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dimanche, 25 janvier 2009

L’esprit de Central City

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Dans la ville de Central City, celui que l'on appelle le Spirit (Gabriel Macht) fait sa loi : ancien flic mort lors d'une enquête, il est sorti de la tombe pour régler ses comptes et chasser la vermine qui grouille dans les rues ! Mais bientôt le justicier masqué se voit confronté à différentes femmes fatales, créatures de rêves qui l'aideront ou s'opposeront à lui dans sa lutte contre le terrible Octopus (Samuel L. Jackson)...

 

Après avoir coréalisé le sublime Sin City en 2005 avec Robert Rodriguez, avoir vu son Batman adapté sur grand écran avec l’éblouissant Dark Night, et après avoir été consultant de Zack Snyder lors du tournage de 300, Franck Miller, pour sa première réalisation, nous livre une libre adaptation du classique de la bande dessinée née sous la plume de Will Eisner (un de ses maîtres et ami) : The Spirit. Un film fou mais qui semble manquer de rigueur cinématographique. La bande originale est portée par une composition musicale exceptionnelle et variée de David Newman.

 

Dans la suite de l'article, la bande annonce et la critique du film.



 

 

L’intrigue folle (et pas complètement maîtrisée) mêle ennemi increvable, femme fatale cambrioleuse, héros obsédé sexuel, clones, psychopathe française, nazi mélomane, mythologie et pieds sauteurs... Si le charisme du héros ne ravage pas l’écran, tel le souffle dantesque de Mickey Rourke interprétant Marv (la renaissance d’un géant au passage), il fait montre d’une drôlerie assez désopilante, notamment au cours d’une hilarante scène d'interview télévisée en direct de la rue et dans laquelle le gars se dévoile tour à tour vengeur, moralisateur, racoleur et précepteur ! Une séquence véritablement symptomatique du métrage : délirante, rocambolesque, héroïque, sexuée et délibérément attractive.

 

De son coté, le grand Samuel L. Jackson lui vole allègrement la vedette, interprétant un méchant complètement loufoque mais non dénué de lucidité comique (décidemment). Son passe-temps favoris ? Se castagner toute la nuit avec son ennemi juré et éventrer ses crétins de sbires. Mais l’un des points forts de long-métrage est la maîtrise avec laquelle Miller filme les femmes. Difficile de ne pas se laisser charmer par les courbes et les caractères érotiques et troublants des personnages, habités par la divine Eva Mendes et ses compagnes Scarlett Johansson, Sarah Paulson ou Paz Vega. Des pin-ups qui hantent les songes du Spirit, errant inlassablement dans les rues de la cité... Une ville prenant très vite le statut de seule figure féminine viable et désirable pour le justicier. Et c'est là la grande réussite de Miller : être parvenu à offrir à la ville une vraie importance, celle-ci prenant presque le pas sur la sympathie que l'on est censé avoir pour le Spirit.



the-spirit-poster.jpgMiller nous livre un métrage ultra sensuel empli d'un souffle rare, celui de la démence, du surréalisme habité ou de la frénésie hallucinatoire. On ressent bien sa passion pour les héros sombres et violents, son approche agréablement misogyne des figures féminines, de ses pulsions idéologiques pour le moins radicales à sa mégalomanie légitime de révolutionnaire graphique. Miller se raconte dans un sobre univers rococo, prenant pour trait la glauque Central City d'Eisner. 


On n’atteint pas la puissance narrative et scénaristique de Sin City, mais on plonge, une fois de plus, dans l’univers sombre des comics décapants, en étant plié en quatre la plupart du temps du fait de situations rocambolesques et de dialogues savoureux. (A noter le caméo de Miller : interprétant un flic, il apparaît dès les premières minutes pour nous entraîner dans des marais puants, lieu propice pour un défonçage de tronches à coups de WC.) Let’s fun !


Sylvain Métafiot

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