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lundi, 12 mars 2018

Diableries & Petit abécédaire du noir

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Article initialement publié sur Le Comptoir

 

Délicieux recueil – à lire aux heures hivernales où les ombres prennent vie – que ce Diableries, établi par les éditions Otrante, regroupant pêle-mêle des contes sur des spectres parfois vengeurs, parfois farceurs, des démons déguisés en mineurs, un ménétrier ensorcelé par une musique infernale, des orgies sataniques, un cortège d’animaux possédés et des pactes méphistophéliques ; des légendes sur des châteaux livrés au sabbat, un manoir bâti par le Diable en personne, un quartier malfamé construit sur un marais fétide et des lutins tapageurs qui font fuir les voyageurs ; des histoires de machinations maladroites, de malentendus cocasses et de tromperies effroyables ; et autres anecdotes des temps passés sur des procès en sorcellerie, des exorcismes qui tournent mal et des cas inexpliqués d’apparitions fantomatiques. En somme, « ces récits fabuleux / Qu’aux lueurs de la lampe au vague effroi propices / Le soir, près du foyer, racontent les nourrices. » (Goethe, Le Roi des Aulnes)

 

On lira également, chez le même éditeur, le Petit abécédaire du noir regroupant une collection anonyme de 21 initiales ornées – tantôt d’un crâne et de deux tibias croisés, tantôt par des anges ou par la mort elle-même – datant du milieu du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, représentant la lettre V, laquelle ouvrait les invitations aux obsèques ou les faire-part de décès (« Vous êtes priés d’assister au Convoi… »). Ces illustrations morbides sont judicieusement agrémentées d’une danse macabre géorgienne dénichée par Henri Cantel (auteur du célèbre poème érotique Amour et priapées) en 1860. Cette ancienne légende de Tiflis raconte la procession, le jour de la fête des Morts, au sommet du plateau aride du monastère de la Sainte-Croix, non loin de l’ancienne capitale de la Géorgie, Mtzkhéta, des trépassés devant le jugement de Satan, trônant devant un brasier immense, vitupérant cette foule sans nombre : « Je frappe, je corromps, ma haine verse à flots / Sur le lâche univers le crime et les sanglots. / Le Christ même n’a pu terrasser mon courage ; / À l’arbre de la croix j’arrache son feuillage, / Qui de fleurs et de fruits couvre l’humanité, / Et je suis encor roi dans mon éternité. » 

 

Sylvain Métafiot