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mardi, 23 décembre 2008

Les groupes d’intérêt

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La « crise de la représentation politique » chez les citoyens a fait émerger de nouveaux acteurs désireux de participer davantage sur le marché politique : les groupes d’intérêt.

Certains auteurs considèrent que si la « société des groupes d’intérêt » a pu émerger c’est, en partie grâce à l’apparition d’un système de gouvernance multi-niveaux.

Elle se caractérise par le fait que ce ne sont plus les gouvernements qui détiennent le pouvoir de décision, celui-ci devenant collectif ; que ces mêmes gouvernements perdent donc de ce pouvoir (exemple des votes à la majorité dans les instances supranationales) ; et qu’il existe des passerelles entre les instances nationales et extranationales.

La gouvernance multi-niveaux permet donc d’influencer les différents groupes d’intérêt nationaux dans leur apprentissage de la représentation. L’Etat étant un récepteur de leurs demandes.



En France, l’émergence de ces groupes d’intérêt s’explique par un rejet de la professionnalisation politique dans les années 1980 puis par un rejet des délégations dans les années 1990.

Ces groupes sont des entités qui cherchent à influencer le pouvoir politique dans un sens favorable à leurs préoccupations. Agir politiquement c’est faire usage des organisations politiques.

Les groupes d’intérêt veulent influencer ces organisations avec des modes d’action allant de la manifestation à la proposition de l’expertise. Dans ce dernier cas, les ressources financières sont indispensables. Outre ces deux types d’action, on distingue trois autres idéal-types de répertoires d’action : la négociation et la consultation (le lobbying envers les acteurs politiques et administratifs), la juridicisation, et la politisation.

En effet, il peut arriver qu’un groupe se transforme en parti politique afin de s’accaparer le pouvoir comme les partis politiques traditionnels : c’est le cas des écologistes ou des chasseurs.

La frontière entre ces deux organisations semble mince. Les groupes sont caractérisés par un intérêt (l’élément constitutif) qui est crée car les intérêts n’existent pas en soi.

Ce qui fait le groupe, c’est la cause et, réciproquement, c’est le groupe qui fait la cause.

Il dépend rarement d’une base sociale préconstituée. La cause doit être entendue comme un procédé de généralisation d’un problème, une technologie de politisation. Il n’y a pas de cause sans porteur de cause et cela exige un savoir-faire, un travail.

Le groupe est le résultat d’actions d’agents sociaux diversifiés qu’ils mettent en scène et en forme. De fait, ces groupes se démarquent des mouvements non-structurés et des groupes latents. Un groupe peut s’illustrer par un leader charismatique qui lui permet d’élargir ses ressources sociales et de mieux se faire percevoir au sein de la société.

On s’aperçoit que les groupes d’intérêt sont présents depuis longtemps dans les processus politiques et que leur perception vis-à-vis des gouvernements et de l’opinion publique est différente selon les pays.

Cela amène certains à considérer l’émergence de ces acteurs comme naturelle ou paradoxale. Désormais, les groupes d’intérêts ont dépassés le cadre national et influencent les instances internationales.

En France ce sont les travaux de F. Meynaud et Labraud, dans les années 1960, qui rappellent que les groupes d’intérêt se caractérisent par la défense des intérêts plus que des groupes eux-mêmes.

Luc Boltanski, dans La dénonciation, se penche, dans les années 1980, sur la construction des causes et la formation des groupes. Dans les années 1990, on s’intéresse aux groupes d’intérêt comme des « groupements de représentation ponctuel ou durable que leurs porte-parole font agir ou promouvoir, à titre principal ou accessoire, pour défendre des intérêts sociaux de quelque nature que ce soit dans un débat (ouvert aux partis politique) permettant la délimitation ou la division du travail de représentation politique ». Il y a trois dimensions de ce travail :

* Le travail de délimitation : il faut montrer la cause, la dénombrer.


* Le travail de légitimation : il faut montrer que l’intérêt est juste donc que le groupe est juste. On doit instituer une croyance au moyen d’une rhétorique. Plus la prise en charge de la cause est collective, et non individuelle, plus elle sera acceptée.


* Le travail de représentation : le porte-parole est le représentant du groupe, quitte à ce que cela entraîne une éventuelle dépossession et division au sein du groupe.


L’intérêt et la cause relèvent d’une demande sociale.

Mais cette demande sociale ne s’impose pas d’elle-même, quelle que soit l’importance du drame qu’elle révèle. Elle n’est pas transparente. Les politiques publiques ne servent pas à résoudre des problèmes mais elles répondent à des demandes sociales formulées par des groupes d’intérêt.

Sylvain Métafiot

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