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« Reportage sur le lancement de la campagne du Front de Gauche pour les municipales de Lyon | Page d'accueil | LA PÂTE À BONHEUR : qu’est ce que c'est ? »

jeudi, 27 février 2014

« Les mairies sont les remparts contre l’austérité » : interview d’Aline Guitard

 

Les élections s’approchent et nous recevons aujourd’hui  dans le cadre de CLIC pour 2014 Mme Guitard, tête de liste Front de gauche aux municipales de 2014 à Lyon. Pour l’interroger il y avait Sébastien Gonzalves, Maxime Hansen et Étienne Aazzab du Lyon Bondy Blog, Sylvain Métafiot et Jean-Philippe Bonan de Forum de Lyon et Patrice Berger de Radio Pluriel.

 

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici

 

Mme Guitard vous êtes tête de liste Front de gauche aux municipales de 2014 à Lyon. Pouvez-vous nous présenter les différents groupes politiques qui composent cette liste ?

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Sur quelle base vous êtes vous rassemblé avec le Gram de Mme Perrin-Gilbert ?

On s’est rencontré sur des projets. Un des premiers points de convergence a été les questions autour de la métropole. C’est même une des raisons de la création du Gram : réfléchir autour de la métropole. Nous sommes en désaccord avec l’esprit porté par letexte de loi voté à l’Assemblé. Il nous semble qu’il y a un besoin de travailler à une autre conception de la métropole. En ayant suffisamment de conseillers communautaires on peut peser pour tourner la métropole vers une coopération entre les territoires et la démocratie plutôt que de supporter une espèce de monstre qui englobe une grande partie du département (sauf la partie rurale car les campagnes n’intéressent personne) et qui a pour but de déposséder les citoyens du pouvoir de décisions au profit de gens dont ont ne sait pas comment ils seront élus à partir de 2020.

Il y en a d’autres points d’accord entre le Gram et nous : la conception d’une ville avec des services publics de qualité, par exemple, mais je pense que nous en parlerons par la suite.


 Pour quelles raisons les négociations avec le NPA n’ont pas abouties ?

Sur les projets nous étions plutôt proche évidement. Mais le NPA avait un préalable à tout accord : le fait de ne pas participer à l’exécutif quoi qu’il arrive. Or, il nous semblait que décider a priori – c’est-à-dire décider avant même de savoir quelle serait notre score au premier tour et donc notre poids pour négocier – n’était pas la bonne attitude. Cela nous donnait plus le sentiment de faire une candidature de témoignage que de se battre pour être utile. Il y a deux tours et si à un moment on pèse assez fort pour influencer des projets importants via la mairie on pourra alors discuter d’aller dans un exécutif ou non. Et sans le décider à priori comme le NPA le préconisait. De plus, chacune des organisations composant la liste aura à mener ultérieurement des discussions au sein de sa propre structure pour savoir si elle participe ou non à l’exécutif. On a donc acté qu’il nous était impossible de nous rassembler avec le NPA et on le regrette. Ce n’est pas un clivage de fond, on aurait pu construire ensemble une liste encore plus large que celle qu’on propose pour rassembler davantage les citoyens qui ont envie de voir une offre alternative qui soit constructive et dynamique.

 

On va donc essayer de se projeter dans l’entre deux tour. Qui négociera en direct avec Gérard Collomb au second tour ? La liste de rassemblement ou chaque composante ?

On est une liste on y va donc unis. La question de l’exécutif sera la seule ou chacun se déterminera sur le fait d’y aller ou pas car nos adhérents ont leurs mots à dire.

 

Mais n’est-ce pas compliqué d’imaginer une liste avec l’éventualité de voir certaines organisations dans l’exécutif et d’autres pas ?

Non. On a déjà cette expérience au sein du Conseil régional où il y a un groupe Front de gauche avec des communistes qui participent à l’exécutif, et le reste du groupe qui n’y sont pas. Cela ne nous empêche pas de travailler en commun, de monter des projets ensemble et de proposer des amendements communs.

 

Quels rapports entretenez-vous avec la liste écologiste ?

Là aussi on a pris acte du fait que les écologistes avec leur liste « Nouveau souffle » avaient à un moment décider de rompre le dialogue avec nous. Pourtant il y a eu de nombreux échanges entre les Verts et chacune des organisations de notre liste. À la suite du vote interne du Parti communiste décidant de se joindre au Front de gauche, une réunion était prévu le 13 novembre dernier avec les Verts pour discuter d’une possible association mais ils ont annoncé qu’ils n’y participeraient pas et, dans la foulée, ont présentés leurs neuf binômes de listes sur la ville. Nous avons pris acte de cette décision. Concomitamment au vote des communistes, les Verts ont décidé de partir seul pour cette élection. On le regrette car il y avait des points de convergence. Bien sûr, on a des différences avec eux mais il y en a aussi entres les composantes du Front de gauche. Ils ont fait un autre choix et aujourd’hui il n’y a plus réellement d’échange mis à part les saillies d’Étienne Tête dans la presse pour parler d’URSS en parlant de nous.

 

Vous avez parlé du vote interne des membres du Parti Communiste en faveur d’une liste autonome. Ce vote n’a pas été simple, il y a même eu huit élus communistes qui se sont officiellement opposés à la création de cette liste. Vu de l’intérieur comment cela s’est-il passé ?

Tout d’abord ce n’est pas une liste autonome, parce qu’autonomes les communistes le sont tout le temps. Nous avions le choix entre deux rassemblements. Le rassemblement classique pratiqué depuis les années 60 avec le PS ou le rassemblement avec le Front de gauche et d’autres forces.

 

Il faut préciser qu’à Lyon, depuis 1969, le PC était dès le premier tour sur la même liste que le PS.

En effet, mais cette fois on est parti avec une démarche nouvelle au sein du PC lyonnais. On a d’abord travaillé pendant neuf mois autour d’un projet et a partir de ce projet on a rencontré tout le monde, les Verts, le Gram, le PS, etc. et on a eu des échanges avec chacun. Puis les communistes se sont prononcés pour savoir quel rassemblement était le plus utile pour porter notre projet. Ça été serré mais la démocratie c’est souvent serré et il a été décidé que nous partirions en Front de gauche. C’est vrai qu’il y a eu un petit nombre d’élus, huit, qui ont fait savoir dans différentes déclarations de presse qu’ils étaient en désaccord avec cette décision et auraient souhaité un nouveau vote. Notre réponse est très simple : pour qu’il y ait un nouveau vote il faut une situation nouvelle et à l’heure actuelle il n’y a aucune de raisons de faire revoter les communistes. Deux d’entre eux étaient issus de la société civile donc pas engagés par les choix du PC et les six autres se sont mis en congés du PC et si certain d’entre eux partent sur autre liste que la notre ils le feront en tant que société civile, ils ne peuvent pas parlé au nom du PC qui est rassemblé sur une seule liste, la notre.

 

Pourquoi cette volonté de se dégager de la majorité locale ? Que reprochez-vous au PS en général et à Gérard Collomb en particulier ?

Ce n’est pas une liste anti-socialiste ou anti Gérard Collomb. On ne veut pas que cette ville repasse à droite. Mais il y a plusieurs niveaux dans le débat. Tout d’abord sur notre projet, il y a eu le sentiment dans les négociations faites avec le PS, avant le vote interne des communistes, que sur des choses très importantes, comme les services publiques et notamment la régie publique de l’eau, nos positions n’étaient pas prise en considération et on n’obtiendrait aucune avancées en partant au premier tour avec le PS.

 

Dans le même temps il y a aussi des questions nationales, même si les municipales sont des élections locales on n’est pas dans un monde parallèle et ce qui se passe nationalement a un impact sur la mairie. Les choix d’austérités budgétaire faits au niveau national, les coupes sombres faites dans les budgets des collectivités territoriales rejaillissent sur la politique municipale. Et la politique menée depuis l’élection de François Hollande par le gouvernement Ayrault ne donne pas l’impression qu’on écoute les couches populaires de la société, qu’on n’entend pas le vote qui s’est exprimé en 2012. Retraite repoussée à 65 voir 66 ans, pas de soutiens au plus bas salaires, déstructuration du code du travail, etc. les communistes ont le sentiment qu’on a un gouvernement qui se prétend de gauche et qui fait une politique de droite. Or, pour partir avec le PS au premier tour à Lyon on avait besoin d’un signal fort de la part des partenaires locaux d’affirmer qu’ils ferront différemment qu’au plan national mais cela n’a pas été le cas.

 

Les deux choses se sont liées : les questions locales et nationales. On attendait des propositions locales qui contrebalancent la politique nationale car les mairies sont les remparts contre l’austérité : d’une manière générale, la façon dont on gère une mairie réduit l’impact de la violence des inégalités sociales qui viennent des politiques menées nationalement. Mais ça ne suffit pas, il faudrait aussi un changement de politique national. Le rôle d’une mairie c’est être un espace de protection pour les citoyens si on n’a pas de garanti que la ville le soit réellement on ne peut pas travailler ensemble tout de suite. Si on arrive à porter cette exigence là et que ça correspond à ce que veulent les Lyonnais alors ensuite on pourra peser réellement.

 

Selon vous Gérard Collomb est il un maire de gauche ?

Sa politique ressemble beaucoup à celle du gouvernement, notamment sur la question du budget. On a une ville très peu endettée (deux fois mois que Paris ou Marseille, trois fois moins que Lille) c’est un choix d’austérité lié à un objectif de réduire la dépense publique or il y a des dépenses publiques qui sont saines car destinées au service du citoyen et au développement des services publics. Décider qu’il faut faire des économies budgétaire coûte que coûte n’est pas la meilleure solution. À Lyon on a de nouveaux services mais à personnel constant. C’est un problème pour les conditions de travail de ces salaries mais aussi pour la qualité de ces service public. À personnel constant on ne rend pas un meilleur service aux citoyens même si on en crée des nouveaux. La ville pourrait être vraiment plus à gauche. Aujourd’hui on a une ville vitrine. On voudrait une ville pour tous avec plus de solidarités.

 

Dans ce cas là, n’est-il pas opportuniste que le Front de gauche rejoigne la liste socialiste au deuxième tour ?

Il y a une discipline républicaine : la liste de gauche arrivée en tête devra être soutenue par les autres candidats de gauche. Nous espérons que cette liste ce sera la nôtre et que les autres candidats appelleront à voter pour nous.

Pour ce qui est de rejoindre les listes, cela dépendra de ce qui va se décider en termes de projets, de nombre d’élus, etc. Notre objectif est que les idées que l’on porte trouvent un écho dans la population car il nous semble qu’elles répondent à un besoin. Un besoin d’une politique plus à gauche. Si c’est le cas il faudra compter avec nous en termes de projet. Donc la question de « fusion ou pas fusion » va se baser sur les termes de projets et non de personnes.

 

Donc, si la liste socialiste ne vous propose rien entre les deux tours…

On avisera. Nous ne sommes pas favorables aux triangulaires. Nous ne souhaitons pas que cette ville bascule à droite et on espère que les autres candidats de gauche ne le souhaitent pas non plus.

 

Revenons sur les reproches que vous adressés au projet de la métropole. Selon-vous quelles sont les alternatives à ce projet ?

Il y a une nécessité de rappeler que, bien qu’on crée une structure au-dessus, le texte de loi permet de maintenir le pouvoir aux communes et de maintenir une certaine autonomie dans de nombreux domaines comme le logement, donc de créer une vraie démocratie locale participative. Il est possible de décider de ne pas déléguer toutes les compétences à la métropole. C’est un choix. Nous, ce que nous souhaitons, c’est de ne pas les déléguer. Nous voulons permettre aux communes de continuer à exercer leurs pouvoirs. La métropole doit devenir un outil pour les communes. Nous ne sommes donc pas complètement contre. L’idée est qu’elle soit au service des territoires car il existe des déséquilibres entre les territoires. Il y a des villes plus riches que d’autres, plus urbaines, de différentes tailles, etc. La question est de savoir comment on crée du lien entre les villes, comment ont les équilibres, comment les mettre au service du développement des transports afin de couvrir toute la zone. Aujourd’hui, avec le découpage, il y a des zones qui vont se retrouver dans la partie département. On ne sait toujours pas comment ces endroits vont être desservis.

 

Il y a déjà des signes : le Conseil général s’est désengagé dans la perspective de la métropole. On sent que dans de nombreux domaines, la métropole ne se met pas au service des citoyens. Nous pouvons décider mais pour cela, il faut une force et une majorité de gens qui veulent travailler dans ce sens au sein du futur conseil métropolitain. On peut décider que les citoyens aient leurs mots à dire, que la démocratie participative n’est pas quelque chose là pour faire jolie, que les communes gardent leurs pouvoirs et qu’au niveau de la métropole, celle-ci met en lien, à l’image de ce que faisait déjà le Grand Lyon. L’idée est de créer une alternative. Ce n’est pas simplement de dire «  la métropole c’est vilain » mais réfléchir à comment la mettre au service des citoyens.

 

Quelle est votre position vis-à-vis du cumul des mandats ? Si vous êtes élue maire de Lyon et éventuellement présidente de la future métropole, comment allez vous agir ?

Je suis contre le cumul, y compris dans le temps. Je ne suis pas pour faire plus de deux mandats successifs au même poste. Le premier mandat, on apprend. Le second, on transmet son expérience aux autres puis on s’en va faire autre chose. J’estime que la politique ne devrait pas être un métier, mais ceci soulève des questions au plan nationale sur le statut de l’élu. Lorsqu’on est fonctionnaire, c’est plus facile de se mettre en disponibilité et de retrouver son poste après le mandat. Cela est plus compliqué dans la sphère économique privée. Il faudrait réfléchir à une éventuelle loi qui permet aux gens d’être élu un moment avec une garantie de pouvoir retravailler par la suite. Cela permettra à plus de gens de prendre des initiatives politiques. Ainsi on n’enchainera pas les mandats jusqu’au-delà de la retraite. Etre élu à 70 ans, ce n’est pas une bonne idée. Une chose de sûr c’est que si je suis élue maire de Lyon, je ne serais pas présidente de la métropole.

 

Une des questions qui préoccupe le plus les Lyonnais est celle liée à la petite enfance, notamment celle des places dans les crèches. Que préconisez-vous pour améliorer l’accueil dans ces établissements ?

D’abord, il faut en créer. J’ai une sœur qui travail en crèche depuis longtemps. Elle voit les conditions se dégrader. Quelles que soit les structures – associatives, publiques ou privées – il y a un manque de places. Les directives de la CAF étant de faire du remplissage, la qualité d’accueil des enfants se dégrade. Il faut donc créer des crèches car tout ne peut pas passer par des assistances maternelles. De plus elles sont plus chères. Or c’est aujourd’hui la solution la plus utilisée pour pallier au manque de crèches. Ensuite, pour un certain nombre d’enfants, cela pose la question du vivre en collectivité. Par exemple pour les enfants uniques, c’est important qu’ils soient en groupe dès le plus jeune âge, car c’est un apprentissage. Il faut créer des crèches et surtout endiguer ce qui se développe à Lyon et ailleurs, c’est-à-dire le développement des micro-crèches : des établissements privatisés qui sont très chers et donc réservés à des gens aisés.

 

C’est vital. Le taux de natalité en France est convenable, à Lyon et ailleurs dans notre pays. Il faut permettre aux familles qui ont des enfants de ne pas obliger les femmes à abandonner leur travail, ce qui se fait souvent pour des questions de niveaux de salaires. Il faut créer des crèches, les mettre en relation et que les assistances maternelles aient accès à des relais : c’est-à-dire des temps ou elles se retrouvent, se regroupent pour faire des activités collectives.

 

Que pensez-vous de la semaine de quatre jours ? Si vous êtes élue, l’appliqueriez-vous ?

En tant que professeur, j’ai un avis professionnel sur la semaine de quatre jours. Je trouve déjà saugrenue de modifier le temps de travail des gens concernés sans consultation préalable. Tout comme le fait de décider de modifier le rythme des gens sans les concerter. Je ne suis pas forcément contre le fait que les enfants aient moins d’heures de cours par jour et que ceux-ci soient plus étendus dans la durée. Je suis d’une génération où on allait à l’école le samedi, et puis à partir du collège, le mercredi et le samedi. Ceci dit, la société a changé, notamment par la diminution du temps de travail. Les parents ont désormais plus de temps à partager avec leurs enfants. Et le temps en famille est important pour les enfants et pour les parents.

 

La question est comment on structure le rythme scolaire. Rajouter une demi-journée d’école pour alléger la journée afin de permettre aux enfants d’être moins fatigués, plus détendu, étaler le temps de travail sur la semaine, oui c’est une bonne idée. Mais qu’est-ce qu’on met en place autour, pour le périscolaire ? Quels sont les moyens ? Est-ce qu’on met simplement un ballon dans la cour ? Je n’en vois pas l’intérêt. Autant aller en centre aéré faire des vraies activités culturelles, manuelles ou sportives le mercredi. Ou alors, est-ce qu’on leur propose des ouvertures culturelles, artistiques, des découvertes d’instruments de musiques, etc. En bref, quelle qualité du périscolaire ?

 

Et puis, cela pose la question de la fatigue. On veut réduire le nombre d’école par jour mais cela ne réduit pas la longueur de la journée pour les enfants. Leurs parents continuent d’avoir un travail où ils commencent à 8h pour terminer à 17h, 18h, ou 19h. Donc les enfants ne sont pas moins fatigués. Il faut prendre le temps de poser les questions suivantes : celle des moyens, des conditions de travail des enseignants à qui ont va demander de travailler différemment et la question des intervenants du périscolaire : qui sont-ils et quelles sont leurs conditions de travail ( diplôme, qualification…). Pour l’instant, dans les textes qui sont pondus nationalement, il n’y a rien. On nous annonce simplement qu’il faut travailler une demi-journée de plus et à charge à chaque ville de gérer les choses. À l’heure actuelle, il ne me semble pas qu’à Lyon, il y ait une véritable concertation de fond, organisée et démocratique. Il n’y a pas de vraie démocratie participative où on demande aux usagers de donner leur avis et de réfléchir à comment on met en œuvre cela, alors que c’est censé être mis en place à partir de septembre prochain.

Il me semble qu’il faut prendre le temps de réunir tous les acteurs sur cette question-là. Et peut-être ne pas le faire dès la rentrée prochaine.

 

Vous proposez une extension du programme d’insertion Andatu pour les familles Roms. Pendant ce temps-là, l’équipe municipale actuelle continue de dire que l’avenir des Roms est en Roumanie…

Si nous étions dans un monde merveilleux, les gens ne seraient pas obligés de fuir leur pays. Des gens qui se contraignent volontairement à partir c’est assez rare. Il y a des gens qui choisissent la mobilité par plaisir de voyager, pour rencontrer du monde, etc. Mais la majorité des gens qui quittent leur pays, et notamment pour venir vivre dans ces conditions, ce n’est pas par choix. C’est que les conditions dans leur pays d’origine ne leur permettent pas de vivre. Si nationalement, les Etats travaillent à mettre en place des collaborations pour assurer un développement harmonieux entre les différents Etats, il y aura effectivement moins de gens qui viennent s’installer dans les pays les plus riches d’Europe. En attendant, il y a des gens qui sont ici, et ils méritent de vivre décemment, dans de bonnes conditions. Ils méritent d’avoir des logements, de ne pas dormir sous des ponts, leurs enfants méritent d’aller à l’école. Nous sommes dans un pays où le droit à l’école n’est pas conditionné au fait d’avoir la nationalité ou d’avoir des papiers, fort heureusement. On doit donc développer les programmes d’insertions : au niveau du logement, de l’école, au niveau de la langue et de l’emploi. Nous sommes dans une ville riche, nous ne devons pas avoir peur d’intégrer les gens qui sont là. D’autant plus qu’ils ne sont pas des milliards. Nous ne sommes pas dans une invasion de Roms qui prendrait d’assaut Lyon. On est en capacité d’accueillir les gens, notamment en période d’urgence actuellement. Nous sommes dans la trêve hivernale, il y a des Roms qui dorment dehors et cela n’est pas normal. Il y a des bâtiments vides qui appartiennent à la ville, au département, au Grand Lyon, aux HCL, ce n’est pas normal que ces bâtiments restent vides quand des gens dorment dans la rue.

 

Sur la question des sans-abris, vous mettez en avant, au sein du Front de Gauche, votre volonté de solidarité avec cette population. Concrètement, que cela signifie ?

Il y a plusieurs propositions : l’hébergement d’urgence dans les bâtiments publics vides. Sur le 1er arrondissement, on a beaucoup parlé de l’ancien collège Truffaut, mais si on monte sur le haut du plateau, il y a aussi Maurice Scève qui est dans la même situation que Truffaut pour les mêmes raisons car les deux établissements ont été fermés. Si on fait le tour des arrondissements, on va en trouver beaucoup… À quoi servent ces bâtiments vides ? J’entends qu’il y a des projets. Mais un projet ne se monte pas en une semaine. Pendant ce temps, ne pourrions-nous pas utiliser ces endroits ? Il y a aussi des logements vides car les propriétaires, pour différentes raisons, ont du mal à louer. Et il y a des associations d’aide au logement, qui sont en capacité d’aider. On propose donc un contrat locatif à durée déterminée, qui permet au propriétaire de louer, en partenariat avec une association, qui aide les familles ou les personnes seules à se restructurer, à reprendre pied dans la vie, de trouver un emploi afin d’être de nouveau capable de prendre un logement « normal ». Ce n’est pas acceptable que des gens dorment dehors dans une ville riche et dans un pays riche comme le nôtre. Nous pensons qu’il existe les moyens pour loger les gens et qu’au fond, ce n’est qu’une question de volonté politique.

 

Faut-il repenser les centres d’accueil d’urgence ? Certains sans-abris ne désirent pas s’y rendre. Par ailleurs, ne faut-il pas avoir une vision plus globale et sortir de la logique d’urgence ?

Je suis d’accord avec vos questions. Oui, il le faut. Les hébergements d’urgence, c’est la gestion de l’urgence et le bon sentiment de dire qu’on ne peut pas laisser des gens dehors. Après, ce sont des nuits en collectivité, avec des gens qu’on ne veut pas obligatoirement cotoyer, dans des conditions difficiles. On peut comprendre que ce soit insupportable. Certes, ça ne l’est pas moins de dormir dans la rue. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut plus d’hébergement d’urgence. Il s’agit de poser les questions autrement et de s’attaquer à la question du logement dans cette ville. Il y a 23 000 demandes de logement social chaque année qui ne sont pas satisfaites. Bien qu’il y ait des efforts depuis 2001 dans la construction de logements sociaux, ce n’est toujours pas suffisant. Il faut accélérer. Il faut aller plus loin de façon à que les gens ait accès à un toit. Personne ne choisit de dormir dans la rue.

 

La proposition d’un contrat locatif à durée déterminée permet aux gens, non pas d’être dans un foyer d’urgence où il faut rappeler tous les soirs le 115, ce qui prend beaucoup de temps et ne permet pas de se remettre à flot dans sa vie personnelle et professionnelle. À un moment, il faut travailler avec les associations afin que tout le monde ait un toit, et non pas seulement survivre en logement collectif. Il faut quelque chose qui soit adapté à chacun et à son intimité. Les foyers manquent d’intimité. Il faut donc travailler la question du logement d’urgence en même temps que la question globale du logement. Nous proposons d’aller plus loin que les obligations de la loi SRU. On veut atteindre les 25% de logements sociaux dès 2020 et non pas en 2025. Aller au 30% de logements sociaux en 2030. Pour y arriver, il faut exiger que, sur toutes les nouvelles constructions, 50% soient sociaux. Et dans ces 50% il faut exiger qu’une très grosse part soit tournée vers les catégories les plus défavorisées, ce qui n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui, où nous avons du logement social « plus ».

 

Ces dernières années, la ville a mis en place une politique du mobilier urbain qui vise à exclure les sans-abris du centre-ville. Concrètement, reviendriez-vous sur cette tendance ?

La volonté qui est d’empêcher les sans-abris de s’allonger sur un banc rejaillit aussi sur la mamie ou le papi qui ne peuvent plus s’assoir nulle part. Ce sont des choix qui sont effectivement à destination des sans-abris, à l’instar de ce qui se passe dans le métro, où il y a des sièges individuelles et pas des bancs. Il faut retrouver de la convivialité.

 

C’est tout de même quelque chose de fort et de symbolique dans la politique de la ville…

Oui, dans certains endroits, ça sera vital de les enlever. Et dans les endroits où il n’y en a pas, on mettrait que du mobilier normale.

 

Que préconisez-vous pour les personnes âgées, notamment au niveau de l’accompagnement ? Avez-vous une politique spécifique dédiée à cette tranche d’âge ?

Il y a deux choses : d’abord il y a un manque de place en maison de retraire. À un moment, pour un tas de raisons, les gens ne peuvent plus garder les anciens à la maison. J’ai été confronté à cela. Mon père avait Alzheimer. Ma sœur et moi travaillions à temps pleins. De fait, nous n’avions plus le temps et la présence de nous occuper de lui. À Lyon, il y a beaucoup d’établissement à but lucratif, très chères, et donc pas forcément accessibles au plus grand nombre. Il faut développer davantage de maison de retraite intramuros. Nous, nous avons fini à Albigny sur saone : soit une heure et demie pour aller voir notre père en transport en commun.

 

Il faut donc répondre à ce besoin. Et puis, il y a ceux qui sont capables de continuer à vivre chez eux mais qui ont besoin d’aide. On ne finit pas tous dans un état où la santé ne nous permet plus de vivre chez nous. Il faut créer des logements plus petits, adaptés, afin que les personnes âgées puissent rester vivre dans leur quartier, les ménages dans un bâtiment plus adapté, avec par exemple un ascenseur.

 

Il y aussi l’idée d’habitat coopératif. Dans l’idée, c’est ce qui s’est fait à Villeurbanne avec le village vertical. L’habitat coopératif, ça existe beaucoup en Allemagne, y compris dans les petites villes. Des étudiants vivent dans le même immeuble que des personnes âgées où il y a un vrai échange de services. Les étudiants ont un loyer moins cher en échange de quoi ils aident à faire les courses ou d’autres choses. Cela créé du lien social, ça évite l’isolement, ça améliore les rapports entre les uns et les autres, et surtout, ça permet aux personnes âgées de rester dans leur quartier. C’est difficile d’être « arracher » du quartier ou l’on a vécu toute sa vie, même si c’est la meilleure solution pour vivre bien. On doit travailler pour que les gens puissent rester dans leurs quartiers et puissent avoir des liens avec les plus jeunes.

 

La politique de grands travaux a été particulièrement active sous les deux mandats de Gérard Collomb. Quelle est votre opinion sur cette politique ?

Il y a des choses très biens : l’aménagement des berges du Rhône, notamment. Cependant, j’ai un problème sur le chantier de l’Hôtel-Dieu. Faire disparaitre un hôpital public pour en faire un espace voué au luxe, c’est surréaliste. Je suis en complet désaccord avec ça. Nous avons réclamé le maintien de centres de soins au sein de l’Hôtel-Dieu, ou au moins la présence d’un centre de dépistage du Sida et d’un centre d’accueil pour les IVG.

 

Sur le Grand stade, je ne vous étonnerais pas en vous disant que je suis également en complet désaccord. C’est beaucoup d’argent public mis à disposition d’une entreprise privée alors que le service public a bien besoin de cet argent. Il faut arrêter avec ce genre de chose, à l’image de la Confluence ou du Musée. Avec la Métropole, nous allons récupérer les dettes. On a fermé le musée Guimet sans que celui de la Confluence soit ouvert. Combien d’enfants n’ont pas pu visiter ce musée en attendant autre chose ? Il faut arrêter avec ce genre de chose. Il faut développer des projets à échelle humaine. Aujourd’hui, la logique c’est la « ville vitrine, la métropole mondiale ». Ainsi, dans cette logique il faut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. La concurrence avec les autres métropoles poussent à développer de tels projets. À mon sens, il faut revenir sur le local et l’humain.

 

Vous militez pour une gestion de l’eau, des traitements des déchets et de la restauration scolaire en régie, alors que la politique de Collomb défend le modèle de la délégation de service publique. Quelles seraient les avantages, selon vous, d’une délégation en régie ? Et pourquoi Gérard Collomb s’obstine-t-il dans la voix de la délégation de service publique ?

Pour la deuxième partie de la question, je suis tentée de dire que c’est à lui qu’il faut poser la question. Je préfère vous parler de la régie publique. Cela permet aux citoyens d’avoir la main sur les choses. Dans une régie publique, il y a forcément l’implication des citoyens, sinon ça ne fonctionne pas. De plus, c’est la certitude d’avoir un service aux services des habitants, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de bénéfices. Il faut faire un peu de bénéfices pour pouvoir réinvestir, entretenir et développer. Mais l’objectif premier n’est pas une rentabilité financière vouée à enchérir des actionnaires. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Pour nous, une régie publique garantit la maîtrise du service en question. Dans le cas de l’eau, il s’agit d’avoir la maîtrise de la collecte jusqu’à la distribution, évitant aussi le gaspillage, notamment par le manque d’entretien des canalisations. Et c’est surtout la maîtrise sur le prix. Dans la délégation de service publique (DSP) de l’eau qui vient d’être votée, on nous promet une baisse du prix de l’eau de 23%. Etant donné que pendant les années de la précédente DSP, le prix de l’eau a augmenté, faisant de Lyon l’une des villes les plus chères de France en terme d’eau. C’était la moindre des choses que Véolia rebaisse les prix. Il me semble que la régie, c’est plus démocratique et que c’est une meilleure garantie d’un service publique.

 

Et c’est faisable, d’autant plus que sur la question de l’eau, nous sommes déjà propriétaire des choses. Les compétences qui existent chez Véolia pourraient très bien être embauchées au profit d’une régie publique. On ne se retrouverait pas sans personnes pour faire fonctionner le service de l’eau. C’est une des choses qui fut objecté durant le débat. Toutes les villes qui sont revenus en régie publique ne se sont pas retrouvées sans personnes. Pour résumer, cela garantit la stabilité du prix voire une baisse et cela garantit une vraie gestion en faveur des citoyens et non pas des actionnaires…

 

Vous savez qu’on va vous répondre que la gestion en service publique coûte plus cher…

C’est faux. Dans les études faites en 2012, qui étaient orientées très clairement en faveur de la DSP. Alors que les points concernant la régie publique étaient très vite écartés. On a sorti des chiffres incroyables : il aurait soi-disant fallu deux fois de personnel pour faire fonctionner l’eau en régie. Au nom de quoi ? C’est vraiment une mauvaise image que que certains veulent donner de la régie publique. On aurait pu accepter de réaliser une mixité fonctionnelle dans un premier temps, pour sortir de la DSP, et la fois suivante on va en régie. Les citoyens étaient plutôt favorables au service public lorsque nous faisions des rencontres et des événements autour de cette question.

 

Au niveau des transports urbains, vous préconisez la gratuité pour tous. Pouvez-vous expliquer ce choix ?

Nous n’employons pas le terme de gratuité mais celui de libre-accès. Il y a bien quelqu’un qui paye, ce n’est pas gratuit car il faut bien financer cela. C’est en réalité le libre accès pour l’usager, car avant qu’il paye son ticket de bus, il a déjà payé son transport par ses impôts. Une grande partie du réseau de transports en communs est financée par une première fois par les impôts, puis une seconde fois par le ticket ou par l’abonnement. Pour arriver à un libre accès à tous, il faut développer une meilleure participation des entreprises qui, pour l’instant, remboursent la moitié des abonnements. Il faut faire des choix et réorienter certaines choses. Par exemple, l’argent destiné aux agents de contrôle pourrait être utilisé différemment. On sait aussi que l’état de santé de Kéolis ne permettra pas d’y arriver demain matin. Notre réseau de transport sert de vitrine internationale donc il est n’est pas financièrement en très bonne état. Il va falloir un travail de fond pour revenir à une régie. Dans un premier temps, nous pouvons obtenir la gratuité pour les plus précaires, pour ceux qui sont au RSA socale par exemple. Ils payent actuellement 8,10€. On nous explique que c’est un tarif social. Certes, mais quand on a des revenus à 500€ par mois, 8,10€, ce n’est pas rien. Le réseau, dans l’état actuel des choses, même en DSP, est capable de le faire. Puis la gratuité pour les étudiants, etc.

Cela dit, le libre-accès total est une question qui fait débat au sein de la liste puisque c’est une proposition du Front de Gauche mais ce n’est pas forcément un point d’accord avec le Gram qui pense qu’il faut maintenir une participation symbolique.

 

Vous proposez la création d’un Parlement écologique. Pouvez-vous détailler cette proposition ?

La question de l’écologie doit se poser partout. On culpabilise beaucoup le citoyen, tous les jours, sur sa consommation d’eau, sur la façon dont il jette ses déchets. On pose beaucoup moins la question de l’écologie aux entreprises. On leur donne même le droit de polluer si elles ont assez d’argent pour payer le droit à polluer, ce qui est un souci. On doit créer une structure dans laquelle on trouverait les partenaires économiques, les partenaires institutionnels (villes et métropole), les entreprises, les citoyens et les associations qui font de l’expertise écologique, pour travailler à la réduction de la pollution par les entreprises, celle des transports, celle du traitement des déchets, etc. Cela ne peut se faire que dans une coopération dans laquelle les citoyens sont associés pour prendre des décisions, et où les entreprises s’engagent à mettre en œuvre des modes de production moins polluants (voire totalement propres), des modes de transports doux (notamment en utilisant l’énergie fluviale), une réutilisation du réseau ferroviaire avec le fret pour diminuer le transport routier, etc. En somme, la mise en relation de tous les acteurs économiques, citoyens, etc. pour travailler à la diminution de la pollution et à l’instauration d’une économie durable.

 

N’étant pas favorable à l’austérité en termes de dépenses publiques, sur quels secteurs budgétaires vous accentuerez vos efforts ? Et quelle politique fiscale appliqueriez-vous ?

Lyon est une ville très peu endettée et il nous semble que l’on peut avoir un étalement différent de la dette, à sept ou huit ans comme tel est le cas pour la plupart des villes qui sont gérées correctement. Avec l’étalement ces villes dégagent des investissements supplémentaires pour le logement, l’aménagement urbain, de services publics. Il faut réorienter le budget en décidant de fonctionnement différemment, c’est-à-dire : travailler sur des dettes utiles à la collectivité, en évitant les dettes toxiques. On ne mettrait pas en péril le budget de Lyon en mettant un taux d’endettement à sept ou huit ans plutôt qu’à quatre ans. Il ne s’agit pas de retirer la manche du blouson à Paul pour aller habiller Pierre parce que cela ne réglerait aucun problème.

 

Il ne s’agit pas non plus de décider d’augmenter les impôts. Il s’agit aussi d’avoir une meilleure justice fiscale nationale. La pression est sur les citoyens. Il faudrait un impôt sur le revenu plus juste, avec plus de tranches pour dégager de l’argent pour le citoyen. L’impôt local doit également prendre en compte les différentes situations locales : concernant la taxe d’habitation il vaut parfois mieux habiter à la Croix-Rousse qu’à Vénissieux. Le remembrement n’a pas été fait depuis des siècles. L’État doit refaire l’étude de tous les logements, ce qui nécessite un investissement pour retrouver l’équilibre.

 

Pas d’augmentation des impôts locaux et pas de baisse non plus ?

Il faudra regarder au plus près si l’on peut les réduire mais pas d’augmentation dans un premier temps.

 

Lyon a connu l’émergence de plusieurs grands événements culturels (Festival Lumière, Biennale d’art contemporain, etc.). Les prolongeriez-vous ou appliqueriez-vous une politique différente ? Et si oui, laquelle ?

Il y a des choses extrêmement intéressantes dans cette politique culturelle et il me semble qu’il ne faut pas la jeter à la poubelle. Car pour chacun de ces grands événements il y a l’obligation pour les structures de travailler avec les associations locales. C’est là que le bat blesse car si certaines structures le font très bien, comme le service archéologique de la ville ou l’opéra, d’autres le font beaucoup moins. Par exemple, dans le cadre de la biennale de la danse, le défilé s’organise sur un budget supplémentaire. Il faut rappeler l’engagement de la charte culturelle. Les grands événements sont réussis, ils attirent des Lyonnais, des touristes, des habitants des communes de la métropole. Ils ont accès à l’art contemporain qui n’est pas évident à la base. La pratique doit aller vers les citoyens, dans les quartiers. Il faut recommencer des partenariats pour le théâtre et la musique avec des petites compagnies.

 

Pour vous, les petites associations sont nécessaires afin de maintenir l’équilibre dans la société ?

Oui, bien sûr. Les associations c’est là où on découvre, là où on se construit, où on crée du lien. Sur la culture on a quand même quelques soucis : on n’a pas de vraie école de musique dans cette ville.

 

Il y en a une quai Pierre Scize.

Oui mais je peux vous citer des villes avec le même nombre d’habitants où il y a plus d’une école de musique. Comment on fait pour que la pratique musicale soit plus près des citoyens ? On doit passer par les associations car elles existent, celles qui proposent des pratiques culturelles. Il faut les aider à se développer. Car le conservatoire n’accueille pas tout le monde.

 

En somme, c’est encore une élite qui a accès aux pratiques culturelles.

D’une certaine façon oui. Pour la pratique musicale certainement.

 

Vous souhaitez ouvrir la pratique musicale à tous ?

Oui, cela fait partie de la construction de chacun de pouvoir accéder à cela. On n’est pas tous obligé de jouer d’un instrument mais tous devraient avoir la possibilité d’accéder à la pratique s’ils le souhaitent. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.

 

Aideriez-vous une pratique ou une initiative culturelle plutôt qu’une autre ?

À un moment il convient de faire des choix car les budgets ne sont pas illimités. Les habitants arrivent avec des projets et les choix vont se faire sur l’implication du plus grand nombre de citoyens d’un quartier, sur l’implication des défavorisés pour permettre un accès pour tous et pas seulement à une élite, sur le degré de mixité sociale, etc. On ne pourra pas dire oui à tout.

 

Faut-il sauver le soldat Guignol ?

Guignol c’est la culture lyonnaise. Il me semble que cela ne doit pas disparaître. De la même façon qu’il faut un véritable espace pour les Canuts. Ce sont des choses sur lesquelles on travaille pour pas que cela disparaisse. Avec tout ce que représente Guignol à la base (la satire, la critique) la ville doit s’en préoccuper.

 

Guignol a 250 ans mais n’est pas protégé.

Il faudrait qu’il le soit. On pourrait même demander son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. On peut bien inscrire de la nourriture et des plats typiques…

 

Continuerez-vous à allouer un budget à l’Olympique lyonnais ? Ou mettriez-vous davantage l’accent sur des clubs amateurs ?

Ce dont on a besoin aujourd’hui c’est une pratique locale du sport, un accès pour tous, un développement des terrains de proximité (il n’y en pas suffisamment), aider les clubs sportifs et les associations locales. Et le foot n’est pas le seul sport existant. Je n’ai rien contre mais toutes les pratiques sportives doivent s’exprimer. On a donné beaucoup d’argent à l’OL ces dernières années. Ils ne peuvent pas se plaindre de ce que la collectivité leur a fourni.

 

Que pensez-vous de la politique de Gérard Collomb consistant à augmenter la vidéosurveillance en ville ? Il y a eu 152 caméras en plus des 262 existantes.

On nous vend les caméras comme une meilleure façon de protéger les citoyens. Il devait y avoir une évaluation de leur efficacité qui n’a pas eu lieu. Personnellement, je ne suis pas pour le développement des caméras. Il me semble que ce dont on a besoin c’est plus de présence humaine. Il y a les conséquences des politiques nationales qui ont été menées concernant la diminution du nombre de policiers un peu partout. La police municipale est surtout là pour mettre des PV quand on n’est pas bien stationné. Je suis favorable à la création de médiateurs dans tous les quartiers pour créer du lien, des rapports humains, pour qu’on ait moins besoin de surveiller les gens. La vidéosurveillance est une politique à Lyon mais ailleurs aussi : la réponse toute faite de la préfecture en matière d’insécurité c’est la vidéosurveillance. Mais on n’alloue jamais un budget pour des médiateurs, plus de police municipale ou plus de prévention. On alloue un budget pour la surveillance. Je trouve cela bien malheureux car on résout surtout le problème du sentiment d’insécurité alors que le problème d’insécurité se résout par davantage de présence humaine.

 

Que pensez-vous de l’état des prisons en France et de la réforme pénitentiaire promise par Mme Taubira : réduction de la surpopulation carcérale, suppression des peines plancher…

L’état des prisons en France est catastrophique que ce soit pour les adultes et encore plus pour les mineurs. La prison c’est déjà un constat d’échec. Il y a de nombreux cas de personnes qui n’ont rien à faire en prison et qui ont besoin d’autre chose : d’aide, d’accompagnement. Donc travailler à diminuer la surpopulation des prisons me semble une bonne chose, tout comme la suppression des peines plancher.

Il me semble, d’une façon globale, que l’on doit davantage travailler avec les jeunes délinquants à l’insertion, au suivi, avec des assistants sociaux, des médiateurs, des éducateurs qui permettent d’éviter la récidive et de retrouver le chemin de l’école et le sens de la vie dans la société. Cela passe par une meilleure politique dans la ville et, plus généralement, dans le pays. Quand les gens auront le sentiment que le seul moyen de s’en sortir ce n’est pas la délinquance ils auront plutôt envie de vivre à l’extérieur qu’en prison. Personne ne rêve de finir ses jours en prison.

 

Si nos lecteurs veulent en savoir plus sur votre programme que doivent-ils faire ?

Ils peuvent se rendre sur la page Facebook. Ils peuvent aussi m’écrire àguitard.lyon2014@gmail.com

 

Article également disponible sur Forum de Lyon

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