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lundi, 05 avril 2010

De part et d'autre de l'Atlantique (II)

Chapitre 2


Je vis dans un appartement sur la Cooper Street. En ces lieux et depuis leur construction du début des années cinquante, la modernité ne transpire plus et tout contrôle de sécurité ménagère dument diligenté aurait contraint tout occupant de cet immeuble, eut égard à son statut dans le règne capitaliste immobilier, à fuir en catastrophe devant les décrets de rénovation inévitablement onéreux ou un fatal verdict de démolition irrévocable.

 

La fiche-suivi de cette résidence devait s'être égarée dans les réseaux de classification de l'agence de prévention des risques en logement collectif de l'État de Pennsylvanie. Depuis lors, chacune des stratégies d'amélioration esthétique des couches superficielles de chacun des appartements - et conséquemment du miens - participaient à s'isoler de l'univers des vermines électriques et autres infections tubulaires, laissant les lions propriétaires et autres hirondelles précaires dans une ignorance relative, source de quiétude imparfaite acceptable jusqu'au lendemain mais redoutable demain.

 

Rapide topographie. L'entrée de ce trois pièces ce fait par la principale, le salon. Ameublement standard, sofa de couleur beige au centre ; dernière le bureau et son enchevêtrement organisé ; devant, une table basse et brune ; autour, trois autres fauteuils, quelques plantes, des livres sur les étagères de bois naturel et quelques autres éparses, sur le ces mêmes sofa et table basse. Une télévision, discrète dans l'un de coins rendue incapable de se relier au câble et simplement résolue à aspirer des VHS ou autre DVD pour nous en incruster la rétine de scènes classiques ou cracher, sans grande responsabilité de sa part, quelques un des navets ignominieusement produits. C'est selon la sélection.

 

Sur les murs quelques reproductions, en deçà de l'une d'entre elles une chaine stéréo et sur celle-ci, quelques CDs dont l'écoute m'est conseillée par William, plus qu'un simple disquaire mais pas suffisamment  un ami.

L'autre demie partie de l'appartement est occupée par la chambre - description inutile - de là, accessible sur la gauche et, au fond toujours sur la gauche, par la cuisine, éclairée comme le salon, blanche, petite table de bois en bordure de fenêtre, trois chaises dans la même veine, les deux mastodontes électroménagers installés une fois et comme inamovibles.

 

Les murs de briques peinturlurés de blanc, façon rapide, intemporelle, économique et passe-partout - surtout de locataire en locataire - étaient perforés de fenêtres à guillotines. Les deux du salon comme celle de la cuisine donnaient sur la Dead end Davis partagée avec l'ancien centre de dépôt de pneu de camion pour le marché nord-est américain et son mur de briques naturellement rouges à l'extérieur mais salies par les temps industriels et le désintérêt de ses contemporains. Au dessus, le ciel aujourd'hui supportable ; à gauche et de mieux en mieux avec l'extraction du buste par la fenêtre, la Cooper Street ; juste ici, à droite, l'escalier inusité de fer rouillé qui, de réputation, mène jusqu'au toit.

 

Bertrand Colin

 

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