres de formations, les associations, ce qui est une façon détournée de passer à côté de l’interdiction. Le sport pro doit trouver son modèle économique. En revanche, la ville doit rester présente en soutien à l’émergence de sport de haut niveau et beaucoup de sports amateurs sont concernés par ça : l’escrime, la natation, etc. On doit promouvoir la pratique du sport au quotidien. Il n’y a pas de pôle élite s’il n’y a pas, en amont, une logique de formation sur tous les niveaux. Aujourd’hui permettre à des enfants et des ados de faire de la compétition à l’échelle départementale et régionale c’est très noble aussi car cela met en avant les vertus du sport : le dépassement de soi, le travail collectif, etc. On veut une politique sportive qui s’adresse au plus grand nombre.

 

Allez-vous mettre en avant le sport féminin à Lyon ?

Bien évidemment que oui. Il n’y a pas de raison de distinguer le sport masculin du sport féminin. Il y a des réussites du sport féminin qui sont tout aussi respectables et nobles que celles du sport masculin. Mais le focus est rarement mis dessus. Ça commence à venir petit à petit. Pour l’anecdote le gymnase de la Duchère a été construit pour promouvoir l’athlétisme, à Lyon on avait un seul pôle élite national (les lancers) et… on n’a pas fait d’espace pour les lancers à la Duchère ! On peut donc toujours améliorer ce qui existe. On pourrait même aider davantage les clubs de sports qui valorisent la pratique féminine au quotidien. Je suis ouvert à toute bonne idée en la matière.

 

Et concernant les sports-études ?

Oui, on a besoin de favoriser la pratique du sport à proximité. Je pense aux escrimeurs car on a de bons clubs d’escrime à Lyon et ils sont obligés de partir très loin pour continuer leurs études. Lyon a les moyens pour que les jeunes sportifs pratiquent leurs passions tout en ayant, à côté, l’accès à des connaissances et des diplômes. C’est dur pour un ado de partir loin de chez lui pour faire du sport de haut niveau.

 

Comment développer la visibilité de Lyon à l’international ?

Faire preuve de créativité concernant l’énergie, le développement durable, l’industrie… Cette ville a un potentiel incroyable. Elle a toutes les richesses nécessaire pour éclairer l’Europe par ses réponses nouvelles dans cette période difficile qu’est la nôtre. Je crois beaucoup à ça, plus qu’à copier un modèle déjà existant.

 

Si nos lecteurs veulent en savoir plus sur votre programme que doivent-ils faire ?

Nous avons un site Internet. Et ils peuvent se rendre sur ma page Facebook.

 

Sylvain Métafiot

 

Article également disponible sur Forum de Lyon

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