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lundi, 24 juin 2013

« Avoir une liste Europe Ecologie Les Vert des le premier tour est une nécessité démocratique » : Interview de Pierre Hémon

liste europe ecologie les vert,premier tour,démocratique,interview,pierre hémon,écologie,élections municipales,emplois verts,gerard collomb,lyon,forum de lyon,politiqueAprès les primaires UMP, le CLIC s’intéresse à la désignation du candidat d’EELV  pour les municipales 2014 à Lyon. Nous commençons nos entretiens avec Pierre Hémon, membre du bureau d’EELV Lyon et adjoint à la ville de Lyon chargé des personnes âgées.

 

Pour l’interroger, l’équipe du CLIC est composé  de Sébastien Gonzalves et de Marion Carette du Lyon Bondy blog, de Jean-Philippe Bonan du Forum de Lyon de Sylvain Métafiot de Mankpad’ere. À la technique : Patrice Berger de radio Pluriel.

 

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici



Comment se fera la désignation du candidat EELV pour les municipales 2014 ?

Tout d’abord, ça ne sera pas uniquement le candidat d’Europe Écologie Les Verts mais le candidat issu d’un rassemblement plus large : « un nouveau souffle pour Lyon » initié par EELV. Pour participer à la désignation de notre candidat, il faut soit être adhérant à EELV, soit être coopérateur et avoir signé l’appel « un nouveau souffle pour Lyon » disponible sut Internet. Toutes les personnes qui le désirent peuvent aller sur le site, lire l’appel, qui explique pourquoi nous nous lançons dans cette démarche, et le signer en ligne. Tous les signataires peuvent faire acte de candidature qu’ils soient membre ou non d’EELV. Les signataires sont invités à venir le 29 juin à la plateforme (une péniche amarrée sur les quais du Rhône) pour une journée d’atelier de travail durant laquelle nous allons réfléchir sur un certain nombre de thèmes pour les prochaines municipales. Ils pourront participer aux ateliers, donner leurs points de vue et aussi participer à l’élection de notre candidat. Comme nous désignons un binôme paritaire, nous aurons à choisir un candidat dans un collège « homme » et une candidate dans un collège « femme ».


Pour ses primaires, l’UMP n’a réussit à mobiliser que 5235 personnes au second tour alors qu’elle était ouverte à tous les Lyonnais. Vous pensez réussir à mobiliser davantage ?

Ce n’est pas de même nature, mais quand on dit que l’UMP est arrivée à mobiliser seulement 5000 personnes je répondrai qu’au mois de juin, une petite année avant les municipales, toucher 5000 personnes ce n’est pas mal. En effet globalement aujourd’hui l’essentiel de la population ne s’intéresse pas concrètement aux municipales à venir, ce n’est pas encore dans la tête des gens. Pour notre opération on va toucher plusieurs centaines de personnes. C’est notre objectif car nous souhaitons, dans un premier temps, rassembler les écologistes de Lyon autour du projet et ne pas en faire un truc stricto sensu EELV. Les Lyonnais n’ont pas forcément envie d’un parti mais plutôt d’un mouvement, d’une dynamique.


Parlons de vous. Vous êtes membre du bureau d’EELV Lyon, adjoint à la ville de Lyon chargé des personnes âgées et candidat pour être désigné tête de liste d’EELV aux municipales 2014. Pourquoi vous lancez-vous dans cette aventure des municipales ?

Parce que j’y pense tous les matins en me rasant depuis très longtemps sans doute (rires). Plus sérieusement, c’est vrai que cela fait longtemps que j’y pense. Je me sens prêt à être candidat, j’ai vu évoluer cette ville. Aujourd’hui pour être candidat il faut avoir de l’expérience et j’en ai. J’ai de l’expertise, je sais comment fonctionne cette ville, comment fonctionnent les services. Je m’y prépare depuis un an, je travaille avec une équipe qui m’aide à faire des propositions. Aux dernières municipales je faisais partie de ceux qui voulaient déjà qu’on présente une liste autonome. Mais à l’époque on avait voté en assemblée générale et les partisans d’une liste autonome, dont j’étais, on fait moins de 50 % on est donc partis dans une liste d’union. Mon idée à l’époque qui s’est renforcée durant ce mandat, c’était que la présence d’une liste écologiste dés le premier tour était une nécessité démocratique. Aujourd’hui c’est extrêmement utile que les Lyonnais disent de manière très simple s’ils veulent plus d’écologie, mieux d’écologie ou s’ils en veulent moins. Il y a des moments importants dans la vie d’une citée ou il faut pouvoir le dire.


Pourquoi avoir la volonté de se dégager de la majorité locale ? Que reprochez-vous au PS en général et à Gérard Collomb en particulier ?

Je n’ai pas la volonté de me dégager de la majorité actuelle car nous y participons toujours. Je suis toujours adjoint au Maire, je mène une délégation et je suis assez content de ce que j’ai réussi à faire et de ce que je continue à faire. Mais je comprends que cela surprenne à Lyon car nous avons pris l’habitude d’avoir une seule liste de gauche avec obligation pour les autres partis de se ranger derrière le PS. Et ceux, comme moi, qui disent « on pourrait faire différemment », comme cela se fait dans beaucoup d’autres villes de France, tout à coup, apparaissent comme des originaux. Or la normalité c’est qu’il y ait des listes de gauche séparées au premier tour et que l’on se rassemble au second tour à condition de se mettre d’accord sur un programme ; et certainement pas qu’il n’y ait qu’une seule liste au premier tour. C’est une banalité démocratique, je dirai même une nécessité démocratique.


Quelle est la spécificité du programme des verts ?

Aujourd’hui il n’y a pas encore un programme définitif des verts, nous travaillons sur des tas de points et nous avons beaucoup d’idées. L’idée principale qui nous guide c’est qu’en ce XXIeme siècle on voit qu’il y a beaucoup de changement à l’œuvre très importants au niveau de la planète, des êtres humains, de l’Europe, etc. et nous pensons qu’aujourd’hui la majorité socialiste ne les prend pas assez en compte.


Pouvez-vous nous donner un exemple ?

La question des déplacements urbains, des transports en commun, on sait que c’est une question clef pour lutter contre le réchauffement climatique mais aussi une réponse contre la baisse du pouvoir d’achat. Car ce n’est pas seulement en demandant une augmentation des salaires que nous pouvons lutter contre la baisse du pouvoir d’achat. Le levier sur lequel on peut jouer dans cette ville c’est l’amélioration des transports urbains qui permettra aux personnes de ne pas prendre leur deuxième voiture ou même d’utiliser beaucoup moins, voire plus du tout, leur voiture principale. Dans ce cas ils font des gains de pouvoirs d’achats importants (moins d’essence, de frais d’entretiens…) et en même temps ils ont une action bénéfique sur la qualité de l’air et donc la santé dans cette ville. Nous ne sommes pas, en tout cas pas moi, pour interdire la voiture, on n’est pas dans l’écologie punitive, on est dans la proposition. Pour nous la voiture en ville doit être accessoire. Elle peut être utile pour les ambulances, les livraisons ou certaines professions spécifiques et il y aura nécessairement quelques voitures en ville mais ce qui compte c’est le réseau de transports en commun. Or, aujourd’hui la majorité socialiste continue de penser le contraire : que les transports en commun sont accessoires et qu’il faut privilégier la voiture. Il n’y a qu’à regarder le nombre d’élus qui se déplacent à vélo, ou en transports en commun, il y en a peu. Pour tous c’est voiture, voiture, voiture !


Que pensez-vous de la collaboration des Verts dans le gouvernement Ayrault ?

Sur le plan national l’ensemble du conseil fédéral dont je suis membre a fait une déclaration pour dire qu’on souhaitait que ce gouvernement change de cap, fasse plus d’écologie mais que néanmoins on restait dans la majorité avec nos deux ministres. Nous avons un poids limité dans le gouvernement mais c’est le prix à payer pour une élection présidentielle où on ne fait pas 3 %. Cependant on peut dire que nos ministres verts travaillent beaucoup et bien. L’action de Pascal Canfin dans l’aide au développement en Afrique est remarquable tout comme le travail difficile, mais fait avec pugnacité, par Cécile Duflot sur la question du logement. Il n’ y a guère qu’elle et nous qui pouvions avancer sur cette question clef pour le pays. Nous pensons qu’il faut rester au gouvernement mais rester au gouvernement c’est comme rester dans une majorité municipale ça ne veut pas dire fermer sa gueule. Solidaire ce n’est pas être carpette, on travaille ensemble et quand nous ne sommes pas d’accord on le dit en toute amitié et très simplement ou alors on ne fait rien et on ne sert à rien. C’est précisément ce que nous avions dit et acté il y a six ans dans le contrat d’union avec la majorité socialiste de cette ville.

 

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Jean-Luc Mélenchon a, depuis un certain temps, renforcé ses positions écologiques dans ses discours. Une alliance avec le Front de Gauche est-elle envisageable ? Avec le Centre ? Voire avec d’autres partis ?

Avec les deux peut-être, mais il n’y a pas de Front de Gauche à Lyon. Le PC a déjà décidé qu’il s’associait avec Gérard Colomb. Nous les avons rencontrés et ils nous disent : « On veut sauver le soldat Vénissieux, on veut sauver le soldat Pierre-Bénite… » et donc les contradictions à l’œuvre font qu’ils vont partir derrière Gérard Collomb. Par contre, au Front de Gauche il y a des militants, des organisations comme la FASE, le Parti de Gauche qui apportent de vrais éléments de réflexion pertinents, on va les rencontrer prochainement. Mais nous ne voulons pas monter un cartel d’organisations, genre cartel des gauches ou telle autre étiquette, ça c’est la vieille méthode. Ce qu’il faut c’est qu’ensemble on élabore un projet. Quand j’entends parler de la planification écologique, je me dit que cela ressemble à notre idée de transition énergétique. Il y a certainement moyen d’y réfléchir ensemble, au delà des mots on doit pouvoir s’entendre. La question est « comment appliquer concrètement ce projet à notre ville ? » J’espère que la planification écologique ne renvoie pas à a la planification socialiste, on a vu ce que ça a donné dans le passé.

D’un autre côté, sur la question des déplacements, je pense qu’on peut partager des conceptions avec des éléments du centre comme Eric Lafond. Personnellement, je trouve que son projet « une chance pour Lyon »  est compatible avec notre vision. Ce n’est pas parce qu’il a une étiquette centre que je vais refuser de discuter avec lui et, à contrario, ce n’est pas parce que certaines organisations sont étiquetées de gauche que je vais leur dire obligatoirement oui. Il nous sera par exemple impossible de travailler avec la gauche ultra productiviste.


Si Gérard Collomb et Michel Havard étaient les deux candidats présents au second tour des municipales, pour qui voteriez-vous ?

Je ne dis pas avant la fin du premier tour quels seront les candidats restants au deuxième tour ! J’imagine que nous serons aussi dans la bataille. Nous verrons au soir du premier tour, mais nous, nous souhaitons participer au mieux et influer sur les politiques publiques. Influer sur les politiques publiques cela veut dire être dans l’exécutif ; cela veut aussi dire avoir un programme et au soir du premier tour négocier un programme. On pense que notre programme est plus facile à négocier avec la gauche. Il y a peu de choses que l’on partage avec M.Havard, si ce n’est que c’est un homme humainement sympathique, mais là n’est pas le souci : on fait de la politique. Quand je le vois défiler contre le mariage pour tous, quand il tient un certain nombre de propos, cela ne me convient absolument pas… Je le vois bien au Conseil Municipal et tout ce qu’il a soutenu pendant les cinq ans de la politique de Nicolas Sarkozy. Au soir du premier tour, nous verrons ce que l’on peut proposer comme projet avec la gauche et nous construirons ensemble un programme.


Que pensez-vous du projet de Lyon Métropole initié par Gérard Collomb et Michel Mercier ?

Cette métropole fait partie des choses que l’on peut regretter dans la gouvernance, en tout cas dans le fonctionnement démocratique de la ville de Lyon. J’en suis d’autant plus déçu que pour nous la métropole lyonnaise est vraiment un projet intéressant. Nos sénateurs l’ont dit au Sénat. On pouvait ainsi faire sauter une couche du mille-feuille territorial (la partie département). Mais il faut reprendre cela tous ensemble, en discuter, donner du sens à ce qui est déjà une réalité. Au lieu de cela, on nous fait un coup politique de petits arrangements entre amis, dans le dos des citoyens qui n’y comprennent rien. Quand on commence un projet de cette importance, on le fait en toute transparence. On pourrait y associer les citoyens. On a vu en Alsace qu’il y a des risques politiques à prendre, mais on ne doit pas faire cela dans le dos ou par-dessus les citoyens. Je pense personnellement que la création d’une métropole, par exemple, doit passer par un élément fondateur, comme une élection : soit par le biais d’un référendum ou d’une élection des conseillers communautaires au scrutin universel.


Qui devrait être désigné président de cette métropole ? Si vous êtes élu Maire, cumulerez-vous le poste de maire avec celui de président de la métropole ?

Je choisirai entre les deux mandats, je n’ai pas encore décidé, mais je ne cumulerai pas. Il y a des tas d’autres métropoles qui ne sont pas présidées par le maire de la ville centre. D’autant plus pour éviter la démagogie autour de cette ville centre. Et le travail qu’il y a à fournir pour une ville comme Lyon, ça prend tout le temps d’un maire. Prenez Bordeaux, ce n’est pas M. Juppé (qui n’est d’ailleurs pas majoritaire au niveau de la métropole) qui préside cette métropole. Idem pour Marseille Eugène Caselli est président de la métropole.


Pendant les deux mandats de Gérard Collomb, on a vu se développer ou aboutir plusieurs grands chantiers. Quel est votre avis sur ces projets ?

Pour ce qui est du Grand Stade ; J’ai toujours dit que j’étais pour l’agrandissement de Gerland. On avait la possibilité d’agrandir Gerland et de faire, comme cela se fait en Europe, un stade en ville, magnifique, bien desservi avec le passage passerelle, avec une capacité de 52 000 à 55 000 personnes. Le choix a été fait de négocier avec Aulas des affaires de terrains. Je laisserai Etienne Tête vous en parler, parce qu’il le fait très bien. On a mis de 200 à 400 millions d’argent public, selon mes comptes, pour faire des accès au grand stade. Cela ne nous convient pas. On aurait pu mettre cet argent public dans d’autres projets, comme la question des transports urbains dans la ville.

Pour ce qui est de l’Hôtel-Dieu, nous avions acté auparavant que l’on voulait bien d’une transformation, d’une rénovation. J’étais administrateur aux HCL avant le changement de la loi, et je sais que ce bâtiment historique magnifique coûte très cher à rénover. Il fallait donc qu’il y ait des investisseurs privés qui participent à cette rénovation. Mais nous aurions voulu garder l’âme de ce bâtiment : cela fait 830 ans qu’il appartient au patrimoine lyonnais, on ne peut pas dire d’un coup « ce sera un hôtel cinq étoiles et des galeries commerciales ». Il aurait fallu, non pas ce que dit la droite : quelque chose pour soigner les pauvres, à l’ancienne, pendant que les gens de droite vont se faire soigner dans de belles cliniques, mais en faire le lieu phare de la santé publique du 21ème siècle. C’est à dire la promotion de la santé : ne plus être seulement dans le curatif mais aussi sur le préventif, sur l’éducation à la santé. Ce projet, où Eiffage décide de tout, ne nous convient pas. On souhaiterait faire un référendum pour demander l’avis des Lyonnais, où l’on proposerait plusieurs projets et où ils choisiraient celui qui leur semble le plus adapté.

Les Berges du Rhône, c’est une réussite qui tient à la pugnacité de ceux qui on mis ce projet en place, et je pense notamment à Gilles Buna. C’est ce qui nous fait dire que l’on peut avoir envie de vivre en ville et que l’on peut y vivre de manière agréable. C’est une vraie réussite, et on est aussi content des rives de Saône qui sont également en train d’être aménagées.

Le quartier de la Confluence, c’est une idée intelligente mais il manque quelque chose. On a un vrai souci aujourd’hui, c’est que, pour que cela fonctionne, on a fait un gros centre commercial de plus. Quand on est au centre de ce grand bâtiment, on ne sait plus si on est à Berlin, à Lyon, à Paris, au carré de soie… C’est partout pareil. Je pense qu’aujourd’hui il faut apporter des aménités aux gens, permettre qu’il y ait des petits commerces, de l’échange, etc. Et dans ce quartier il y a aussi la question du prix des logements. Certes il y a le nombre requis de logements sociaux mais nous devons bien faire attention à ce que Lyon ne devienne pas une « centrifugeuse à pauvres ». C’est ce qu’on a fait de Paris : les jeunes cadres sont en colocations dans le centre, dès qu’ils ont un enfants ils déménagent en banlieue, deux enfants en grande banlieue, trois enfants vous venez à Lyon… Il faut être attentif à cela.


Comment comptez-vous favoriser les transports urbains ?

D’abord en faisant des choix politiques et budgétaires importants. Il va falloir travailler avec le Sytral, qu’il comprenne qu’il ne peut pas être un État dans l’État. C’est au Grand Lyon de reprendre en mains cette question, aux élus de décider et de trancher. Bref, ne pas laisser un homme seul ou une petite équipe prendre les commandes. Je pense qu’il faut augmenter la fréquence de transports en commun le soir et la nuit les jeudi, vendredi et samedi. Il faut bien-sûr en discuter, voir ce que cela coûte mais je pense qu’il faut en faire plus le soir : ce n’est pas possible que, lorsqu’il y a un concert à Gerland, il n’y ait plus de métro ensuite pour rentrer ! Comment font les spectateurs ?

Un autre enjeu est de passer de la toile à l’étoile. On a aujourd’hui un système de transports en toile (pour aller des périphéries au centre) et qui est très bien fourni, mais il manque encore des moyens de se déplacer de périphéries en périphéries. On travaille notamment en ce moment sur la transversale A7 qui remonterait du sud de Vénissieux jusqu’à Villeurbanne en passant par le huitième, Montchat. On pourrait, par exemple, faire un tramway comme cela transversal, en utilisant l’argent prévu pour le tronçon ouest du périphérique : deux milliards d’euros. Imaginez ce que l’on pourrait faire avec deux milliards !


Vous êtes opposé à la construction de ce périphérique Ouest ?

Bien sur, quand un cabinet indépendant, TKK, vient dire que ce périphérique ne sert à rien et va plutôt favoriser la voiture, que lui répond t-on ? Ce n’est pas grave on le ferra quand même. Cela pose problème. Que veut dire concertation quand on fait de la politique ? « Je vous demande votre avis et je fais ce que je veux ? » Ou est-ce qu’on prend vraiment compte de votre avis ?


Que pensez-vous des transports fluviaux et téléphériques ?

Se sont des choses sur lesquelles nous devons travailler. Pourquoi pas développer des téléphériques (transport par câble), des télécabines, c’est ce que propose Eric Laffond. C’est un type de transport qui ne coûte pas cher. Pour ce qui est des navettes fluviales, on a des gens qui travaillent dessus, ce sera dans notre programme. On peut faire des choses très intéressantes et pour pas cher. Nous avons décidé de travailler un projet qui soit financièrement sérieux. On ne fera pas douze tramways. Au niveau du Grand Lyon, on veut réfléchir à l’urgence, à ce qui est prioritaire et à ce qui l’est moins. Il est par exemple urgent de faire un tramway sur la ligne du C3, qui va de Saint-Paul à Vaulx-en-Velin, où transitent 55 000 voyageurs par jour qui voyagent dans des bétaillères aujourd’hui. C’est une priorité. Si on fait les choses bien, demain il y aura 70 000 personnes qui utiliseront cette ligne. Le choix qui a été fait est celui de construire un tramway en un an et demi qui aille à Eurexpo afin de transporter 10 000 personnes par jour, et seulement les jours où il y a quelque chose à Eurexpo. Le reste du temps il se balade à vide dans la campagne. Ce n’est pas possible ! Au lieu de toujours penser au rayonnement international, il faut penser au rayonnement intérieur de la ville.

 

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Beaucoup de Lyonnais se plaignent des difficultés de stationner en ville…

Oui, c’est difficile de stationner. Vous avez vu ce scandale de l’hôpital Edouard Herriot? C’est devenu un parking. Les gens viennent y parquer leur voiture alors que, normalement, c’est fait pour les médecins et les familles.  On ne contrôle pas l’entrée des voitures. Devant le pavillon des grands brûlés, une voiture de pompiers ne peut pas venir. C’est du grand n’importe quoi. Mais très souvent, on n’a pas besoin de stationner en ville, il suffirait de prendre les transports en commun. Personnellement, je n’ai pas de soucis pour stationner avec mon vélo. Quand on dit qu’on circule mal à Lyon, le vieux monde est encore dans nos têtes. On circule mal en voiture, mais en vélo c’est déjà mieux ; par contre, en transports en commun ce n’est pas terrible et à pieds c’est vrai qu’on circule mal. Pourquoi circule-t-on mal à pieds ? Parce que la ville n’est pas faite pour les piétons mais pour les bagnoles. Il faut la penser pour les vélos, les modes doux de circulation et aussi pour les piétons. C’est extrêmement important. Un tiers des ménages lyonnais n’a pas de voiture. Je crois qu’il faut y répondre de deux manières. D’abord des parkings relais plus importants à l’entrée de l’agglomération et des transports en commun plus confortables. Les transports en commun doivent être aussi confortables que la voiture.

 

Ce serait mettre le centre ville piéton, sans voitures ?

C’est une idée. C’est notre proposition phare peut-être, de faire une « ville 30 » et rendre, à l’horizon du mandat, la presqu’île piétonne. Ce sont des réflexions européennes. Réduire la vitesse à 30 km/h dans la ville, ça apaise la vie. On serait ainsi digne d’être une ville européenne de ce point de vue. Ce serait possible en facilitant les navettes et les déplacements. Le quai Jules Courmont, la quatre voies, il faut arrêter tout ça. On peut dès aujourd’hui arrêter l’autoroute A6/A7 et en faire un boulevard urbain : il y a eu des études de l’agence de l’urbanisme, on peut faire ça dès maintenant. Il n’y a pas besoin de nous vendre le TOP, le COL ou je ne sais quel anneau des sciences, qui fait rire tous les scientifiques. Est-ce qu’un scientifique a besoin d’une autoroute pour communiquer avec la faculté qui est à l’autre bout ? Ce dont ils ont besoin sont des autoroutes de la communication. Pas de truc en béton pour rouler avec leur voiture.

 

Une des questions qui préoccupe le plus les Lyonnais c’est celle de la politique de la petite enfance et des places en crèches plus précisément. Que proposez-vous pour améliorer l’accueil dans les crèches ?

Je ne serais pas démago : depuis ce mandat et le précédent, beaucoup a été fait. En terme de crèches, de mini crèches, de crèches d’entreprises, etc., il y a un certain nombre de places qui ont été ouvertes par les équipes d’Yves Fournel (Ndlr : 9ème adjoint au Maire, éducation et petite enfance). De ce bilan là, nous sommes preneurs et porteurs. 

Les places en crèches se partagent entre ce que met la ville et ce que met la CAF, donc ce que décide le gouvernement… Il y a une bagarre à ce niveau là. Il faut répondre de différentes manières à cette demande. Il faut aider les crèches parentales. Il faut aussi développer et aider les relais d’assistantes maternelles. Je crois qu’il n’y en a qu’un ou deux en ville. Beaucoup de gens aiment bien avoir une assistante maternelle. Elles sont beaucoup à Lyon. Leur difficulté, c’est qu’elles sont isolées. L’idée de relais existent depuis longtemps, j’ai fait un mémoire là-dessus il y a vingt ou trente ans. Il faut développer des lieux où elles peuvent se retrouver, rencontrer, échanger, collaborer. On va réfléchir à une politique d’augmentation de places en crèches. Or ça coûte très cher et on sait qu’on est en période de restrictions budgétaires parce que, là aussi, le gouvernement fait des appels, des propositions. Mais il demande aux collectivités de payer. Tout ça ne va pas être évident. Il y a peut être des choses moins chères qu’il faut discuter, négocier avec les gens.


Que pensez-vous de la remise en question de la semaine à quatre jours ?

Nous, à EELV, nous étions pour que cette reforme soit mis en place dès la rentrée. On préfère même, Philippe Meyrieu vous l’expliquerai mille fois mieux que moi, que les enfants aillent à l’école le samedi matin plutôt que le mercredi pour des raison de rythme. C’est beaucoup mieux. Par contre, c’est vrai que ça peut coûter cher. Mais comme on aime tous dire que l’enfant n’est pas un coût mais un investissement, alors oui, il faut investir. Oui, il faut faire des vrais choix politiques là-dessus. C’est quelque chose qui peut réussir. Nous sommes une ville riche en intelligence, en associations, en possibilités. Il faut s’emparer de toutes ces richesses pour faire quelque chose. Et ne surtout pas faire un truc à la petite semaine, pas cher. Cela va être au cœur de la campagne municipale. Le débat ne sera pas serein sur cette question, nous le regrettons. Lyon se targue de présider le réseau des villes éducatrices. Il y a un réseau mondial des villes éducatrices. En France, 60 % des villes de ce réseau ont engagé la réforme dès la rentrée 2013. Et la ville qui préside ce réseau, et qui est très contente de le présider, ne le fait pas. C’est petit bras !


Sur la question sociale, avez-vous des exemples à donner sur les insuffisances de la politique municipale actuelle ?

Je vais peut-être vous surprendre, mais je trouve que sur le social, oui on peut améliorer. Mais sous l’impulsion de Sylvie Guillaume, qui préside le centre communal d’actions sociales – je suis à ces côtés – je trouve que beaucoup de choses sont faites dans cette ville. L’action de solidarité, d’aide aux plus démunis, l’aide à des associations qui siègent au CCAS – puisque qu’il y une moitié d’associations, tout ce qui est épiceries sociales, hébergement d’urgence, etc., c’est assez important. Il y a, à Lyon, un certain nombre de places de centres d’hébergements et de réadaptation sociale, là où il y en a aucun à Villeurbanne.Donc beaucoup est fait. On peut faire encore plus. Là-dessus, on a des projets d’aides en direction des plus démunis. Il faut savoir qu’il va y avoir une augmentation de la demande parce qu’arrivent aujourd’hui à la retraite des gens qui ont rencontré des difficultés avec des carrières à trous, très incomplètes. Avant, les gens arrivaient avec une retraite pleine, avec la pension de réversion. Il y a une montée de la précarité, y compris chez les personnes âgées. Il faut répondre à ça. Il y a déjà un bon travail de Sylvie Guillaume. Cela fait partie des choses dont je suis content et dont j’aimerais que la ville se réjouisse plus. Mais parler des pauvres, ça ne plaît pas…


Faut-il repenser la gestion des centres d’accueil de SDF à Lyon ?

Il faut avoir une réflexion communautaire au niveau du Grand Lyon. Je peux vous citer certaines villes riches de l’agglomération qui ne mettent pas un euro sur cette question. Ils se contentent de donner un ticket de métro à une personne, ou à des familles en leur disant : « Prenez le bus, allez à Lyon ». Il faut vraiment qu’il y ait une réflexion communautaire et que les villes les plus riches participent aussi. Sinon ça ne va pas. On a tous ensemble cet effort de solidarité à faire. On a là aussi une histoire lyonnaise, une expertise lyonnaise d’associations très très forte.


À propos de situation complexe, que faire à Lyon de ces familles de Roms qui sont déplacés de campement en campement, quelle est la solution à long terme ? 

Il faudrait développer comme le dis encore, Sylvie Guillaume un dispositif  qui permet d’aider des familles à rentrer chez eux en Roumanie. Parce que vous avez beaucoup de famille qui vienne à Lyon en quittant tout parce qu’elles sont contraintes et forcées. Donc, la vraie question c’est « comment les aider à mieux vivre ? ». Et pour les Roms je connais bien Hélène Flautre, députée européenne EELV qui fait un gros travail là-dessus. Il y a des millions euros de crédits européens qui ne sont pas utilisés. Quant à la situation d’accueil, il y a une circulaire inter-ministérielle de l’été dernier et nous exhortons le préfet à ne pas la mettre en œuvre. Avant d’expulser, il faut s’intéresser au relogement des gens. Aujourd’hui on a l’impression qu’on va avoir des demandes du privé pour évacuer les campements. On sait que les gens tournent et que la population n’est pas énorme, d’ailleurs c’est souvent la même qui tourne depuis des années. Ma théorie, c’est celle de l’Europe, de l’Humanité. De toute façon ces citoyens-là sont européens, donc cette question se règle à l’échelle européenne.

 

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Que préconisez-vous pour développer l’économie locale ?

Ce qu’on propose – c’est ce que dit Pascal Canfin et il le dit sans doute mieux que moi – c’est de développer des emplois verts, ce qui n’est pas suffisant fait, sur la transition écologique, comme sur l’isolation des bâtiments, par exemple. Ces travaux sont indispensables parce que cela permettrait aux gens de faire des économies de charges et de moins consommer. Il y aurait là de quoi créer des milliers d’emplois, de faire revivre tout ce tissu économique du bâtiment. On sait qu’il y a des efforts de formation qui ont été faits à ce niveau-là. Il y aurait là de quoi offrir du travail aux gens. Au niveau de l’agriculture, on pourrait étudier la possibilité de nourrir les gens de l’agglomération avec les paysans du Grand Lyon. Je sais, ça fait sourire mais on n’a jamais évalué sérieusement cette possibilité. Est-ce qu’il y a le terrain pour faire l’élevage ou pas ? L’agriculture biologique emploie trois ou quatre fois plus de monde que l’agriculture extensive. Donc dans ses domaines là, (le bâtiment, l’agriculture) il faut favoriser la recherche, y compris sur les pôles d’excellence qui sont à Lyon, comme les jeux-vidéos. Tout ces pôles se sont envolés au Canada et pourtant on avait sonné l’alerte. C’est aussi une vraie responsabilité de la ville et de la communauté urbaine parce que nous sommes des grands donneurs d’ordre. Et quand on fait des appels d’offre, peut-être qu’il faut mettre dedans un certain nombre de critère. Pour les critères de proximité c’est plus délicat, mais on peut insister sur des critères comme la RSE (Responsabilité Sociale Environnementale) et la RSO (Responsabilité Sociale et d’Organisation).


Vous pouvez expliquer ce qu’est la RSO ?

C’est la façon dont l’entreprise va traiter son personnel. C’est-à-dire la politique sociale et les échanges au sein de l’entreprise.


On n’a le droit de mettre ce critère dans un appel d’offre ?

On peut y travailler, on pourrait intégrer ces questions-là. On pourrait regarder, par exemple, la moyenne des salaires. On a des entreprises, y compris régionales, toutes les entreprises de taille intermédiaire, qui sont prêtes à y travailler. Avec elles il faut travailler vers cet objectif, et pas seulement des noms de grands groupes. Je ne vais pas leur faire de la pub, mais il y en a qu’on trouve partout dans toutes les grandes villes dont une qui commence par V…


Et comment concilier une politique économique et écologique en évitant les pics de pollution qu’on a rencontré ces dernières années à Lyon ?

Je vous dirai qu’il faut faire ce que propose Bruno Charles, vice-président au Grand Lyon du plan climat. Il a fait un plan climat remarquable. Après il reste à le mettre en œuvre et là on sent qu’il y a des vrais freins. Mais il y a un travail à faire avec les syndicats, les entreprises, etc. Prenez la vallée de la chimie, « les boites de pointes » sont celles qui ont compris que quand elles diminuent leurs émissions polluantes elles sont gagnantes, que dans vingt ans le pétrole c’est terminé. J’étais à Berlin il y a quinze jours, il y avait de nombreuses pub pour Siemens, ils mettent des éoliennes partout. Ils ont compris ça. Tous ceux qui ont compris ça ont un pas en avance. Même EDF l’a compris parce qu’avec leur lobby nucléaire ils essaient de bloquer et de racheter tout le reste.


Et vous, personnellement, êtes-vous partisan de la décroissance économique ?

La décroissance a un effet boomerang, la décroissance ça fait peur. Moi je suis pour la croissance d’un service aux personnes. Donc je suis pour la décroissance de certaines choses et la croissance d’autres. Et quand on parle croissance/décroissance, ça veut dire qu’on reste dans ce binôme, croissance du PIB/décroissance du PIB. Il faut déconstruire la croissance du PIB. Je suis pour la croissance du bonheur collectif.


Le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, publié en mars, note une augmentation des actes antisémites de 58% et une augmentation des actes contre les musulmans de 30%. Quel bilan tiré de ces chiffres alarmants ? Et quelles solutions proposées vous pour éviter cette montée du racisme et de l’antisémitisme ?

De ce que je vois, je pense que les actes anti-musulmans sont sous déclarés. Quand l’an passé une mosquée avait été taguée j’avais été discuter avec les responsables de la mosquée et ils m’avaient expliqué qu’ils avaient longtemps hésité avant de porter plainte car ils sont stigmatisés. Il y a une remonté de l’extrême droite et de la xénophobie partout en Europe et on peut reprendre les explications de Gramsci : on est à la fin du monde et pas au début et quand on est à la fin d’un monde notre tache c’est de construire non seulement l’espoir mais de donner des éléments de compréhension, de construction du nouveau monde à venir au moment ou c’est la bagarre avec la bête. Car il y a ceux qui hurlent au loup et qui sont dans la déconstruction. C’est plus simple de s’en prendre à son voisin.


Pensez-vous qu’il faille augmenter à Lyon les caméras de vidéosurveillance ou augmenter l’aide à la police municipale, ou ni l’une ni l’autre de ces propositions ?

Je suis content que vous me posiez cette question car c’est une des choses que l’on avait actées dans le contrat avec la majorité socialiste : nous sommes contre la vidéosurveillance. On s’était mis d’accord sur le fait de ne pas augmenter le nombre de caméras. Cela coûte très cher car le problème n’est pas tant de mettre des caméras que de les regarder : il faut payer beaucoup de personnel pour regarder beaucoup de caméras. La rentabilité est très faible, de nombreuses études le prouvent. Par exemple, dans la revue gratuite Millénaire 3, le Centre Ressource Prospective du Grand Lyon, un chercheur met à bas la vidéosurveillance. Cela pourrait éventuellement servir à filmer les voitures qui se garent sur les trottoirs afin de verbaliser directement. Mais sinon c’est relativement inutile, d’autant plus que les gens savent les éviter. En revanche, on pourrait renforcer la police municipale en limitant bien et en rappelant bien ses fonctions et ses missions. Elle ne peut pas remplacer la police nationale, ce qui est une tendance dans certaines villes du fait d’insuffisances. La police municipale ne patrouille pas le soir par exemple. Il faudrait développer sa présence dans les quartiers mais cela ne plaisait pas à Sarkozy, Manuel Valls doit donc pousser dans cette direction.

 

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En terme de budget, quelle politique fiscale comptez-vous appliquer à la ville de Lyon ?

Cela n’est pas encore écrit dans notre projet, et cela va peut-être faire démago de le dire, mais je pense qu’il ne faut pas augmenter les impôts. Il faut aider la population lyonnaise et être économe de son argent. Être économe cela ne veut pas dire ne rien faire mais bien réfléchir à ce qu’on fait. Aujourd’hui la situation économique se tend : le nombre de chômeurs augmente, les gens sont très inquiets. Regardez les sondages : la question fiscale n’existait pas avant et désormais on revient sans cesse dessus. Avec l’argent que l’on a à la Ville, on n’a pas besoin d’augmenter les impôts, il faut le gérer comme un bon père de famille, quitte à emprunter un peu. On peut être plus sévère sur le fonctionnement de certaines structures mais faisons déjà avec ce que l’on collecte. Arrêtons également de penser uniquement aux grands projets, au développement, à l’investissement ; pensons d’abord à entretenir la ville, à entretenir les trottoirs, permettre aux gens de circuler et de vivre agréablement dans leur ville ; pensons également à une multitudes de petits projets dans les arrondissements utiles à la vie des gens.


Vous parliez du centre-ville piéton, de l’amélioration des transports urbains, etc. Il faudra bien de l’argent pour ces projets ? Sur quels secteurs budgétaires mettriez-vous l’accent ?

En ne faisant pas les 400 millions de travaux pour le grand stade ou pour le musée de la Confluence on trouvait l’argent. Ce dernier projet est notamment un vrai gouffre, notamment dans ce qu’il va coûter à l’avenir. Il y aura donc des choix à faire, des choses à supprimer : je pense, par exemple, aux quelques centaines de millions d’euros que l’on donne à l’OL.


À ce propos, dans quelle mesure allez-vous favoriser les institutions sportives ?

Les grandes institutions sportives n’ont pas besoin de nous. Il faut savoir que l’on donne autant au quatre plus grands clubs sportifs professionnels qu’aux 104 clubs amateurs. Ce n’est vraiment pas possible. Les clubs amateurs ont une fonction sociale et culturelle au grand sens du terme (développement, accès pour les jeunes à l’échange, animation de la vie dans le quartier, etc.) c’est remarquable. Je pense notamment à l’AS Duchère.


Que pensez-vous, dans un souci de transparence démocratique de la volonté de dévoiler le patrimoine des élus ?

Je ne suis pas contre mais cela cache une vraie réforme fiscale et la nécessité de travailler sur l’argent caché et les paradis fiscaux. Ce sont des milliards qui sont détournés. Après, contrôler si un élu ne s’enrichit pas du fait de sa fonction, j’y suis tout à fait favorable. Mais je trouve cela malsain.


C’est démagogique selon vous ?

Il faut le faire mais je pense que cela ne résoudra pas tout.


Sur le plan culturel, Lyon a connu l’émergence de plusieurs grands événements culturels (Biennale de la danse, Biennale d’art contemporain, Festival Lumière, Nuits Sonores, Fêtes des Lumières, etc.), continuerez-vous cette politique culturelle ou appliqueriez-vous une politique complètement différente ? Si oui, laquelle ?

Il faut d’abord parler de la question patrimoniale. La culture c’est aussi le patrimoine de la ville. Je voudrais qu’on ne l’oublie jamais car c’est un travail imposant qui n’est pas simple à réaliser. Après, il y a des choses tout à fait remarquables de faites, les Nuits Sonores par exemple je trouve cela vraiment bien et plein d’originalité, mais on note des dérives dans la politique culturelle de la Ville, 96 % du budget va aux grandes institutions. Bien-sûr on ne peut pas inverser ce ratio sans rien bousculer : c’est bien d’avoir un opéra mais cela coûte cher, idem pour l’ONL. Il faut continuer à aider ces projets mais tout en développant davantage l’aide aux arts émergents.

Concernant la Fête des Lumières il me semble que les Lyonnais n’y ont plus droit, ils ne vont plus dans le centre ville. C’est un vrai souci car on a fait la fête des Tours operators. Pourquoi ne pas instaurer le 8 décembre comme le jour des Lyonnais ? Aujourd’hui les lumignons de l’Hôtel de Ville sont des guirlandes électriques, on n’est même plus fichu d’acheter des vrais lumignons Cela est devenue une grosse opération avec, bien évidemment, des créations remarquables à garder. On est content d’accueillir les gens mais il faut trouver un équilibre, il faut redévelopper le rayonnement intérieur pour que les Lyonnais y aient à nouveau droit, se réapproprier la proximité aussi.

 

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Quels seraient les critères pour développer une initiative culturelle plutôt qu’une autre ? Sur quoi mettre l’accent ?

Je ne sais pas, c’est compliqué à dire. Cela fait partie des choses sur lesquelles il faut prendre le temps de réfléchir. Il faut réfléchir à l’émergence de projets de qualité. J’ai vu le spectacle de Franck Lepage et cela m’a beaucoup aidé à réfléchir sur la question culturelle. On a tous tendance à voir la culture avec un grand Q comme il dit, c’est-à-dire les grandes institutions mais il faut se préoccuper du socio-culturel : comment permettre l’émergence d’échanges dans les quartiers, s’appuyer sur ce que portent les gens : les potentialités leur permettant de se réaliser. Ce qui pose problème dans cette ville ce sont les friches. On ne peut pas nettoyer toute la ville et dire « il y a des friches dans le Grand Lyon, à Rive-de-Gier par exemple ». Comment aménager des espaces ? Quand j’étais à Berlin, invité par l’Institut Heinrich Böll pour discuter de ces questions et même si Berlin n’a rien à voir – c’est une ville tellement grande – on pourrait réfléchir au niveau du Grand Lyon comment faire pour que dans le centre il y ait ce genre de possibilités sans que ce soit le pognon qui décide, c’est-à-dire le prix du mètre carré. Ce n’est pas toujours nous qui pourrons en décider mais, en tout cas, ce sont des bagarres que l’on doit mener.


Si nos lecteurs veulent en savoir plus que doivent-ils faire ?

Ils peuvent envoyer un mail à pierrehemon.eelv@gmail.com, me retrouver sur Facebook ou Twitter, ou sur le site lyonnouveausouffle.fr, ou encore le site lyon.eelv.fr

 

Retranscription de Jean-Philippe Bonan, Sylvain Métafiot, Marion Carette, Sébastien Gonzalves et Pierre Gerbeaud.


Article également disponible sur Forum de Lyon.

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