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samedi, 06 mars 2010

Le paradigme de Michigan

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Alors que la campagne pour les élections régionales bat son plein (rires), voici une théorie, parmi d'autres, du comportement des électeurs.

 

A travers l'ouvrage The American Voter, les chercheurs de l'université de Michigan développent la théorie de l'électeur rationnel en s'appuyant sur des enquêtes nationales aux Etats-Unis, réalisées la veille et le lendemain de chaque élection présidentielle de 1948 à 1956, où l'on interroge environ 2000 individus représentatifs des électeurs. Ils mettent en avant la psychologie individuelle et les perceptions politiques de ces derniers pour expliquer la signification de leurs votes.

 

De fait, ce que l'on appellera le paradigme de Michigan se développe sur la base de deux facteurs : l'identification partisane et le contexte électoral.

 


De fait, ce que l'on appellera le paradigme de Michigan se développe sur la base de deux facteurs : l'identification partisane et le contexte électoral.

 

Pour connaître à l'avance le vote des électeurs, les chercheurs demandent aux personnes interrogés de se définir elles-mêmes par rapport à « l'attachement affectif » (notion purement psychologique) qu'elles entretiennent vis-à-vis du parti démocrate ou du parti républicain (et plus précisément des candidats et des programmes). C'est que qu'ils appellent « l'identification partisane ». Elle se mesure à travers trois questions : l'une sur « l'orientations partisane », l'autre sur l'intensité de cette orientation, et la dernière sur le rapprochement des « indépendants » vers les démocrates ou les républicains. Grâce aux réponses obtenues on établit un classement des électeurs qui va de « très démocrates » à « très républicains ». Parmis les résultats de ces études on remarque que « quelle que soit l'élection, les trois quarts des électeurs se définissent comme démocrates ou républicains, contre environ 6 % d'indépendants purs ». Mais, « l'identification partisane varie selon le milieu social et culturel des individus » : les minorités et les syndiqués se sentent plus proche du parti démocrate. Plus le niveau d'intérêt et d'engagement politique est grand plus l'identification partisane augmente : les « indépendants » sont « les électeurs les moins politisés et les plus indifférents ». Par ailleurs, plus les votants s'identifient à un parti, plus ils sont favorables aux candidats de ledit parti, ainsi qu'à leurs politiques intérieure et extérieure. De fait, ceux qui sont peu politisé n'ont que l'identification partisane comme repère : leurs votes est comme un « acte de foi ».

 

Mais, « le contexte de chaque élection, la nature des enjeux et la personnalité des candidats » sont également des éléments importants pour l'électeur. Son comportement n'est pas le même à chaque élection. Si le vote est surtout défini par « l'identification partisane » à cause de l'absence de candidats charismatiques et d'enjeux essentiels, l'élection est dite de « maintien ». Si le vote est en contradiction avec l'identification partisane, l'élection est dite « déviante ». Enfin, si le vote traduit une transformation durable de l'identification partisane, l'élection est dite de « réalignement ».

 

 

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Les théoriciens du paradigme de Michigan ont beau critiquer le « déterminisme sociologique » de Paul Lazarsfeld, certaines de leurs conclusions sont concordantes avec l'auteur de The People's Choice, notamment sur « les effets politiques de l'appartenance à un groupe » et sur l'idéal-type (comme aurait dit Max Weber) de l'électeur américain qui apparaît « peu politisé, peu concerné par les enjeux, peu structuré au niveau de l'opinion », etc. De plus, ils affirment que le milieu social et familial est un fort déterminant des choix électoraux et que la volatilité électorale ne concerne, de façon marginale, que les indépendants et les exclus du monde politique et social.

 

L'instabilité croissante des électeurs et l'érosion de l'influence des variables sociologiques ont entraîné l'émergence d'un électeur « rationnel », plus « individualiste » et plus « stratège », soustrait à l'influence de ses groupes d'appartenance. Dès 1966, Vladimer O. Rey J.-R tentait de dégager la figure d'un électeur actif, raisonnable et autonome libéré de la « camisole de force » des déterminants sociaux. Les électeurs qui changent de préférences politiques entre deux élections ne sont, selon lui, ni plus ni moins rationnels que les électeurs fidèles à un parti, ni moins instruits ou politisés.

 

Cette critique a été étayée par Norman H. Nie, Sydney Verba et John R. Petrocik. Dans l'ouvrage The Changing American Voter publié en 1976, ils montrent que l'identification partisane a connu, aux Etats-Unis, une importante érosion. La proportion d'électeurs mobiles s'accroît, renforçant le « vote sur enjeux » (basé sur les questions importantes au moment de chaque élection). C'est donc la mobilité qui est la règle, et la stabilité l'exception.

 

L'étude des comportements électoraux s'est donc recentrée sur un modèle antérieurement développé par Anthony Downs en 1957. l'électeur est appréhendé comme un homo-oeconomicus, doté d'une rationalité lui permettant de sélectionner une offre partisane en fonction du bénéfice économique et symbolique qu'elle pourrait lui procurer, en examinant les performances passés d'un gouvernement ou les promesses d'un parti.

 

 

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Des chercheurs comme Himmelweit on par la suite tenté d'articuler les perspectives psychosociale et économique en présentant l'électeur comme un « électeur-consommateur ». Celui-ci choisit parmis les biens politiques (candidats, partis, programmes, etc.) qui lui sont proposés, en fonction de ses votes passés, des préférences dont il a hérité et de l'influence des groupes auxquels il appartient. La rationalité, ici, signifie un « vote du porte-monnaie ». L'électeur « instable » peut être aussi bien électeur « apathique », peu politisé et protestataire, qu'un électeur « stratège », c'est-à-dire qui ne vote pas systématiquement pour le même parti ou la même tendance politique.

 

Sylvain Métafiot

 

 

Commentaires

 

Merci pour l'article :-) très intéressant.

Et pour l'Europe les types de questions donneraient quoi ?

biz l'ami

 

The voter "unstable" can be both voter "apathy" and apolitical protest, a voter "strategist," saying, for those who does not vote consistently for the same party or the same political tendency.

 

Keep going on.

 

Récemment, j’ai aussi eu l’occasion de présenter un papier dans lequel je montrais que l’influence des « variables lourdes » (classe sociale, religion) sur le vote en France demeurait considérable, dès lors que l’on utilise les bons outils méthodologiques pour les saisir. Ainsi, je défends la thèse selon laquelle lors de l’élection présidentielle de 2007 nous avons bien assisté à un vote de classe, renforcé (Sarkozy) ou contrarié (Bayrou, Le Pen dans un sens différent) par un vote religieux.

 

J’ajouterais un élément, peut-être plus polémique : il me semble que l’un des moteurs de cette course à la nouveauté est la compétition entre les chercheurs. Il est plus facile de publier et de se faire connaître quand on explique quele monde change et que les bonnes vieilles théories sont à basarder que lorsqu’on affirme que fondamentalement tout ne change pas tant que ça. Et puis ça semble mieux passer dans les journaux, aussi…

 

Les causes de cette crise vont du politique au culturel en passant par le social et l’économique. Les partis politiques sont en crise : taux d’adhésion faibles. Facteur de la crise : alternances successives des années 80. Difficulté du système politique à répondre aux nouvelles exigences des citoyens. C’est une crise de mutation où de vieilles modalités de participation meurent et de nouvelles cherchent à naître. En effet, les citoyens s’intéressent toujours à peu près dans les même proportions à la politique lais ils se retrouvent mal dans les modalités traditionnelles de participation et de représentation politique.

 

De bien intéressants commentaires, ma foi.
Simplement, j'ai du mal à comprendre les liens commerciaux qui apparaissent lorsque l'on clique sur les noms des commentateurs...

Affaire à suivre.

 

Merci Pintura, accompagnantes et Brindes, précisions que l'émetteur de ces 3 commentaires accompagnés de pub viennent du même ordinateur (au Brésil), sympa de penser à nous ;)

 

Pour information :

Vladimer O. Rey J.-R n'existe pas

http://www.answers.com/topic/vladimir-orlando-key-jr

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